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12 novembre 2013 2 12 /11 /novembre /2013 22:07

 

 

La colère contagieuse des Bretons


http://www.letemps.ch/Page/Uuid/226…


FRANCE mardi 12 novembre 2013

Catherine Dubouloz


Manifestation des Bonnets rouges à Quimper. Malgré la suspension de l’écotaxe, la colère bretonne ne s’apaise pas.

 

En Bretagne, le mouvement de révolte ne faiblit pas. Il commence à s’étendre à la France. Les annonces de plans sociaux chez les volaillers ou dans les abattoirs font fondre les emplois. Frappé par la crise de l’agroalimentaire, le Finistère concentre les problèmes. Ailleurs, la situation économique est plus favorable.


La colère bretonne ne s’apaise pas, elle commence même à déborder de la péninsule. Six nouveaux radars, ces symboles de l’Etat prédateur, ont été incendiés samedi dans les Côtes d’Armor, ainsi qu’en Ille-et-Vilaine. En tout, 44 installations ont été vandalisées depuis début novembre. Samedi toujours, à Montauban-de-Bretagne et à Jugon-les-Lacs, de nouvelles manifestations se sont déroulées près des portiques écotaxe, emblèmes de cet impôt honni. Cinq structures ont déjà été détruites ou démontées. Désormais, au pied des montants, les forces de l’ordre veillent.


Malgré la suspension de l’écotaxe, les Bretons ne désarment pas : ils exigent l’abandon du nouvel impôt. Après la manifestation des Bonnets rouges, qui a rassemblé entre 10 000 et 30 000 personnes à Quimper le 2 novembre, un nouveau rassemblement est agendé le 30 novembre. En attendant, d’autres surprises sont prévues. Depuis quelques jours, la révolte se propage : des actions ont été menées à Paris, près de Marseille et de Lyon, dans le Gard, l’Isère et en Charente. Elles expriment pêle-mêle le ras-le-bol fiscal, la grogne contre la politique du gouvernement, le ressentiment envers l’Etat central, l’écœurement envers la situation économique qui continue à se dégrader, le tout amplifié selon des difficultés propres à chaque région.


« L’écotaxe n’est pas la cause des fermetures d’usines. Mais elle est révélatrice d’un mode opératoire de l’administration centrale qui ne connaît pas le terrain, la diversité des territoires et choisit des solutions trop complexes », assène Malo Bouëssel du Bourg, directeur de Produire en Bretagne, un réseau de 315 entreprises qui représentent 100 000 salariés. En Bretagne d’où est partie la fronde, l’écotaxe est unanimement considérée comme « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ». « Sa mise en service arrive au plus mauvais moment de l’histoire économique de la région, alors que les plans sociaux se multiplient, que des centaines d’emplois sont supprimées et que des pans de l’économie tombent », explique Christian Troadec, le maire divers gauche de Carhaix. Cofondateur du festival des Vieilles Charrues, le Paléo breton, il est l’un des leaders du mouvement des Bonnets rouges. Son téléphone n’arrête pas de sonner, sa messagerie déborde, il s’arrête pourtant quelques instants au bord de la route de Poullaouen, où des salariés de la société norvégienne Marine Harvest ont installé un barrage filtrant. Des pneus brûlent, dégageant une fumée noire, les voitures passent au compte-gouttes. Les employés protestent contre la fermeture prochaine du site, spécialisé dans la préparation et l’expédition de saumon fumé. Près de 400 personnes, employés fixes et intérimaires, risquent de perdre leur job dans une région qui en compte peu.


Marine Harvest, le volailler Tilly-Sabco à Guerlesquin, les abattoirs Gad de Lampaul-Guimiliau, d’autres entreprises encore : les annonces de fermetures de site et autres mauvaises nouvelles se multiplient, surtout dans le Finistère, à l’extrême-ouest de la péninsule, « le bout du monde » en breton. « C’est comme une gangrène », lance Séverine, employée à Marine Harvest. « Tout tombe comme dans un jeu de quilles », renchérit sa collègue Marie-Pierre, qui travaille depuis 30 ans sur le site de Poullaouen et n’arrive pas « à se projeter ailleurs ». « Beaucoup de couples travaillent ici, des gens sont venus s’installer dans la région pour y faire leur vie, ils se sont acheté une maison, se sont endettés, que vont-ils devenir ? »


Dans le cas breton, derrière le refus de l’écotaxe et l’overdose fiscale, c’est surtout la crise de l’agroalimentaire et de l’agriculture qui met les nerfs à vif, ceux des salariés, des patrons, des agriculteurs, des éleveurs et d’autres professions. « Bien sûr que j’étais à la manifestation de Quimper ! On est tous dans le même bateau, liés les uns aux autres. Quand un abattoir ferme, par exemple, toute la filière est touchée, jusqu’aux chauffeurs de camion qui livreront moins et aux petits commerçants qui auront moins de clients », s’enflamme Jean-Hervé Caugant, dont le bonnet rouge est posé sur la rampe d’escalier, au centre de la salle de séjour de sa maison. Vice-président de la Chambre d’agriculture du Finistère, cet éleveur est à la tête d’une exploitation bio de 200 hectares, tout près de Dinéault : 100 vaches y produisent 700 000 litres de lait par an, dans un paysage idyllique de champs et de bocages.


Spécialisée dans l’élevage souvent intensif de volailles, de porcs, de vaches laitières et dans la production de légumes, la Bretagne est la première région de France pour l’agroalimentaire. Entre 70 000 et 80 000 personnes travaillent dans ce secteur, soit 40% de l’emploi salarié industriel. Mais le modèle breton paraît à bout de souffle, et le Finistère souffre tout particulièrement.


Les causes en sont multiples, selon Jean-Louis Peyraud, directeur de recherche à l’INRA, l’Institut national de la recherche agronomique : dans l’élevage, l’augmentation du prix des céréales a fait augmenter les coûts de production ; les consommateurs recherchent des aliments à bas coût ; la grande distribution fait peser une très forte pression sur les prix. En Bretagne, deux éléments s’ajoutent à cela : « La filière aviaire s’est développée sur les restitutions mises en place par l’Union européenne pour soutenir les exportations. On savait depuis des années que ces subventions allaient cesser, mais il y a eu un manque d’anticipation de la part des acteurs. »


Yves Morvan, ancien professeur d’économie à l’Université de Rennes, pointe également « un problème d’orientation stratégique des productions mises en place dans les années 1960 sans beaucoup de transformations et peu de valeur ajoutée, soumises à de fortes concurrences de prix sur les marchés mondiaux ». Des pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas sont plus compétitifs dans la filière porcine, et peuvent bénéficier d’une main-d’œuvre étrangère moins chère. Pour le poulet, c’est le Brésil qui est devenu le concurrent maudit.


« Le système prend l’eau de tous les côtés, il est temps de franchir un cap et de faire autre chose », affirme Jean-Louis Peyraud. Pour s’en sortir, pas de solution unique : « Dans certains cas, des restructurations de l’appareil de production seront nécessaires, avec des fusions ou des mariages pour s’agrandir. Dans d’autres, il faut imaginer des réorientations de production vers des produits qui entrent dans la concurrence par la qualité », estime Yves Morvan.


Mais l’idée de viser le haut de gamme ne séduit pas Jean-Hervé Caugant : « Arrêtons de rêver ! Le poulet de Loué, les circuits courts, le bio restent des marchés marginaux. Comment nourrit-on les autres personnes et comment fait-on vivre les éleveurs ? Pour moi, il faut parvenir à produire du bon, sûr et pas cher ici. » « Est-ce qu’il ne faut pas aussi démarrer autre chose, réinventer des marchés, par exemple autour de la filière laitière ? » s’interroge Jean-Louis Peyraud. A Carhaix, des Chinois viennent d’investir dans une usine qui fabriquera du lait en poudre. Le rêve d’un nouvel or blanc pour la Bretagne.

 

http://mai68.org/spip/spip.php?article6235

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12 novembre 2013 2 12 /11 /novembre /2013 21:15

 

 

Art. 35 - Union Européenne, l'escroquerie

http://www.youtube.com/watch?v=WTnvUY_-_g0

 

 

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12 novembre 2013 2 12 /11 /novembre /2013 21:08

 

B61-12
L’Europe (dé)nucléarisée
Mondialisation.ca, 12 novembre 2013

Les projecteurs des médias son braqués sur Genève, où sont en cours des entretiens pour dénucléariser l’Iran, qui ne possède pas d’armes nucléaires et adhère au Traité de non-prolifération. Israël reste par contre dans l’ombre, bien que possédant des centaines d’armes nucléaires pointées sur l’Iran et d’autres pays, et n’adhérant pas au  Traité de non-prolifération. Plus encore dans l’ombre reste le fait que les États-Unis, tandis qu’ils sont engagés à Genève à dénucléariser l’Iran, nucléarisent l’Europe en potentialisant les armes conservées en Allemagne, Italie, Belgique, Hollande et Turquie.


Ce sont environ 200 bombes B-61, qui s’ajoutent aux plus de 500 têtes nucléaires françaises et britanniques prêtes au lancement. Selon une estimation basse, il y en a  en Italie 70-90, stockées à Aviano (Frioul) et Ghedi Torre. Mais il pourrait y en avoir davantage, même dans d’autres sites. On ne connaît pas davantage le nombre d’armes nucléaires qui se trouvent à bord des unités de la Sixième flotte et autres navires de guerre qui jettent l’ancre dans nos ports. Ce qu’on sait officiellement c’est qu’à présent les B-61 seront transformées de bombes à chute libre en bombes « intelligentes » qui, grâce à un système de guidage satellite et laser, pourront être larguées à une grande distance de l’objectif.


Les nouvelles bombes nucléaires à guidage de précision, dont le coût prévu est de 8-12 milliards de dollars pour 400-500 bombes, auront une puissance moyenne de 50 kilotons (environ quatre fois la bombe de Hiroshima). D’autres aspects, sortis d’une audition de la sous-commission du Congrès sur les forces stratégiques (29 octobre), éclairent de façon plus inquiétante encore toute l’affaire. Washington assure que « l’OTAN restera une alliance nucléaire » et que, «même si l’OTAN s’accordait avec la Russie pour une réduction des armes nucléaires en Europe, nous aurions toujours l’exigence de compléter le programme de la  B61-12 ». La nouvelle arme remplacera les cinq variantes de l’actuelle B61, y compris la bombe pénétrante anti-bunker B61-11 de 400 kilotons, et la maxi-bombe B83 de 1200 kilotons. En d’autres termes, elle aura la même capacité destructrice que ces bombes plus puissantes.


En même temps, la B61-12 « sera intégrée avec le chasseur F-35 Joint Strike Fighter », fait doublement important car « le F-35 est destiné à devenir le seul chasseur à double capacité, nucléaire et conventionnelle, des forces aériennes des États-Unis et de nombreux pays alliés ». Celle qui va arriver bientôt en Italie et dans d’autres pays européens n’est donc pas une simple version modernisée de la B-61, mais une arme polyvalente  qui aura la fonction de plusieurs bombes, y compris celles projetées pour « décapiter » le pays ennemi, en détruisant les bunkers des centres de commandement et d’autres structures souterraines dans un first strike nucléaire. Comme les bombes anti-bunkers ne sont pas aujourd’hui déployées en Europe, l’introduction de la B61-12, qui accomplit aussi leur fonction, renforce la capacité offensive des forces nucléaires USA/OTAN en Europe. Les pilotes italiens – qui sont entraînés à l’utilisation des B-61 avec les chasseurs Tornado, comme cela s’est fait dans la manoeuvre « Steadfast Noon » qui s’est déroulée à Aviano et Ghedi dans la seconde moitié d’octobre, seront sous peu entraînés à l’attaque nucléaire avec les F-35 armés de B61-12. De cette façon l’Italie viole le Traité de non-prolifération qui l’engage à « ne pas recevoir de qui que ce soit des armes nucléaires ». Et les États-Unis le violent parce qu’ils se sont engagés à « ne pas transférer à qui que ce soit des armes nucléaires ni le contrôle sur de telles armes ».


Mais tout cela ne se voit pas parce que les projecteurs des médias sont braqués sur le show de  Genève.

