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Les putschistes à Kiev semblent avoir déjà pris la décision de déclencher l’opération offensive en Crimée.
Le déploiement par rail et par route, de nombreuses unités blindées, d’artillerie et de troupes aéroportées, appartenant au 8e corps d’armée de Jitomir, à l’origine destiné à la défense du nord de l’Ukraine, s’est déroulé de manière démonstrative. La stratégie appliquée par l’état-major ukrainien est de garder les unités du 6e corps d’armée disposées dans l’est et le sud de l’Ukraine dans ses positions pour repousser une éventuelle attaque de la Russie. C’est également le cas pour les unités du 13ème Corps d’’Armée disposées dans l’ouest de l’Ukraine, preuve que les généraux ukrainiens redoutent que les Polonais, leurs grands « amis », profitent de la situation pour prendre la Galicie par la force.
Le déploiement lui-même est plus une opération de prestige pour les putschistes, destiné à gagner le soutien populaire car il ne remplit aucune des mesures de sécurité de combat ni le secret qui doit accompagner ce type d’évènement, mais se présente comme une parade militaire le jour de la fête nationale ukrainienne. De ce point de vue, la direction à Kiev semble de plus en plus s’identifier à l’ancien président géorgien Mikhaïl Saakachvili, connu sous le sobriquet de « mangeur de cravate ».
Théoriquement, la conquête de la Crimée par les militaires ukrainiens, qui dispose de beaucoup de matériel de combat lourd et d’une aviation composée d’appareils de 3ème et de 4ème génération, semble un jeu d’enfant. Mais dans la pratique, c’est presque impossible, étant donné que l’accès dans la péninsule de Crimée par l’armée ukrainienne n’est réalisable que par l’isthme Perekop (connu dans l’art et la science militaires comme la passerelle vers la Crimée). Il s’agit d’une bande étroite de 30 km de large, située entre la mer Noire à l’ouest et la mer d’Azov à l’est, avec seulement 5-7 km de terre ferme disponible, le reste étant des lacs et des marécages.
La valeur stratégique de ce point de passage obligatoire a été démontrée le 24 Septembre 1941, lorsque la 11e armée allemande, commandée par le général Erich Von Manstein, a mis cinq jours pour neutraliser la plupart des points de résistance Soviétique dans l’isthme Perekop. Et la 11e armée était composée de neuf divisions d’infanterie allemandes, deux divisions de troupes de montagne et une infanterie roumaine, soutenues par plusieurs unités d’artillerie, des chars et des avions.
L’état-major de l’armée ukrainienne pourrait encore manœuvrer pour contourner l’isthme de Perekop et déborder la défense des séparatistes, à l’aide d’une à deux brigades de troupes d’assaut aéroportées ou de parachutises, transportées avec des avions An-26, Il-76 et des hélicoptères Mi -8/17. Mais c’est ici que surgit la première variable aléatoire, c’est à dire les avions multi rôle russes de génération 4 + + subordonnée au Commandement stratégique du Sud, dont fait partie la Flotte de la mer Noire. La deuxième variable aléatoire est représentée par les systèmes mobiles de missiles longue portée de défense AA présents dans les bases navales russes de Crimée et sur les navires de guerre de la flotte de la mer Noire. Comme si les russes avaient deviné les pensées éventuelles des généraux ukrainiens, un destroyer lance-missiles russe a été placé dans les eaux de l’isthme Perekop. De toute façon, les généraux ukrainiens n’ont aucun moyen de savoir comment vont réagir les deux composantes de l’armée russe en Crimée mentionnées ci-dessus. Qui sont mortelles non seulement pour les troupes aéroportées qui seront déjà sur place, mais aussi pour les avions de chasse ukrainiens et leur escorte ainsi que les bombardiers avant même qu’ils ne décrochent du sol.
Par Valentin Vasilescu, pilote d’aviation, ancien commandant adjoint des forces militaires à l’Aéroport Otopeni, diplômé en sciences militaires à l’Académie des études militaires à Bucarest 1992
Traduit par Avic
http://reseauinternational.net/pourquoi-la-guerre-de-crimee-na-pas-encore-commence/
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Ce Diable d’Occident s’habille en Prada *
Polémia
L’annexion de la Crimée est peut-être problématique, mais elle est moins problématique que l’occupation des territoires palestiniens par Israël.
Saddam Hussein a déjà été exécuté, ainsi qu’Osama ben Laden. Mais tout n’est pas perdu pour l’Occident éclairé. Il existe un nouveau diable, et il s’appelle Vladimir Poutine. Il déteste les homosexuels, par conséquent les dirigeants « éclairés » ne sont pas allés à Sotchi. Voilà qu’il occupe maintenant un territoire, alors on va lui imposer des sanctions et des boycotts. Partout l’Occident appelle au meurtre contre lui : comment ose-t-il annexer le territoire de la Crimée ?
Les Etats-Unis sont la superpuissance responsable de la plus grande quantité de sang versé depuis la Deuxième Guerre mondiale, et le sang de leurs victimes crie depuis le sol de la Corée et du Vietnam, du Cambodge et du Laos, de l’Irak, du Pakistan et de l’Afghanistan. Pendant des années, Washington s’est mêlé des affaires intérieures de l’Amérique latine comme si ces affaires étaient les siennes et a installé et renversé pêle-mêle les régimes.
