
Dans un long article publié par la London Review of Books, Seymour Hersh --récompensé dans le passé pour sa couverture du massacre de My Lai pendant la guerre du Vietnam ou encore celle du scandale de la prison d'Abou Ghraïb en Irak-- accuse l'administration Obama de «manipulation délibérée du renseignement» dans l'affaire des armes chimiques syriennes.
1000e jour de la guerre
Le régime syrien a remporté un nouveau succès militaire en reprenant un bastion rebelle, Paris doutant que la conférence de paix prévue en janvier ne débouche sur une issue «rapide» à la guerre, entrée lundi dans son 1000e jour. «Cela fait 1000 jours depuis que les Syriens sont descendus dans la rue pour réclamer la liberté», a rappelé le chef de la diplomatie britannique, William Hague, en affirmant qu'«il était temps de mettre fin au conflit en Syrie». Dans cette guerre qui a fait plus de 126'000 morts selon une ONG et des millions de réfugiés depuis le début en mars 2011 du soulèvement contre le régime de Bachar al-Assad, celui-ci a remporté une nouvelle victoire militaire, en reprenant la ville de Nabak, un des derniers bastions des rebelles dans la région stratégique de Qalamoun, à la lisière du Liban.
Des responsables de l'administration ont fait part de leur scepticisme devant cet article que des journaux américains auraient refusé de publier car ils le jugeaient insuffisamment étayé. Sans aller jusqu'à affirmer que le régime de Bachar al-Assad n'est pas responsable de l'attaque chimique du 21 août dans la banlieue de Damas, M. Hersh soutient que Washington a «sélectionné» les informations à sa disposition et passé d'autres sous silence, notamment celles selon lesquelles un groupe de l'opposition syrienne, le Front Al-Nosra, a les moyens techniques pour produire de grandes quantités de gaz sarin.
Rapport top secret
Il évoque notamment un rapport top-secret de quatre pages remis le 20 juin à un haut-responsable de la DIA, l'agence chargée du renseignement militaire, confirmant de précédents rapports sur les capacités d'Al-Nosra, notamment grâce à un de ses membres, Ziyaad Tarik Ahmed, un ancien militaire irakien spécialiste des armes chimiques. «Les renseignements indiquaient clairement que le régime Assad et seulement lui pouvait être responsable de l'attaque à l'arme chimique du 21 août», a maintenu lundi la Direction du renseignement national (ODNI), qui chapeaute les diverses agences de renseignement du pays, dont la DIA.
«Il n'y a pas d'indice à l'appui des allégations de M. Hersh allant dans un sens opposé et la suggestion qu'il y a eu une manoeuvre pour supprimer des renseignements est simplement fausse», a affirmé à l'AFP le porte-parole de l'ODNI, Shawn Turner. Selon Seymour Hersh, l'administration Obama n'avait pas repéré de signe avant-coureurs d'une attaque malgré la présence de détecteurs à proximité des sites chimiques du régime. Et les accusations de Barack Obama le 10 septembre ne s'appuyaient selon lui pas sur des renseignements interceptés en temps réél mais sur une analyse des communications a posteriori.
«Nous savons que le régime Assad est responsable»
«Ce n'était pas une description des événements spécifiques qui ont mené à l'attaque du 21 août, mais le détail d'un processus que l'armée syrienne aurait suivi pour n'importe quelle attaque chimique», avance le journaliste. Le 10 septembre, dans une allocution solennelle, le président américain avait détaillé les preuves de l'implication du régime.
«Nous savons que le régime Assad est responsable. Dans les jours qui ont précédé le 21 août, nous savons que les personnels chargés des armes chimiques d'Assad préparaient une attaque près d'une zone où ils assemblent le gaz sarin. Ils ont distribué des masques à gaz à leurs hommes», avait-il notamment soutenu.
http://www.20min.ch/ro/news/dossier/tunisie/story/Les-Etats-Unis-ont-cache-des-infos-cruciales-22840512