Manlio Dinucci

Édition de mardi 12 novembre 2013 de il manifesto

 

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio


Copyright © 2013 Mondialisation.ca
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12 novembre 2013 2 12 /11 /novembre /2013 20:59

 

Palestinien-bambin.jpg

 

Israël - 8 octobre 2005

Le projet Sioniste en Palestine : Colonisation, vol de terres et nettoyage ethnique

http://www.ism-france.org/analyses/Le-projet-Sioniste-en-Palestine-colonisation-vol-de-terres-et-nettoyage-ethnique-article-3660

 


Par Nizar Sakhnini

Environ 8.000 juifs habitaient en Palestine avant 1882. La création d'un “Etat Juif” dans un si petit pays avec une si petite communauté juive qui ne possédait pratiquement aucune terre pour s'y installer, était pratiquement impossible.
En conséquence, établir un Etat exclusivement Juif en Palestine impliquait de faire venir des Juifs des quatre coins du monde, acquérir de la terre et la nettoyer ethniquement de sa population Arabe autochtone.

 


Colonisation

Hovevei Zion, le précurseur de l'organisation Sioniste, a commandité la première vague des colons pionniers, qui a commencé en 1882 et s'est terminée en 1903.

Environ 35.000 immigrés sont arrivés en Palestine lors de cette vague.
Près de la moitié d'entre eux sont partis quelques années après leur arrivée.


Eliezer Ben Yehuda, un Sioniste fanatique, était l'un des colons de la première vague. Quand son bateau est arrivé à Jaffa en 1882, il observait les passagers Arabes à bord et a soudain réalisé qu'ils étaient bien plus chez eux sur la "Terre Promise" qu'il ne le pensait.

Par la suite, il a constaté qu'il ne pourrait pas digérer ses doutes ainsi il a quitté "Eretz Yisrael" et est devenu un Territorialiste, croyant que les Juifs devraient chercher un pays sur une autre terre que la Palestine. (Karen Armstrong, Guerre Sainte : Les Croisades et leur impact sur le monde d'aujourd'hui. Macmillan, Londres, 1988, pp 60-64)


La deuxième vague a commencé en 1904 et s'est terminée avec le début de la Première Guerre Mondiale en 1914. Elle a fait venir 40.000 immigrés en Palestine.
Comme avec la première vague, près de la moitié d'entre eux ont quitté le pays dans années suivantes.


Selon Bar-Zohar, quand les premiers immigrés des Sociétés Sionistes Russes sont arrivés en Palestine "ce n'était pas la terre où coulait le lait et le miel qui les a accueillis...
Le dur travail, la malaria, et la faim ont fait beaucoup de victimes. De ceux qui ont survécu, beaucoup ont décidé de quitter de cette terre maudite sur le premier bateau disponible.
Plus tard, Ben-Gurion devait affirmer que sur dix immigrés arrivés avec le deuxième Aliyah, neuf avaient ensuite quitté le pays ". (Michael Bar-Zohar, Ben-Gurion : Une Biographie. New York: Delacorte Press, 1977, pp 13-14)


Cette 2ème vague incluait un certain nombre de Sionistes Socialistes. Parmi les nouveaux immigrés Sionistes Socialistes se trouvait Ben Gurion. Un autre Sioniste socialiste, Yitzhak Ben Zvi (2ème président de l'Etat d'Israël) est aussi arrivé en Palestine dans cette vague.


La 3ème vague, qui a commencé en 1919 et s'est terminée en 1923, a fait encore venir 40.000 colons. Comme les conditions s'étaient améliorées sous le Mandat Britannique en Palestine, peu d'entre eux sont revenus dans leurs pays d'origine.


La 4ème vague, 1924-1929, a amené 82.000 immigrés dont 23.000 sont partis dans les années suivantes.


Afin de booster l'immigration juive en Palestine, l'Organisation Sioniste est entrée en négociations avec les Nazis pour faciliter l'émigration des Juifs Allemands.

Suite à ces négociations, un accord a été signé, qui a permis à des dizaines de milliers de Juifs Allemands d'immigrer en Palestine.

La 5ème vague d'immigrés juifs, qui a eu lieu de 1929 à 1939, a amené 250.000 colons et la 6ème a fait venir 150.000 autres colons qui sont arrivés en Palestine entre 1939 et 1948. (Pour un débat détaillé sur l'accord de transfert, voir : Edwin Black, L'Accord de Transfert: L'histoire non-dite du pacte secret entre le Troisième Reich et la Palestine Juive. New York : Macmillan Publishing Co. Londres : Collier Macmillan Publishers, 1984)


En 1946, le nombre total de Juifs en Palestine était de 608.225 et l'ensemble de la terre qui leur appartenait représentait 1.585.365 dunums, ce qui représentait moins de 7% de la surface de la Palestine. (Walid Khalidi, From Haven to Conquest, Annexe I, pp.841-843)


Les opérations de nettoyage ethnique perpétrées pendant la guerre de 1948, la Loi sur les Absents tout comme la Loi du Retour de 1950 ont facilité la confiscation des maisons et des terres Arabes pour construire des colonies pour encore plus de colons qui ont inondé la Palestine suite à la création d'Israël.




Vol de Terres

Une campagne de vol de terres préméditée et préplanifiée a commencée peu après les opérations de nettoyage ethnique de 1948. Une loi a été votée à la Knesset israélienne en 1950, "la Loi sur la Propriété des Absents".
Selon cette loi, toute personne qui n'était pas directement présent avant, pendant ou après la guerre, indépendamment de la raison, a été défini en tant qu'"Absent" et sa terre comme abandonnée. Elle était donc confisquée.



Environ 20% des Palestiniens en Israël ont été déplacés en interne pendant la guerre 1948 : en d'autres termes, alors qu'ils étaient toujours en Israël, ils ont été empêchés de rentrer dans leurs maisons et leurs villages.
Ces personnes déplacées ont été considérées comme "Absents" et sont devenues des réfugiés dans leur propre pays tandis que leurs terres étaient confisquées.



Encore plus significatif est le fait que les Arabes Palestiniens qui ont été expulsés ou obligés de partir pendant la guerre de 1948 ont été empêchés de rentrer dans leurs maisons et sur leur terres. Ceux qui ont essayé de rentrer étaient considérés comme des "espions" et étaient alors abattus par l'Unité 101 de l'IDF, une compagnie de parachutistes, qui avait été formée sous le commandement d'Ariel Sharon.


Une autre loi, "la Loi de Réquisition des Terres", a été votée en 1953 pour "légitimer" l'expropriation des terres Arabes. Selon cette loi, les vols de terre étaient légaux.


Moshe Smilansky, l'un des pères du Sionisme, a publié un article déclarant :
“Quand nous sommes revenus dans notre pays après en avoir été expulsé il y a deux mille ans, nous nous sommes appelés nous-mêmes ‘les audacieux’ et nous nous sommes plaints avec raison devant le monde entier que les portes du pays étaient fermées.
Et maintenant quand ils (les réfugiés arabes) osent revenir dans leur pays où ils ont vécu pendant mille ans avant d'être expulsés ou fuir, ils sont appelés "des infiltrés" et sont abattus de sang froid.
Où sont les Juifs ? Pourquoi n'avons nous pas au moins, d'une main généreuse, donné une compensation à ces personnes malheureuses ?
Où prendre l'argent ? Mais nous construisons des palais... au lieu de payer une dette qu'on nous pleure de la terre jusqu'au ciel...
Et avons-nous péché seulement envers les réfugiés?
Ne traitons-nous pas les Arabes qui restent avec nous comme des citoyens de second ordre ?
Est-ce qu'un simple fermier juif a levé la main au parlement en opposition à une loi qui a privé les paysans arabes de leur terre?
La conscience Juive est-elle seule dans la ville de Jérusalem,!" (From Haven to Conquest, p. 834)




Nettoyage ethnique

La soumission au nettoyage ethnique des Arabes Palestiniens faisait partie intégrale de l'ensemble de la pensée et du langage politique Sioniste que ce soit implicitement ou explicitement.


Dans ses journaux intimes, Herzl a indiqué clairement que "Les propriétés foncières existantes devaient être expropriées lentement, toute revente ultérieure aux propriétaires originaux était interdite, et tous les biens immobiliers devaient rester entre des mains exclusivement Juives.
La population pauvre devait être travaillée "across the frontier unbemerkt" (subrepticement)...
Il fallait refuser à cette population tout emploi sur sa terre natale...
En 1901, le 5ème Congrès Sioniste a fondé le Fonds National Juif. Selon les règlements internes du FNJ, la terre acquise devenait propriété Juive inaliénable et ne pouvait plus être vendue ou non louée aux Non-Juifs... "
(article documenté publié par L.M.C. Van Der Hoeven Leonhard dans Libertas, (Hollande) Lustrum, numéro 1960, pp. 1-5, reproduit in Walid Khalidi, From Haven to Conquest, pp. 115-124.
Voir aussi, Benny Morris, Victimes : Histoire du Conflit Arabo-Sioniste, 1881-1999.
New York, Alfred A. Knopf, 1999, pp. 21-22
)




David Ben-Gurion croyait que les Sionistes devaient exercer des pressions pour forcer les Anglais à agir. Mais si nécessaire, a-il écrit dans son journal intime : "Nous devons nous préparer nous-mêmes à effectuer le déplacement des Palestiniens". (Michael Palumbo, la Catastrophe Palestinienne, p. 4, citant le journal intime de Ben-Gurion – publié en Hébreu - vol. IV, p. 299)


Dans un rapport au directeur de l'Agence Juive en date du 12 juin 1938, Ben-Gurion déclarait : "Je suis pour un transfert forcé; Je ne vois rien d'immoral à ça... " (Simha Flapan, Sionisme et les Palestiniens, Londres: Croom Helm, 1979, p. 263)


Encouragée par la possibilité d'établir un Etat Juif en raison du plan de partition proposé par la Commission Peel dans son rapport publié en juillet 1937, l'Agence Juive a nommé un "Comité de Transfert de Population" pour sortir des plans afin de débarrasser l'Etat Juif de ses Arabes Palestiniens.
Joseph Weitz, directeur du Fonds National Juif, qui a travaillé avec le Comité de Transfert de Population, avait développé un plan dans ce but.

Dans son rapport, Weitz a écrit que le transfert de la population arabe à partir des secteurs Juifs "ne servait pas qu'un seul but : diminuer la population arabe. Il servirait également un deuxième objectif nullement moins important, qui est d'évacuer la terre maintenant cultivée par les Arabes et donc de la libérer pour la colonisation Juive." (Michael Palumbo, la Catastrophe alestinienne, p. 4, citant CZA, ¨Minutes du Comité de Transfert de Population, 22 novembre, 1937)


Le plan de partition de la Commission Peel qui proposait de diviser le pays entre "les colons Juifs et la population Arabe autochtone" a été discuté lors de la réunion du l'exécutif de l'Agence Juive qui s'est tenue le 12 juin 1938.
La partition comme proposée par la Commission Peel abandonnerait plus de 200.000 Arabes dans "l'Etat Juif" proposé.
Le directeur l'Agence Juive abordait le problème concernant la meilleure façon de se débarasser de ces Arabes.
Le leader Sioniste de 75 ans, Menahem Ussishkin, a déclaré que : "Il n'y a aucun espoir que ce nouvel Etat Juif survive, pour ne pas parler de son développement, si les Arabes sont aussi nombreux qu'ils sont aujourd'hui."
Berl Katznelson du parti du Mapai de Ben-Gurion a vu seulement le désastre dans un Etat Juif avec une grande minorité Arabe et a proposé un programme de développement pour éliminer les Arabes Palestiniens.

Il a conseillé vivement des négociations avec des Etats Arabes voisins qui pourraient être persuadés de recevoir les expulsés. (Michael Palumbo, la Catastrophe Palestinienne, pp 1-2, citant CZA, Compte-rendu de l'Exécutif, 12 juin 1938)


D'autres "Comités de Transfert" ont été nommés pendant la guerre 1948. Un comité "auto-désigné" officieux, dirigé par Joseph Weitz, a commencé ses activités fin mars 1948.
Après la création de l'Etat d'Israël, le gouvernement temporaire a nommé un comité officiel dont les recommandations ont été soumises à Ben-Gurion en temps opportun et ont été mises en application sous couvert de la guerre.



Une des principales questions à partir de juin 1967 et après n'était pas si Israël devrait maintenir une présence dans les Territoires nouvellement acquis mais comment il pourrait la maintenir sans ajouter plus d'un million de Palestiniens à la minorité Arabe d'Israël.
Le vieux dilemme Sioniste des Non-Juifs dans un Etat Juif devait être résolu.

Dans cette perspective d'expansionisme Sioniste, des idées de transfert ont été rétablies au cours des discussions publiques, dans des chansons populaires, dans des articles de la presse en Hébreu et, d'une manière primordiale, dans des discussions du gouvernement et dans les programmes et la politique du gouvernement. (Nur Masalha, Une Terre Sans Peuple: Israël, le Transfert et les Palestiniens 1949 - 96. Londres: Faber et Faber Ltd, 1997, pp 60 - 61)



De nouvelles propositions pour un nettoyage ethnique ont été décrites dans un article intitulé "Une stratégie pour Israël dans les années 80", qui est paru dans Kivunim, le périodique de l'Organisation Sioniste Mondiale en février 1982.

