Mon opinion : Les USA n'accepteront pas une défaite de leur pion. Si Mme Rousseff l'emporte de peu, ils contesteront le résultat et ils provoqueront le chaos jusqu'à ce que le Gouvernement élu saute ; C'est le scénario habituel. Grâce au soutien populaire très organisé, le Vénézuela y a échappé. Attendons-nous à des turbulences au Brésil ! L'enjeu est la sortie du Brésil des BRICS pour affaiblir cette organisation (non alignée) et la Russie ! Eva R-sistons
Jeudi, 02 Octobre 2014 10:49 Jean-Paul Baquiast, Tlaxcala/La Pluma
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Pour les USA, il est devenu vital d’empêcher que ne se développe au Brésil, ainsi que dans les pays d’Amérique Latine se considérant comme ses alliés, des forces politiques suffisantes pour provoquer une réorganisation stratégique globale, dont Washington serait exclu. On fera rapidement le lien avec le rapprochement entre la Chine et la Russie, exposé en détail dans l’article Le cauchemar de Washington se précise : le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine s’étend [1], que nous venons de publier aujourd’hui-même.
Marina Silva
Dans un précédent article [2], nous avions indiqué que, derrière la candidature de Marina Silva à la présidence du Brésil lors des élections d’octobre 2014, les USA engageaient toutes leurs forces pour provoquer la chute de l’actuelle présidente Dilma Rousseff et pour ainsi replacer le Brésil sous leur influence directe.
Dans l’immédiat, il s’agirait d’empêcher que ne se renforce, sous l’influence du Brésil et sans doute aussi de l’Argentine, une zone de libre échange et de coopération dite Unasur (Unión de Naciones Suramericanas) rassemblant les deux unions douanières existantes, la Communauté des Nations andines et le Mercosur (Mercado Común del Sur, comprenant l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et le Venezuela avec 5 membres associés, le Chili, la Bolivie, la Colombie, l’Equateur et le Pérou). L’Unasur s’opposerait de fait à l’OAS (Organization of American States), que Washington promeut en vue de rassembler les gouvernements sous son influence.
A moyen terme, il s’agit d’affaiblir la constitution dES BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), en les privant du soutien d’un Brésil redevenu hostile. Nous avons plusieurs fois exposé le rôle essentiel que joueront les BRICS pour contester le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et à terme le dollar. Les BRICS pourront fonctionner sans le Brésil, mais ce dernier, sous l’action énergique de Dilma Rousseff, serait un acteur majeur, représentatif de tous les pays latino-américains désirant s’émanciper de Washington, de ses interventions politiques et économiques permanentes, ainsi que de l’espionnage électronique permanent, dont Dilma Rousseff se déclare une adversaire résolue.
Or, dans cette guerre aujourd’hui déclarée contre Dilma Rousseff, Washington met toute ses forces, officielles comme occultes, dans la balance. Il s’agit d’abord de faire élire une Marina Silva soutenue par les milieux brésiliens les plus rétrogrades, notamment les églises évangéliques. Mais il s’agit surtout de provoquer un véritable regime change, dont Washington s’est toujours faite le champion à travers le monde, que ce soit en Amérique latine, en Afrique et maintenant en Eurasie. Pour cela, tous les moyens sont bons, notamment le recours à la CIA et à des organisations ad hoc promues par elle avec force dollars à l’appui.
Un article de Nil Nikandrov, dans Strategic Culture, donne de ces interventions US une description détaillée / Marina Silva – élément d’un plan pour déstabiliser le Brésil [3]. Le site comme l’auteur s’efforcent de résister à la propagande incessante des grands médias dits « Occidentaux », mais cela ne retire rien, au contraire à la pertinence de leurs analyses.
Les optimistes pensent que le nouveau plan US échouera, comme d’autres dernièrement à travers le monde. Mais ceci n’est pas sûr, compte tenu de l’enjeu que représentera pour l’US-Amérique un Brésil redevenu docile.
