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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 05:17
Syrie. Vers un dénouement inespéré ?

 

Syrie. Vers un dénouement inespéré ? Entretien avec Mohamed-Rédha Mézoui

Rien n’est éternel. La paix pas plus que la guerre, les descentes en lice pas plus que les négociations. La Syrie ne fait guère exception, même si, parfois, certains doutes me harcèlent comme ils vous harcèlent, lisant, une énième fois, de bien sinistres actualités sur les effusions de sang autour de Damas, Homs ou Alep, dans les grandes villes et les campagnes profondes.


 

 

Le mois de mars a été particulièrement sanguinaire avec des estimations s’élevant à un peu plus de 6 000 morts. On nous parle d’une guerre civile, ce qui est archifaux. Une guerre est proprement civile lorsqu’elle oppose les membres d’une seule et même société qui, vulgairement parlant, « se la jouent entre eux ». Or, le conflit syrien est dès ses débuts alimenté par des groupuscules terroristes islamistes armés et financés par l’Occident et les pétromonarchies qui ont déjà « efficacement » œuvré en Irak et en Lybie.

 

Que voit-on maintenant ? Les pyromanes semblent être effrayés par l’immense brasier qu’ils ont déclenché de leur propre chef. Ainsi, James Clapper, directeur national du renseignement (DNI), constate une fissure des plus importantes au sein de l’opposition, facteur qui selon lui catalyserait le processus de fragmentation intrasociale s’il advient que les partisans de Bachar Al-Assad finissent par être vaincus. Bien plus, il s’avère que des groupuscules islamistes radicales (j’ai apprécié le voisinage de ces deux adjectifs) occupent à l’heure actuelle treize provinces de la Syrie qui n’en a que quatorze. Le décryptage du message est bien simple. Si M. Al-Assad reste au pouvoir, il faudra reconnaître la première grave défaite moyen-orientale de l’Occident depuis 2001. Si l’opposition a raison des forces gouvernementales, la Syrie sera quand même une défaite avérée puisque n’importe quelle personne sensée relèvera avant tout le chaos qui de toute façon y régnera en en faisant grief aux principaux commanditaires.

 

Entre temps, on vient d’apprendre que l’armée syrienne a effectué une percée conséquente dans le nord du pays, information que vous ne retrouverez certainement pas dans les médias français qui préfèrent relater les prouesses des rebelles et des djihadistes à Doha ou à Deir Ez-Zor, cette dernière ville étant à ce jour transformée en champ de ruines. On vient d’apprendre, par ailleurs, l’intention de la Jordanie, séduite par les pétrodollars saoudiens, d’armer l’ASL. Il y a donc autant matière à désespoir qu’à optimisme, il suffit de trancher pour la bonne optique. Dans le souci d’offrir un éclairage plus concret du pronostic syrien, j’ai demandé à M. Mohamed-Rédha Mézoui que certains lecteurs connaissent déjà d’intervenir. Géostratège de renom, professeur émérite à l’université d’Alger, voici sa vision.

La VdlR. Pensez-vous que le conflit syrien pourrait à terme dévier en un véritable carnage interethnique et interreligieux ? Que pensez-vous de l’hypothèse de M. Meyssan selon laquelle le conflit va s’étendre à très-très long terme rappelant en quelque sorte la dynamique d’une guerre de Cent Ans ?

 

M. Mézoui. Je privilégierais l’analyse de M. Meyssan qui a l’air d’être très solide. D’une part, toit le monde a formulé l’hypothèse que le régime syrien s’écroulerait comme un château de cartes au premier coup de vent. Et là, par contre, on se rend compte qu’il s’agit d’un régime qui tient parfaitement. D’autre part, on rentre en plein dans la perspective de la tentative de construction du grand Moyen-Orient voulu par les Américains. Je pense en plus que l’utilisation d’instruments juridiques légaux internationaux – comme ce fut le cas en Lybie – qu’est en fait le Conseil de sécurité a montré ses limites et a montré la manipulation de cet instrument en tant que tel, ce qui fait qu’aussi bien la Russie et la Chine s’opposent à toute intervention armée, c’est-à-dire directe. En outre, j’estime que cette intervention qui dure depuis déjà plus de deux ans a également montré que la position aussi bien de la Russie que de la Chine a porté ses fruits parce que pour le G8, l’armement de la rébellion est une chose tout à fait acceptable. Les acteurs se découvrent donc, aussi bien la France que la Jordanie qui ne sont que des pivots, des satellites. En se découvrant, ils se mettent en avant et on voit maintenant à merveille comment va ce jeu d’échecs, cette reconstruction radicale du monde.

 

La VdlR. Comment est-ce que vous voyez le sort ultérieur de Bachar Al-Assad à la lumière du sort qui avait frappé ses voisins irakien et libyen ?

 

M. Mézoui. Je crois qu’on ne peut pas faire de comparaisons hâtives. En réalité, le régime syrien a affaire à des mercenaires islamistes favorisés par les Américains au niveau même de leurs ambitions hégémoniques. Une telle situation est sans précédent et n’en reprend aucune autre. On ne peut pas non plus la comparer à celle de la Turquie où les islamistes sont en effet arrivés au pouvoir mais ceci s’est fait dans le cadre d’une Constitution laïque qui est une sorte de garde-fous, un cap à ne pas franchir. Après, s’il le franchit, ça posera un autre problème. En somme, on voit donc que la soi-disant politique qui est appliquée est celle du chaos. On sème le chaos pour reconstruire après à sa guise. Cette fois, ce processus de chaotisation enveloppe le peuple syrien qui est un peuple extrêmement tolérant, maître d’un pays où les religions vivent en parfaite harmonie. Dans la grande ville de Damas, il y a trois cultes qui coexistent et ont toujours coexisté : le culte judaïque, le culte chrétien et le culte musulman (…). Cette harmonie interconfessionnelle est en train de se détruire. On le voit par exemple avec le Liban quand on a poussé les Syriens à partir. Maintenant pour ce qui est des frontières, on est en train de subir des contrecoups des frontières héritées du colonialisme qui n’ont aucune relation avec la nature authentique des Etats artificiels. Car ces frontières sont artificielles et on le voit très bien à l’exemple de la Jordanie qui était tout à l’heure en question.

 

La VdlR. Comment voyez-vous le rôle de la Russie dans le conflit syrien ? J’entends son rôle sur le sol syrien réalisé, par exemple, à travers le déploiement de missions humanitaires. Toujours selon M. Meyssan, il semblerait que c’est à la Russie qu’il incomberait de se soucier ultérieurement de la Syrie quand l’Occident se résoudra à lâcher définitivement les rênes. Comment verriez-vous cette prise en charge, bien que le mot soutien soit préférable à l’égard d’un pays entièrement souverain…

M. Mézoui. Si on considère la donne nord-coréenne actuelle, on s’aperçoit qu’il y a un net recul des Américains sur leur volonté de faire tomber le régime syrien. Pour ce qui est de la Russie, dans ce contexte-là, on voit qu’elle a d’emblée un grand rôle sur le grand échiquier du monde. On voit, d’une part, comment la Corée a surgi, on constate que l’étau qui étouffait jusque là la Syrie s’est desserré grâce à l’intervention d’acteurs tels que la Chine et comme la Russie. Cette dernière a un grand rôle à jouer par rapport à la Syrie et je crois qu’elle pourrait, de par la fermeté de sa position, arriver à arrêter ce carnage, cette révolution à la carte… D’ailleurs, la Russie a été la première à la subir cette révolution avec la chute du Mur de Berlin, les multiples tensions avec les Pays Baltes, etc. Il est clair qu’elle reprend aujourd’hui de la crédibilité au niveau international en tant qu’acteur et je pense que pour jouer la réconciliation au niveau de la population syrienne, la Russie a un rôle à jouer des plus cruciaux.

 

Le scénario syrien ne ressemble à rien. Il incarne à la fois le point de culmination de l’hypocrisie occidentale dans toute sa splendeur, mais aussi ce point de non-retour qui implique un dénouement chaotique dans le style « advienne que pourra, dès lors, nous n’y sommes pour rien ». La question qui se pose donc est de savoir si oui ou non la Russie sera en mesure de jouer ce rôle de pompier que lui attribue, entre autres, M. Mézoui, que lui attribue, entre autres, M. Meyssan.

http://french.ruvr.ru

 

http://www.alterinfo.net/Syrie-Vers-un-denouement-inespere-Entretien-avec-Mohamed-Redha-Mezoui_a89279.html

 

 

Il y a cent ans, la France en Syrie.
Et aujourd'hui.
Une Syrie moderne et résistante.
Médias, ambassadeurs, colons...
Superbe article !

Place-des-omeyyades---Damas---Jullet-2011.jpg

 


Syrie : La France Asservie

 


 

 

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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 04:52

 

  • Le blog d' Eva, R-sistons à la crise

 
eva r-sistons

@rsistons

Chantal Dupille

pseudo Eva R-sistons

Journaliste Ecrivain

Blogueuse scandalisée par la désinformation.

Esprit Libre.

Non-Alignée sur les mensonges officiels.

 

Cliquer sur le lien :

 

 https://twitter.com/rsistons

 

 

Jusqu'à présent,

je me contentais d'annoncer la publication des aticles.

Maintenant, chaque jour, j'envoie depuis peu

des liens, des analyses et des commentaires perso de l'actualité,

vous pouvez vous inscrire pour me suivre,

c'est le meilleur moyen pour vous d'être au courant de tout.

Là par ex, je suis les débats du Parlement,

aucun amendement n'est adopté, ils ne servent à rien,

malgré tout le temps passé,

c'est une "mascarade"

comme ils le disent eux-mêmes !


 

Voix-de-son-ma-tre.jpg


 

STOP LA DESINFORMATION !

 

Informons-nous seulement sur Internet...


 

medias-TV-decrohons-copie-3.jpg

 

 

 

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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 03:52

 

La dette publique, une affaire rentable,
à qui profite le Système ? 

 

 

dettes-enfant.jpg

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Non_collectivite_alsace


La destruction de la France
est programmée
 
(Ce qui se cachait derrière
le référendum Alsace 7 avril 13)
 
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pieuvre.jpg

 

"Bien informés, les hommes sont des citoyens ;

mal informés ils deviennent des sujets." Alfred Sauvy

 

 

 

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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 03:12

 

 

Je suis d'origine russe par ma mère.

Permettez-moi de vous offrir

cette vidéo sur ce pays,

toute en douceur et musique (eva)

 

abeilles © Éric Tourneret

 

 

 

Paysages de Russie vidéo - info.vilistia.com - station zebra infos

 

http://www.vilistia.info/paysages-de-russie-video-a82026726 

 


 

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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 02:16

 

Attentats de Boston :
False Flag ou récupération ?

Vidéos sur le site

 

http://kairoslogos.blogspot.fr/2013/04/attentats-de-boston-false-flag-ou.html


  

 

Des attentats viennent de se produire lors du Marathon de Boston en ce 15 avril 2013 et n'a pas encore été revendiqué. Toute l'Amérique est en émoi. Le Président Obama promet évidemment de "trouver les coupables" bien qu'il déclare "ne pas savoir qui a fait ça et pourquoi" en l'état actuel des choses.

Au moment où cet article est rédigé, on dénombre trois morts, dont un enfant, et plus d'une centaine de blessés. L'émotion est vive partout dans le pays, ainsi que dans le monde entier, comme en atteste le flot incessant de nouvelles à ce sujet depuis plusieurs heures.



Cependant, au delà de l'émotion, ces attentats sont assez difficilement compréhensibles dans un contexte international certes tendu, mais dans lequel l'administration Obama a montré une tendance nette à vouloir se désengager de théâtres d'opérations sensibles comme l'Afghanistan, l'Irak ou la Syrie.

Alors, que va-t-on pouvoir nous vendre cette fois-ci ?

ISLAMISTES

Même si elle peut ne pas paraître crédible aux yeux de citoyens ré-informés, c'est à dire boycottant les médias mainstream au profit de sites d'information indépendants, il est tout à fait possible que suite à des investigations poussées du FBI, soit découvert un Coran ou deux sous les décombres de la zone d'arrivée du marathon de Boston.

Si en plus, il nous est ressortie des tiroirs de la CIA, une petite vidéo truquée d'un leader salafiste exprimant sans réserve sa joie, et brandissant sa kalachnikov importée de Russie tout en criant "Allah Ackbar", il y a fort à parier que les néo-conservateur de Fox News seront aux anges, tel Erik Rush qui vient de demander sur son compte Twitter de "tuer tous les musulmans" car "ils sont maléfiques" [1]...

Il faudra craindre, si c'est cette thèse qui est imposée dans les médias par le complexe militaro-industriel, de voir dans les semaines qui viennent, des GIs débarquer en Syrie ou en Iran sans que les réticences de l'administration Obama n'y puisse grand chose, et encore moins les doutes de la communauté internationale. Pour le plus grand bonheur d'Israël...

Néanmoins, ce scénario ne semble pas le plus probable compte-tenu du fait que les Américains et l'opinion internationale ont encore en tête l'arnaque des "armes de destruction massives". C'est pourquoi, il semblerait davantage que nous nous dirigions vers une autre piste.