L'article a été écrit par Oded Yinon, un journaliste et analyste des affaires Moyen-Orientales et ancien haut fonctionnaire du Ministère des Affaires Etrangères.



Dans son article, Yinon appelait Israël à provoquer la dissolution et la fragmentation des états Arabes en une mosaïque des groupes ethniques.
Il demandait une politique israélienne visant à provoquer "la dissolution de la Jordanie; la fin du problème des Territoires (Occupés) massivement peuplés avec des Arabes à l'ouest du Jourdain; et l'émigration des territoires, et un gel économico-démographique à l'intérieur."
Il a ajouté, "nous devons être actifs afin d'encourager ce changement rapidement, au plus vite".


Yinon pensait, comme beaucoup d'avocats du transfert en Israël, qu'"Israël a fait une erreur stratégique en ne prenant pas des mesures(d'expulsions massives) envers la population Arabe dans les nouveaux territoires pendant et peu de temps après la guerre (de 1967).... Une telle ligne nous aurait sauvés depuis du conflit amer et dangereux que nous aurions déjà terminé en donnant la Jordanie aux Palestiniens."



D'ailleurs, Yinon suggérait de contenir l'ensemble du monde Arabe, y compris en leur imposant une Pax Israëla et la détermination du destin des sociétés Arabes : la réinvasion du Sinai et '"l'éclatement territorial de l'Egypte en zones géographiques séparées." Quant à l'Est Arabe :
"... la désintégration totale du Liban en cinq régions, des gouvernements localisés en tant que précédent pour l'ensemble du Monde Arabe... la dissolution de la Syrie, et ensuite de l'Irak, en des zones de minorités ethniques et religieuses...." (Ibid, pp 196 - 198, citant Oded Yinon, Une Stratégie pour Israël dans les années 80, (Hébreu), Kivunim, Jérusalem, numéro 14, février 1982, pp 53 - 58)



L'échec des différents efforts "pour transférer" tous les Palestiniens ne signifie pas que ces efforts ont été abandonnés.

Benjamin Netanyahu a déclaré aux étudiants de l'université de Bar-Ilan le 16 novembre 1989 que le gouvernement n'avait pas exploité des situations internationalement favorables, pour effectuer des expulsions "à grande échelle" à un moment où "les dommages (aux relations publiques d'Israël) auraient été relativement petits..."

Netanyahu faisait référence au massacre de la place Tiananmen en juin 1989 où l'attention du monde et des médias était concentrée sur la Chine.
Il a ajouté, "je crois toujours qu'il y a des occasions d'expulser beaucoup de gens."

Netanyahu a plus tard nié d'avoit fait ces remarques mais le Jérusalem-Post a présenté un enregistrement de bande-son du discours. (Ibid, p. 190, citant le Jérusalem-Post, 19 novembre 1989; Michael Palumbo, Israël Impérial : Histoire de l'Occupation de la Cisjordanie et de Gaza, Londres: Bloomsbury Publishing Ltd., 1990 pp. 302 - 303)


Après des décennies d'efforts Sionistes, "la menace démographique" Arabe hantait toujours Israël.
Une conférence a eu lieu les 19 & 20 décembre 2000 au Centre Interdisciplinaire à Herzliya pour traiter du sujet.

La conférence fut la première de ce qui est devenu une série de conférences annuelles traitant de la force et de la sécurité d'Israël. Une majeure partie des recommandations a été reliée à 'la menace démographique' que constituent les citoyens Arabes d'Israël. (pour un compte-rendu détaillé de la conférence et de ses recommandations, voir : La conférence d'Herzliya sur l'équilibre de la force et de la sécurité nationales en Israël, Journal of Palestine Studies n°121, volume XXXI, numéro 1, automne 2001, pp 50-61)

 

.

Lire aussi =


Les fondations du sionisme se lézardent

 

 

http://www.oulala.info/2013/11/les-fondations-du-sionisme-se-lezardent/

 


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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 03:19

 

Jamais l'Iran n'a appelé à rayer Israël de la carte, c'est un mensonge israélien - lié à une faute de traduction -  pour justifier la guerre contre l'Iran (qui n'a jamais attaqué personne). L'entité sioniste veut être le seul Etat fort de la région, et à cet effet elle cherche à éliminer tous ceux qui lui font ombrage, Irak, Syrie, Iran... d'autant qu'ils sont indépendants et anti-sionistes (note d'eva)

 

 

 

Le Point.fr - Publié le  26/04/12 à 12h11

Iran : Ahmadinejad n'a jamais appelé à "rayer Israël de la carte"

Le ministre israélien du Renseignement admet que le président iranien n'a pas appelé à la destruction de l'État hébreu.

Le président iranien a été victime d'une erreur de traduction lors de son discours du 25 octobre 2005.

Le président iranien a été victime d'une erreur de traduction lors de son discours du 25 octobre 2005. Behrouz Mehri / AFP

 

Par Armin Arefi


 

 

Le vent est-il en train de tourner sur l'Iran ? Présenté comme inévitable il y a encore quelques semaines, le risque de frappes israéliennes - et même d'une guerre régionale - semble inexorablement s'éloigner. Le revirement date de mercredi, jour qui a vu deux responsables israéliens en exercice - le ministre de la Défense Ehud Barak et le chef d'état-major Benny Gantz - annoncer publiquement que la République islamique n'a pas décidé de se doter de la bombe atomique. Une information en réalité connue depuis plusieurs années des divers services de renseignement américains, mais aussi israéliens.


Ainsi, selon un haut responsable israélien, s'exprimant à l'AFP sous le couvert de l'anonymat, "le général Gantz ne fait que répéter tout haut et publiquement ce que les dirigeants militaires, y compris son prédécesseur, le général Gaby Ashkenazi, n'ont cessé de dire aux politiques ces dernières années". Des propos, cette fois publics, qui tranchent avec les traditionnelles déclarations des dirigeants israéliens affirmant que le compte à rebours est lancé avant qu'Ahmadinejad, qui a "appelé à rayer Israël de la carte", n'envoie sur l'État israélien ses bombes atomiques, justifiant ainsi le recours à des attaques préventives.


Attiser les soupçons

 

Or un autre événement, survenu au début d'avril, suggérait déjà un fléchissement de la position israélienne sur l'Iran. Ainsi, dans une interview à Al Jazeera, reprise par le New York Times, Dan Meridor, ministre israélien du Renseignement et de l'Énergie atomique, a admis que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n'avait jamais prononcé la phrase "Israël doit être rayé de la carte". Il a toutefois ajouté : "Mahmoud Ahmadinejad et l'ayatollah Khamenei ont répété à plusieurs reprises qu'Israël était une créature artificielle, et qu'elle ne survivrait pas". Pourtant, c'est bien la première citation erronée qui a été reprise en boucle par les médias du monde entier, attisant d'autant plus les soupçons autour du programme nucléaire iranien.

 

La polémique a éclaté le 25 octobre 2005. À l'époque, le président iranien participe à une conférence intitulée "Le monde sans le sionisme". Mahmoud Ahmadinejad prend la parole : "Beaucoup de déçus dans la lutte entre le monde islamique et les infidèles ont essayé de rejeter la responsabilité en annonçant qu'il n'est pas possible d'avoir un monde sans les États-Unis et le sionisme. Mais vous savez que ce sont un but et un slogan réalisables." Pour étayer ses propos, le président se réfère à la chute, dans l'histoire récente, de plusieurs régimes que personne ne voyait sombrer.


Erreur de traduction

 

Il cite ainsi l'ayatollah Khomeiny, le fondateur de la République islamique : "Lorsque notre cher imam (Khomeiny) a annoncé que le régime (du Shah) devait être supprimé, beaucoup de ceux qui prétendaient être politiquement bien informés ont déclaré que ce n'était pas possible." Il évoque ensuite la chute de l'Union soviétique : "Qui pouvait penser qu'un jour, nous pourrions être témoins de l'effondrement de l'empire de l'Est (Union soviétique) ?" Il répète ensuite de nouveau les propos de Khomeiny, parlant de Saddam Hussein : "L'Imam a annoncé que Saddam devait s'en aller puis a ajouté qu'il s'affaiblirait plus vite que personne ne l'imagine."


Puis il évoque enfin Israël, et annonce, en persan : "L'Imam (Khomeiny) a annoncé que le régime occupant Jérusalem devait disparaître de la page du temps." Nulle part, dans tout le discours d'Ahmadinejad, ne sont prononcés en persan les termes "rayer", "carte", ou "destruction d'Israël". Pourtant, la traduction du discours en anglais proposera bien "Israël doit être rayé de la carte". Et la surprise est d'autant plus grande que c'est l'Irna (Islamic Republic News Agency), soit l'agence de presse officielle de la République islamique, qui en est l'auteur.


Conférence sur la réalité de l'Holocauste

 

Face à l'émoi suscité en Occident, le ministre iranien des Affaires étrangères de l'époque, Manouchehr Mottaki, tentera bien d'éteindre l'incendie, en précisant en février 2006, lors d'une visite au Parlement européen : "Personne ne peut supprimer un pays d'une carte. Il y a un malentendu en Europe sur ce que notre président a annoncé", avant d'ajouter : "Il (le président) parle du régime, car nous ne reconnaissons pas légalement ce régime."

 

L'erreur de traduction sera finalement relevée quelques moins plus tard par plusieurs spécialistes du Moyen-Orient, dont l'éditorialiste du Guardian Jonathan Steele, sans provoquer la moindre réaction internationale. Il faut dire que, étonnamment, Mahmoud Ahmadinejad ne corrigera jamais par la suite les journalistes étrangers lui demandant pourquoi il voulait "rayer Israël de la carte". Pire, il qualifiera la Shoah de "mythe" et organisera même en décembre 2006 une conférence sur "la réalité de l'Holocauste". Des propos terribles qu'il a, cette fois, bel et bien prononcés.

 

REGARDEZ. Le ministre israélien du Renseignement admet qu'Ahmadinejad n'a jamais appelé à "rayer Israël de la carte"(4:20) :

 

http://mobile.lepoint.fr/monde/iran-ahmadinejad-n-a-jamais-appele-a-rayer-israel-de-la-carte-26-04-2012-1455392_24.php

 

 

 

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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 02:20

 

Les 3 conseillers des Sarkozy-Hollande, pour le malheur

de la France et du monde (note d'eva)

 

Fabius-BHL-Kouchner-axe-du-mal.jpg

 

 

La France des Sarkozy-Hollande est devenue la capitale des guerres impérialistes,

 

en armant et finançant les terroristes elle a détruit Libye et Syrie,

 

son esprit belliciste est de moins en moins supporté par le monde entier,

 

ainsi le SAYAN (agent d'Israël) Fabius a été écarte du "G2" Lavrov-Kerry,

 

et lors des négociations pour un accord avec l'Iran, la France ultra va-t-en guerre se retrouve isolée: Tous les Etats sont contre son bellicisme - d'où le "5 contre 1" (la France), même les médias sont obligés d'en parler.

 

La France est complétement liée à Israël et aux Etats fanatiques, obscurantistes, terroristes, du Qatar et de l'Arabie saoudite. Une liaison infernale mettant en danger la sécurité du monde !

 

Pourquoi ce revirement fou de la France ? Voici la grande raison : 

 

eva R-sistons


Levant… Guerres et Paix
Alliance létale Tel-Aviv/Ryad/Paris
Léon Camus

samedi 9 novembre 2013, par Comité Valmy


Levant… Guerres et Paix
Alliance létale Tel-Aviv/Ryad/Paris

Le revirement américain sur le dossier syrien n’est pas un changement de cap improvisé. Il ne se comprend qu’au regard des préconisations du Rapport Baker-Hamilton de décembre 2006. Face à l’échec patent d’une politique basée sur le recours à la force, Washington applique désormais son plan « B » au grand dam d’Israël, de l’Arabie séoudite et de la France, incarnée par la coterie de M. Fabius. Cependant il faudra compter avec ces trois Pieds nickelés mauvais perdants : Tel-Aviv bombarde à nouveau la Syrie et Gaza et s’est substituée au Qatar pour la fournitures d’armes et d’équipements aux Frères musulmans et aux mercenaires salafistes qui combattent en territoire syrien. À Riyad le roi Abdallah serait à l’agonie alors que le Prince Bandar, maître des Services de renseignement, rassemble ses partisans et qu’à Paris l’on attend les fonds souverains des deux monarchies wahhabites pour éteindre l’incendie breton avant qui ne gagne tout l’Hexagone.


