http://www.confrerie-des-traducteurs.fr/forum/viewtopic.php?t=3522
L’ « hiver nucléaire » : « La plus grande menace qui pèse sur l’espèce humaine est aujourd’hui constituée par les armes nucléaires "
http://socio13.wordpress.com/2010/10/08/l%E2%80%99%C2%ABhiver-nucleaire%C2%BB-%C2%ABla-plus-grande-menace-qui-pese-sur-lespece-humaine-est-aujourdhui-constituee-par-les-armes-nucleaires/
http://www.chaos-controle.com/archives/2013/08/09/27813333.html
Il est connu depuis longtemps que s’il devait y avoir une première frappe par une grande puissance, même sans réplique, elle détruirait sans doute la civilisation uniquement à cause des conséquences de l’hiver nucléaire qui s’ensuivrait. Vous pouvez le lire dans le Bulletin of Atomic Scientists. C’est uns chose entendue. Le danger a donc toujours été beaucoup plus grand que nous l’avons cru.
Nous venons de passer le 50e anniversaire de la crise des missiles de Cuba, qui avait été surnommée "le moment le plus dangereux de l’histoire" par l’historien Arthur Schlesinger, conseiller du président John F. Kennedy. Ce qu’elle était. Il s’en est vraiment fallu de peu, et cela n’a pas été la seule et unique fois. Et les pires aspects de ces graves événements, en quelque sorte, sont les leçons que nous n’avons pas apprises.
Ce qui s’est passé pendant la crise des missiles en octobre 1962 a été enjolivé pour faire croire que des actes de courage et d’empathie avaient eu lieu. La vérité est que l’épisode entier frise avec la folie furieuse. Il vint un point, alors que la crise atteignait son apogée, où le Premier Secrétaire soviétique Nikita Kruschchev écrivit à Kennedy lui proposant une issue par l’annonce publique du retrait des missiles soviétiques de Cuba en même temps que des missiles US de Turquie. En réalité, Kennedy ne savait même pas que les USA avaient des missiles en Turquie à l’époque. Ils étaient en train d’être retirés de toute façon, parce qu’ils se faisaient remplacer par les sous-marins nucléaires Polaris plus redoutables, de surcroît invulnérables.
Telle était donc l’offre. Kennedy et ses conseillers la prirent en considération – et la rejetèrent. À ce moment-là, Kennedy lui-même considérait la possibilité d’une guerre nucléaire entre 33% et 50%. Kennedy était donc prêt à accepter un risque très élevé de destruction massive afin d’établir le principe selon lequel nous – et seulement nous – (les USA, ndt) avons le droit à des missiles offensifs au-delà de nos frontières, en fait là où nous le voulons, et quel qu’en soit le risque pour les autres – et à nous-mêmes, si la situation se déréglait. Nous avons ce droit, mais personne d’autre.
Kennedy convint par contre d’un accord secret pour retirer les missiles que les USA étaient déjà en train de retirer, tant que celui-ci n’était pas rendu public. Kruschchev, en d’autre termes, devait retirer les missiles soviétiques ouvertement tandis que les USA retiraient les leurs obsolètes dans le secret; en gros, Kruschchev devait être humilié et Kennedy conserver son image de vainqueur. Il est encensé pour cet épisode: le courage et le calme sous la menace, et caetera. L’horreur de ses décisions n’est jamais mentionnée – essayez d’en trouver la trace dans les archives.
Et pour en rajouter une couche, quelques mois avant que la crise de Cuba ne se déclenche, les USA avaient envoyé des missiles avec des têtes nucléaires à Okinawa. Ceux-ci étaient orientés vers la Chine, pendant une période de tensions régionales fortes.
Et alors, qui s’en soucie? Nous avons le droit de faire tout ce qui nous plaît, où que ce soit sur la planète. C’était une terrible leçon de cette époque, mais il devait y en avoir d’autres.
Dix ans plus tard, en 1973, le Secrétaire d’État US (ministre des affaires étrangères, ndt) Henry Kissinger déclencha une alerte nucléaire de haut niveau. C’était sa façon d’aviser les Russes de ne pas interférer dans la guerre israélo-arabe en cours et, en particulier, de ne pas interférer après qu’il ait dit aux Israéliens qu’ils pouvaient violer un cessez-le-feu sur lequel les USA et la Russie venaient tout juste de s’accorder. Heureusement, rien ne se passa.