ACTIVISTES ANTI-GOUVERNEMENTAUX

La symbolique de la date des attentats de Boston est intéressante. Le 15 avril est, dans l’État du Massachusetts, la date du Patriots' Day (Journée des Patriotes) qui fait référence au retrait des Britanniques de la ville de Boston. C'est aussi, ironiquement, le Tax Day (Journée de l'Impôt) qui est la date limite de paiement des impôts pour les Américains.

C'est pourquoi, cette symbolique du jour [2] pourrait accréditer assez simplement la thèse d'une action d'activistes anti-gouvernementaux, comme le furent les "Davidien" de David Koresh à Waco, Texas [3].

L'intérêt d'une telle thèse pour l'administration Obama est la suivante. Les activistes anti-gouvernementaux étant tous pour le libre port des armes à feu, d'aucun y verraient dans ces explosions de Boston, un prétexte pour faire passer les lois restreignant la vente des armes à feu et ainsi faire plier l'encombrante NRA [4] qui fait encore de la résistance à ce sujet.

Car il est clair qu'un peuple désarmé est plus facile à maîtriser qu'un peuple en pleine possession de ses moyens de défense. Ce n'est pas un hasard si la liberté d'expression est mieux respectée aux États-Unis qu'en France...

Quoiqu'il en soit de la piste qui sera privilégiée, islamistes étrangers ou dissidents américains, déjà, des premiers indices d'un coup monté se font déjà jour...

FALSE FLAG

Les attentats du marathon de Boston se sont produits le même jour que l'exercice "explosion contrôlée" de la brigade de déminage de Boston comme l'indique le compte Twitter du Boston Globe :


C'est d'autant plus troublant que le commissaire de la police de Boston a déclaré que l'incendie de la bibliothèque JFK ne semble pas relié aux explosions du marathon [5]. Faut-il donc y voir un coup monté, un False Flag, des agences gouvernementales américaines ? Ce ne serait pas la première fois. Le dernier en date qui fut médiatisé étant probablement la tuerie de Sandy Hook à Newtown [6].

L'avenir nous dira à qui profite réellement le crime. Et l'avenir nous dira, peut-être, s'il s'agit d'une tragédie récupérée en opportunité pour justifier des guerres à travers le monde, ou bien d'un coup monté depuis le début. Mais soulignons déjà l'indécence des médias à relayer en boucle cet événement certes tragique, mais non moins que d'autres beaucoup moins couverts comme les attentats qui ont lieu chaque jour en Irak du fait même de l’interventionnisme américain [7], les exactions barbares de l'Armée dite Syrienne Libre [8] soutenue par l'OTAN, ou bien les maltraitances à Guantánamo [9] indignes de la "première démocratie du monde".

La vie n'a certes pas de prix, mais devons-nous constater que celle d'un étranger, qui plus est Musulman, vaut beaucoup moins que la vie d'un Américain...


Mise à jour 16/04/2013, 13:44 :

Références
[1] Erik Rush: Kill All Muslims in Response to Boston Marathon Attack (Right Wing Watch)
[2] Patriots Day revisited New meaning: Waco raid anniversary resonates with extremists (The Baltimore Sun)
[3] Les hallucinés de Waco (L'Express)
[4] La NRA entend mener "le combat du siècle" contre le plan de contrôle des armes à feu (Le Monde)
[5] Boston police commissioner: JFK Library fire doesn't appear to be related to race explosions  (Romandie)
[6] Newtown Connecticut Elementary Shooting Is A Staged False Flag Against Gun Owners and Preppers (Info Salvo)
[7] 37 morts dans une série d'attentats en Irak (Le Monde)
[8] FSA Decapitate then Grill Their Victims – Syria (Syria News)
[9] "Guantánamo est en train de me tuer", affirme un détenu (Le Point)

 

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Attentat de Boston: Du jamais vu !…Les médias de masse envisagent la possibilité d’un attentat fausse-bannière !


http://resistance71.wordpress.com/2013/04/17/attentat-de-boston-du-jamais-vu-les-medias-de-masse-envisagent-la-possibilite-dun-attentat-fausse-banniere/?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter

 

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Les coupables des attentats de Boston identifiés ?

http://kairoslogos.blogspot.fr/2013/04/les-coupables-des-attentats-de-boston.html#Blog1

 

 

 

Voir aussi :

 

 

 

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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 01:50
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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 01:43

 

http://www.humanite.fr/monde/pauvrete-en-europe-en-hongrie-emprisonne-les-sdf-520408

Pauvreté en Europe : "En Hongrie, on emprisonne les SDF"

 

La criminalisation des sans-abri augmente partout en Europe, alertent les associations d’aide aux sans-abri qui lance une campagne "la pauvreté n’est pas un crime".


La seule main tendue aux 400 000 sans-domicile recensés en Europe est souvent celle d’un policier. Avec pour seule intention, souvent, de les chasser vers un autre trottoir, une autre parcelle de macadam, un autre porche ou une autre sortie de garage. N’importe où pourvu que l’on ne voit plus la misère de notre monde. Une triste réalité dévoilée par le clip de la campagne européenne « la Pauvreté n’est pas un crime », relayée depuis une semaine en France par le mouvement Emmaüs.


Car « la criminalisation des sans-abri augmente dans la majorité des Etats-membres », alerte Freek Spinnewijn, directeur de la Fédération européenne d'associations nationales travaillant avec les sans-abri (FEANTSA) : « On emprisonne même les sans-abri dans certains pays. Comme en Hongrie, où le gouvernement de Viktor Orban a fait changer la constitution pour interdire à toute personne le fait de dormir dans l’espace public. » Des mesures en totale contradiction avec la Convention européenne des droits de l’homme, la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ou même la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées ont dénoncé vendredi à Budapest la FEANTSA, le réseau Housing Rights Watch, et la Ville est pour tous, une association hongroise d’aide aux personnes sans-abri.


Cette répression de la misère n’est pas une spécialité magyare. Mendier devant un distributeur de billet ou les façades de magasins à Dublin peut se traduire par des amendes allant jusqu’à 500 euros, depuis une loi du 11 janvier 2011. Même chose à Ljubiana ou Vilnius.


« Ailleurs, reprend Freek Spinnewijn, le phénomène est assez invisible, car il reste au niveau local. » Le règlement de police de Rotterdam interdit par exemple le vagabondage, et d’autres villes néerlandaises ont proscrit la consommation d’alcool dans la rue pour faire fuir les sans-abri. Des mesures similaires ont été prises par des landers en Autriche, jusqu’à une décision contraire de la cour constitutionnelle datant de janvier 2013. La France n’est pas en reste, avec des arrêtés « anti-mendicité », « anti-bivouac » ou « anti-glanage » qui fleurissent dans de nombreuses villes (Argenteuil, Boulogne-sur-Mer, Bordeaux, Chartres, Colmar, Marseille…). Ces textes, souvent illégaux, sont si nombreux qu’il est extrêmement difficile pour les associations de les recenser de manière exhaustive... (1)


 « Ces pratiques ne servent strictement à rien, et compliquent même l’insertion future des SDF, qui doivent parfois rembourser des amendes dès qu’ils parviennent à sortir de la rue », dénonce Freek Spinnewijn. Pourquoi un tel acharnement ? Punir les SDF n’a selon lui qu’un seul but : « masquer la faillite de leur propres politiques d’insertion et surtout rendre invisible la montée de la pauvreté. »


La tentation est grande. Le « sans-abrisme » a explosé avec les plans d’austérité. En Grèce, des centres d’hébergements ont vu afflué 30 % de demandes supplémentaires depuis le début de la crise, et ce, alors qu’ils manquaient déjà de places suffisantes. En Espagne, l’agence de statistiques officielle a recensé une augmentation des personnes à la rue de 15,7 % entre 2008 et 2011, près du double à Barcelone. Même dans la « vertueuse » Allemagne, leur nombre est passé 227 000 à 248 000 sur la même période (soit une hausse de 10 %).


Des solutions existent, plaide pourtant la FEANTSA, qui cite en exemple l’Ecosse ou la Finlande, où d’ambitieuses politiques sociales ont permis, malgré la crise, de diminuer drastiquement la part de SDF.


La commission européenne, elle même, a appelé fin février à cesser de pénaliser les sans-abri, adoptant même une recommandation « pour que les États membres développent des stratégies dirigées vers le logement ». Mais voilà. « Ce texte préparé par Laslò Andor, commissaire aux affaires sociales, que l’on appelle Paquet Investissements sociaux en faveur de la croissance et de la cohésion, est en parfaite contradiction avec les plans d’austérité soutenus par Olli Rehn, le commissaire européen aux affaires économiques », dénonce Freek Spinnewijn. Une incohérence que l’on retrouve au Parlement européen, où la majorité des 600 députés ayant voté une résolution pour une stratégie européenne intégrée sur le sans-abrisme ne se sont pas opposés aux mesures d’austérité...


  1. Emmaus appelle les Français à signaler de telles pratiques sur le site de la campagne nationale.
  • Lire aussi :

Les enfants, victimes des politiques d'austérité selon l'Unicef
Selon Médecin du monde, l'austérité précarise encore plus en Europe
Le FMI le confirme : l’austérité était une erreur de calcul

 

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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 05:06

 

Les autres « affaires » Sarkozy

 

Les autres « affaires » Sarkozy : Bettencourt-UBS ; Altran-salle Pleyel ; Wildenstein ; rétro-commissions brésiliennes… Ces 600 milliards qui manquent à la France ; Enquête au cœur de l’évasion fiscale (Seuil) est arrivé en librairies le 22 mars 2012. Il y a un an tout juste. Dans de nombreuses pages, il mettait ouvertement en cause l’omniprésence de Nicolas Sarkozy, alors encore président de la République, dans plusieurs opérations d’évasion fiscale, de blanchiment et de financement illégal de ses activités politiques (dont la campagne électorale de 2007).


sarkozybettencourt.jpg

Hier soir, jeudi 21 mars 2013, l'ex-président de la République Nicolas Sarkozy a été mis en examen à Bordeaux pour abus de faiblesse à l'encontre de l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt. Cette décision est intervenue après cinq ans d'enquête et au terme d'une audition de plusieurs heures par le juge d’instruction Jean-Michel Gentil. « M. Nicolas Sarkozy, qui bénéficie de la présomption d'innocence, s'est vu notifier une mise en examen du chef d'abus de faiblesse commis en février 2007 et courant 2007 au préjudice de Mme Liliane Bettencourt Schueller », a précisé un communiqué le parquet de Bordeaux.

Selon la dépêche AFP faisant alors la synthèse des tracas judiciaires auxquels Nicolas Sarkozy est confronté, le nom de l'ancien président apparaît dans quatre autres affaires. Un juge enquête sur la régularité des contrats conclus, sans appel d'offres, entre l'Élysée et neuf instituts de sondage sous sa présidence. Le financement de la campagne de 2007, côté libyen cette fois, est également au cœur d'une controverse née entre les deux tours de la présidentielle de 2012, avec la publication par Mediapart (comme toujours !) d'un document attribué à un ex-homme de confiance du colonel Kadhafi, faisant état d'un « accord de principe » conclu en 2006 avec Tripoli pour apporter 50 millions d'euros à la campagne du candidat Sarkozy

Son nom apparaît également dans l'enquête sur la décision prise fin 2007 par l'ancienne ministre de l'Économie Christine Lagarde, dont le domicile a été perquisitionné mercredi, de recourir à un arbitrage pour solder le contentieux opposant depuis 1993 Bernard Tapie au Crédit lyonnais sur la vente d'Adidas. Enfin, deux magistrats enquêtent sur un éventuel financement occulte de la campagne présidentielle d'Édouard Balladur en 1995 - M. Sarkozy était ministre du Budget - par le biais de rétro-commissions présumées dans le cadre de contrats d'armement, l'affaire dite de Karachi.

Mais, comme en mars 2012, d’autres « affaires » et d’autres dimensions de l’affaire Bettencourt concernent encore l’ex-président de la République et restent pratiquement à instruire. Elles étaient révélées dans Ces 600 milliards qui manquent à la France.

 

1 – Affaire Bettencourt (chapitre 6 : « L’intouchable Mme Bettencourt », et conclusion : « Au profit de qui ? ») : 20 millions d’euros blanchis « pour financer la campagne présidentielle de Sarkozy »…

« Les « affaires Bettencourt », du nom de l’archi-milliardaire héritière de L’Oréal[1], sont en cours d’instruction au tribunal de grande instance de Bordeaux, depuis décembre 2010, après le fiasco du tribunal de Nanterre généré par la guerre menée par le procureur Philippe Courroye contre la juge Isabelle Prévost-Desprez. Elles ont déjà permis de dévoiler une partie des comptes non-déclarés de la milliardaire en Suisse où avaient été dissimulés quelque 65 millions d’euros.

Mais Liliane Bettencourt, sa société de gestion Clymène et la Fondation Bettencourt-Schueller ont placés en réalité beaucoup plus d’argent chez UBS, à Genève, Vevey, Zurich… D’étranges mouvements sur ces comptes, en relation avec des contrats d’assurance vie ou de capitalisation, n’ont pas été regardés par les enquêteurs ni par les juges, puisque aucune perquisition n’a été effectuée dans les locaux d’UBS France, à Paris, où à Strasbourg, où les enquêteurs découvriraient pourtant des informations très intéressantes sur les tenants et aboutissants de ces impressionnants mouvements d’argent.