Le pessimiste est un optimiste repenti. Ou que la vie a guéri d’un vice intellectuel toujours coûteux. À ceux qui chantent que les néocons de Washington ont définitivement enterré la hache de guerre, nous répondrons qu’outre-Atlantique une vaste coalition aussi hétéroclite que motivée, veut la peau d’Obama. Ce n’est pas l’Amérique impériale qui a chuté le 31 août avec le renoncement à des frappes sur Damas, mais, au sein des deux camps Démocrate et Républicain, les promoteurs d’un certain mondialisme centralisé et institutionnalisé, celui par exemple, que représentent l’ancien Directeur du FMI, le priapique Strauss-Kahn, ou plus modestement en France, un certain M. Mélenchon… Car cette faction internationaliste se trouve en guerre ouverte contre l’autre mondialisme, décentralisé, diffus, oligopolistique. L’opposition en quelque sorte entre le Lénine de la NEP [Nouvelle politique économique] après 1921 et Trotski, le tenant de la Révolution universelle. La guerre entre le « capitalisme monopoliste d’État » et le collectivisme antibureaucratique, celui qui triomphe aujourd’hui dans la « démocratie participative » et la fumisterie de la cogestion entrepreneuriale.


La distinction droite/gauche est suivant cette grille de lecture, devenue depuis longtemps totalement ringarde. Elle n’est plus qu’un instrument de propagande parmi beaucoup d’autres. Un outil qui fait appel à une mémoire collective populaire plus ou moins transmutée en mythologie héroïque sur fond de la grande peur d’un ordre social et moral contraignant… Reste que le politiquement correct, la dictature hygiéniste, l’amour obligatoire de toutes les tares et déviances, ne constituent-ils pas de leur côté un super ordre moral ? Et passablement coercitif dans les faits ? Une certaine « gauche » n’est-elle pas aujourd’hui l’expression de l’aspiration au retour à cet ordre totalitaire que constitue la promiscuité primitive, dans l’indifférenciation de tous, en un mot dans sa volonté d’absolu nivellement égalitariste ?


Faut-il encore le répéter, les Démocrates américains ne sont pas des gens de gauche, pas plus que les Républicains ne sont automatiquement d’infâmes réactionnaires… Non, l’Amérique est le théâtre d’un affrontement entre deux forces concurrentes qui transcendent les Partis et s’actualisent l’une et l’autre à travers deux modèles de puissance bien distincts 1. Les buts sont les mêmes et ne divergent que sur les voies et moyens, le partage des tâches et la distribution des rôles, soit à l’arrivée la configuration ou la forme que doit prendre l’État universel et les pouvoirs appelés à en exercer les directive… pouvoirs centralisés ou non, concentrés ou diffus, visibles ou invisibles. À la marge, mais rédhibitoirement exclus du jeu, les nationalitaires, les communistes idéalistes, les tenants d’une harmonie sociétale équilibrant justice et liberté sous le signe la responsabilité individuelle.


Israël relance la guerre


Selon les chaînes américaine CNN et séoudienne Al-Arabiya émettant depuis Dubaï, Tsahal [Armée de défense d’Israël] aurait effectué le 31 oct. une frappe aérienne contre une base du nord-ouest de la Syrie 2. Motif invoqué : détruire un lot de missiles antiaériens de fabrication russe SA-8 de courte portée, apparemment destiné au mouvement chiite libanais du Hezbollah. Un responsable – resté anonyme - de l’Administration américaine précise que l’attaque aurait été conduite par des chasseurs-bombardiers israéliens [AFP1nov13]… un acte de guerre qui en soi ne serait pas une nouveauté puisque autour du 19 mai dernier, Israël revendiquait en Syrie deux frappes aériennes en trois jours déjà au motif de contrer les approvisionnements du Hezbollah… et le 5 juillet le Pentagone annonçait le bombardement d’un dépôt de missiles anti-surfaciers Yakhont [haaretz.com13juil13].


Comment faut-il lire ce type d’intervention et leur renouvellement alors même que les « Grands » - Russie, États-Unis, l’Iran et… l’Arabie séoudite ? – préparent courant novembre des pourparlers de paix dits Genève II ? Au moment où une issue semble se dessiner pour la Syrie, Israël prend intempestivement des initiatives bellicistes. Des faits qui manifestent un troublant et presque inédit « découplage » entre Washington et Tel-Aviv. Est-ce parce que les israéliens veulent engranger quelques avantages stratégiques avant les prochaines négociations qu’ils agissent ainsi ? Ou parce que résolument hostiles à la politique de détente poursuivie maintenant par l’Administration Obama, ils ont commencé à prendre le relais du Qatar désormais hors jeu [voir infra], c’est-à-dire à s’engager dans la voie hasardeuse de la guerre ouverte ? Les pessimistes que nous évoquions plus haut, opteront en faveur de la seconde éventualité. Car Israël et l’Arabie sont les deux grands perdants du revirement américain et, toujours assurés de l’appui des néocons de Washington qui n’ont pas eux non plus désarmé, ils ont décidé, ne pouvant plus faire endosser la guerre par les anglo-américains, de poursuivre le conflit pour leur propre compte. Accessoirement avec le soutien diplomatique de Paris 3 et les armes produites par nos transnationales… Thales, EADS, Dassault aviation, DCNS, MBDA, et cætera.


Le 25 juin 2013, l’émir du Qatar, Kalifa al-Thani, abdique en faveur de son fils cheikh Tamim. Le Département d’État américain est passé par là pour neutraliser la politique excessivement agressive de Doha qui approvisionnait les Frères musulmans combattant sur le sol syrien. Aussitôt, dès le 15 juillet, Israël prend la suite de l’émirat dans la livraison d’armes aux rebelles [haaretz.com15juil13]. Ce qui va se traduire par l’ouverture sur la frontière du Golan - occupée de part et d’autre par la communauté druze 4 et théâtre d’incidents récurrents - d’un nouveau boulevard de transit d’armes et d’équipements au profit des divers fronts de guerre du Levant, syrien mais aussi libanais et accessoirement irakien.


Sous couvert d’un « silence radio » quasi intégral, le Premier ministre Netanyahu, inquiet des conséquences d’une possible victoire de Damas soutenu par le Hezbollah libanais et l’Iran, a très clairement voulu - en autorisant la livraison d’armes, par Israël, aux « rebelles » - se substituer au Qatar… Pour mémoire Doha, dans le cadre d’une juste répartition des tâches, approvisionnait, de concert avec Ankara, les Frères musulmans et les islamistes de l’ASL [Armée syrienne libre], alors que Riyad assurait la logistique des katibas salafo-wahhabites. Depuis mars 2013, très officiellement les États-Unis quant à eux supervisaient via la CIA des livraisons d’armes aux insurgés syriens dans la zone des trois frontières entre la Jordanie, la Syrie et l’Irak. Les armes fournies par la France 5 ou la Grande Bretagne, étant financées par l’Arabie et achetées sur le marché noir ukrainien ou bulgare [franceinfo.fr/monde29oct13].


Effectivité de l’axe Tel-Aviv/Ryad


 

Le 26 octobre, « Le Quotidien d’Oran » publiait un intéressant point de vue suivant lequel « c’est en toute conscience que les monarchies arabes se sont attaquées à la Syrie » pour avoir passé, de facto, « une alliance stratégique avec Israël ». Alliance qu’a par ailleurs confirmée Tsipi Livni, ex ministre israélienne des Affaires étrangères et actuel ministre de la Justice de Benyamin Netanyahu … lequel se serait lui-même vanté d’entretenir depuis 1991 des relations secrètes avec Riyad et Doha [french.irib.ir21oct13]. À entendre Mme Livni, Israël et les monarchies arabes œuvrent ensemble pour faire obstacle à l’influence régionale de l’Iran et de ses alliés, en tête desquels le régime de Damas. Pacte informel peut-être, mais alliance objective sûrement.

Or Bandar Ben Sultan, chef des Services de renseignement séoudiens - et peu ou prou de l’armée via son demi-frère, le vice-ministre de la Défense Salman ben Sultan [mestrategic.com7août13] - est a priori l’actuel homme fort de l’Arabie. Il est également l’architecte de cette convergence d’intérêts stratégiques israélo-arabes, à l’unisson avec les pétromonarchies du Golfe, qui commencent à considérer le « parapluie nucléaire israélien comme un substitut » à la protection américaine devenue imprévisible. Protection qui semble se dissoudre depuis que le Président Obama en est arrivé à appliquer les conclusions du rapport 6 Brzezinski-Gates du Council on Foreign Relation … daté de juillet 2004 ! Dans un tel contexte, l’axe israélo-saoudien prend effectivement tout son sens, il n’est plus une simple vue de l’esprit mais s’inscrit dans une nouvelle dimension diplomatique… dont les conséquences ne vont certainement pas tarder à impacter la région.


Washington a tiré toutes les conséquences du chaos irakien


Arrêtons-nous un instant sur ce qui est apparu comme un revirement imprévisible de la part de la nouvelle Administration Obama alors que le déclenchement de frappes massives sur la Syrie étaient de toute évidence devenues inéluctables. Nous ne reviendrons pas sur le faisceau de circonstances qui ont annulé, à la dernière minute, le samedi 31 août l’entrée en guerre de la maigre coalition franco-américaine, notamment le vote négatif du Parlement britannique, deux jours auparavant, le 29. Comprenons que le changement de cap n’a pas du tout été improvisé mais qu’il a correspondu à un changement de rapports de forces - un basculement - au sein de l’élite judéo-protestante : en un mot ce fut l’échec des Likoudniki néocons chauds partisans du recours à la force face aux tenant des conclusions du Rapport Brzezinski-Gates « Iran : a time for a new approach » publié en juillet 2004… Un quelconque triomphe de la démocratie et des sentiments pacifistes n’ayant évidemment rien à voir dans cette affaire.


Le dit rapport recommande l’adoption par les É-U d’une politique « d’engagement limité et sélectif avec l’actuel gouvernement iranien » et à ce titre se trouve en rupture avec la voie qui aura été suivie ostensiblement jusqu’à ces derniers mois. Rappelons que Zbigniew Brzezinski avait été en 1976 le Conseiller à la Sécurité nationale du président Carter et que, dans cette fonction - la Révolution islamique étant intervenu en Iran - il supervisa l’Opération « Eagle claw » [Serres d’aigle] lancée le 24 avril 1980. Raid qui était censé libérer les 53 otages capturés dans l’assaut de l’Ambassade américaine un an auparavant, le 7 novembre 1979. Opération qui se transforma en un sinistre fiasco. Plus tard Brzezinski, professeur à Harvard, deviendra le mentor du jeune Obama dont aujourd’hui il est encore le conseiller officieux.


Or la synthèse du binôme Brzezinski-Gates va rapidement avoir une postérité - laquelle se révèle aujourd’hui historiquement déterminante - dans les conclusions rendues publiques le 6 décembre 2006 - l’exact lendemain de la nomination de Robert Gates par GW Bush au poste de Secrétaire à la Défense - de la Commission Baker-Hamilton, [alias Iraq Study Group]. Groupe d’étude auquel participa Robert Gates, lequel s’était préoccupé des voies et moyens utiles à mettre un terme au chaos irakien… et dont les recommandations ne pouvaient pas ne pas tenir compte de l’environnement régional, en premier lieu, de l’axe Téhéran/Damas.


« Stabilité d’abord »


Le Rapport Baker-Hamilton posait en préambule que : « Les politiques et les actes des pays voisins de l’Irak affectent grandement sa stabilité et sa prospérité… quelques uns agissent même dans le sens de sa déstabilisation. Les États-Unis devraient [en conséquence] lancer immédiatement une nouvelle offensive diplomatique visant à construire un consensus international pour la stabilité de l’Irak et de la région ». En clair le Rapport Baker proposait tout bonnement d’associer les États réputés perturbateurs, l’Iran et la Syrie, dans le processus de construction de l’État irakien afin de faire cesser la guerre civile de basse intensité qui continue aujourd’hui encore à y sévir depuis le tournant de 2004 avec, en cette fin 2013, un petit millier de morts chaque mois 7.


C’est cette option, baptisée la « Stabilité d’abord » qui l’a emporté in extremis, le 31 août alors que les aéronefs français avaient déjà reçu leurs ordres de mission et leurs objectifs désignés [lci.tf1.fr30août13]. James Baker aurait d’autre part livré le fond de sa pensée, celle qui aujourd’hui oriente la toute nouvelle diplomatie américaine au Levant, en disant : « Je crois personnellement qu’il faut parler à ses ennemis. Ni les Syriens ni les Iraniens ne veulent le chaos en Irak »… parce qu’au bout du compte « il serait déraisonnable de vouloir stabiliser l’Irak et en même temps vouloir déstabiliser l’Iran et la Syrie ».