En outre, le nombre de gens peuplant les prisons américaines, et leur proportion par rapport à la population, est le plus élevé du monde, Chine et Russie comprises. Depuis 1977, 1.246 personnes, dont certaines étaient innocentes des accusations portées contre elles, ont été exécutées aux Etats-Unis. Huit Etats américains limitent les propos contre l’homosexualité d’une manière parfaitement similaire à la loi anti-gay promulguée par Poutine. C’est cette superpuissance qui, avec ses alliés et ses Etats vassaux, soulève un tollé contre le nouveau diable.
Ils s’insurgent contre l’occupation de la péninsule de la Crimée comme si c’était l’occupation la plus abominable de la terre. Ils veulent punir la Russie pour cela, peut-être même déclencher une guerre mondiale pour la libération de Sébastopol. L’Amérique peut occuper l’Irak – la guerre contre le terrorisme et les armes de destruction massive le justifient, comme chacun le sait – mais la Russie n’a pas le droit d’envahir la Crimée. C’est une violation du droit international. Même un référendum est une violation de ce droit – droit que l’Occident observe avec tant de soin, comme chacun sait.
Mais bien sûr, la vérité est à cent lieues de ce deux poids deux mesures moralisateur. L’annexion de la Crimée est peut-être problématique, mais elle est moins problématique que l’occupation des territoires palestiniens par Israël. Elle est plus démocratique que l’échange de territoire proposé par le ministre des affaires étrangères Avigdor Lieberman ; au moins la Russie a-t-elle demandé aux habitants sous quel pouvoir souverain ils désiraient vivre, ce qui n’est jamais venu à l’idée de Lieberman de faire.
Les raisons de la Russie d’annexer la Crimée sont aussi plus convaincantes que l’annexion de facto des territoires occupés par les Israéliens. Les Russes et les Israéliens utilisent la même terminologie évoquant les droits ancestraux et les liens historiques. Les Israéliens y ajoutent des raisons provenant de la Bible, et y intègrent des questions relevant du caractère sacré et des croyances messianiques. « La Crimée et Sébastopol retournent à … leurs rivages, à leur port natal, à la Russie ! » a dit Poutine ; en Israël, le premier ministre Benjamin Netanyahou parle du « rocher de notre existence » (**). Mais si la plupart des habitants de la Crimée sont des Russes, la plupart des habitants des territoires sont des Palestiniens – une si petite nuance, insignifiante.
La Russie est aussi plus honnête qu’Israël : elle déclare son intention d’annexer le territoire. Israël, qui a, en fait, annexé ses territoires depuis longtemps, n’a jamais osé l’admettre.
L’occupation israélienne n’interpelle pas le monde entier – pas d’appels aux sanctions et certainement pas de menaces de guerre – comme c’est le cas avec l’occupation de la Crimée. Netanyahou n’est pas le diable, ni aux yeux des Américains ni à ceux des Européens, et les violations du droit international par Israël ne sont pour ainsi dire jamais mentionnées. L’occupation israélienne, qui est plus cruelle que celle de la Crimée, n’est pas reconnue et l’Occident ne bouge pas le petit doigt pour y mettre vraiment fin. Les Etats-Unis et l’Europe lui fournissent même des fonds et des armes.
Cela ne veut pas dire que la Russie ne mérite pas d’être critiquée. L’héritage de l’Union soviétique est horrible, et la démocratie en Russie est loin d’être réelle, quand on voit que Poutine déclare la guerre aux médias et à la liberté d’expression et quand on pense à la honteuse affaire des Pussy Riots ; la corruption augmente et, avec elle, le règne des oligarques. Poutine ne s’exprime pas aussi noblement que le président américain Barack Obama, mais c’est l’Amérique qui dirige Guantanamo, non la Russie.
Malgré tous ces discours pompeux de l’Occident sur la justice et le droit international, c’est en réalité le diable Occident qui s’habille en Prada, tout en en faisant bien plus que la Russie pour saper ces valeurs tant vantées.
Gideon Levy
20/03/2014
Source : Haaretz, 20/03/2014
Titre original : The Western Devil Wears Prada
Traduction pour Polémia : René Schleiter
Notes :
(*) Allusion au film Le Diable s’habille en Prada (The Devil Wears Prada) lui-même tiré du roman américain de Lauren Weisberger sorti en 2003 (NDLR.)
(*) C’est la formule chère à Netanyahou pour désigner les Etats-Unis.
Correspondance Polémia – 26/03/2014
Image : Territoires palestiens perdus de 1946 à 2005
http://www.polemia.com/ce-diable-doccident-shabille-en-prada/
Nous sommes sur un volcan.
Certains comme McCain (USA)
ou Timochenko (Ukraine),
appellent à attaquer la Russie,
mais même en France, c'est effrayant
(voir lien en-dessous) !
eva
Pourquoi il faut déclarer la guerre à la Russie
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