Les cadres de la filiale française du groupe bancaire suisse ont pourtant été clairs, à ce propos, dans leurs communications successives, depuis mai 2009, à l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP)[2] de la Banque de France et au Service nationale de douane judiciaire (SNDJ). Dans les courriers adressés à l’ACP, ils dénonçaient ainsi François V., ex-responsable du département juridique, contrôle interne et conformité de 2004 à 2009, présent dans les locaux d’UBS France jusqu’au printemps 2010, qui « était au courant de tout le système [d’évasion fiscale] et des opérations illicites » et qui aurait « implanté au sein de la banque », pour assurer sa succession, de proches collaborateurs et relations extérieures privées, afin que ces derniers n'effectuent pas de recherches trop approfondies sur le système du carnet du lait, sur le fichier vache et sur les opérations courantes de certains comptes comme ceux de Mme Bettencourt, de sa fondation… » En fin de document, ils réaffirment que Liliane Bettencourt fait partie des « clients off », sous-entendu offshore, d’UBS France.

A l’appui de leurs accusations, ces cadres ont aussi transmis aux enquêteurs de la Banque de France, en décembre 2010, et à ceux de la douane judiciaire[3], un relevé très significatif d’une douzaine de mouvements d’argent entre les comptes UBS, BNP, Dexia, Clymène et Generali (une compagnie d’assurance vie italienne, dont le siège est à Trieste), entre 2005 et 2008. L’ensemble du portefeuille UBS de Liliane Bettencourt a été géré, jusqu’en 2010, par un Canadien jovial, Mathieu de S.-A., qui a depuis été « exfiltré » de Paris à Genève, où UBS le garde sans doute hors de portée d’éventuels enquêteurs français. Le relevé des mouvements des comptes de la milliardaire, que je possède, est issu du système d’information interne d’UBS. Il m’est nécessaire d’en exposer ici les détails :

 

1 / En décembre 2005, le compte UBS de la Fondation Bettencourt-Schueller (fondée en 1987 et dirigée par Patrice de Maistre) est crédité, en deux fois, de 10 millions d’euros, à partir du compte Dexia de Liliane Bettencourt. Mais il est débité six mois plus tard de la moitié de cette somme, soit 5 millions d’euros, en faveur d’un contrat d’assurance vie « Phi Capitalisation » de Generali, lequel a entre autres l’avantage d’être défiscalisé et transmissible aux héritiers sans paiement de droits de succession.

 

2 / En 2007, le compte UBS de Clymène, la holding de gestion de la fortune de Liliane Bettencourt, créée le 21 juin 2000, crédite le compte personnel de la milliardaire à la BNP de 7 millions d’euros, lequel est aussitôt débité, le jour-même !, de la même somme en faveur du contrat d’assurance vie Generali.

Faisons, dès cette première série de mouvements, une petite addition qui se solde par un crédit de 12 millions d’euros sur le contrat Generali, à partir du compte Dexia de Liliane Bettencourt et de celui de Clymène, en passant à toute vitesse par un compte BNP de la milliardaire et par celui de sa fondation de mécénat. Et continuons, dès lors, notre relevé des mouvements des comptes Bettencourt, qui risquent malheureusement de donner un peu le tournis au lecteur.

 

3 / Le 15 octobre 2007, le compte UBS de Clymène, crédite le compte BNP personnel de Liliane Bettencourt de… 12 millions d’euros. Le jour-même, ce compte BNP est débité en faveur du contrat Generali à hauteur de… 12 millions d’euros !

 

4 / Huit mois plus tard seulement, le 19 juin 2008, le contrat Generali se dépouille en faveur du compte UBS de Clymène à hauteur de… 12 millions et 300 000 euros, c'est-à-dire la même somme, toujours, tout juste bonifiée des intérêts à un taux de 3,75% par an. Et, le même jour, le compte Clymène est débité en faveur du compte personnel BNP de Liliane Bettencourt pour un montant de… 12 millions et 300 000 euros.

Si nous avons bien suivi le fil de tous ces mouvements, le compte Dexia de Liliane Bettencourt et le compte UBS de Clymène, holding entièrement alimentée par les dividendes de L’Oréal, ont été déchargés, entre fin 2005 et 2007, d’un montant total de 24 millions d’euros au bénéfice d’un contrat d’assurance vie Generali. Ce mouvement global s’est effectué à travers une première « cascade » de mouvements extrêmement rapides sur le compte BNP personnel de la milliardaire et sur celui de sa fondation de mécénat. En juin 2008, la moitié de cette somme totale est reversée, avec 300 000 euros d’intérêts en plus, au compte personnel BNP de Liliane Bettencourt, en faisant un passage éclair par le compte de la holding Clymène.

Mais il reste encore une dernière série de mouvements d’argent qui ont été relevés comme suspects par certains gestionnaires de fortune d’UBS :

 

5 / En 2008 toujours, le compte de la holding Clymène est crédité de 7, 2 millions euros à partir du contrat Generali, mais il est immédiatement débité - le jour-même encore une fois ! - de la même somme en faveur du compte BNP de Liliane Bettencourt…

Une première conclusion s’est imposée au financier d’UBS que j’ai consulté pendant plusieurs heures, le 10 décembre 2011, au sujet de ces mouvements : en à peine trois ans, le compte BNP de Liliane Bettencourt a finalement été crédité de près de 20 millions d’euros à partir d’un compte Dexia et d’un autre compte UBS de sa holding Clymène, en passant par un deuxième compte UBS, celui de sa Fondation Bettencourt-Schueller, ainsi que par un contrat d’assurance vie Generali, tout en faisant quelques passages par le compte de Clymène et même par celui de la BNP… En clair, les origines, le destin financier de ces 20 millions d’euros, ainsi que les éventuels dividendes produits, ont été totalement « enfumés, masqués, dissimulés au fisc français ainsi, d’ailleurs, qu’aux contrôleurs internes d’UBS France », par le jeu d’une dizaine de crédits et débits enchevêtrés. « Il n’y a pas besoin d’avoir fait Polytechnique pour comprendre qu’il n’y a aucun intérêt financier de placement et de rémunération à faire des mouvements si rapides sur des contrats d’assurance vie », commente l’expert qui m’a en conséquence affirmé que nous étions devant « le tableau typique de mouvements d’argent en cascade, procédant par empilage, qui caractérise les opérations d’évasion fiscale, de blanchiment et de recel de blanchiment provenant de l’évasion fiscale ». En l’occurrence, il use ici d’une définition relativement large du blanchiment, qui ne signifie pas que les avoirs et les revenus concernés proviennent d’activité criminelles, mais qui dénonce le fait que l’origine et l’identité de ces fonds est masquée, dissimulée, et trouve sa source dans le rendement d’avoirs non-déclarés au fisc, ou de la location occulte de l’île d’Arros (Seychelles), ce qui est bien entendu illicite. Depuis quelques années, d’ailleurs, les experts européens soulignent la parenté trop négligée par les autorités publiques des moyens de blanchiment et d’évasion fiscale[4], et un délit de blanchiment de fraude fiscale existe bien[5] ; il est même au cœur de la l’affaire Bettencourt en cours d’instruction judiciaire à Bordeaux.

 

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Mais là n’est pas ce qui choque le plus le financier d’UBS, dans cette affaire de blanchiment et d’évasion fiscale de dizaines de millions d’euros. « Vous remarquerez, me disait-il, lors de notre rencontre, que les banques qui ont été perquisitionnées, dans le cadre de ce que l’on appelle “l’affaire Bettencourt”, sont des banques qui n’ont pas un rôle majeur, dans la gestion de la fortune de Mme Bettencourt. Ce sont des banques qui ont certes un rayonnement international, mais ce ne sont pas celles qui avaient les gros avoirs et qui ne travaillaient pas directement avec la principale structure financière de Mme Bettencourt [Clymène, elle-même issue de Thétys]. Toutes les perquisitions dans ces banques, c’est de la poudre aux yeux, et toutes les banques qui ont quelque chose d’important à cacher, on les oublie. On oublie d’enquêter chez UBS, alors que l’origine des fonds et des mouvements suspects est établie : Genève et Vevey. On oublie de regarder du côté de LGT, la banque de gestion de fortune de la maison princière du Lichtenstein, à Singapour. Toute cette cécité permet d’éviter de découvrir que les contrats d’assurance gérés depuis la Suisse, entre autres moyens d’évasion fiscale, remontent à plus de trente-cinq ans et donc d’avoir à procéder au recouvrement d’arriérés fiscaux autrement plus importants que les quelque 108 millions d’euros qui lui sont réclamés par Bercy au titre de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour les années 2004 à 2010 et à celui de l’impôt sur le revenu pour les années 2006 à 2009 seulement, le tout agrémenté d’un engagement gouvernemental de renoncer à toute poursuite pénale[6]… »

En décembre 2011, des comptes UBS de Liliane Bettencourt étaient « toujours vivants », en France comme en Suisse, selon le financier que je consultais à cette époque. D’où les aimables conseils, qu’il prodiguait alors volontiers aux juges et policiers qui se pencheraient, un jour, sérieusement sur l’évasion fiscale et le blanchiment pratiqués pendant de nombreuses années par la milliardaire : « Perquisitionner UBS à Paris, y saisir tout le matériel et les mémoires informatiques, la base de données clients - dénommée « iAvenue » -, la base de données financières, recueillir les nombreux témoignages qui ne manqueraient pas d’être spontanément produits, éplucher les journaux des opérations des chargés d’affaires, journaux où l’on trouverait des chiffres d’affaires en centaines de milliers d’euros qui ne sont pas reportés dans les comptes d’UBS en France… »

Un rêve, sans doute…

Le samedi 4 février 2012, arrivant presqu’au bout de mon enquête, j’ai revu une dernière fois Aleph, ma source principale au sein du renseignement intérieur. Je lui ai raconté, entre autres, ma rencontre avec le banquier d’UBS et lui ai détaillé ses révélations. Son commentaire fut pour le moins lapidaire : « Bettencourt a acheté son immunité fiscale. Il suffit de cotiser à un parti politique. En espèces. » Le parti politique auquel pensait Aleph ? « Aujourd’hui ? l’UMP, c’est évident ! », a-t-il répondu sans l’ombre d’une hésitation.

« Revenons aux comptes bancaires de Mme Bettencourt, me propose le “grand flic”. Ce que vous a révélé votre financier d’UBS est passionnant, lorsque l’on regarde les dates des mouvements et le compte de réception finale des 20 millions d’euros blanchis à partir de plusieurs sources, dont le compte de la holding Clymène pour la presque totalité de la somme. Première remarque : c’est en 2008 que Florence Woerth, épouse du ministre du Budget et trésorier de l’UMP de l’époque, embauchée chez Clymène fin 2007, passe le plus clair de son temps à Genève ; c’est en 2008 encore qu’est enregistré le transfert de quelque 280 millions d’euros des comptes français de Mme Bettencourt sur des comptes d’UBS Genève ; or c’est au même moment qu’un compte courant de la milliardaire à la BNP est renfloué, dans un sens inverse, par de l’argent manifestement blanchi, à hauteur de 20 millions d’euros, ce qui est de l’ordre de l’argent de poche dans le cadre dont on parle. »

« “Argent de poche” me semble la bonne expression, en l’occurrence, poursuit le haut fonctionnaire. Car les investigations de vos confrères de Mediapart, publiées en juillet 2010, sur les enveloppes d’argent liquide distribuées à certains hommes politiques de droite entre 1995 et novembre 2008, confirmées ensuite par des témoins devant policiers et juges, ont montré que c’est bien à partir d’un compte BNP (agences de Neuilly-sur-Seine, puis de Paris XVIe) qu’étaient tirées très régulièrement les sommes destinées à ces fameuses enveloppes. »

Il attire alors mon attention sur le fait que la gestionnaire du compte BNP principal de Liliane Bettencourt est la baronne Eva Ameil, chargée du secteur Luxe de BNP Paribas, mais surtout vice-présidente du Cercle MBC Paris (pour Maxim’s Business Club), lequel mène ses activités mondaines au Fouquet’s et regroupe, selon sa propre présentation, « environ 650 membres en France et 250 membres en Suisse », tous « hommes et femmes d’affaires dans des domaines très variés de la vie économique française et internationale ». Le Cercle MBC organise de nombreuses réunions avec des « personnalités de premier plan », presque toutes de droite, dont Nicolas Sarkozy. « C’est Eva Ameil qui a contesté en vain le témoignage de l’ex-comptable de Mme Bettencourt [Claire Thibout], à propos de l’enveloppe de liquide retirée de la BNP et destinée à Eric Woerth en janvier 2007 », ponctue le haut-fonctionnaire du renseignement.