Un plan qui refonde ou remanie de fond en combles la géopolitique américaine… et comporte néanmoins un but plus lointain : extraire le régime iranien de l’orbite russe. Une Russie qu’il convient d’isoler, endiguer ou contenir selon la terminologie choisie. Le Rapport Baker-Hamilton constitue de cette façon un authentique plan « B » devenu urgemment nécessaire dès lors que la guerre de Syrie commençait à se jouer à front renversé (NB d'eva : Soutenue par le peuple syrien, l'Armée d'Assad vole de victoire en victoire). Ce pourquoi il est opportun de ne pas se féliciter trop hâtivement d’une défaite américaine alors que nous assistons in vivo à une formidable partie d’échecs dont l’issue n’est pas encore définitivement claire.

 

Les boutefeux n’ont pas désarmé

 

Israël bombarde en Syrie et à Gaza, sans que nul ne s’en émeuve [franceinfo.fr29oct13], et se moque ouvertement de la Communauté internationale en ouvrant toujours davantage de chantiers afin d’établir de nouvelles colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est… 70% de plus, au cours du premier semestre 2013 qu’en 2012 pour la même période ! À Riyad le roi Abdallah serait à l’agonie. L’une des raisons non ébruitée du séjour en Arabie depuis le 3 octobre du Secrétaire d’État John Kerry. Reste que si le prince Bandar accédait au trône - quoiqu’il ne soit pas l’héritier désigné - la rupture avec Washington risquerait d’être consommée. Ce serait la fin du Pacte du Quincy conclut le 14 février 1945 sur le Canal de Suez entre Ibn Séoud et Roosevelt, que l’on peut résumer ainsi : « Pétrole contre protection ». Plus précisément étaient garantis la sécurité du Royaume et son leadership sur la Péninsule arabique en contrepartie de l’assurance d’un approvisionnement en hydrocarbures des É-U sans solution de continuité. Les opérateurs étrangers n’étant que concessionnaires des zones d’exploitation, Washington garantissait in fine une complète non ingérence dans les Affaires intérieures séoudiennes.


Bandar ben Sultan, né du défunt prince héritier Sultan et protégé de l’ancien roi Fahd, a été ambassadeur à Washington durant vingt-deux années. Il est considéré comme un « dur » très hostile à l’Iran chiite et tout à fait décidé à régler son compte à Bachar el-Assad… Ce pourquoi il n’est pas surprenant qu’il ait déclaré devant des diplomates européens que « l’Arabie voulant rompre avec son actuel état de dépendance [vis-à-vis de Washington], a l’intention de prendre ses distances avec les États-Unis eu égard à leur passivité en Syrie, en raison de la politique de détente engagée avec l’Iran et parce qu’ils n’ont pas épaulé Doha à l’occasion du soulèvement de la majorité chiite à Bahreïn » [Reuters22oct13]. Une menace qui n’est pas vraiment à prendre à la légère : parce qu’ils le veuillent ou non, les É-U restent pour l’heure dépendants des fournitures de brut séoudien – une complète autonomie grâce au gaz de schistes n’étant vraisemblablement pas pour demain la veille - et le royaume est en matière d’achat d’armements, un client de choix qu’il conviendrait de ne pas perdre… Sans évoquer en outre les 690 milliards de dollars d’actifs étrangers, en grande partie sous forme de bons du Trésor américain, que détient sa Banque centrale. Une conjoncture dangereuse qui pourrait se solder par une nouvelle et grande « défaite géopolitique de la Maison blanche » – après celle liée à la chute du gouvernement égyptien des Frères musulmans - ainsi que l’écrit l’influent quotidien russe Kommersant du 24 octobre.


Succession à Riyad, qui l’emportera


Joignant le geste à la parole, Riyad, après avoir été élue pour la première fois le 17 oct. membre non permanent du Conseil de sécurité, l’Arabie saoudite a dès le lendemain refusé ce siège en signe de protestation contre l’incapacité du Conseil à résoudre les conflits syrien… et israélo-palestinien ! Ce dernier conflit auquel Ryad s’est bien gardé de se mêler – hormis l’Arab Peace Initiative, autrement nommée « Plan Abdallah », présenté en mars 2002 au sommet de Beyrouth – alors qu’elle intervient directement depuis 2011 – c’est-à-dire depuis le début - dans le premier [AFP18oct13] !


L’Arabie n’a en effet pas supporté qu’à trois reprises des Résolutions ouvrant la porte à l’intervention armée en Syrie, aient été retoquées par la Russie et la Chine. Au demeurant l’Arabie n’est pas seule puisque sans tarder la France quelques heures après l’annonce séoudienne de refuser son siège, devait proclamer « partager la frustration des Séoudiens » quant à la gestion du dossier syrien ! Bandar devait préciser à ce propos : « Ce signal ne s’adresse pas à l’Onu mais aux Américains… Un tournant décisif nous attend : les Saoudiens ne veulent plus être dépendants des É-U »… Et « Toute cette pitrerie sur le contrôle international de l’arsenal chimique d’Assad n’aurait été qu’un épisode ridicule si elle n’avait pas été aussi une flagrante trahison » surenchérissait le prince Turki al-Fayçal, ancien Directeur général, jusqu’en janvier dernier, des Services spéciaux séoudiens [Al Mukhabarat Al A’amah]. De là un redéploiement à marche forcée de la politique extérieure du royaume en direction de ses alliés régionaux et singulièrement vers la France qui a adopté une « position plus ferme sur la question syrienne ».


 

À la mi-juin, il devenait officiel que le prince Bandar fournissait aux insurgés syriens « des armes antichars et antiaériennes, en particulier des missiles portatifs sol-air, provenant pour l’essentiel de fournisseurs français et belges, les frais de port étant pris en charge par la France » [Reuters17juin13]. Ce qui expliquerait que Paris, au-delà de la défense désintéressée des droits de l’homme, ait tout intérêt à une prolongation voire à une extension d’un conflit qui offre de juteux débouchés à son industrie d’armement. D’où également le lien fort qui unit à cette heure les deux capitales partisanes de la guerre à outrance, Riyad et Paris, celle-ci devenue une plaque tournante pour les ministres wahhabites qui s’y succèdent à un rythme soutenu afin de plaider auprès des Européens l’instauration d’une zone d’interdiction aérienne, le renforcement et l’accélération des fournitures d’armes aux rebelles 8. On sait que Riyad s’est finalement montrée très généreuse avec M. Hollande par le biais d’un premier contrat d’armement d’un milliard d’€ finalisé à l’occasion d’un voyage présidentiel en novembre 2012. Puis d’un second accord encore négocié d’un montant de 2,5 mds d’€… sans compter les perspectives de marchés ouvertes avec Doha, émirat wahhabite rival de Riyad, lesquels tournent, dit-on, autour des 20 mds [LaTribune18&30oct12]. De quoi affoler plus d’un chef d’État confronté aux effets d’une crise rampante mais dont les effets se combinent à ceux d’une idéologie éminemment perverse quant à ses conséquences sociétales. Hélas les succès que M. Hollande remporte dans le Golfe avec des ventes d’armes destinées à alimenter les guerres en cours, ne sont pas de ceux dont le chef du Parti socialiste peut vraiment se prévaloir… auprès d’une opinion à l’épiderme sensible au point de pouvoir éventuellement s’en montrer offusquée. Car les lois de la communication politique sont infiniment cruelles.


Léon Camus
3 novembre 2013

Source/
Geopolintel

 

Notes


(1) À ce propos on lira avec profit « Le temps des catastrophes » in « Europe chronique d’une mort annoncé » Jean-Michel Vernochet Éditions de l’Infini 2009.

(2) « Israel behind the attack on Russian SA-8 surface-to-air missiles near Latakia, according to various U.S. sources » Haaretz 1er nov. 2013.

(3) Paris qui aura besoin des fonds souverains séoudiens pour empêcher la Bretagne de se laisser tenter par la sédition au risque d’y entraîner le reste du pays.

(4) Rappelons que les Druze israéliens sont les seuls non juifs à effectuer leur service militaire ce qui leur ouvre les portes des universités autrement fermées aux israéliens palestiniens, chrétiens ou musulmans.

(5) Le 18 mars 2013 s’ouvrait aux Nations Unies la Conférence de négociation finale pour le traité sur le commerce des armes. Le 12 mars précédent, le ministre français des Affaires étrangères, M. Fabius, témoignait de la « volonté de la France d’obtenir un traité robuste, juridiquement contraignant et associant les principaux acteurs du commerce de l’armement… [compte tenu] des droits de l’Homme et du droit international humanitaire dans le traité ». Quelques heures plus tard, le même demandait avec son homologue anglais, la levée de l’embargo de l’Union européenne sur les armes à destination de la Syrie. Il précisait même qu’à défaut de l’unanimité requise à l’Union européenne pour lever cette mesure, et en dépit de l’existence d’une « position commune de l’Union européenne sur les transferts d’armes », laquelle prohibe a priori de telles livraisons, Paris et Londres prendraient en tant que « nations souveraines », à titre bilatéral, la décision de livrer des armes aux rebelles ! Quant à Léon Panetta, le Secrétaire à la défense des États-Unis, celui-ci avait fin 2012 autorisé l’envoi d’éléments des forces spéciales dépendantes de l’US Specials Operations Command en Jordanie sous couvert de contrôle des frontières. Il s’agissait en réalité d’encadrer les groupes rebelles susceptibles d’utiliser des armes chimiques… fournies putativement par Riyad. Pour ce faire des combattants syriens de l’Armée syrienne libre ont été entraîne par l’USSOCOM à Tampa, en Floride, d’autres, entre les mains de la CIA, au King Adbullah II Special Operations Training Center [KASOTC] créé en 2009 à Yajooz [blog.mondediplo.net19mars13].

(6) On peut télécharger le rapport rapport Brzezinski-Gates « Iran : Time for a New Approach » 2004 copyright by Council on Foreign Relation, sur http://www.geopolintel.fr/IMG/pdf/I...

(7) 500 000 morts entre le soupir d’autosatisfaction du président Bush junior, « Mission accomplished » et 2011 [france-irak-actualite.com3nov13]. Pour Iraq Body Count [IBC] ce serait un total dérisoire de 174 000 victimes civiles et militaires. En 2006, la revue médicale The Lancet avait chiffré le nombre de décès depuis l’invasion du pays à 655 000. En janvier 2008, l’institut britannique de sondage Opinion Research Business estimait quant à lui le nombre de civils irakiens tués à 1 million. Pour le site JustForeignPolicy.org ce sont 1 455 590 civils irakiens ont été tués depuis 2003.

(8) « Plusieurs princes saoudiens effectuent des navettes d’une capitale à l’autre… La plaque tournante de cette diplomatie est Paris, où s’est rendu en mai le ministre de l’Intérieur saoudien, le prince Mohamed ben Nayef. Ce mois-ci, ce fut le tour du chef des services de renseignement saoudiens, le prince Bandar ben Sultan, et du ministre des Affaires étrangères, le prince Séoud al Faiçal. Le prince Miteb ben Abdallah, ministre saoudien de la Garde nationale, est attendu à Paris cette semaine, après avoir vu le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara. Quant au prince Salman, il a rencontré le ministre britannique de la Défense, Phillip Hammond, début juin à Djeddah » [nouvelobs.com17juin13].



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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 02:04

 

 

Terrible témoignage de Dina Elmuti sur l’esclavage des enfants palestiniens par les colons israéliens, sur des terres qu’ils ont volées dans la Vallée du Jourdain. Si vous achetez encore les produits exportés par Israël, c’est que vous n’êtes vraiment pas dégoûtés !



"L’air estival brûlait de plus en plus, lorsque la voiture est descendue vers la vallée du Jourdain. Son sol rouge et fertile répandait de la chaleur sous nos pieds, comme nous nous approchions du champ cultivé où s’éparpillaient des garçons qui ramassaient des légumes.

Couvert d’un capuchon par-dessus sa casquette de base-ball, Omar, âgé de 17 ans, a vite sauté de son tracteur pour nous accueillir. Il paraissait mince et brûlé par le soleil, ses mains étaient calleuses après avoir ramassé des légumes à mains nues. Le frère cadet d’Omar, Fouzi, âgé de 16 ans, coiffé d’une casquette de base-ball et portant un seau en plastique, le suivait de près. Des perles de sueur dégoulinaient sur leur visage, tandis qu’ils nous montraient avec fierté les aubergines et les poivrons qu’ils avaient cueillis pendant les cinq dernières heures.

