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Ce blog, administré par une journaliste-écrivain, Eva, s'adresse aux seniors. Les Médias mentent, ça suffit ! Voici ce qu'on vous cache. Actualité en France, actualité internationale, questions pratiques... Pour contrer la désinformation ! (Abonnement blog, gratuit: Pas plus d'un envoi par jour, regroupant les parutions nouvelles)

L'agroalimentaire, champ de batailles commerciales entre USA et UE

 

L'agroalimentaire,
champ de batailles commerciales
entre les Etats-Unis et l'Union européenne

Le Monde.fr

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| 14.06.2013 à 09h03 • Mis à jour le 14.06.2013 à 13h06 | Par Anna Villechenon

 
Le culture des OGM fait partie des plus gros contentieux entre les Etats-Unis et l'Union européenne.

Après des années de piétinement, les négociations en vue d'un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Union européenne reprendront vendredi 14 juin. Les Vingt-Sept doivent décider s'ils accordent, ou non, un mandat à la Commission européenne pour négocier cet accord avec les Américains.

Alors que Paris se dit prêt à utiliser son droit de veto si l'audiovisuel n'est pas d'emblée exclu des négociations, un autre domaine, tout aussi "culturel", crispe les relations commerciales entre les deux blocs depuis des dizaines d'années : l'agroalimentaire. Tour d'horizon des points d'achoppement dans ce secteur.


Lire :  Accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l'UE : quels enjeux ?


  • Les OGM cristallisent le débat

Le dossier est explosif, puisque les Etats-Unis ont saisi plusieurs fois l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur le sujet, notamment contre le moratoire de sept pays européens – dont la France – sur la culture du maïs MON810 de Monsanto en 2011.


Le lobbying intensif des multinationales, mais aussi de Washington, inquiète les défenseurs de l'environnement des deux côtés de l'Atlantique. Dernier exemple en date, un amendement glissé discrètement dans une loi budgétaire pour l'agriculture aux Etats-Unis, début avril, permet la mise en culture des semences même quand leur homologation est contestée en justice.


De leur côté, les Vingt-Sept continuent de résister. Fin février, ils ont imposé des études de toxicité sur 90 jours pour toute demande d'importation et de commercialisation d'OGM destinés à l'alimentation humaine ou animale. Mais si la règle en vigueur jusqu'alors recommandait des tests sur 17 jours, dans la pratique, 75 % des demandes présentées par les entreprises étaient déjà accompagnées de tests de toxicité réalisés sur une durée de 90 jours. La portée de cette nouvelle règle est donc faible.


Selon le ministère américain de l'agriculture, 88 % du maïs et 94 % du soja – la culture de blé OGM n'est pas autorisée – cultivés aux Etats-Unis en 2012 étaient des OGM, fabriqués par les principaux acteurs du marché : les américains Monsanto, Dupont et Dow Chemical, l'allemand Bayer et le suisse Syngenta.


Lire : Le lobbying agressif de Washington pour les OGM


  • La hache de "la guerre des hormones" enterrée

Les hostilités ont été ouvertes par l'Union européenne en 1988, lorsqu'elle a interdit, invoquant des raisons sanitaires, les importations de viande bovine issue d'animaux auxquels ont été administrées des hormones de croissance.

La réplique est tardive, mais implacable : les Etats-Unis et le Canada, avec l'aval de l'OMC, imposent en 1999 des sanctions douanières sur de nombreux produits européens, comme les échalotes, le chocolat, le roquefort, la moutarde ou les truffes, mais aussi les pains grillés, les jus, les confitures ou les soupes... Sanctions qui ne seront levées qu'en 2011.


En mars 2012, l'Union européenne fait un effort : elle augmente ses importations de viande bovine de haute qualité de 25 000 tonnes – soit "0,36 % de la totalité du marché de la viande de bœuf et de veau de l'Union", selon la commission de l'agriculture et du développement rural du Parlement européen – en échange du maintien de son interdiction du bœuf aux hormones.