Aleph se livre alors à un rapide calcul : « La comptable de Mme Bettencourt et de Clymène a parlé de montants de l’ordre de 100 000 à 200 000 euros par enveloppe, lors de la période pré-électorale de la présidentielle 2007. Or, elle a aussi expliqué que les Bettencourt[7] “arrosaient large” et qu’elle avait assisté à “un vrai défilé d’hommes politiques dans la maison” de ses patrons. A raison d’une enveloppe moyenne à 150 000 euros, en deux ans vous avez sans doute épuisé une partie des 20 millions d’euros qui ont transité vers le compte BNP entre décembre 2005 et juin 2008, pour le réapprovisionner en toute opacité. »

« L’ensemble est parfaitement clair, souligne Aleph. Si nous suivons le montage révélé par vos banquiers UBS d’amont en aval - puisque nous descendons, en “cascades” financières, du pays de montagnes -, nous voyons premièrement le blanchiment de 20 millions d’euros de Genève à Paris, en passant par Trieste, à travers un contrat d’assurance vie Generali géré par Clymène et aussi à travers le compte d’une fondation de mécénat forcément au-dessus de tout soupçon, le tout en deux ans environ (2007-2008). Deuxièmement, nous apprenons, grâce au témoignage de l’ex-comptable de Mme Bettencourt, que le compte parisien (BNP) de la milliardaire, approvisionné par cet argent blanchi, a servi à remplir des enveloppes de liquide discrètement remises à des personnalités politiques de droite, dont Eric Woerth. Troisièmement, nous nous souvenons qu’en 2007 et en 2008, Clymène, la holding de gestion de la fortune de Mme Bettencourt, a employé une certaine Florence Woerth[8] qui était l’épouse du ministre du Budget de l’époque [jusqu’au 22 mars 2010], par ailleurs ex-trésorier de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007 et trésorier toujours en fonction de l’UMP [jusqu’au 30 juillet 2010]. Enfin, puisque nous avons bonne mémoire, nous nous étonnons que Mme Bettencourt a bénéficié, en mars 2008, d’un “remboursement” du Trésor public au titre des effets du bouclier fiscal[9] à hauteur de 30 millions d’euros, lesquels ont été versés sur un compte BNP… La boucle est bouclée ! »

L’omniprésence de la BNP dans les opérations d’évasion fiscale de Liliane Bettencourt, mais aussi dans celles de la plus part des affaires évoquées par mes sources, désigne cette banque comme la championne française du offshore. Selon un décompte réalisé par Christian Chavagneux, le 11 mars 2009, journaliste à Alternatives économiques, BNP-Paribas comptait alors pas moins de 189 filiales domiciliées dans des paradis fiscaux, nombre record parmi ceux affichés par toutes les autres grandes entreprises françaises du CAC 40 : 7 en Suisse, 27 au Luxembourg, 21 dans les Îles Caïmans… Dans une tribune publiée par le quotidien Libération le 19 octobre 2009, les députés européens Eva Joly et Pascal Canfin soulignaient que BNP-Paribas « propose à ses clients les plus fortunés (…) des services “d’optimisation juridique et fiscale” à Monaco, en Suisse ou au Luxembourg » et que sa filiale suisse vend, selon ses propres termes, la création, la gestion ou l’administration « des structures établies dans des juridictions telles que les Bahamas, Jersey, le Luxembourg, Panama, Singapour, le Lichtenstein et la Suisse », c’est-à-dire de sociétés-écrans derrière lesquelles ils est possible de posséder des comptes bancaires non-déclarés.

 

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L’historique de l’alimentation en argent blanchi du compte BNP de Liliane Bettencourt, entre fin 2005 et mi-2008, c’est-à-dire en pleine période électorale pour la présidentielle d’avril-mai 2007, donne peut-être une idée des montants réels des « cotisations occultes » - comme dit Aleph – de la milliardaire en faveur de ses champions politiques favoris. D’ores et déjà, d’autres informations confirment, pour Liliane Bettencourt, les délits d’évasion fiscale, de non-déclaration de comptes bancaires en suisse, de financement politique illégal et, au sujet d’Eric Woerth, de trafic d’influence. Elles sont examinées, au moment où je termine la rédaction de ce livre et depuis décembre 2010, par trois juges d’instructions bordelais, dont Jean-Michel Gentil principalement, lesquels ont aussi demandés, pour les éplucher, les comptes de la campagne électorale 2007 de Nicolas Sarkozy.

Penchons-nous sur l’évasion fiscale, car elle est la condition sine qua non de tout le reste. De mai 2009 à mai 2010, Pascal Bonnefoy, le majordome de Liliane Bettencourt, a enregistré, avec un dictaphone dissimulé, les échanges de la milliardaire avec son entourage le plus proche et surtout avec ses conseillers, au premier rang desquels se distingue Patrice de Maistre, alors gestionnaire de la fortune personnelle de la milliardaire, par ailleurs directeur général de Thétys et de Clymène depuis 2003, les deux sociétés chargées de gérer respectivement les dividendes des titres L’Oréal possédés par la famille Bettencourt et les avoirs particuliers de Liliane Bettencourt. Patrice de Maistre était par ailleurs directeur général de la Fondation Schueller-Bettencourt contrôlée par Thétys…

Ces enregistrements représentent 21 heures de son et ont été gravés sur six CD-ROM, lesquels ont été remis à Françoise Betencourt-Meyers, la fille de Liliane, en mai 2010, laquelle les a finalement transmis le 10 juin 2011 à la Brigade financière. Ils ont tous été définitivement validés en tant que preuves, le mardi 31 janvier 2012, par la chambre criminelle de la Cour de Cassation[10]. L’essentiel de leur contenu a été publié par le site d’information Mediapart et par l’hebdomadaire Le Point, à partir du 16 juin 2010[11].

A propos de l’évasion fiscale, les discussions de Liliane Bettencourt avec ses conseillers révèlent, à l’automne 2009, une soudaine inquiétude vis-à-vis du fisc. Premiers objets de cette alerte : deux comptes suisses, ouverts à Genève et Vevey (canton de Vaud), bien entendu non-déclarés, respectivement crédités alors de 13 et de 65 millions d’euros, dont l’existence est jusqu’alors officiellement ignorée par Bercy.

Le 27 octobre 2009, Patrice de Maistre explique ainsi à Liliane Bettencourt : « Je voulais vous dire que je pars en Suisse tout à l’heure pour essayer d’arranger les choses. (…) Et il faut arranger les choses avec vos comptes en Suisse. Il ne faut pas que l’on se fasse prendre avant Noël. (…) Je suis en train de m’en occuper et de mettre un compte à Singapour. Parce qu’à Singapour, ils [les agents du fisc français] ne peuvent rien demander. » Trois semaines plus tard, le 19 novembre 2009 précisément, Patrice de Maistre revient à la charge : « Je suis allé voir ce compte à Vevey où vous avez quand même 65 millions. (…) Il faut que l’on enlève ce compte de Suisse. (…) Je suis en train d’organiser le fait de l’envoyer dans un autre pays qui sera soit Hong Kong, Singapour ou en Uruguay. (…) Comme ça vous serez tranquille. Je pense que c’est bien, ça vous laisse votre liberté. Si on ramène cet argent en France, ça va être très compliqué. » Selon mes informations, le compte de Vevey était très certainement ouvert chez UBS[12].

Depuis cette première alerte d’octobre 2009, le « comme ça vous serez tranquille » assuré par Patrice de Maistre à Liliane Bettencourt s’est avéré fallacieux. Le 21 novembre 2011, Mediapart révèle que la Direction nationale des vérifications de situations fiscales (DNVSF)[13] a « identifié douze comptes bancaires cachés qui appartiennent à la famille Bettencourt ou dont elle est bénéficiaire ». Sur cette douzaine de comptes non-déclarés, pas moins de dix sont ouverts en Suisse : un chez Julius Bär (ou Baer), un autre chez Hyposwiss Private Bank (Banque cantonale de Saint-Gall), un aussi à la banque genevoise Baring Brothers Sturdza, trois à la Banque cantonale vaudoise et quatre chez… UBS. Les deux autres comptes (SwissLife et LGT Bank) étaient réfugiés à Singapour. Au total, ces comptes étaient crédités de quelque 121 millions d’euros en 2008. Fin 2010, ce montant était descendu à un peu moins de 100 millions d’euros. Vingt millions d’euros s’étaient donc évaporés entre ces deux dates. Vingt millions d’euros dont nous avons peut-être retracé précisément le circuit de blanchiment au début de ce chapitre…

De façon générale, les comptes non-déclarés de la famille Bettencourt connaissent presque tous des mouvements de fonds importants et souvent injustifiables du point de vue d’une saine gestion financière. Ainsi, le compte Hyposwiss P B est totalement vidé de ses 23 millions euros entre 2007 et 2009, mais il n’est pas fermé. Un des trois comptes de la Banque cantonale vaudoise, dénommé « Bora », est vidé de plus de 92 millions d’euros en août 2008 et aussitôt fermé ; un autre connaît aussi une saignée de près de 60 millions d’euros, en 2009. « Au profit de qui ? », s’interroge Aleph, lorsque nous en parlons ensemble, de 5 février 2012.

Car le compte « Bora », ouvert dans les années 1970 par André Bettencourt, n’a cessé de créditer d’autres comptes suisses de sommes fabuleuses, notamment ceux ouverts à la Discount Bank & Trust Company et de l’Union bancaire privée (UBP), deux établissements célèbres de Zurich.

De même, Clymène, la holding de gestion de toute la fortune de Liliane Bettencourt, dirigée par Patrice de Maistre jusqu’en décembre 2010, semble avoir perdu beaucoup d’argent, quelque 107 millions d’euros, entre 2000 et 2009. En 2008, année où Florence Woerth, épouse du ministre du Budget de l’époque, est depuis peu directrice des investissements de Clymène, les pertes record de la société s’élèvent même à un peu plus de 66 millions d’euros. « Au profit de qui ? », réitère Aleph, car il sait que « les pertes des uns sont toujours les bénéfices des autres ». »

 

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« Au profit de qui ? »… La question ironique d’Aleph m’a presque obsédé tout au long de mon enquête. Non pas parce que je n’avais pas la réponse - celle-ci m’avait été livrée crument par Aleph lui-même, dès l’un de nos premiers rendez-vous[14], lorsqu’il m’avait expliqué comment le gouvernement évite la cruelle épreuve du contrôle fiscal et, pis encore, d’enquêtes plus poussées sur d’éventuels comptes offshore, à celles et ceux qui paient, en liquide si possible, leur « cotisation » au parti politique qui a l’heur d’être au pouvoir. Mais bien plutôt parce que cette sorte d’immunité, éventuellement couverte par le « secret défense », s’est progressivement révélée si constante, si puissante, voire si risquée à dévoiler que j’en arrivais parfois à douter que je vivais dans une République digne de ce nom.

« Au profit de qui ? » Oui, à qui profite l’évasion fiscale, en France ? A qui profitent les 590 milliards d’euros d’avoirs placés à l’abri du fisc, en Suisse, au Luxembourg, à Singapour, dans les Îles Caïmans et autres paradis fiscaux, et les au moins 30 milliards d’euros qui manquent, en conséquence, chaque année, aux finances publiques ? Bien entendu, il y a tout d’abord ces Français fortunés qui utilisent quelque 150 000 comptes non-déclarés en Suisse, selon le ministère de l’Economie. Fortunés, car mes sources au sein d’UBS m’ont bien expliqué que seules les personnes possédant un minimum de 10 millions d’euros intéressent les chargés d’affaires venus des rives du lac Léman. Ce sont les mêmes qui, pourtant, ont aussi vu leur charge fiscale allégée de 77,7 milliards d’euros, entre 2000 et 2010[15], du fait de la réduction de l’impôt sur le revenu pour les plus hautes tranches, l’évaporation de l’impôt de solidarité sur la fortune[16], la mise en œuvre du fameux « bouclier fiscal » après 2007[17], la réduction des droits de succession et de donation[18]… Sur la base de calculs peu contestables, le journaliste Samuel Laurent a même estimé à 71 milliards d’euros les « cadeaux fiscaux » du quinquennat de Nicolas Sarkozy[19].

Mais au-delà du cadeau de l’« allègement » fiscal déjà considérable fait aux plus riches sous les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, c’est surtout l’immunité judiciaire presque totale dont bénéficient les fraudeurs et les évadés fiscaux de haut vol qui pose la plus grave question. Qui, quoi, où, quand, comment ? J’ai déjà répondu, en partie, à ces interrogations. Il me reste, cependant, la nécessité de revenir sur le « pourquoi ? », sans lequel il n’y a pas d’enquête journalistique achevée. Par exemple, pourquoi André et Liliane Bettencourt n’ont-ils jamais subi un seul contrôle fiscal, au moins depuis 1995, comme en a témoigné l’ex-comptable des milliardaires, alors que l’actuel ministre du Budget, François Baroin, affirmait fin juin 2010 que « les patrimoines de plus de trois millions d’euros sont contrôlés [en moyenne] tous les trois ans » ?

