Nous ne sommes déjà plus en démocratie.
Sarkozy tient entre ses mains les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, plus la presse. Il ne reste que le conseil constitutionnel et le conseil d'état qui peuvent ralentir Sarkozy et l'empêcher de faire passer n'importe quelle loi débile.
Mais la constitution ça se change. Et il y aura peut-être un moment où Sarkozy dira qu'il se fout du conseil constitutionnel et qu'il appliquera les lois qu'il veut! C'est bien ce qu'il a fait en nommant son ami Pérol à la tête de la fusion des caisses d'Epargne et de la Banque Populaire, au mépris de toutes les règles. Pourquoi se gêner ? En fait la seule chose qui fait que nous ne sommes pas tout à fait dans une vraie dictature, c'est qu'il y a encore des élections. Mais il faudrait que Sarkozy les perde pour que nous soyons débarrassés, et c'est loin d'être évident. Comme il le disait lui-même, « l'important c'est d'être élu » quels qu'en soient les moyens utilisés.
Maintenant on me dira également qu'il n'est pas sûr pour autant que Sarkozy applique réellement un programme d'extrême-droite, puisqu'il n'y croit pas lui-même. Et d'ailleurs, n'est-ce pas, il n'a rien fait en matière d'environnement, ni pour les paysans, ni pour les enseignants, etc. etc. Oui, c'est vrai, mais il faut avoir à l'esprit certaines choses : Sarkozy a des contraintes, il doit s'appliquer à faire plaisir aux amis qui lui ont permis d'arriver là. Industriels, banquiers, grandes surfaces… (..)
Car Sarko sait faire des choses quand il veut : le bouclier fiscal est une réalité tangible. La désintégration de l'état est bien en marche avec comme objectif de faire fondre chaque année le nombre de fonctionnaires et de démanteler les services publics.
La prise en main des médias a été faite sans bavure, et le ménage se fait chez les rares journalistes irrévérencieux.
La prise en main de la justice est en cours. La casse des retraites et de la sécurité sociale est bien avancée.
La distribution de prébendes à tous les parrains de Sarkozy se passe comme prévu. Tout cela fonctionne très bien. Nicolas Sarkozy sait très bien ce qu'il fait, il n'est pas l'âne qui brasse de l'air pour lequel on voudrait nous le faire passer.
Mais à un moment il y a un autre problème, car la populace finit par s'agiter et demander des comptes. Donc Sarko va être obligé de faire quelque chose. Et comme il ne peut pas faire ce que souhaitent les gens, car ça déplaît à ses amis, eh bien il va proposer autre chose. En feuilletant tous les programmes idéologiques sur le marché, il est tombé sur celui de l'extrême-droite.
C'est cette même droite de l'argent (NB eva : pas la Gaullienne) qui a mené au pouvoir Nicolas Sarkozy aujourd'hui, celle du Fouquet's, et aussi d'autres acteurs plus discrets. Tout le monde le sait.
C'est cette même caste des industriels et des financiers qui porta jadis au pouvoir Hitler. Je ne compare pas Sarkozy à Hitler. Je dis juste que quand ça l'a arrangé, l'internationale du fric s'est alliée à l'extrême-droite ou à qui elle trouvait pour arriver au pouvoir. Et généralement ça se termine mal. Pas pour eux, pour nous. De Gaulle avait fait le ménage après la guerre. On dirait que les vautours sont revenus maintenant.
Contrairement à ce qu'on peut logiquement penser, le fait de plonger délibérément le pays dans le chaos en pratiquant une politique anti-sociale peut très bien servir les objectifs futurs de Sarkozy.
En laissant filer le chômage, en exacerbant les peurs et les haines, en opposant les « Français de souche » et les immigrés, les salariés du privé contre les fonctionnaires, les jeunes contre les retraités, en poussant en d'autres termes le pays vers la guerre civile, il peut continuer à dominer le jeu dans une surenchère permanente de violence. C'est lui qui mène le jeu et qui prend les initiatives. C'est la fameuse stratégie de la tension qui a été si bien appliquée pendant les fameuses “années de plomb” italiennes.
Des émeutes dans la rue en septembre, et d'éventuels « attentats anarchistes » réels ou provoqués de toutes pièces pourraient lui permettre rapidement de durcir encore les lois et de museler toute contestation. (..)
Sarkozy sait très bien que non seulement il n'y aura pas de reprise avant longtemps, mais que la situation sociale va empirer. Et il n'a pas de baguette magique pour sortir de là, d'autant plus qu'il a fait allégeance aux forces de l'argent, qui sont les seules bénéficiaires de la situation actuelle. Il n'y a qu'à ces gens qu'il ne peut pas raconter de salades, il est coincé. Alors la seule solution est de prendre les pleins pouvoirs, de serrer la vis, et de trouver des dérivatifs à la colère populaire. Nous y sommes.
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Auteur : Christophe Certain - Source : Ruminances
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