Notes
[1] Le cauchemar de Washington se précise : le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine s’étend (vineyardsaker, français, 23-09-2014)
[1] De Dilma Rousseff à Marina Silva, le Brésil en voie de ré-américanisation ? (vineyardsaker, français, 14-09-2014)
[2] Marina Silva, part of plan to destabilize Brazil (strategic-culture.org, anglais, 23-09-2014)
Jean-Paul Baquiast
Traductions disponibles : Português English
Source : Tlaxcala, le 1 septembre 2014
A lire sur La Pluma:
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13 raisons de réélire Dilma
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Mardi, 23 Septembre 2014 23:11 Emir Sader, Tlaxcala/La Pluma
Marina Silva, issue d'une famille de seringueiros - collecteurs de latex - de l'État occidental d'Acre, est la première femme noire candidate à la présidence de la République de l'histoire du Brésil. Membre du Parti des travailleurs (PT) de 1985 à 2009, elle a été sénatrice puis ministre de l'Environnement du gouvernement Lula de 2003 à 2008.
Candidate à l'élection présidentielle de 2010 pour le Parti Vert du Brésil, elle arrive en troisième position avec près de 20% des voix. Après avoir échoué à créer son propre parti, elle rejoint en 2013 le Parti socialiste brésilien (PSB). Elle aurait occupé le poste de vice-présidente en cas de victoire du candidat Eduardo Campos pour l'élection présidentielle de 2014. Après la mort de ce dernier dans un accident d'avion le 13 août 2014, elle est désignée comme candidate du PSB. Elle est la principale concurrente de Dilma Rousseff dans l'élection présidentielle du 5 octobre prochain, avec un programme nettement néolibéral/néoconservateur, habillé aux couleurs de la défense de l'environnement. Fidèle de l'Assemblée de Dieu, l'Église pentecôtiste la plus puissante du Brésil, elle a des positions conservatrices sur les questions de société, étant notamment hostile à une dépénalisation de l'avortement, au mariage pour tous et à l'utilisation des cellules souches. Emir Sader revient sur le noyau dur de son programme, la politique économique qu'elle entend mener.
Après quelques semaines, Marina Silva a lancé sa candidature à la présidence du Brésil. Trois points se distinguent par leur importance: l’indépendance de la Banque centrale, une importance moindre donnée au Pré-sal* et au Mercosur, ce dernier étant remplacé par des accords bilatéraux. Ces trois points ne sauraient être plus plus significatifs, car ils entrent directement en conflit avec les orientations des gouvernements de Lula et de Dilma. Les trois, ensemble, pointent sur un projet d'orientation nettement néolibérale.
L'autonomie de la Banque centrale est l'une des thèses les plus préconisées par les recettes néolibérales. Elle provoque l'affaiblissement de l'État et le renforcement du centralisme du marché, alors que cette indépendance de la politique monétaire est normalement l’oeuvre du gouvernement, qu’il applique à un modèle de développement économique inextricablement lié à la répartition du revenu. Retirer au gouvernement son contrôle de la politique monétaire et la laisser soumise à l'influence directe des acteurs du marché – en particulier du système bancaire privé – revient à déplacer la capacité de ce modèle à soumettre l'équilibre budgétaire à des politiques distributives, en se soumettant, au contraire, à la centralité de l'ajustement fiscal, recherché par le néolibéralisme.
Diminuer l’exploration du Pré-sal revient à jeter par-dessus bord la capacité du Brésil à s’affranchir en termes de politique énergétique, de disposer d'une grande quantité de ressources provenant de l'exportation, ainsi que de consacrer 7,5 % de ces ressources à l'éducation et 2,5% à la santé, conformément à une décision déjà adoptée par le Congrès.
Ce serait aussi une politique suicidaire en termes de développement technologique du Brésil, et diminuerait l’impulsion économique obtenue par les immenses demandes exigées par l'exploration du Pré-sal.
Ces positions se complètent – et gagnent leur plein sens – lorsqu'on examine ce que peut vouloir dire diminuer l’importance du Mercosur et développer des accords bilatéraux. Le MERCOSUR a signifié jusqu’ici la politique de priorité des accords régionaux face au Traité de libre-échange avec les USA, prêché par le gouvernement de Fernando Henrique Cardoso et bloqué par la victoire de Lula en 2002.