C’est sans doute une question à laquelle va devoir répondre Eric Woerth, l’ex-ministre du Budget, ex-responsable du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, ex-trésorier de l’UMP, devant les juges d’instruction de Bordeaux qui sont en charge des volets les plus sensibles de l’affaire Bettencourt, c’est-à-dire des délits d’évasion fiscale, de blanchiment d’argent, mais aussi de financement politique illégal et de trafic d’influence. Ceux-ci l’on convoqué à Bordeaux, les 8 et 9 février 2012, et mis en examen pour « trafic d’influence passif » et pour le « recel »[20] des 150 000 euros présumés destinés à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

Je n’ai pas besoin d’être devin pour savoir quelles autres questions ont été posées ces deux jours-là à Eric Woerth. Une première série d’interrogations l’ont sans doute confronté aux liens particulièrement étroits qui le liaient à Liliane Bettencourt et à ses plus proches conseillers. Comment a-t-il pu aussi justifier l’embauche, à sa demande, de sa femme Florence par Patrice de Maistre, fin 2007, en tant que directrice des investissements de Clymène, la société de gestion des avoirs de Liliane Bettencourt ? En effet, le 29 octobre 2009, l’omniprésent Patrice de Maistre expliquait ainsi à Liliane Bettencourt qui était Eric Woerth : « C’est le mari de Mme Woerth, que vous employez, qui est une de mes collaboratrices… (…) Lui est très sympathique et c’est notre ministre du Budget. (…) Il est très sympathique et en plus c’est lui qui s’occupe de vos impôts, donc je trouve que ce n’était pas idiot [d’embaucher son épouse]. » Réciproquement, le 23 avril 2010, dans un contexte devenu délicat, Patrice de Maistre expliquait à l’héritière L’Oréal, à propos de Florence Woerth : « Je me suis trompé quand je l’ai engagée. (…) J’avoue que quand je l’ai fait, son mari était ministre des Finances [du Budget], il m’a demandé de le faire. »

Comment a-t-il tenté, certainement, de faire croire qu’il ne savait rien, en 2008 notamment, des activités réelles de son épouse, laquelle faisait alors virer, par exemple, quelque 280 millions d’euros des comptes français de Clymène sur des comptes d’UBS à Genève, ni de ses séjours presque permanents à Genève, où de nombreux témoins se souviennent qu’elle résidait « presque à demeure » dans la luxueuse résidence de Château-Banquet ? Comment a-t-il pu nier son excessive proximité avec Patrice de Maistre, le gestionnaire de toutes les affaires – même les moins claires – de Liliane Bettencourt et, par ailleurs, l’employeur de son épouse Florence au sein de Clymène, de fin 2007 à juin 2010, alors qu’il écrit en mars 2007 au ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, pour appuyer la demande de Légion d’honneur de ce grand argentier, obtient satisfaction à ce sujet en juillet 2007 et procède lui-même à la remise de la décoration en janvier 2008 ? Comment, surtout, a-t-il sans doute tenté de démentir que l’argent en liquide qui lui était remis sous enveloppes par Patrice de Maistre, au nom de Liliane Bettencourt, était en fait destiné au candidat Sarkozy à la présidentielle de 2007, alors que le photographe François-Marie Banier, intime de la milliardaire, avait écrit dans un de ses carnets, en date du 26 avril 2007 : « De Maistre me dit que Sarkozy demande encore de l’argent » ?

 

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Sur les rives du lac Léman, les langues commencent à se délier. Les fanfaronnades anti-évasion fiscale d’Eric Woeth agitant, à la fin de l’été 2009, la menace d’exploiter une liste de 3000 fraudeurs, volée à la filiale HSBC de Genève, puis les propos accusateurs de Nicolas Sarkozy vis-à-vis de la Suisse lors des deux dernières réunions du G20 ont beaucoup agacé. Et réveillé quelques souvenirs. Notamment celui de la visite du trésorier de l’UMP à Genève, le 23 mars 2007, en compagnie de Patrick Devedjian, alors député des Hauts-de-Seine, tous deux étant venus à la rencontre intéressée du « Premier cercle » des donateurs suisses au candidat Nicolas Sarkozy. Début de soirée au Crowne Plaza, puis réunion chic au Caviar House, rue du Rhône. Le voyage, paraît-il, fut une réussite. Quelques jours auparavant, le futur ministre du Budget avait écrit au ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, à propos d’une certaine demande de légion d’honneur… Au total, le « Premier cercle » piloté par Eric Woerth a récolté plus de 9 millions d’euros auprès de personnes privées, pour soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy, en 2007[21].

Mais quelques années plus tard, des participants à cette réunion-caviar parlent[22]. Ils racontent, par exemple, que Florence Woerth logeait, lors de ses nombreux séjours à Genève en tant que directrice des investissements de Clymène (2007-2010), dans un appartement des Bettencourt dans la résidence luxueuse de Château-Banquet, que ce vaste logement était officiellement la propriété de la société immobilière En Bergère Vevey SA, dont le siège est au 55 de l’avenue Nestlé, à Vevey (canton de Vaud), au cœur de l’empire du géant de l’agroalimentaire[23]. Or, un des administrateurs de cette société immobilière serait particulièrement proche de Maître M., un avocat d’affaires genevois qui détenait la signature sur les comptes suisses de Liliane Bettencourt et qui, de ce fait, était le pourvoyeur de Patrice de Maistre en espèces, lorsque les besoins de celui-ci en la matière dépassaient ce qu’il pouvait faire sortir du compte parisien BNP de la milliardaire. D’ailleurs, en juillet 2010, des émissaires de Patrice de Maistre ont entamé des démarches pour convertir - autant dire « blanchir » - les avoirs d’un compte non-déclarés détenu à Vevey en propriété d’un bien immobilier sur les rives du lac Léman, pour une valeur de plus de 40 millions d’euros, à travers une société immobilière écran.

Les mêmes anciens membres du « Premier cercle » genevois de soutien du candidat Sarkozy à la présidentielle de 2007, aiment bien évoquer aussi l’époque où leur ex-champion, alors avocat d’affaires, accompagnait certains de ses clients très fortunés sur les rives du lac Léman, même après qu’il ait été élu maire de Neuilly-sur-Seine, en 1983, puis député, en 1988, puisqu’il ouvrit son propre cabinet en 1987 avec deux associés. Cette double casquette politico-juridique lui attira rapidement les faveurs des étoiles du show-business et du sport. C’est lui qui présenta, par exemple, le tennisman Henri Leconte au gestionnaire de fortune genevois Jacques Heyer (Heyer Management SA), lequel s’occupait aussi des affaires suisses de Jean-Claude Killy, de Jean-Paul Belmondo, de la chanteuse Petula Clark, de Johnny Hallyday, de Didier Schuller, ancien directeur des HLM des Hauts-de-Seine, qui se réfugiera d’ailleurs dans la villa de son financier suisse, en février 1995, avant de s’envoler vers d’autres « planques », aux Bahamas et à Saint-Domingue, muni d’un vrai-faux passeport belge. Le gestionnaire de fortune genevois fut finalement inculpé de « gestion déloyale aggravée », en 1997, puis condamné en 2005 et 2006, après avoir trompé et ruiné certains de ses clients, dont Henri Leconte, justement.

Les enquêteurs qui ont été chargés de décrypter les montages financiers de Jacques Heyer ont vite vu que sa société de gestion était liée à la Banque financière de la Cité (BFC), liquidée le 3 décembre 2009, laquelle usait et abusait de sa filiale implantée à George Town, la capitale des Îles Caïmans. Ils butèrent d’ailleurs sur la non-coopération judiciaire de ce paradis fiscal, au point qu’ils n’ont jamais réussi à connaître tous les clients de Jacques Heyer. A Genève, des noms sont toujours cités, dont, entre autres, ceux de Patrick Balkany, de Nicolas Sarkozy et d’Ali ben Mussalam, ce cheikh saoudien qui fut au cœur des négociations de vente par la France de trois frégates de classe La Fayette (contrat « Sawari II ») à l’Arabie Saoudite, en 1994, et qui fut aussi impliqué dans le financement du terrorisme islamiste, à travers une banque sise à Lugano, dans le canton suisse du Tessin. Une des sociétés offshore de cet intermédiaire saoudien, décédé à Genève en juin 2004, fut sans doute abritée par la nébuleuse de sociétés-écrans administrées par Jacques Heyer au Panama, aux Bahamas, dans les Îles Vierges et dans les Îles Caïmans.

Il est désormais connu que le contrat « Sawari II » fut assorti de commissions et de rétro-commissions extraordinaires[24], notamment via la société luxembourgeoise dite « de développement international » Heine SA. Un rapport de la police luxembourgeoise, daté du 10 janvier 2010, soutient ainsi que cette société-écran a été créée, en 1994, avec l’accord de Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget. Deux commissaires, Eric L. et Alexandra G. y évoquaient des « rétro-commissions pour payer des campagnes politiques en France ». Lors de son audition pour mise en examen par le juge Renaud Van Ruymbeke, le 2 décembre 2011, Gérard-Philippe Menayas, ancien directeur administratif et financier de la branche internationale Direction des constructions navales, a confirmé l’essentiel de ces informations. Il a ajouté que les dirigeants de Heine SA se sont rappelés aux bons souvenirs de certains dirigeants politiques du plus haut niveau, dont Nicolas Sarkozy, en 2006 et 2007, en signalant qu’ils conservaient « des documents compromettants dans un coffre de la banque suisse UBS ».

D’ores et déjà, Nicolas Bazire[25], Thierry Gaubert[26] et l’ancien ministre Renaud Donnedieu de Vabres, alors directeur de cabinet de François Léotard, ministre de la Défense au moment des faits, sont mis en examen dans le cadre de ce dossier judiciaire particulièrement complexe. Dans la perspective d’investigations plus avancées, les silhouettes de François Léotard, ancien ministre de la Défense à l’époque des faits, d’Edouard Balladur, ex-Premier ministre et candidat malheureux à la présidentielle de 1995, et de Nicolas Sarkozy se profilent sur le même horizon crépusculaire. Comme quoi, la piste de l’évasion fiscale mène aussi, semble-t-il, à l’affaire Karachi[27], dont le volet financier est actuellement instruit par les juges Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire.

 

***

 

Toutes ces coupables mondanités, développées sur fond d’évasion fiscale, de sociétés-écrans, de comptes offshore et de coffres-forts suisses, couvrent donc, en réalité, au-delà du conflit d’intérêt, du favoritisme, du trafic d’influence et de la corruption, un financement politique illégal particulièrement massif, lequel permet des trains de vie à faire pâlir de jalousie Sa Majesté la reine d’Angleterre. A ce sujet, le témoignage constant de l’ex-comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, est accablant. Elle a raconté, depuis juillet 2010[28], qu’elle avait elle-même retiré 50 000 euros en liquide du compte BNP de la milliardaire, en janvier 2007, à la demande expresse de Patrice de Maistre qui lui avait alors confié vouloir remettre une enveloppe de 150 000 euros à Eric Woerth, « pour financer la campagne présidentielle de Sarkozy ». Ses informations ont été confirmées par la jeune femme, le 14 septembre 2011, devant le juge d’instruction bordelais Jean-Michel Gentil.

Plus gravement encore, Claire Thibout a affirmé qu’elle est aussi certaine que « Nicolas Sarkozy recevait aussi son enveloppe », précisant même qu’il s’agissait d’« une enveloppe kraft demi-format »… Le 20 septembre 2011, la juge Isabelle Prévost-Desprez a été entendue par son collègue Jean-Michel Gentil à propos des déclarations de deux témoins qui auraient aussi vu Nicolas Sarkozy toucher de l’argent liquide chez la milliardaire, déclarations qui auraient été faites hors procès-verbal.

Il semble que la générosité de Liliane Bettencourt à l’égard des champions de l’UMP ne s’est pas tarie en 2007. Les enregistrements clandestins du majordome de la milliardaire, validés comme preuve par la Cour de cassation le 31 janvier 2012, ont immortalisé une scène surréaliste, le 4 mars 2010. On y entend Liliane Bettencourt signer, sous la conduite de Patrice de Maistre, trois autorisations de paiement en faveur de Valérie Pécresse[29], alors ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, engagée dans la campagne des élections régionales en Ile-de-France, d’Eric Woerth, alors encore ministre du Budget[30], et de Nicolas Sarkozy, président de la République. Pour la première, le montant du don aurait été de 7500 euros[31] ; pour le second, il se serait élevé jusqu’à 10 000 euros ; quant à Nicolas Sarkozy, le montant du don qu’il aurait reçu n’est pas mentionné lors de la discussion enregistrée.

 

***

 

Peu importe. Les juges d’instruction du tribunal de grande instance de Bordeaux n’arrêteront plus leurs considérables investigations. Au-delà du « trésorier » Eric Woerth, ils remonteront inexorablement jusqu’à la tête du système de corruption nationale qui sous les chefs de trafic d’influence et de complicité à l’évasion fiscale a couvert, depuis plus de quinze ans, une fraude phénoménale aux frais des contribuables français.

De même, les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, en charge du volet financier de l’affaire Karachi, remonteront inexorablement jusqu’à la même tête du système de corruption internationale qui a coûté la vie à au moins quatorze personnes, dont onze employés de la Direction des constructions navales (DCN), lors de l’attentat du 8 mai 2002. Tous passeront ou repasseront obligatoirement par la Suisse, à Genève en particulier, afin de tenter de remonter les mêmes mouvements de fonds suspects entre des comptes non-déclarés ouverts dans de nombreuses banques, à Genève, à Vevey, à Lausanne, à Bâle, à Zurich…

Souvent, ils seront obligés de se pencher sur les arcanes sonnants et trébuchants de la plus importante - de loin - des banques de gestion de fortune au monde : UBS. Sans doute se demanderont-ils alors comment et pourquoi leur collègue du parquet de Paris puis de Nanterre, Philippe Bourion, n’a pas enquêté plus vite et plus à fond sur l’évasion fiscale massive organisée au moins depuis 1999 par cet établissement mythique, malgré les très nombreuses informations recueillies, depuis 2004, par de nombreux services de renseignement et de police, par les contrôleurs de la Banque de France et par la douane judiciaire.