Dix années plus tard encore, le président Ronald Reagan était à la Maison Blanche. Peu après qu’il y soit entré en fonctions, ses conseillers et lui firent pénétrer à l’Air Force l’espace aérien russe pour tenter d’y obtenir des informations sur les systèmes d’alerte des Russes, l’opération Able Archer. Il s’agissait essentiellement d’attaques simulées. Les Russes avaient des doutes, quelques officiels de haut rang craignant qu’il s’agissait là d’une première étape vers une véritable première frappe. Heureusement, ils ne réagirent pas, bien qu’il s’en fut fallu de peu. Et cela continue ainsi.
.
Score Iran-USA = O contre... (image ajoutée par eva)
Que penser des crises iranienne et nord-coréenne
En ce moment, la question nucléaire fait régulièrement les unes dans le cas de la Corée du Nord et de l’Iran. Il y a des manières de traiter ces crises en cours. Elles ne fonctionneraient peut-être pas, mais méritent largement d’être tentées. Elles ne sont, cependant, même pas prises en considération, même pas commentées.
Prenez le cas de l’Iran, qui est considéré en Occident – pas dans le monde arabe, pas en Asie – comme la plus grande menace à la paix mondiale. C’est une obsession occidentale et il est intéressant d’en étudier les causes, mais je vais laisser cela de côté, ici. Y a-t-il un moyen de traiter avec la supposée plus grande menace à la paix du monde? En réalité il y en a quelques-uns. L’un d’entre eux, qui est plutôt raisonnable, avait été suggéré il y a un mois ou deux lors d’une réunion des pays non-alignés à Téhéran. En fait, ils étaient simplement en train de réitérer une proposition qui existe depuis des décennies, particulièrement appuyée par l’Égypte, et qui a été approuvée par l’Assemblée Générale de l’ONU.
La proposition est d’avancer vers l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région. Cela ne serait pas la réponse à tout, mais constituerait une avancée plutôt significative. Et il y avait des moyens de le faire. Sous les auspices de l’ONU, il devait se tenir une conférence internationale en Finlande, en décembre dernier afin de mettre en œuvre des plans d’action pour y parvenir. Que s’est-il passé?
Vous n’en entendrez pas parler dans les journaux parce que cela ne fut pas rapporté – seulement dans des publications spécialisées. Au début du mois de novembre, l’Iran convint d’assister à la réunion. Quelques jours après, Obama l’annula, prétextant que ce n’était pas le bon moment. Le Parlement Européen sortit une déclaration réclamant qu’elle ait quand-même lieu, comme le firent aussi les états arabes. Il n’en est rien advenu. Nous allons donc nous diriger vers des sanctions toujours plus dures à l’encontre de la population iranienne – elles ne font pas de mal au régime – et peut-être vers la guerre. Qui sait ce qui va se passer?
En Asie du Nord-Est, c’est à peu près la même chose. La Corée du Nord est peut-être bien le pays le plus dingue de la Terre. C’est certainement un candidat sérieux à ce titre. Mais il y a du sens à essayer de comprendre ce qui se passe dans les esprits des gens qui agissent de façon insensée. Pourquoi ont-ils ce comportement? Mettez-vous à leur place, juste un instant. Rendez-vous compte de ce que cela voulait dire, pendant les années de la guerre de Corée du début des années 50, de voir votre pays se faire complètement raser, tout se faire détruire par une énorme superpuissance, qui en plus se félicitait de ce qu’elle faisait. Imaginez l’empreinte que cela vous aurait laissé(e).
Gardez à l’esprit que la direction nord-coréenne a certainement lu les journaux militaires publics de l’époque de cette superpuissance, expliquant que, puisque tout le reste avait été détruit en Corée du Nord, l’armée de l’air avait été envoyée pour détruire les barrages hydrauliques de la Corée du Nord, d’énormes barrages qui contrôlaient l’alimentation en eau – un crime, au fait, pour lequel des gens ont été pendus à Nuremberg. Et ces journaux officiels parlaient avec excitation de combien c’était merveilleux de voir l’eau descendre en trombe, excavant les vallées, avec les Asiatiques qui couraient partout pour essayer d’y survivre. Les journaux exultaient de ce que cela impliquait pour ces "Asiatiques", des horreurs au-delà de notre imagination. Cela impliquait la destruction de leur récolte de riz, ce qui par conséquent voulait dire la famine et la mort. Que c’est magnifique! Ce n’est pas dans notre mémoire, mais c’est dans la leur.