Minimiser l'importance du Mercosur, en réalité, signifierait nier l'importance de toute la gamme des instances d'intégration développées et créées ces dernières années: la Banque du Sud, le Conseil sud-américain de la défense, l’Unasur, la Celac, ainsi que les Brics et leurs accords nouvellement établis, qui comprennent la Banque de développement et le Fonds de réserves de soutien aux pays ayant des problèmes de devises.
Le programme ne dit pas clairement de quel type d'accord bilatéral il s’agit, mais il est à craindre que ce soient, surtout, des accords avec les USA et les pays centraux du capitalisme. Il sera alors impossible au Brésil de continuer dans le Mercosur, et cela aboutira, peut-être, à une rupture totale du Brésil avec tous ces organismes et une réinsertion radicale et subordonnée à la sphère des USA, avec toutes les conséquences régionales et mondiales que cela suppose.
Il ne fait aucun doute que la forme de l'affrontement électoral a changé, avec la polarisation autour de Marina Silva et de Dilma Rousseff, mais le contenu reste le même: continuité du gouvernement postnéoliberal du PT ou retour à un projet néolibéral, maintenant déguisé de quelques – assez rares– oripeaux et déclarations écolos (Marina a déjà déclaré qu’elle n'a jamais été contre les cultures transgéniques) ou un prétendu renouvellement de la politique, au-dessus des partis et de la polarisation gauche-droite, tout en regroupant à droite toute derrière elle.
C’est un vrai cadeau pour la droite brésilienne et pour les USA, qui étaient près de voir leurs candidats et leurs thèses éliminées une fois de plus. Le monopole privé des moyens de communication – le véritable parti de la droite – sans doute obtiendrait une grande victoire, dans le cas où sa nouvelle candidate parviendrait à vaincre le gouvernement du PT – objectif unique, par n’importe quel moyen, de la droite brésilienne et de Washington. C'est ce qui est en jeu maintenant au Brésil
Marina indique clairement la nature de son projet par ses positions, mais également en regroupant dans la coordination de sa campagne électorale des noms connus du néolibéralisme: Andre Lara Resenda, ancien ministre des gouvernements Collor de Melo et Cardoso; Giannetti da Fonseca, idéologue néolibéral notoire, et Neca Setubal, héritière de la Banque Itaú, l'une des plus grandes banques privées brésiliennes. Avec ces positions et cette équipe, l'ex-leader écologiste Marina Silva se convertit pleinement au néolibéralisme.
Note du traducteur
* Il y a quelques années furent découvertes d’énormes réserves de pétrole et de gaz profondément enfouies (à environ 6.000 mètres, sous une couche de sel, d’où son nom) au large des côtes des États de São Paulo, Espírito Santo et Rio de Janeiro. Ces réserves sont difficiles et coûteuses à exploiter, mais elles placent le Brésil au 6ème rang des pays détenteurs potentiels de pétrole.
Emir Sader
Marina deja en claro a qué vino
Traduit par Lucien
Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي
Source : Tlaxcala, le 22 septembre 2014
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Un débat intéressant, d'actualité
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Alain Minc-Eric Zemmour: «La société française est en voie d'implosion»
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FIGAROVOX/EXTRAITS-Dans Le Figaro les deux essayistes débattent avec talent et franchise de l'avenir de la société française. Morceaux choisis.
Alain Minc publie «Le mal français n'est plus ce qu'il était» (Grasset) (en librairie le 8 octobre)
Eric Zemmour publie «Le suicide français» (Albin Michel)
LE FIGARO. - Vos deux livres montrent un point d'accord entre vous:la disparition du politique tel que nous l'avons connu jusqu'aux années 1970.Qui gouverne aujourd'hui?