Fouzi, âgé de 16 ans, travaille dans les champs de la colonie israélienne d’Hamra dans la région de la Vallée du Jourdain, en Cisjordanie. (Dina Elmuti / Défense des Enfants International – section Palestine)

Il y a quatre ans, Omar est devenu le principal soutien de famille pour ses huit membres après la mort de son père. Sérieusement endetté à cause des factures d’ordonnances médicales, Omar a commencé à récolter, laver et emballer les fruits et légumes près des champs de la colonie d’Hamra dans la Vallée du Jourdain.

Après s’être épuisé à jongler entre le travail et l’école, Omar et Fouzi ont tous les deux quitté l’école pour travailler à plein temps dans les champs. Selon la saison, de 10 à 20.000 ouvriers agricoles travaillent dans les colonies de la Vallée du Jourdain. Environ 5 ou 10 pour cent d’entre eux sont des enfants astreints au travail, selon le Centre de Développement Maan.

L’un des endroits les plus exclusifs de la planète, la Vallée du Jourdain comprend d’énormes parcelles de terre arable, cultivées par les colons israéliens. Depuis 1967, Israël a mis en œuvre des mesures systématiques afin de garantir un contrôle absolu sur la région, privant ainsi les Palestiniens de leur droit à leurs propres ressources.

Tandis que les colons représentent 13 pour cent de la population, ils contrôlent en réalité 86 pour cent des terres. On évalue à cent trente-deux millions six cent mille dollars la valeur annuelle de la production agricole des colonies de la Vallée du Jourdain, d’après un rapport d’Al Haq, organisation palestinienne pour les droits humains.

Omar et Fouzi viennent du village cisjordanien de Duma, à 21 kilomètres au sud de Naplouse. Durant les mois de travail, ils séjournent dans des entrepôts près de la colonie d’Hamra et dorment dans des lits de camp étroits pendant des mois.

  • Nous travaillons jusqu’à 10 heures ou plus par jour et nous n’avons pas beaucoup de pauses pour boire ou nous reposer, nous raconte Fouzi. Les locaux où nous dormons sont très exigus et humides ; parfois, nous avons l’impression d’étouffer, mais nous y sommes habitués.

À la fin de chaque semaine, ils envoient l’argent qu’ils gagnent chez leur mère. Les enfants qui travaillent gagnent en moyenne de 40 à 60 ISL (Nouveaux Shekels Israéliens) – de 12 à 18 dollars – par jour. Ce n’est même pas suffisant pour acheter un paquet de farine pour nourrir sa famille, nous raconte Muntaha, mère d’Omar et de Fouzi.

Les enfants palestiniens, parfois âgés de 11 ans, travaillent jusqu’à 12 heures par jour, sous des températures qui peuvent monter jusqu’à 50 degrés et descendre jusqu’à 0 degré.

Les enfants astreints au travail risquent de souffrir de blessures ou de douleurs chroniques en raison des longues heures, des mauvaises conditions de travail et de la dureté du travail physique. L’emploi de pesticides et d’engrais inorganiques est répandu et non réglementé dans la Vallée du Jourdain, et produit de l’eau d’écoulement hautement polluée, avec de hauts niveaux de substances chimiques auxquelles les enfants sont exposés.

L’exposition à ces substances chimiques peut avoir des conséquences de longue durée, y compris des anomalies hormonales, rénales et du système nerveux, ainsi que le cancer.

Les enfants palestiniens qui travaillent n’ont pas de papiers, ce qui veut dire que leurs heures ne sont pas comptées. Ils sont payés en espèces. Il n’y a donc aucune preuve qu’ils travaillent dans les colonies. Ils n’ont pas non plus de statut officiel, ni d’assurance maladie, ni de droits en tant que salariés. Les colons qui les emploient le savent très bien.

  • L’année dernière, un des garçons est tombé de son tracteur et s’est blessé au dos. Il est pour ainsi dire paralysé et n’était pas assuré. Il ne peut donc plus travailler, nous confie Omar, les yeux sur le tracteur qu’il conduisait.

Les travailleurs mineurs sans papiers prêtent flanc – plus que d’autres – à l’exploitation, ayant peur de se plaindre ou de révéler des abus de droits, ce qui pourrait compromettre la source de leurs revenus et leur sécurité.

  • Les cas de violences et abus sexuels sont courants dans les colonies, nous dit Amjad Jaber, directeur de cabinet au Ministère du Travail de l’Autorité Palestinienne à Jéricho. Un grand nombre de femmes et d’enfants, qui sont particulièrement exposés à ces abus, m’informent de terribles incidents.

La formation professionnelle (ou autre) limitée force les Palestiniens à s’adresser à des médiateurs (« waseets »). Les familles comptent sur ces médiateurs pour trouver du travail aux enfants dans les colonies israéliennes. Beaucoup de « waseets » sont d’abord travailleurs mineurs.

En général, les médiateurs prennent une commission déduite du salaire des enfants qu’ils recrutent. D’autres se font payer pour le logement et le transport. Les colons israéliens paient un salaire plus élevé aux « waseets » du fait que leurs services rendent l’entière entreprise agricole des colonies abordable et rentable.

L’Autorité Palestinienne empêche les enfants de travailler dans les colonies, et sous la loi israélienne, l’emploi des mineurs est illégal. Le résultat est une main-d’œuvre invisible sous la loi, dont la protection et les droits essentiels ne sont pas garantis.

  • Je considère l’emploi des enfants dans les colonies comme une forme de trafic d’êtres humains, a déclaré Khaled Quzmar, avocat pour Défense des Enfants International – section Palestine, qui a participé à l’élaboration de la Législation du Travail palestinienne, qui est entrée en vigueur en 2000. (Communication : Je suis expert-conseil auprès de DEI Palestine.)
  • Le travail des enfants est un problème compliqué, nous dit Quzmar. La fracture du système juridique en Cisjordanie facilite l’exploitation du travail des mineurs, du fait que la législation palestinienne du travail ne s’applique qu’aux enfants travaillant dans les secteurs sous la juridiction de l’Autorité Palestinienne, non dans les colonies israéliennes.

Nous nous installons près de la mère d’Omar et de Fouzi, Muntaha, à Duma. On entend clairement la détresse dans sa voix quand elle évoque sa dépendance à l’égard de ses enfants.

  • Une mère ne veut pas envoyer se enfants travailler dans une colonie. Bien sûr que non, soupire Muntaha, mais quel choix avons-nous ?"

Dina Elmuti est expert-conseil pour le Programme de Responsabilité auprès de « Défense des Enfants International – section Palestine », organisation indépendante pour la sauvegarde des droits des enfants, qui se consacre à défendre et à promouvoir les droits des enfants dans les Territoires Palestiniens Occupés.

Source : The Daily Beast. Soumis par Dina Elmuti, le 29 octobre 2013, section Droits Humains

 

(Traduit de l’anglais par Chantal pour CAPJPO-EuroPalestine)

CAPJPO-EuroPalestine


Publié par : http://www.europalestine.com

 

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Sur cet excellent site


 Israël et les USA sanctionnés par l’UNESCO

 

 

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 03:23

 

 

"Israël" se prépare pour de grandes manœuvres aériennes
L’équipe du site

"Israël" se prépare à lancer la plus grande manœuvre aérienne dans son histoire, dans les deux semaines , avec la participation des Etats- Unis, l'Italie et la Grèce.


A vrai dire, il s'agit de manoeuvres conjointes avec certains  membres de l'OTAN  même si l'entité sioniste  ne fait pas partie de l’Alliance atlantique . Cependant,  les membres de l’Otan organisent des manoeuvres conjointes avec l'entité sioniste pour expérimenter leur inter-opérabilité. De facto, l'entité sioniste  bénéficie donc du soutien de l’Alliance mais pas de sa garantie d’intervention en vertu de l’article 5 du Traité. C’est à vrai dire sans importance, puisque les Etats-Unis sont en mesure d’imposer une mobilisation générale.


La manœuvre, dénommée Blue Flag (Drapeau bleu) sur le modèle de celle de la U.S. Air Force, se déroulera dans deux semaines dans le désert du Néguev.

Dans l’ensemble, participeront à Blue Flag plus de 100 avions et 1 000 militaires. Ce sera une manœuvre à feu, avec emploi de bombes et missiles à guidage de précision. Le scénario simulera une attaque en profondeur dans un territoire ennemi doté de fortes défenses aériennes (comme par exemple l’Iran) : après les avoir neutralisées, les chasseurs-bombardiers frapperont les objectifs terrestres représentés par des cibles disséminées dans le désert. Dans les duels aériens, l’aviation ennemie sera personnifiée par l’ Aggressor squadron des forces aériennes israéliennes, dont les pilotes sont entraînés à simuler diverses tactiques de combat, « en particulier celles des forces aériennes arabes ».


L'entité sioniste attribue une grande importance à Blue Flag.


"Les forces aériennes israéliennes, a déclaré le général Amikam Norkin, sont en train d’expérimenter de nouvelles procédures « pour abréger la durée des guerres futures » en potentialisant sa propre capacité destructive : cela permettra d’ « accroître de dix fois le nombre d’objectifs qui sont individualisés et détruits ».


C’est maintenant le moment d’expérimenter cette capacité dans un exercice conjoint avec des forces aériennes avancées, comme celles étasuniennes et italiennes. Pour preuve des capacités atteintes, le général Norkin a souligné, dans une entrevue à Defense News (21 octobre), que "pendant les 8 jours de l’opération Pilier de défense effectuée à Gaza en novembre 2012, l’aviation israélienne a attaqué 1 500 objectifs, le double de ceux attaqués pendant les 34 jours de la guerre au Liban en 2006. Les pilotes italiens aussi pourront donc apprendre beaucoup en participant à la manœuvre de guerre aérienne en Israël".


La Blue Flag sert en même temps à intégrer les forces aériennes israéliennes dans celles de l’Otan. Jusqu’à présent elles avaient effectué des manœuvres conjointes seulement avec les pays individuels de l’Alliance, comme celle de Decimomannu avec l’aéronautique italienne. De sorte que l'entité sioniste , même s’elle n’est pas officiellement membre de l’Otan, se trouve opérationnellement faire partie de sa stratégie et de ses opérations militaires.


 Ceci entre dans le « Programme de coopération individuelle » avec l'entité sioniste , ratifié par l’Otan le 2 décembre 2008, environ trois semaines avant l’opération israélienne « Plomb durci » contre Gaza. Il comprend une vaste gamme de secteurs dans lesquels « Otan et Israël coopèrent pleinement » : échange d’informations entre les services de renseignement ; connexion d’"Israël" au système électronique de l’Otan ; coopération dans le secteur des armements ; augmentation des manœuvres militaires conjointes ; élargissement de la coopération contre la prolifération nucléaire (en ignorant qu’"Israël", unique puissance nucléaire de la région, refuse de signer le Traité de non-prolifération et a rejeté la proposition de l’Onu d’une conférence pour la dénucléarisation du Proche-Orient).

 

http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=139753&cid=18&fromval=1&frid=18&seccatid=22&s1=1#.UnuNNSaVLSg.twitter

 

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 03:12

 

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Jeudi 31 octobre 2013

 

mediapart.fr

Le roman noir de l'écotaxe

|  Par Martine Orange

 

 

Un contrat léonin souscrit au détriment des intérêts de l’État, des soupçons de favoritisme et de corruption, la menace d'un montant faramineux de 800 millions d'euros à verser en cas d'annulation, une taxe qui ne répond pas aux objectifs de fiscalité écologique... La mise en place de l’écotaxe en France tourne au scandale d’État.

 

Qui a signé le contrat de l’écotaxe ? Au lendemain de l’annonce de la suspension de la taxe sur les transports de poids lourds annoncés par Jean-Marc Ayrault, la pression politique monte au fur et à mesure que le gouvernement révèle les termes du contrat de partenariat public-privé dans lequel il se retrouve piégé. L’État devrait verser 800 millions d’euros de dédit à la société privée Ecomouv, chargée de la mise en place de cette taxe, si jamais il revenait sur sa décision de l’implanter dans les conditions arrêtées par le contrat.

 

 
© reuters

800 millions d’euros ! La somme a sidéré l’ensemble des Français. « Il n’y a pas un scandale de l’ écotaxe, il y a un scandale Ecomouv », a dénoncé Joël Giraud, député radical de gauche lors de la séance des questions d’actualité. Le sénateur PS François Rebsamen demande une commission d’enquête parlementaire pour mettre au clair les conditions d'attribution de ce partenariat public-privé. Il avoue avoir des « doutes sur la création de cette société censée collecter l’écotaxe ».