Peut-être que ce livre très partiel, s’ils lui font l’honneur de le lire, leur apportera un commencement de réponse, un indice, un bout de fil sur lequel ils auront quelque intérêt à tirer, eux qui travaillent inlassablement au service de la vérité et de la justice. »

 

2 – Affaire Altran / salle Pleyel (chapitre 3 : « Au cœur des ‘’Affaires spéciales’’ »)

« Beth, ma source issue de la haute direction du groupe UBS, m’a donné une lettre destinée au seul secrétaire général de TRACFIN, datée du 11 août 2004, dont le contenu est pour le moins explosif. Il s’agit en réalité d’une « déclaration de soupçon sur les dossiers Kniazeff, Martigny et Bonan », qui détaille sur cinq pages les opérations bancaires effectuées à partir des comptes des ces trois clients très spéciaux.

Ainsi, du 7 au 13 février 2002, les comptes respectifs d’Alexis Kniazeff et d’Hubert Martigny sont crédités, chacun, de 27,7 millions d’euros, du fait des ventes de deux fois 510 000 actions d’Altran Technologies, alors que « le parcours en Bourse de la valeur Altra Technologies depuis février 2002 [il s’agit d’une chute vertigineuse !] (permet de) s’interroger sur un accès privilégié à l’information financière de la société Altran » de la part de ses dirigeants. En clair, il s’agit sans doute d’un délit d’initié.

Plus intriguant encore, Alexis Kniazeff effectue, les 7 et 8 octobre 2002, des « opérations de transfert sortant » depuis son compte UBS France vers un compte d’UBS Genève, en Suisse, pour un montant total de 34 millions d’euros. Or, remarque la lettre ultraconfidentielle adressée au secrétaire général de TRACFIN, « ces virements sont effectués quelques jours avant la publication d’un article du journal Le Monde qui révèle les irrégularités comptables de la société Altran Technologies ». De son côté, Hubert Martigny se livre à la même évasion de sa fortune, entre le 28 février 2002 et le 23 janvier 2003, par des « opérations de transfert sortant » depuis son compte UBS France vers la banque Worms, un compte Geneva (Suisse), un compte de la banque Ippa et associés (Luxembourg), un compte londonien, un compte de la banque Morgan à Bruxelles et surtout un compte UBS Genève, pour un montant total de près de 49 millions d’euros ![32]

 

Le 7 octobre 2004, le soupçon d’évasion fiscale se précise très clairement, en conclusion d’une « enquête complémentaire » menée par l’audit interne d’UBS France sur « des mouvements titres et cash » des comptes d’Alexis Kniazeff et d’Hubert Martigny entre 2001 et 2004. Apropos d’Alexis Kniazeff, le mémorandum confidentiel remis au patron opérationnel d’UBS France, Pierre Poyet, souligne qu’« à la suite d’une déclaration ISF (impôt de solidarité sur la fortune) en date de l’année 2002, (…) un certain nombre de comptes OFFSHORE n’apparaissent pas dans la déclaration fiscale ». Le document pousse même plus loin l’exposé des soupçons : « La banque se trouve confrontée à deux cas de figure : le client a effectué une fausse déclaration dans tous les sens du terme (…) ; le client a effectué des ouvertures de comptes OFFSHORE post-déclaration ISF 2002 et, dans ce cas, il serait important de connaître la date exacte de l’ouverture de ces comptes, notamment par rapport aux ventes de titres et aux transferts de cash qui les ont suivis. »

C’est ce qui s’appelle avoir « visé en plein dans le mille » ! L’alerte majeure de l’audit interne trouve, presque sept ans plus tard, un premier développement judiciaire digne de ce nom. Le 12 mai 2011, l’ex-épouse d’Hubert Martigny, Carla Maria Tarditi, a déposé plainte contre X, avec constitution de partie civile, pour faux et usage de faux, abus de bien social, complicité et recel, blanchiment d’argent et fraude fiscale… Cette démarche vise ouvertement l’ancien époux lui-même, selon les déclarations de Maître Claude Dumont-Beghi, l’avocate de la plaignante, qui dénonçait, fin mai 2011, une « stratégie confuse voire opaque de M. Martigny en ce qui concerne l’aspect pécuniaire de toutes ces opérations, de l’origine des fonds, les flux financiers utilisés et l’implication active ou passive du pouvoir politique ».

 

Ces derniers propos sont lourds de menace, on le comprend bien. Mais, de quoi s’agit-il précisément ? Le co-fondateur d’Altran, par ailleurs adhérent de l’UMP, est en réalité soupçonné d’importantes manipulations financières dans le cadre de l’achat, puis de la location et enfin de la revente de la célèbre salle Pleyel, une des grandes scènes parisiennes de concert, le tout entre 2004 et 2009. En 1998, le Crédit lyonnais lui avait vendu celle-ci pour 10 millions d’euros. Hubert Martigny en confie alors la direction artistique et la gérance à son épouse, Carla Maria Tarditi, chef d’orchestre. Le 8 novembre 2004, avec l’aval du ministre de la Culture de l’époque, Renaud Donnedieu de Vabres, et aussi avec de celui des Finances, Nicolas Sarkozy, la Cité de la Musique signe un bail de location-vente de la salle pour cinquante ans, à raison de 1,5 million d’euros de loyer annuel, au terme duquel l’ensemble Pleyel devait devenir propriété de l’Etat, en 2054 donc, pour un dernier euro symbolique. La « bonne affaire » (une plus-value de 65 millions d’euros brut) intrigue certains, dont un fonctionnaire du services des Domaines, du ministère des Finances, qui dénonce, plus tard, « un passage en force du cabinet Sarkozy », alors qu’il apparaît que Christian Ciganer, frère de Cécilia Sarkozy, s’était « occupé de l’ingénierie financière du projet »[33].

Finalement, à la demande d’Hubert Martigny, l’Etat procède en avril 2009 à un rachat anticipé de Pleyel, pour un montant de 60,5 millions d’euros ! Le ministre du budget de l’époque, Eric Woerth, par ailleurs trésorier de l’UMP jusqu’en juillet 2010, n’y voit aucun inconvénient… En revanche, l’ex-épouse d’Hubert Martigny jette, de son côté, le doute sur la régularité des montages et des flux financiers successifs dont elle a été en partie le témoin lors de l’achat, de la location et de la vente finale de la salle de spectacle, montages et flux qui auraient permis, selon elle, l’« évasion du patrimoine d’Hubert Martigny » dans des paradis fiscaux et vers des sociétés domiciliées à l’étranger, et qui s’apparenteraient à des « techniques de blanchiment d’argent ». Au profit de qui ? Un examen approfondi des comptes listés, le 11 août 2004, dans la « déclaration de soupçon » d’UBS que Beth m’a donnée, ainsi que celui des mouvements d’argent opérés vers et surtout à partir de ces comptes suisses (UBS et Geneva), luxembourgeois (Ippa & Associés), belge (Morgan) et londonien, voire depuis d’autres comptes offshore ouverts depuis 2004, pourrait apporter au moins un commencement de réponse à cette question. Depuis le début de l’été 2011, le dossier est entre les mains particulièrement expérimentées de la juge d’instruction Sophie Clément.

 

D’autres pièces à conviction encore, dont je possède des copies, pourraient éclairer l’instruction de la juge parisienne. Ce sont, par exemple, ces deux photos prises le 7 mars 2007, lors d’une soirée-concert organisée par UBS (dont Hubert Martigny était - on l’a vu - un client de premier choix) à la salle Pleyel, privatisée pour l’occasion. L’événement fut considérable, réunissant près de 1800 personnes, dont, bien entendu « les plus gros clients de la banque », selon l’un des organisateurs, mais aussi plus de 80 « petits hommes verts », c’est-à-dire les chargés d’affaires suisses d’UBS…

Sur l’une des deux photos, prise à 19h45, on peut voir la foule des heureux invités se presser dans le hall d’accueil de la prestigieuse salle entièrement rénovée et rouverte depuis quelques semaines seulement. Parmi toutes ces personnes, Bruno Baudry, un chargé d’affaires suisse, est particulièrement reconnaissable. Sur une seconde image, prise au cœur de la salle de concert à 20h33, Dieter Kiefer, le patron suisse du Private Banking et du département « France International » d’UBS à Genève, pose tout sourire, selon une de mes sources au sein de la banque, au milieu d’une poignée de ses meilleurs « clients » français. Ces clichés très significatifs des activités « transfrontalières » d’UBS sont, depuis l’été 2011, en possession du Service national de douane judiciaire (SNDJ). »

 

 

Aux toutes dernières nouvelles (22 mars 2013, source judiciaire), le dossier serait toujours en cours d’instruction…

3, 4… – Affaire Wildenstein ; Rétro_commissions…. : à suivre…

 

 

 

 



 

 

 

 

[2] Informations et notes transmises aux contrôleurs d’UBS en mai 2009, le 23 décembre 2010 et fin octobre 2011.

[3] Fichier word « LBE divers au 19072010.doc » transmis à Alexandre G., enquêteur du Service national de douane judiciaire, par e-mail, le 21 novembre 2011, à 12h37, avec ce commentaire : « Voilà la Confirmation Ultime (sic) sur le dossier Bettencourt. UBS Suisse est citée. UBS France avait certains comptes de Mme Bettencourt. Voir doc en pièce jointe. Regardez les dates des opérations sur des contrats d’assurance vie. »

[4] Entre autres : Célestin Foumdjem, Blanchiment de capitaux et fraude fiscale, L’Harmattan, 2011.

[5] Arrêt de la chambre criminelle de la Cour de cassation du 20 février 2008.

[6] « “Le fisc en tout cas n’engagera pas de poursuites pénales”, fait savoir le ministère du Budget… », dans Le Nouvel Observateur, 1er au 7 décembre 2011, p. 118.

[7] André, l’époux de Liliane Bettencourt, est décédé en novembre 2007.

[8] Selon l’ex-comptable (de 1995 à novembre 2008) de Liliane Bettencourt et de Clymène, Florence Woerth y touchait un salaire mensuel de 13 000 euros et y bénéficiait d’une prime annuelle de 50 000 euros.

[9] Tel qu’il s’est appliqué alors, le « bouclier fiscal » était la mise en œuvre d’une promesse électorale de Nicolas Sarkozy faite dès le congrès UMP de son investiture comme candidat à la présidentielle, le 14 janvier 2007.

[10] Arrêt n° 497 du 31 janvier 2012, selon lequel les enregistrements sont « des moyens de preuve » qui ne peuvent être annulés.

[11] Les locaux des deux titres, ainsi que le domicile d’un journaliste du quotidien Le Monde, ont été cambriolés, à quinze jours de distance, en octobre 2010. Cibles manifestes des cambrioleurs : les éléments recueillis par les journalistes travaillant sur l’affaire Bettencourt.

[12] Des enquêteurs helvètes pensent plutôt à un compte du Crédit suisse.

[13] Rapport de synthèse daté du 31 août 2011.

[14] Cf. chapitre 1, « L’enquête interdite ».

[15] Rapport d’information du député UMP Gilles Carrez, 30 juin 2010.

[16] Environ 2 milliards d’euros de manque-à-gagner pour les finances publique en année pleine à partir de 2012.

[17] Plus de 600 millions d’euros soustraits au fisc chaque année. Cf. l’annuaire statistique 2008 de la Direction générale des finances publiques.

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[18] Quelque 2,3 milliards d’euros perdu pour l’Etat, chaque année. Cf. Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Le Président des riches , op. cit., pp. 21 à 41 ; Mélanie Delattre et Emmanuel Lévy, Un quinquennat à 500 milliards d’euros ; Le vrai bilan de Sarkozy, Mille et Une Nuits, 2012.

[19] Blog « Les Décodeurs », sur LeMonde.fr, en date du 7 novembre 2011.

[20] La dénomination exacte de sa mise en examen est « recel à raison d'une présumée remise de numéraire qui lui aurait été faite par M. Patrice de Maistre ».

[21] La rivale du alors futur président de la République, Ségolène Royal, n’aura récolté qu’un peu plus de 743 000 euros auprès de donateurs privés, à la même époque.

[22] Tribune de Genève, 3 septembre 2010.

[23] Nestlé possède 29,7% du capital de L’Oréal dont la famille Bettencourt détient toujours 30,9%. Depuis 2004, ces deux premiers actionnaires sont liés par un pacte qui donne un droit de préemption à chacune des parties si l’une des deux décide de vendre ses parts.

[24] 19 milliards de francs, soit 2,9 milliards d’euros , selon Challenges daté du 1er juin 2010.

[25] Directeur de campagne d’Edouard Balladur, en 1995, ami de Nicolas Sarkozy, témoin au mariage de celui-ci avec Carla Bruni, ami aussi de Thierry Gaubert dont l’ex-épouse affirme qu’il convoyait des valises d’argent liquide depuis la Suisse, lors de la campagne électorale de la présidentielle de 1995, pour les remettre à Nicolas Bazire, en vue de soutenir le candidat finalement battu par Jacques Chirac.

[26] Ami et ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly-sur-Seine puis lorsqu’il était ministre du Budget du gouvernement Balladur, de 1993 à 1995.

[27] Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi, Le Contrat : Karachi, l’affaire que Sarkozy voudrait oublier, Stock, 2010.

[28] Mediapart, jeudi 8 juillet 2010.

[29] Elle est actuellement ministre du Budget, depuis le 29 juin 2011.

[30] Il devient ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique quelques jours plus tard, le 22 mars 2010.