Alain MINC. - La réponse est paradoxale: les États gouvernent encore sur l'essentiel. Et l'exemple le plus éloquent est la construction de l'euro. Il n'y a pas de création plus politique que la monnaie unique. Mais si l'on revient au sentiment d'impuissance que peuvent parfois donner ceux qui nous gouvernent, il faut reconnaître une constante de notre pays: en France, réformer, c'est donner un coup de bistouri brutal et laisser ensuite la société s'adapter. Ça commence avec le traité de libre-échange de Napoléon III, qu'il fait clandestinement, ça continue avec le traité de Rome, que de Gaulle confirme, et ça s'achève avec la monnaie unique. À chaque fois, vous imposez au pays une contrainte internationale pour l'obliger à se moderniser.
Éric ZEMMOUR. - À mon sens, il y a un fil rouge de l'histoire de la France et de l'Europe depuis la Révolution de 1789: les élites n'ont jamais digéré la souveraineté populaire. L'Europe a été le moyen de s'en débarrasser. Quand Philippe Séguin en 1992 explique que Maastricht sera l'anti-1789, il a raison. Qui gouverne aujourd'hui? Une oligarchie européenne façonnée par l'oligarchie française. Il y a derrière toute une élite. Il faut lire à ce sujet l'analyse de Rawi Abdelal de la Harvard Business School, qui explique que ce sont des Français, MM. Lamy, Delors, Camdessus, qui ont inventé cette libéralisation du mouvement des capitaux. Lawrence Summers, conseiller de Bill Clinton, décrit ce mouvement en des termes très clairs: «Ces élites sans patrie qui ont fait allégeance à la mondialisation économique et à leur propre prospérité plutôt qu'aux intérêts de la Nation.» À partir de là, les gouvernements ne peuvent plus gouverner. Ils n'ont plus la souveraineté monétaire et n'ont plus le moyen de contrôler le capitalisme libéralisé. Ils sont donc devenus des pantins. Donc quand on leur dit qu'il faut réformer, ils ne réforment que dans les intérêts de cette oligarchie.
De Gaulle le disait : « On ne fait pas d'omelette avec des œufs durs. » Les œufs durs, ce sont les nations ; l'omelette, c'est l'Europe. L'Europe est une négation de l'histoire, qui sera balayée par l'histoire.
A. M. - Éric Zemmour oublie, comme disait Raymond Aron, que l'histoire est tragique. La construction européenne est avant tout une réponse à cette dimension tragique. Un exemple: avec la chute du Mur, Mitterrand a eu l'extrême intelligence avec Kohl d'imposer aux Allemands la ceinture monétaire pour les lier à l'Europe de l'Ouest. Quant à la libéralisation des mouvements de capitaux, ce n'est pas une oligarchie qui l'a imposée, c'est un état de fait que la technologie aurait de toute façon entraîné. Le monde a changé parce que nous avons vécu à la fois la chute du communisme, la libéralisation des mouvements des capitaux, le tout chevauché par la révolution technologique du Net. Une révolution de cette ampleur réduit effectivement les marges de manœuvre.
E. Z. - Ce n'est pas l'Europe qui a fait la paix, mais la paix qui a fait l'Europe! Autrement dit, l'épuisement des impérialismes français, anglais et allemand a permis aux États-Unis avec l'aide de Jean Monnet (que de Gaulle tenait quasiment pour un agent de la CIA!) de faire la construction européenne. De Gaulle le disait: «On ne fait pas d'omelette avec des œufs durs.» Les œufs durs, ce sont les nations ; l'omelette, c'est l'Europe. L'Europe est une négation de l'histoire, qui sera balayée par l'histoire.
A. M. - De Gaulle dit aussi: «L'Europe est le levier d'Archimède de la France.» Un exemple concret pour rappeler la vertu pacificatrice de l'Europe: après la chute du Mur, sans l'Europe, les Allemands seraient partis dans une politique procroate, et les Français dans une politique proserbe. Ce qui les arrête, c'est qu'à l'intérieur de l'Union européenne, ces nations doivent se mettre d'accord.
Lisez l'integralité de l'entretien ici ou dans Le Figaro du 4 octobre
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/10/03/31003-20141003ARTFIG00331-alain-minc-eric-zemmour-la-societe-francaise-est-en-voie-d-implosion.php
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