Jusqu’alors déterminée à utiliser sur tous les tons politiques le thème du ras-le-bol fiscal, prête à dauber sur le énième recul du gouvernement, la droite se tient silencieuse. C’est elle qui a imaginé, porté, choisi les modalités de la mise en œuvre de l’écotaxe, accepté les termes de la société Ecomouv. Même si le contrat a été officiellement signé le 20 octobre 2011 par le directeur des infrastructures, Daniel Bursaux, la signature a été précédée d’un accord écrit de Nathalie Kosciusko-Morizet, alors ministre de l’environnement, Valérie Pécresse, ministre du budget, François Baroin, ministre de l’économie et des finances.

Mais, brusquement, les uns et les autres se dégagent de toute responsabilité. Tout semble s’être passé ailleurs, sans eux. « Nathalie Kosciusko-Morizet a bien signé. Mais elle ne s’en est pas occupée. Tout était déjà bouclé », assure sa porte-parole, éludant la question de savoir si elle aurait pu remettre en cause le projet. « Moi, je n’ai rien signé. Le seul texte que j’ai approuvé est le décret pour l’application de l’écotaxe, le 6 mai 2012 (le jour même du second tour de l’élection présidentielle - ndlr) », semble presque se féliciter Thierry Mariani, alors ministre des transports et normalement chargé de la gestion du dossier. Lui aussi dit qu’il n’avait aucun pouvoir de modifier les choses, « tout avait été arrêté avant ».

Tous les regards se tournent vers Jean-Louis Borloo, qui a occupé auparavant le poste de ministre de l’environnement. C’est lui qui a lancé l’écotaxe, seul résultat tangible du Grenelle de l’environnement. Très bavard au lendemain de la révolte bretonne, critiquant la mauvaise gestion gouvernementale, l’ancien ministre de l’environnement se tait désormais. Il n’a pas retourné nos appels. Quant à Dominique Bussereau, ministre des transports qui a supervisé lui aussi le lancement du projet, il a disparu des écrans radars.

Le jeu de défausse des responsables de droite traduit leur inquiétude. Les uns et les autres flairent le danger. Tout est en place pour un scandale d’État. Car il n’y a pas que les 800 millions d’euros de dédit qui sont hors norme. Des choix du contrat aux conditions d’implantation en passant par la sélection de la société, tout a été fait dans des conditions extravagantes, au détriment de l’État. Sous couvert d’écologie, le gouvernement de Nicolas Sarkozy et l’administration ont accepté des mesures exorbitantes du droit commun, allant jusqu’à revenir sur le principe républicain que seul l’État perçoit l’impôt. Chronique d’un naufrage.


Dans l’opacité du PPP


Cela n’a jamais fait l’objet d’un débat. D’emblée, il était évident pour Jean-Louis Borloo que la mise en place de l’écotaxe se ferait dans le cadre d’un partenariat public-privé. « Il y a un consensus dans la haute fonction publique sur ces contrats. Elle ne jure que par eux, avec toujours les mêmes arguments. D’abord, le privé est toujours mieux et sait toujours mieux faire. Et maintenant, l’État est ruiné. Il ne peut plus s’endetter pour mener les projets par lui-même. Désormais, tout passe par les PPP. Cela a coûté dix fois plus cher, comme l’a démontré la Cour des comptes, engagé la Nation et les finances publiques pour des décennies, et on continue. Depuis dix ans, on est ainsi en train de découper tranquillement tous les biens publics pour permettre à des privés de se constituer des rentes à vie », explique un ancien trésorier payeur général.

Dans le cadre de l’écotaxe, un autre argument est ajouté : celui de la technicité. Il faut implanter des portiques de détection, diffuser des équipements embarqués à bord des camions pour permettre de les identifier, gérer les données, percevoir la taxe. Tout cela demande des équipements, des hommes, des logiciels, des traitements de données. Qui mieux que le privé peut gérer une telle complexité ? s’interroge le ministre de l’écologie, qui pas un instant n’imagine faire appel à des prestataires de services au nom de l’État. Toute la charge doit être déléguée au privé.

Il y a bien un problème, malgré tout. C’est la perception de l’impôt. Depuis la Révolution, l’impôt ne peut être perçu que par l’État. Mais si le privé n’est pas assuré de mettre la main sur les recettes, jamais il n’acceptera de participer au projet. Qu’à cela ne tienne, on habillera le procédé d’un nouveau terme en novlangue : on parlera « d’externalisation de la collecte de l’impôt ». Une grande première qui sera confirmée dans les articles 269 à 283 quater du Code des douanes. Jamais l’État n’a confié au privé la perception des impôts. « C’est le grand retour des fermiers généraux », dénonce Élie Lambert, responsable de Solidaires douanes, qui redoute le précédent.

Très tôt, le syndicat s’est élevé contre les conditions obscures et léonines de ce partenariat public-privé en décortiquant avec précision tous les enjeux de ce contrat, mais sans rencontrer jusqu’à maintenant beaucoup d’audience (lire ici son analyse). « Non seulement, ce contrat tord tous les principes républicains. Mais il le fait dans des conditions désastreuses pour l’État. En exigeant 240 millions d’euros par an pour une recette estimée à 1,2 milliard d’euros, le privé a un taux de recouvrement de plus de 20 %, alors que le coût de la collecte par les services de l’État, estimé par l’OCDE, est d’à peine 1 %, un des meilleurs du monde », poursuit-il.

Soupçons de corruption

Dès le 31 mars 2009, Jean-Louis Borloo lance donc un appel d’offres pour la mise en place d’un télépéage sur l’écotaxe, dans le cadre d’un partenariat public-privé. Mais il le fait dans le cadre d’une procédure spéciale, uniquement possible pour les PPP : le dialogue compétitif. Cette procédure, dénoncée par des parlementaires dès la première loi sur les PPP en 2004, permet tous les détournements de la loi. L’État et les parties privées ne sont plus tenus par rien, ni par le code des marchés publics, ni par la loi Sapin. Les offres peuvent évoluer au gré des discussions. Une solution proposée par un candidat peut être reprise par l’autre. Officiellement, cela permet à l’État de garder la main sur toute la procédure et prendre les meilleures idées partout. Dans les faits, cela peut donner lieu à tous les tours de passe-passe.

Vinci, premier groupe de BTP et premier concessionnaire autoroutier en France, qui était très attendu, choisit de ne pas répondre à l’appel d’offres « jugé trop compliqué » selon un de ses dirigeants. Trois candidatures demeurent : celle du groupe italien autoroutier, Autostrade, au départ tout seul ; celle de Sanef, deuxième groupe autoroutier français contrôlé par l’espagnol Abertis, accompagné par Atos et Siemens ; enfin un troisième consortium est emmené par Orange. Les enjeux sont si importants qu’ils vont donner lieu à une bataille féroce.

 Soupçons de corruption

Pierre Chassigneux 
Pierre Chassigneux© Dr

Le 13 janvier 2011, Pierre Chassigneux, préfet, ancien responsable des renseignements généraux, ancien directeur de cabinet de François Mitterrand, devenu président de Sanef, écrit à Jean-Paul Faugère, directeur de cabinet du premier ministre François Fillon. Il est inquiet. Par de multiples bruits de couloirs, si fréquents dans l’administration, la même information lui revient : la proposition de Sanef qui, jusqu’alors semblait en tête, est en train d’être distancée par celle d’Autostrade. Celui-ci fait maintenant figure de favori.

Dans sa lettre, Pierre Chassigneux met en garde le directeur de cabinet sur la candidature d’Autostrade, qui n’a aucune référence en matière de télépéage à la différence de Sanef. Il le prévient aussi qu’au vu d’un certain nombre de distorsion dans l’appel d’offres, son consortium n’hésitera pas à porter le dossier devant le tribunal administratif. Son courrier est explicite : « Ajouté au risque politique évident que présente déjà l’instauration d’une taxe poids lourds, celui d’un cafouillage de mise en place dû à l’incapacité de l’opérateur choisi, additionné d’un contentieux (…)  dont le résultat ne fait aucun doute, me paraît présenter une forte accumulation de facteurs négatifs. » Il ajoute : « Le groupe est tout à fait prêt à s’incliner devant une offre concurrente jugée meilleure, à condition que les règles de fair-play et de saine concurrence soient respectées, ce qui n’est hélas ici manifestement pas le cas. »

Car le consortium emmené par Sanef a noté tous les changements intervenus depuis le dépôt des candidatures à l’appel d’offres. Le groupe italien qui était tout seul au départ s’est « francisé » en s’adjoignant le concours de la SNCF, Thalès, SFR et Steria comme partenaires très minoritaires (Autostrade détient 70 % du consortium). De plus, l’État a introduit des critères très imprécis pour évaluer les offres, comme celui de la crédibilité. Il a  aussi changé les critères du coût global de l’offre. Enfin, le consultant extérieur, Rapp Trans, chargé d’aider l’État à évaluer les candidatures, est aussi conseiller d’Autostrade dans de nombreux projets. Cela fait beaucoup de transgressions par rapport aux règles usuelles.

Mais il y a un autre fait qui alarme Pierre Chassigneux. Des rumeurs de corruption circulent autour de ce contrat. Sanef se serait vu conseiller d’appeler un grand cabinet d’avocats, rencontré dans de nombreuses autres affaires, s’il voulait l’emporter. L’ancien directeur des RG décide alors, comme cela a déjà été raconté par Charlie Hebdo et Le Point, de faire un signalement auprès du service central de prévention de la corruption.

Tous ces faits ne semblent pas retenir les pouvoirs publics. Le 14 janvier 2011, le classement des appels d’offres, signé par Nathalie Kosciusko-Morizet, est publié : Autostrade, comme l’a annoncé la rumeur, est en tête. Sans attendre les deux mois de réflexion accordés par les textes, la ministre de l’écologie choisit de retenir tout de suite l’offre du candidat italien.

Furieux, le consortium emmené par Sanef  dépose une requête en référé devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise pour contester l’appel d’offres. Il reprend tous les griefs qu’il a déjà relevés pour souligner la distorsion de concurrence. Une semaine après, le tribunal administratif lui donne raison sur de nombreux points, notamment le changement de la candidature d’Autostrade avec l’arrivée de la SNCF, le caractère discrétionnaire des critères, le conflit d’intérêts avec le conseil de l’État, Rapp Trans, et casse l’appel d’offres.

 

Jean-Paul Faugère, directeur de cabinet de François Fillon  
Jean-Paul Faugère, directeur de cabinet de François Fillon © dr

Dans ses attendus, le tribunal administratif souligne notamment un point intéressant, celui du prix : « L’État ne paierait pas le prix stipulé dans l’offre du candidat mais un prix qui se formerait dans des conditions qu’il ne maîtrise pas et qu’un candidat peut, le cas échéant, manipuler ; que le critère du coût global a été privé de signification par le pouvoir adjudicateur en introduisant la modification tendant à ne plus rendre comme objectif obligatoire le pourcentage d’abonnés ; qu’ainsi des soumissionnaires tels qu’Alvia (nom du consortium dirigé par Sanef) ont été défavorisés », écrivent les juges.

Sans attendre, Thierry Mariani, ministre des transports, fait appel de la décision du tribunal administratif auprès du conseil d’État, au nom du gouvernement. Le 24 juin 2011, le conseil d’État casse le jugement du tribunal administratif, déclare l’appel d’offres valable et confirme la candidature retenue d’Autostrade. Ce jour-là, selon des témoins, Jean-Paul Faugère, ancien magistrat au conseil d’État, serait venu exceptionnellement assister à la délibération.

Affaire d'Etat

Mais tout ce remue-ménage a laissé des traces. Au ministère des transports et de l’équipement comme dans les milieux du bâtiment, on n’a guère apprécié les initiatives de Pierre Chassigneux. D’autant qu’après avoir saisi la direction de la prévention de la corruption, il a aussi signalé le dossier à la brigade de la délinquance économique. Dans le monde discret du BTP, ce sont des choses qui ne se font pas. Et on le lui fait savoir. « On a fait pression sur moi pour que j’arrête. Certains sont venus me voir en me disant de tout stopper, sinon (dixit) "des gens risquaient d’aller en prison" », raconte Pierre Chassigneux aujourd’hui. Un de ses amis préfets, proche du pouvoir, lui confirmera en juillet 2011 : « C’est une affaire d’État. »

Les représailles ne tarderont pas à son encontre. Dès le printemps, le milieu du BTP décide de le rayer de la présidence de l’association des autoroutes de France qui lui était destinée. Plus tard, profitant de ce que Pierre Chassigneux est atteint par la limite d’âge, l’actionnaire principal de Sanef, l’espagnol Abertis, qui a aussi des liens étroits avec l’italien Autostrade – ils voulaient fusionner en 2007, mais la direction de la concurrence européenne s’y est opposée –, optera pour un candidat nettement moins turbulent pour le remplacer : il nommera Alain Minc.