Lire : La 'guerre des hormones' entre l'UE et les Etats-Unis est terminée


  • Le spectre du poulet au chlore resurgit

Les poulets "chlorés" ou "à la javel" font partie des repoussoirs préférés des opposants à l'accord de libre-échange. Agacés par l'intransigeance européenne sur le sujet, les Etats-Unis – deuxième pays exportateur de viande de volailles dans le monde – ont porté plainte contre l'Union européenne devant l'OMC en octobre 2009 afin d'obtenir l'autorisation de la commercialisation de la volaille désinfectée avec des solutions chlorées sur le marché européen, interdite depuis dix ans.


Le jugement n'a toujours pas été publié, et pour cause, le poulet chloré est un casus belli non seulement entre les deux blocs commerciaux, mais aussi au sein de l'Union européenne.


En mai 2008, la Commission européenne avait proposé de lever l'interdiction et d'autoriser du même coup la pratique de la "javellisation" en Europe. D'emblée, la majorité des ministres de l'agriculture européens étaient montés au créneau, avant de voter massivement contre la levée de cet embargo, toujours en vigueur.


Les produits utilisés pour la décontamination de la viande font débat. Interdit jusqu'en février, l'acide lactique, utilisé aux Etats-Unis, est désormais autorisé par la Commission européenne pour réduire la contamination microbiologique des carcasses de bovins, tant pour les animaux européens que pour ceux importés d'Amérique.


Lire : Le retour des 'poulets chlorés' suscite de nombreuses protestations


  • Les règles d'appellation pour le vin jugées trop restrictives

Les Etats-Unis, premier consommateur et quatrième producteur de vin au monde, veulent eux aussi leur part du nectar. Ils souhaitent que leurs vins vendus dans l'Union européenne aient la possibilité d'arborer sur leur étiquette des appellations traditionnelles comme "château" ou "grand cru".


Et de critiquer, dans un rapport de la représentation américaine au commerce extérieur, le fait que les producteurs non européens doivent pour cela avoir obtenu l'accord des autorités européennes... qui comptent encore allonger la liste de ces termes traditionnels "protégés". L'Union européenne est le premier marché des vins californiens hors Etats-Unis (485 millions de dollars en 2012, + 1,7 %), selon le Wine Institute.


Symbole de ces crispations, la mini-polémique survenue lors du repas d'investiture de Barack Obama pour son second mandat : pour accompagner le dessert, un "Korbel Natural, Special Inaugural Cuvée Champagne, California" a été servi, provoquant l'ire des producteurs français.


Lire : Vin : les Etats-Unis critiquent les règles d'appellation européennes


  • Le foie gras interdit en Californie

Spécifiquement franco-américain, ce contentieux est peut-être le plus débattu et commenté. La loi qui fâche a été votée en 2004 par la Californie, à l'initiative d'associations et d'élus – dont le gouverneur de l'époque, Arnold Schwarzenegger – qui comparent le gavage à une torture. La loi laissait sept ans aux producteurs pour trouver une alternative au gavage de l'animal, faute de quoi elle interdirait le foie gras français sur son territoire.


La production et la vente de tout produit provenant d'un animal gavé est donc interdite en Californie depuis le 1er juillet 2012 au nom du bien-être animal. Même si les exportations françaises de ce produit vers les Etats-Unis se sont révélées quasi nulles en 2011 en raison de barrières douanières et de contraintes vétérinaires, les professionnels de la filière ont fait part de leur incompréhension.


Les amateurs de foie gras californiens ont tenté, sans succès, en septembre, de faire invalider l'interdiction. De son côté, la France a écarté tout recours devant l'OMC et compte mener "une bataille de conviction politique, économique et culturelle", selon les mots du ministre délégué français à l'agroalimentaire, Guillaume Garot.

 

 

Lire : Plus de foie gras en Californie (édition Abonnés)


Anna Villechenon

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