Tournons-nous vers le présent. Il y a une histoire récente qui est intéressante. En 1993, Israël et la Corée du Nord se dirigeaient vers un accord par lequel la Corée du Nord cesserait d’envoyer des missiles ou de la technologie militaire au Moyen-Orient, et Israël ferait la reconnaissance officielle du pays. Le président Clinton est intervenu et l’a bloqué. Peu de temps après, la Corée du Nord procéda à un essai mineur de missiles, en représailles. Les USA et la Corée du Nord parvinrent par la suite à un accord-cadre en 1994, qui mettait un arrêt à ses travaux nucléaires et était plus ou moins respecté par les deux parties. Quand George W. Bush vint au pouvoir, la Corée du Nord disposait peut-être d’une seule arme nucléaire et n’en produisait plus, de façon vérifiable.
Bush lança immédiatement son militarisme agressif, menaçant la Corée du Nord – "l’axe du mal" et tout ça – et la Corée du Nord se remit donc à son programme nucléaire. Lorsque Bush quitta la présidence, ils avaient 8 à 10 armes nucléaires et un système de missiles, encore une autre grande réussite des néo-cons ("neo-conservative" – néolibéraux, ndt ;) ). Entre-temps, d’autres événements eurent lieu. En 2005, les USA et la Corée du Nord parvinrent pour de bon à un accord, où la Corée du Nord devait stopper tout développement d’armes nucléaires et de missiles. En retour l’Occident, mais surtout les USA, devaient lui fournir un réacteur à eau légère pour ses besoins médicaux et cesser les déclarations agressives. Ils formeraient ensuite un pacte de non-agression et progresseraient vers l’entente.
C’était plutôt prometteur, mais Bush se mit à le saper presque immédiatement. Il retira l’offre du réacteur à eau légère et initia des programmes visant à contraindre les banques à cesser de gérer toutes les transactions nord-coréennes, même celles qui étaient parfaitement légales. Les Nord-Coréens réagirent en ravivant leur programme nucléaire. Et c’est ainsi que cela a avancé jusqu’ici.
C’est un fait reconnu. Vous pouvez le lire dans les journaux de grande distribution. Ce qu’ils disent, c’est: c’est un régime assez toqué, mais il suit une espèce de politique de renvoi de la balle. Vous faites un geste hostile et nous répondrons avec un quelconque geste dingue à notre sauce. Vous faites un geste accommodant et nous répondrons de même.
Dernièrement, par exemple, il y a eu des exercices militaires conjoints entre les USA et la Corée du Sud sur la péninsule coréenne qui, du point de vue du Nord, doivent paraître menaçants. Nous penserions qu’ils ont l’air menaçants s’ils se passaient au Canada et étaient dirigés contre nous. Au cours de ces exercices, les bombardiers les plus sophistiqués de l’histoire, des B-2 et des B-52 furtifs, se livrent à des attaques d’entraînement de bombardement nucléaire tout juste le long de la frontière nord-coréenne.
Cela déclenche assurément des sirènes d’alerte issues du passé. Ils se souviennent de ce passé, et réagissent donc d’une façon très agressive, et extrême. Alors, ce qui arrive comme idée à l’Occident en rapport à tout cela, c’est combien les dirigeants nord-coréens sont fous et incompétents. Oui, ils le sont. Mais ce n’est pas toute l’histoire, loin de là, et c’est la course du monde de nos jours.
Ce n’est pas qu’il n’y ait pas d’alternatives. C’est juste que les alternatives ne sont pas prises. Ceci est dangereux. Alors si vous demandez à quoi va ressembler le monde, ce n’est pas un joli tableau. À moins que les gens réagissent. Nous le pouvons toujours.
http://www.chaos-controle.com/archives/2013/08/09/27813333.html
.
Vous pouvez lire aussi :