En un peu plus de 10 ans, la présence musulmane est devenue un véritable problème de sécurité intérieure : loi antiterroriste de Daniel Vaillant, lois discriminatoires anti-voile de Sarkozy, racisme anti-arabe assumé de Brice Hortefeux, croisades antimusulmanes de Claude Guéant, délires islamophobes de Manuel Valls (ce dernier renie d’ailleurs le terme même, … les ministres changent, la ligne politique reste identique : taper encore et toujours sur le musulman. La lepénisation des discours et des pratiques atteint la quasi-totalité du corps politique français qui reprend à son compte la rhétorique frontiste sur « l’islamisation de la France », la « menace intégriste » ou le « communautarisme musulman ». Ce véritable racisme d’État qui se met peu à peu en place n’est pas sans rappeler les lois de Nuremberg adoptées dans un contexte d’ailleurs similaire au nôtre (crise économique et sociale et tensions internationales). Aux mêmes causes, les mêmes effets. Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie, mais son évolution par temps de crise, écrivait Bertolt Brecht. L’exclusion progressive des musulmans de la société française, comme d’ailleurs des autre sociétés européennes également touchées par les politiques d’austérité, ne peut que contribuer à lui donner raison. (1) J’emprunte cette expression à Marwan Mohamed dont on lira avec profit le dernier ouvrage : « Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le problème musulman » (avec Abdellali Hajjat), Éditions La Découverte. Nicolas Bourgoin est démographe, maître de conférences à l’université de Franche-Comté, membre du Laboratoire de sociologie et d’anthropologie de l’université de Franche-Comté (LASA-UFC). Dernier ouvrage paru : La Révolution sécuritaire, Éditions Champ social, 2013. http://www.saphirnews.com/L-explosion-de-l-islamophobie-en-France-symptome-d-une-societe-malade_a17888.html