[31] Le Code électoral interdit aux « personnes privées » de verser plus de 4600 euros à un candidat. Les dons des entreprises sont interdits depuis 1995.

[32] Le compte UBS Genève reçoit, à lui seul, 23 775 836 euros.

[33] Jacques Follorou, « Questions sur le rôle d’un beau-frère de M. Sarkozy dans la vente de Pleyel », dans Le Monde daté du 31 mars 2007 

 

 

 

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[1] Elle est la deuxième fortune de France et la 15e dans le monde, selon Forbes de mars 2011, avec un patrimoine personnel de près de 18 milliards d’euros.

 

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Tous pourris, PS, UMP... et FN, bien pire encore ! (Liste condamnations)

 

Liste condamnations et mises en examen PS, Parti de Gauche, Verts, UMP et FN

 

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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 04:50

http://www.sudouest.fr/2013/04/09/bayonne-pres-de-500-personnes-contre-l-accord-national-interprofessionnel-1019638-4018.php

   La manifestation contre l'accord sur l'emploi (Ani) a mobilisé près de 500 personnes à Bayonne Un cortège est parti en milieu de matinée dans le centre-ville de Bayonne. 20130409_photo_IMG_1265

Accord sur le travail :
Sarko l’a rêvé, Hollande l’a fait !

 

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/accord-sur-le-travail-sarko-l-a-129227

 

par Pingouin094 (son site) samedi 19 janvier 2013

 


L’Accord National Interprofessionnel (ANI) dit « Accords de Wagram » modifiant en profondeur le droit du travail qui vient d’être signé est loin d’être un accord « gagnant-gagnant », et une réussite du dialogue social. Au contraire, on peut le résumer en disant qu’il s’agit d’un coup de force contre le dialogue social, donnant des miettes aux salariés et le jackpot au patronat … sous un gouvernement socialiste !


Un coup de force contre le dialogue social !

 

Cet accord est un coup de force contre le dialogue social. Il est certes parfaitement légal en janvier 2013, mais il est surtout minoritaire et n’aurait jamais été approuvé après l’entrée en vigueur de l’ensemble des dispositions de la loi de réforme de la représentativité syndicale du 20 août 2008 qui prendront effet au plus tard le 21 août 2013 :

 

Participaient aux négociations les 5 syndicats représentatifs au niveau interprofessionnel : CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, n’y participaient pas les 2 syndicats non-représentatifs, l’UNSA et Solidaires (Sud). L’accord a été signé par la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC qui représentent 38.7% des salariés selon les élections prud’homales de 2008. Il a été dénoncé par la CGT et FO qui représentent 49.7% des salariés selon les mêmes élections. Plus encore, si on additionne les voix des syndicats non-représentatifs (UNSA qui soutient l’accord, Solidaires qui le dénonce), on arrive à 45% pour l’accord, 53.6% contre. Il s’agit clairement d’un accord minoritaire.

 

Mais jusqu’au 21 août 2013, la loi stipule qu’un accord doit être approuvé par un ou plusieurs syndicats représentatifs ayant obtenu au moins 30% des suffrages aux élections professionnelles (38.7% dans notre cas), et ne pas être contesté par des syndicats représentatifs ayant obtenus au moins 50% (49.7% dans notre cas). A 0.3% prêt, et 6 mois prêt, l’accord est valable. Car l’audience de chaque syndicat doit être réévaluée au 1ersemestre 2013 et au plus tard le 21 août 2013en tenant compte de l’ensemble des élections professionnelles durant la période 2008 – 2013 et notamment de la mise en place d’élections dans les TPE où la CGT est ressortie renforcée et la CFDT affaiblie. A l’issu de cette mesure d’audience, les syndicats signataires d’un accord devront désormais représenter 50% des salariés et non plus 30%. Dans ces conditions, il est vraisemblable que la CGT et FO auraient été en mesure de bloquer l’accord en refusant d’y apposer leur signature, s’il avait été négocié en août 2013 et non en janvier 2013.

 

Le gouvernement socialiste a délibérément choisi d’imposer une négociation sociale majeure avant que le poids des syndicats réformistes ne risque d’être considérablement réduit. C’est un choix politique dramatique pour un gouvernement se prétendant « de gauche » et cela doit être dénoncé.

Tout ceci délégitime fortement l’ « accord » signé entre les organisations patronales et certains syndicats minoritaires. Il rend au contraire tout à fait légitime de poursuivre la bataille pour que les parlementaires ne le ratifient pas « tel quel », mais l’amende dans un sens plus favorable aux salariés.

 

Des miettes pour les salariés

Les contrats courts,

Flexibilite.gifLa principale avancée de l’accord pour les salariés serait la sur-taxation des contrats courts : CDD de moins d’un mois à 3 mois. Cet accord exclu cependant les contrats saisonniers, les contrats « pour une tâche précise et temporaire » et la surtaxation est réduite pour les CDD dit d’ « usage » (comme les sondages, branche professionnelle de la patronne du Medef. On n’est jamais mieux servi que par soi-même). Cela fait déjà quelques trous dans la raquette.

 

Mais surtout l’intérim est exclu de la surtaxation. L’accord se résume plus à une victoire du patronat de l’intérim qu’à une victoire des salariés. Les salariés basculeront d’un CDD à une mission d’intérim, je ne suis pas sûr que la différence change profondément leur quotidien et sécurise leur parcourt professionnel.

D’autant que le patronat a négocié en compensation une exonération de cotisations patronales pour les jeunes de moins de 26 ans pendant 3 mois, 4 mois dans les entreprises de moins de 50 salariés L’ensemble des deux mesures (surtaxation des cotisations pour les CDD court d’un côté, exonération pour les jeunes de moins de 26 ans de l’autre) devrait coûter 50 millions à l’assurance chômage, autant de charge patronale en moins pour le patronat.

 

La complémentaire santé

L’accord devrait permettre à 4 millions de salariés d’accéder à une complémentaire santé, ce qui semble un grand progrès social. Sauf que l’entreprise définit seule, sans concertation avec les représentants du personnel, l’organisme chargé de la complémentaire santé. Un immense et nouveau marché s’ouvre donc aux assurances privés, et les salariés n’auront aucune liberté de choix pour adhérer à des mutuelles plutôt qu’à des assurances privées !

Là encore, cette prétendue avancée sociale a un étrange goût de victoire pour le patronat de l’assurance privée.

 

Le droit de recharge de l’assurance chômage

Les salariés devraient conserver leur reliquat de droit au chômage s’ils reprennent un emploi. Sauf que le détail de la mesure est renvoyé à la future renégociation de la convention Unedic. « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient ».

 

Le compte personnel de formation.

Le nouveau compte personnel de formation de 20h par an dans la limite de 120 heures est exactement du même montant que le DIF. Ce droit devient transférable d’une entreprise à l’autre, rien ne change en profondeur sur la formation. C’est un gain, certes, mais en aucun cas « historique ».

La mobilité volontaire sécurisée

Les salariés de plus de 2 ans d’ancienneté des entreprises de plus de 300 personnes pourront aller découvrir un emploi dans une autre entreprise tout en ayant l’assurance de pouvoir revenir dans leur emploi actuel, ou du moins un emploi similaire. Voilà une avancée qui pourrait sécuriser la mobilité volontaire des salariés.

Sauf que ce droit est soumis à un avenant au contrat de travail et donc à l’accord de l’employeur. On imagine que le nombre d’employeurs prêt à vous laisser aller voir à la concurrence si l’herbe y est plus verte et à vous accueillir avec le sourire si vous décidez de revenir sera assez peu élevé.

 

Présence de salariés dans les Conseils d’Administrations des grandes entreprises

Dirrigeants-Stresses.jpgLes salariés auront des représentants avec voix délibératives dans les conseils d’administrations des grandes entreprises. Cela pourrait être une très grande avancée si elle n’était pas sérieusement limitée dans les faits.

D’une part, il ne s’agit que des très grandes entreprises (5000 salariés en France, 10 000 dans le monde), cette avancée ne concernera donc qu’un nombre très réduit d’entreprises (environs 200). D’autre part, le pouvoir de vote y sera purement symbolique car les représentants des salariés y seront extrêmement minoritaires (un ou deux).

Surtout, le représentant des salariés sera soumis à un devoir de confidentialité qui limitera grandement la portée de son action. De plus, en échange, le patronat a négocié une refonte globale de l’information aux Instances Représentatives du Personnel ( CE, CHSCT et autres ) d’ici un an et dont on peut craindre une sérieuse perte de qualité de l’information, non seulement pour les 200 plus grandes entreprises, mais également pour toutes les autres.

 

Le temps partiel

Les temps partiel passent de 20h par semaine à 24h par semaine minimum. Une avancée qui doit également être tempérée : le calcul des 24h par semaine sera lissé tout au long de l’année selon les périodes de plus ou moins grande activité de l’entreprise ; avec les conséquences de cette annualisation qu’on peut imaginer pour la vie de famille des personnes concernées, dont les horaires dépendront désormais du bon vouloir de l’employeur.

D’autres parts, pour les branches professionnelles employant au moins un tiers de salariés à temps partiels, de futures négociations sont prévues pour fixer par exemple le nombre d’interruption dans la journée (aujourd’hui, une seule interruption est possible. Demain ?) ou le délai de prévenance en cas de modification des horaires notamment. On peut craindre le pire …

 

De grandes avancées pour le patronat

Création d’un CDI intermitent :

Patron-tableRase.jpgLe CDI est attaqué de multiple manière. La première est celle d’une expérimentation du CDI intermittent (c'est-à-dire que le salarié alternerait des périodes travaillés et des périodes chômées tout en restant dans le cadre d’un CDI) dans 3 secteurs (chocolaterie, article de sport, formation). Mais si l’expérimentation est jugée positive (par le patronat), on l’imagine s’étendre rapidement.

Accords de maintien de l’emploi.

L’accord officialise le chantage à l’emploi. Désormais, en cas d’accord de maintien de l’emploi en échange d’un chômage partiel ou d’une baisse de salaire, les salariés qui refuseront seront licenciés pour motif économique avec cause réelle et sérieuse, sans possibilité de contestation juridique ! Même le gouvernement Fillon n’avait pas osé aller aussi loin dans sa loi de 2004.

 

Reclassement forcé.

Dans la même veine, un salarié qui refusera un reclassement dans sa société en cas de réorganisation se verra licencié pour motif personnel ! Les limites géographiques à une telle mobilité forcée sont renvoyées à d’autres négociations. On peut s’attendre au pire une fois encore.

Ces deux accords portent un coup de canif très sérieux à l’essence du CDI. Désormais, le salarié perd sa capacité individuelle à refuser une modification substantielle de son contrat de travail ! Et c’est sous la gauche que ça arrive !

Dérogation aux plans sociaux

En cas d’accord majoritaire avec les syndicats de salariés, une entreprise pourra déroger dans un sens moins favorable aux salariés à la réglementation sur les plans sociaux.

Dans la même veine, les délais de mise en œuvre et de contestation des plans sociaux sont fortement réduits ! L’actualité de ces dernières années a pourtant montré que c’était un élément essentiel de la capacité des syndicats à s’opposer à un plan social.

 

Réduction des délais de contestations.

Le délais de contestation aux prudhommes est réduit de 5 ans à 2 ans, le délais de contestation pour les heures supplémentaires est réduit de 5 ans à 3 ans.

On le voit, c’est un accord fondamentalement défavorable aux salariés, totalement favorable au patronat qui a été signé par les syndicats réformistes et minoritaires, avec le regard bienveillant du gouvernement socialiste. Il peut et doit être contesté par la gauche et ne doit pas être transcrit tel quel dans la loi au Parlement.

 

PS : Je veux rendre hommage à l'analyse de Gérard Filoche, ancien inspecteur du travail, syndicaliste CGT et membre du Bureau National du PS (nul n'est parfait) dont je me suis largement inspiré.

PPS : Article initialement paru sur mon blog personnel.

 



Sur le même thème

La loi de modernisation sociale : marché de dupes !

 

 

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http://www.u-p-r.fr/actualite/france/petition-nationale-contre-le-projet-de-loi-fioraso-esr-qui-vise-a-imposer-langlais-dans-lenseignement-superieur-en-france

 

fioraso

 

Projet Fioraso, anglais en maternelle : le gouvernement trahit la France

Posted: 07 Apr 2013 10:55 PM PDT

 

Du fait de la crise économique majeure, des affaires ou de l’interminable débat sur le mariage pour tous, certains projets du gouvernement avancent de manière discrète. Ils n’en sont pas moins scandaleux, comme ceux qui consacrent l’anglais à la fois en maternelle et dans les universités.
   
Le parti de l’étranger
   
Au final, c’est bien de cette manière que l’on peut qualifier le gouvernement sur le sujet oh combien essentiel de la défense de la langue français. Ce gouvernement semble agir comme un agent de promotion de la langue anglaise et d’affaiblissement du français, ce qui est pour le moins paradoxal pour des personnes en charge de notre pays. En effet, coup sur coup, deux projets viennent renforcer la place de l’anglais dans notre pays tout en affaiblissant celle du français.
Alors que les études internationales démontrent une baisse du niveau des écoliers français, notamment dans la maîtrise du français, qu’on a réduit les heures consacrées à son apprentissage, le gouvernement ne trouve rien de mieux à faire que de vouloir développer l’apprentissage de l’anglais dès la maternelle. On reste sidéré devant un tel projet alors qu’au primaire toute l’énergie devrait être consacrée à l’amélioration de la maitrise de notre langue maternelle, de plus en plus malmenée.
Dans la même veine, la ministre de l’enseignement supérieure, Madame Fioraso, a présenté le 20 mars, journée internationale de la francophonie (sic), un projet visant à démanteler la loi Toubon ! Concrètement, cela permettrait à nos universités de généraliser l’emploi de l’anglais comme langue d’enseignement, à la place du français, comme le rappelle l’écrivain Frédéric Werst dans une tribune publiée par le Figaro, disant que « l’université française doit faire cours en français ».
   
La résistance doit s’organiser !
   

Debout la République a publié une lettre ouverte à la ministre, madame Fioraso, pour sensibiliser le gouvernement et les élus de la République au mauvais coup que représenterait cette remise en question de l’enseignement en français dans nos universités et dans la recherche. Heureusement, en tant que député, NDA peut agir auprès de ces collègues pour essayer de faire reculer ce projet de loi absolument scandaleux et c’est sans doute le meilleur moyen pour y parvenir.

Ces projets me font penser à une phrase qu’avait eu Jacques Sapir pour qui « la haine de la nation, c’est l’internationalisme des imbéciles ». Comment ne pas voir ici la bêtise internationaliste d’une partie de la gauche qui n’a que faire de la nation, quand elle ne cherche pas ouverture à la détruire. Ce faisant, elle oublie que Jaurès avait compris qu’« à celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien ». Encore une fois, cette gauche trahit le peuple au nom d’un internationalisme mal compris.
Car le français est un élément constitutif de notre identité à tous. Il nous fait penser d’une certaine manière, différente de toutes les personnes dont la langue maternelle est autre. Ce faisant, non seulement il est un ciment de la communauté nationale, mais une part de nous-même. Et donc, promouvoir l’emploi d’une autre langue est une grave faute contre la France et les Français. Mais pour une partie du PS, un avenir où l’anglais remplacerait le français n’est peut-être pas grave.
Le PS a renoncé à tout : à assurer la sécurité des français, à les défendre dans la mondialisation, leur trouver un emploi, protéger leur pouvoir d’achat, en finir avec les parasites fiscaux ou réformer la finance. On découvre ici qu’il a même renoncé à défendre notre langue.
 
 
 
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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 04:40

 

 

Comptes et légendes des Le Pen: Un Front plus familial que national

Politique - le 17 Avril 2012

Comptes et légendes des Le Pen:
Un Front plus familial que national

 

« Mieux vaut hériter de bons chromosomes conduisant à la richesse, plutôt que de faibles chromosomes qui vous font perdre le magot légué. » Cette citation tirée de « Droite et démocratie économique », une brochure rédigée par Jean-Marie Le Pen en 1978, pourrait figurer au fronton de sa propriété du très chic parc de Montretout, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), tant la famille Le Pen en a fait son code de conduite. Car si l’ancien président du Front national hier, et sa fille Marine Le Pen aujourd’hui, tentent de présenter le FN comme « le premier parti ouvrier de France », ses dirigeants roulent plutôt sur l’or.


Jean-Marie Le Pen confiait à Henri Chapier, sur son « Divan », le 9 décembre 1989, n’avoir « aucun problème avec l’argent. Quand on n’en a pas besoin, on est un homme libre. » Le patriarche a su mettre sa famille à l’abri du « besoin ». Après la destruction de leur appartement dans l’attentat de la Villa Poirier, et un séjour de trois mois chez leur ami Jean-Marie Le Chevallier, les Le Pen s’installent à Saint-Cloud, dans la demeure de Montretout, chez Hubert Lambert. Nous sommes en 1976, « l’année qui voit changer la situation matérielle de Jean-Marie Le Pen dans des proportions notables », note Eric Roussel dans « Le cas Le Pen », paru en 1985.
Le 25 septembre, l’héritier de « la dynastie Lambert, des ciments du même nom », décède. Aussitôt après avoir fait poser des scellés « sur sa future demeure », nous apprend Libération du 18 octobre 1985, Le Pen père fait valoir un testament, signé du défunt, qui le fait légataire universel de sa fortune. Héritage, frais déduits : « un minimum de 30 millions de francs d’avoirs financiers et bancaires », selon Caroline Fourest et Fiametta Venner (1), « 40 millions de francs lourds », selon Pierrette Le Pen, interrogée par Genève Home information après son divorce en décembre 1987. Et 50% de la société civile immobilière propriétaire de l’hôtel particulier de Montretout, soit 365 mètres carrés et 11 pièces sur trois niveaux, ceint d’un parc de 4 700 mètres carrés, le tout estimé entre 10 et 15 millions de l’époque (estimation portée à 6,5 millions d’euros aujourd’hui) ; plus un immeuble rue du Cirque, dans le 8ème arrondissement de Paris. Philippe Lambert, cousin du disparu, intente un procès en nullité de testament. Il se désiste en 1977, car un « arrangement » est trouvé : les cousins Lambert gardent les ciments, les parts industrielles et un gros chèque. La validité « morale » de l’héritage a maintes fois été contestée. Notamment par Jean-Maurice Demarquet, médecin de Lambert et compagnon de route de Jean-Marie Le Pen, enrôlé en 1976 pour déclarer Lambert « sain d’esprit quand il a testé » en faveur de Le Pen. Mais qui s’avoue « surpris », comme Jean Antonelli, l’autre médecin de Lambert. Il s’interrogeait, le 15 octobre 1985, dans Le Monde : « Lambert ne devait pas mourir si tôt, si vite ».

  • Un héritage construit à la sueur du front de travailleurs immigrés

Jean-Marie Le Pen comme sa fille ont souvent dénoncé les travailleurs immigrés coupables de « vivre aux crochets des Français ». Mais l’héritage Lambert, sur laquelle ils ont construit leur fortune, s’est constitué « par le travail, la peine, parfois même la mort d’un personnel en grande partie étranger », relevaient Jean Chatain et Maryse Lelarge dans l’Humanité du 23 septembre 1987. Asiatiques après la Première Guerre mondiale, puis Polonais, et après la Seconde Guerre Espagnols, Italiens, Maghrébins sont entrés dans ce que l’on nommait « le bagne Lambert ». « Dans les années soixante, on dénombrait 17 nationalités différentes » dans les carrières de Cormeilles-en-Parisis (Val d’Oise) et Vaujours (Seine-Saint-Denis), logés dans les « cités Lambert », qui possédait aussi sa propre coopérative de distribution, selon le modèle en vigueur dans les corons. « Logés par l’usine, endettés à l’usine, les travailleurs n’avaient alors (qu’à) trimer afin d’accumuler les milliards dont le chef du Front national a hérité en 1976 », écrivait l’Humanité. La somme reçue par Le Pen « équivalait au salaire qu’un ouvrier de Lambert aurait pu espérer toucher en l’espace de… dix siècles » !

  • Un héritage "pour la cause nationale"

Malgré son origine, l’argent des Lambert devait aller « à défendre les idées nationales ». C’est du moins ce qu’a cru le défunt. Dans « A contre flots », Marine Le Pen rapporte ce propos très précis de Hubert Lambert à son père, datés de 1976 : « Je veux que tu aies les moyens financiers de ne jamais dépendre de personne (…) je te fais mon héritier, car je sais que la liberté que je t’apporterai, tu t’en serviras pour défendre les idées nationales. » On peut mettre en doute l’exactitude de la tirade – Marine Le Pen avait huit ans -, pas le flou que l’héritière Le Pen entretient dans la destination du magot. L’héritage lui a été donné « pour la cause », répète à l’envi Jean-Marie Le Pen, « même s’il prend bien soin de le garder à son nom et non de le mettre à celui du Front national », complètent Fourest et Venner. Une constante dans les trois héritages qu’a touché Le Pen.

« Déjà en 1974, révélait Libération en octobre 1985, le président du Front national avait hérité de Julien Le Sabazec », d’un testament écrit « entre deux tentatives de suicide ». Sa fragilité n’a pas joué : « je suis avant tout respectueux de la volonté du défunt », avait déclaré Le Pen. Ce fût également sa ligne de conduite pour Lambert et, plus proche de nous, pour l’héritage d’Henri Bussière. En 1994, ce gendarme retraité voulait léguer ses biens (une maison et 500 000 francs d’économies) au Front national, mais le trésorier du FN, sur commande, lui avait fait modifier son testament en faveur de Jean-Marie Le Pen en son nom propre. Après intervention de la sœur d’Henri Bussière, le tribunal de grande instance d’Epinal avait fait annuler la succession, arguant que le parti s’était « livré à une manœuvre prohibée » par le Code civil. Marine Le Pen, déjà avocate, avait pourtant plaidé devant la cour, « au nom de la morale », pour « respecter la volonté d’un mort ».

  • Une maison à la campagne pour "voir des vaches, au lieu des arabes"

Chez les Le Pen, on s’est toujours servi dans les poches des autres. Le pater familias, qui rappelle à qui veut l’entendre ses origines modestes, fils de pêcheur élevé « dans un deux pièces sans eau courante » de la Trinité-sur-Mer, choisit ses amis comme ses épouses, riches. A la naissance de sa cadette Marine, « la famille vit des avoirs et des biens immobiliers de Pierrette », sa première femme, notamment « la location de deux appartements dont elle a hérité ». Sans compter la maison familiale de Mainterne, près de Dreux- vendue après l’héritage Lambert - qui permettait « aux enfants qui habitaient le XVème de voir des vaches, au lieu des arabes », déclare-t-il sur Public Sénat en avril 2010. Sans oublier la maison de pêcheur de La Trinité-sur-Mer. Le couple « peut aussi compter sur les dons de plusieurs amis fortunés qui soutiennent la cause ». Son deuxième mariage obéit aux même règles : Jany Le Pen, née Paschos, fille d’un marchand de tableaux grec et d’une aristocrate apparentée aux Borghese, possède une somptueuse villa de 200 mètres carrés, 1 600 mètres carrés de jardin avec piscine à Rueil-Malmaison… Maison vendue en 1987 à une société immobilière, mais que le couple va néanmoins squatter sans payer de loyer (estimé à 26 000 francs mensuels) jusqu’en 1995. Il n’y a pas de petits profits.

  • Ménages et passe-passe fiscal

Même son divorce, qui a trainé de 1985 à 1987, est affaire de sous : « Je n’ai pas touché une miette de patrimoine familial en quittant le foyer », déclarait Pierrette Le Pen sur Europe 1, le 21 octobre 1985. Elégant, le président du Front national conseille à sa femme de « faire des ménages » pour gagner de l’argent : elle le prend au mot et pose nue, déguisée en soubrette, dans Playboy. Une première étape de sa vengeance, puisqu’elle déballera dans la presse une partie des petites magouilles de son ex-mari. Dans un manuscrit jamais publié mais dont Backchich livrait des extraits en juin 2010, elle écrit que Jean-Marie Le Pen a « nargué le fisc », « reprochant à l’administration de l’avoir dépouillé à outrance sur ce fameux héritage Lambert en France, alors que l’essentiel de cet héritage se trouve en Suisse », ce que confirment des enquêtes de l’Evénement du Jeudi et du Canard Enchaîné. En décembre 1987, le pourfendeur du « capitalisme apatride » est décrit par son ex-femme en porteur de valise, dans Genève Home information : « Il y avait une fondation. La fondation Saint-Julien dont messieurs Brocard père et fils, étaient gestionnaires. Jean-Marie a demandé que cette fondation soit réalisée, en liquide, et l’argent a été déposé à l’UBS et nous avons mis de l’argent à la banque Darier. » De temps à autre, Pierrette Le Pen sera chargée par son mari de retirer de ce compte des « petits nègres », un code correspondant à 10 000 francs.

Ce n’est pas le seul tour de passe-passe fiscal de Jean-Marie Le Pen. En 1998, il est « redressé » pour un montant d’un million de francs, pour dissimulation de revenus : il a oublié de déclarer deux millions de francs de plus-value sur des placements boursiers. L’administration fiscale a aussi noté des loyers « anormalement bas » payés à la SCI de Montretout, ce qu’elle assimile à un « avantage en nature » indu. Elle épingle également le patron du FN suite à la découverte d’un million de francs « d’origine indéterminée », versés en chèques et espèces par des militants du FN et transitant sur les comptes personnels de son président : « Le Pen avait tendance à confondre ses comptes personnels et ceux du FN », écrit l’Express, qui révèle l’affaire en novembre 1999. Mais c’est peut-être Pierre Poujade, qui dans Le Matin du 13 décembre 1983, le définit le mieux : « C’est un être amoral. Mais c’est aussi un battant et un orateur de talent. Sa stratégie a réussi. Il est même devenu milliardaire grâce à cela. »


(1) Marine Le Pen, mai 2011, éditions Grasset

 

  • A consulter:

Dans l'Humanité, ce mercredi, le Front de gauche, antidote électoral au FN

Dans la salle de bain de Marine Le Pen

Marine Le Pen et les jeunes: halte au sensationnalisme

Le Front de gauche est parti de la reconquête face au FN

Grégory Marin

 

 

http://www.humanite.fr/politique/comptes-et-legendes-des-le-pen-un-front-plus-familial-que-national-494738

 

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