Lorsqu’il était président de la commission des finances à l’Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac s’était intéressé aux conditions d’obtention du contrat de partenariat public-privé et avait auditionné Pierre Chassigneux. Il y fera référence lors d’un débat à l’Assemblée sur l’écotaxe le 17 juillet 2012  : « La régularité des procédures qui ont suivi l’adoption de la loi a été contestée devant les juridictions administratives. En première instance, l’appel d’offres qui avait attribué le marché à une entreprise italienne aux dépens d’une entreprise française, la société des autoroutes du Nord et de l’Est de la France, a été annulé. Le Conseil d’État a rétabli en appel la décision. Il ne m’appartient pas de juger les raisons pour lesquelles la Haute assemblée a désavoué la première instance, mais ceux qui s’intéressent à ce sujet seraient sans doute intrigués par certaines des modalités qui ont présidé à cette conclusion », déclare-t-il alors. 

Le ministère du budget, cependant, ne semble jamais s’être vraiment penché sur le sujet. Lorsque Pierre Chassigneux s’est enquis des suites données au dossier, un conseiller lui a répondu que c’était désormais dans les mains de la justice.

Une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet de Paris. En juin 2011, le dossier a été transmis au parquet de Nanterre, territorialement compétent. À l’époque, ce parquet est dirigé par le juge Philippe Courroye.  Depuis, il n’y a plus aucune nouvelle sur le sujet.


Un contrat en or


Au fur et à mesure des discussions avec l’État, le contrat de partenariat public-privé a beaucoup évolué par rapport à ce qui était envisagé au moment de l’appel d’offres. De dix ans au départ, celui-ci est passé à treize ans et trois mois. Comment ? Pourquoi ? Rien n’a été dit à ce sujet. Est-ce que cela seul ne remet pas en cause le contrat ?

 

Thierry Mariani 
Thierry Mariani© dr

Mais ce changement est tout sauf anodin : au lieu de 2,4 milliards, ce sont 3,2 milliards d’euros qui sont promis à la société Ecomouv, société formée par le consortium dirigé par Autostrade. Jamais l’État n’a signé un PPP aussi ruineux. À titre d’exemple, le contrat de PPP pour la cité judiciaire de Paris, fortement contesté lui aussi, prévoit une rétribution de 3 milliards d’euros pour Bouygues qui a gagné l’adjudication. Mais c’est sur une période de trente ans.

« Vous ne pouvez pas comparer la construction d’un bâtiment à un marché d’équipements où il faut des investissements, des remises à niveau, du personnel », objecte Thierry Mariani. Parlons-en justement des équipements, des investissements. Sous prétexte qu’il s’agit d’un contrat privé, peu de détails sont donnés. La société Ecomouv a pour mission d’assurer la surveillance de quelque 15 000 kilomètres de routes nationales. Elle affirme avoir investi 600 millions pour l’installation des portiques de télépéage, les boîtiers de géolocalisation, les logiciels. Un terrain a été acheté à Metz auprès du ministère de la défense pour installer des centres d’appels.

Mais la société va aussi bénéficier de l’aide des douaniers, comme le confirme Élie Lambert de Solidaires douanes : « Nous sommes dans une complète confusion des genres. D’un côté, cette société va percevoir l’impôt, aura le droit de mettre des amendes, ce qui est aussi du jamais vu dans l’histoire de la République. Mais de l’autre, les services de Douanes vont être requis pour poursuivre et arrêter les contrevenants. C’est-à-dire que la tâche la plus coûteuse et la plus difficile est mise à la charge du public, pour des intérêts privés. » 

Côté recettes, l’État s’est engagé à verser 20 millions par mois à la société à partir du 1er janvier 2014, quelle que soit la date de départ de l’écotaxe. « Il faut bien commencer à rembourser les investissements et les frais financiers », a expliqué Michel Cornil, vice-président du groupement au Figaro. Ecomouv n’a pas retourné nos appels.

On comprend que la société soit impatiente de réaliser très vite des rentrées d’argent. Car tout son montage financier repose sur une lévitation : une pincée de capital et une montagne de dettes. Créée le 21 octobre 2011, juste après la signature définitive du contrat, la société dominée par Autostrade – ils ont sept représentants sur dix – a constitué un capital de 30 millions d’euros. Pour un projet évalué autour de 800 millions d’euros, c’est peu. Il est étonnant que cet aspect n’ait pas attiré l’attention de l’État. Comment confier un tel projet à une société si peu solide même si elle a des actionnaires puissants derrière elle ? Que se passe-t-il si tout dérape ? Qui intervient ? On craint de connaître la réponse.

Dès la première année, compte tenu des pertes liées aux investissements de départ, elle n’avait plus que 9 millions de capital. Depuis, à notre connaissance, aucune augmentation de capital n’a été réalisée. En face, il n’y a que des dettes. Au 31 décembre 2012, la société avait déjà un endettement de 300 millions d’euros. Selon ses déclarations, celui-ci s’élève à 485 millions d’euros aujourd’hui.

L’effet de levier est donc gigantesque. Le financement est apporté par un consortium de banques emmené par le Crédit agricole, les banques italiennes Unicredit et Mediobanca, la Deutsche Bank, le Crédit lyonnais et la Caisse des dépôts. Le taux moyen est de 7,01 %. L’État, lui, emprunte à 2,7 %.

Goldman Sachs en percepteur ?

Le montage est conçu de telle sorte que la société qui va dégager une rentabilité hors norme – sur la base des versements prévus, les investissements seront remboursés en moins de trois ans – ne fera jamais de bénéfices. Enfin, officiellement. Ce qui lui permettra de ne jamais payer d’impôts. Un comble pour celui qui se veut percepteur au nom de l’État.

Un alinéa prévoit que Autostrade est libre de revendre toutes ses actions après deux ans de fonctionnement, après en avoir informé l’État qui n’a rien à dire sur le changement de contrôle, selon les statuts de la société. Là encore, pourquoi l’État a-t-il consenti une telle libéralité ? Compte tenu du dispositif, il n’est pas impossible que dans les prochaines années, Ecomouv repasse, avec fortes plus-values à la clé pour ses anciens propriétaires, dans d’autres mains attirées par cette rente perpétuelle. Un Goldman Sachs par exemple, qui prendrait ainsi un contrôle direct sur les impôts des Français. 

Curieusement, à entendre la société Ecomouv, elle n’a que des droits vis-à-vis de l’État. Il lui doit 800 millions de dédit si le contrat est cassé, 20 millions d’euros au 1er janvier 2014, même si l’écotaxe est retardée. Mais il n’est jamais évoqué ses propres engagements. Dans tout contrat, il est normalement prévu des dates de mise en exécution, des pénalités de retard ou si les recettes ne sont pas à la hauteur espérée, faute d’une mise en place satisfaisante. Dans celui d’Ecomouv, il n’en est jamais question.

Les retards pourtant sont nombreux. L’écotaxe devait être mise en place en avril 2013 en Alsace et en juillet 2013 dans toute la France. Cela n’a pas été possible. Ecomouv n’était pas prêt. Le système technique était toujours défaillant. Comment se fait-il que l’État n’invoque pas des pénalités de retard, des amendes pour manque à gagner des recettes, voire n’ait pas envisagé la mise en œuvre d'une clause de déchéance ? Faut-il croire que le contrat a été rédigé de telle sorte que l’État soit dépourvu de toute arme ? Dans ce cas, qui a accepté de telles clauses ?

Fin octobre, le système de télépéage n’a toujours pas reçu l’attestation de validation par l’administration. Cette attestation est espérée en novembre. De même, il était prévu afin que le système de perception fonctionne bien que 800 000 abonnements de télépéage soient souscrits au moment du lancement. Fin octobre, les abonnements ne dépassaient les 100 000. « La suspension de l’écotaxe décidée par Jean-Marc Ayrault est une vraie bénédiction pour Ecomouv. Car il n’est pas prêt pour entrer en service au 1er janvier. Cela lui permet de cacher ses défaillances », dit un connaisseur du dossier.

Une taxe qui n’a plus d’écologique que le nom

Il existe tant de problèmes autour de ce contrat de PPP que cela semble impossible qu’il demeure en l’état. Mais le pire est que l’écotaxe, telle qu’elle a été conçue, ne répond en rien aux objectifs d’une véritable fiscalité écologique souhaitée officiellement par l’État.

Lorsque Jean-Louis Borloo présente son projet d’écotaxe à l’Assemblée, le 17 juin 2009, le texte est adopté à une quasi-unanimité. À droite comme à gauche, chacun se félicite de cette avancée écologique. Chacun alors semble avoir compris qu’une nouvelle fiscalité écologique est en train de se mettre en place sur la base du pollueur-payeur, et que les recettes vont servir au développement des transports durables. Erreur !  Car le ministère des finances veille. L’écotaxe pour lui, ce sont des recettes nouvelles pour remplacer les 2 milliards d’euros évaporés à la suite de la perte des autoroutes, bradées au privé. Un moyen aussi de récupérer en partie la TVA sociale que le gouvernement n’a pas réussi à mettre en place.

« Quand l’Allemagne a instauré une taxe sur les transports routiers, les élus alsaciens ont vu tous les camions passer chez eux. Ils ont alors demandé l’instauration d’une taxe pour freiner les nuisances et compenser les dégâts. L’idée a soulevé l’enthousiasme. Taxer les poids lourds était une idée de financement qui circulait depuis 2000. Alors qu’il y avait des autoroutes payantes, les routes nationales restaient gratuites. Pour les camions, c’était un moyen d’échapper aux taxes. Dans l’esprit de Bercy, cette taxe devait être récupérée par les camionneurs et payée par les consommateurs. Ensuite, on habillait tout cela de vert », raconte un ancien membre de cabinet ministériel à Bercy. C’est bien cela qui s’est passé : on habillait de vert sur les routes gratuites jusqu’alors.

Lorsque le Conseil d’État approuve le 27 juillet 2011 le schéma futur de taxation du réseau routier soumis à l’écotaxe, il y a une première surprise : les autoroutes, principaux points de transit de tous les transports internationaux, n’y figurent pas. Motif avancé par les intéressés : les camions paieraient déjà la taxe au travers des péages. Dans les faits, ils ne paient rien du tout. Les sociétés privatisées d’autoroutes reversent juste une redevance d’utilisation du domaine public. Alors que la Cour des comptes dénonce l’opacité des tarifs et l’enrichissement sans cause des sociétés d’autoroutes, la redevance n’a jamais été réévaluée depuis leur privatisation : elle est de 200 millions d’euros par an pour 7,6 milliards de recettes en 2011. Le gouvernement vient de l’augmenter de 50 % pour la porter à 300 millions d’euros.

« Ne pas inclure les autoroutes, c’est donner une super-prime au privé. Tout est fait pour créer un effet d’aubaine et ramener du trafic sur les autoroutes privées, au détriment de l’État et des principes écologiques », dénonce Élie Lambert.

Mais il n’y a pas que cela qui choque dans le schéma retenu. La Bretagne, qui n’a aucune autoroute payante, se voit imposer une taxation sur l’essentiel de son réseau routier. Comme le relevait un excellent billet de blog sur le sujet, l’Aveyron, grand lieu de passage de camions s’il en est, se voit taxé en plusieurs endroits. En revanche, a pointé le député Joël Giraud, toutes les routes nationales empruntées par les camions entre la France et l’Italie, et qui sont un cauchemar pour certains villages, n’ont aucun portique de taxation. « Nous sommes dans un scandale absolu. Cette taxe qui devait servir à limiter les transports internationaux, réduire les nuisances, a été conçue et détournée de telle sorte qu’elle va en fait être payée par les seuls transporteurs locaux, tandis qu'une partie des transports internationaux en seront exemptés. Une fois de plus, le monde politique et le monde administratif tuent le pays réel », accuse Jean-Jacques Goasdoue, conseiller logistique.

La fureur des clients et des transporteurs est d’autant plus grande qu’ils se sentent totalement piégés. Dans cette période de crise, alors que la pression des clients et en particulier de la grande distribution est très forte, ils ne peuvent pas répercuter la taxe qui varie entre 3,7 % et 4,4 % en moyenne, quelle que soit la valeur de la marchandise transportée, et qui va venir s’ajouter au prix de transport. Autant dire que pour nombre d’agriculteurs et de transporteurs, c’est leur marge qui risque de disparaître dans cette taxe.

Le pire est qu’ils n’ont aucun choix. Depuis l’annonce de l’écotaxe en 2009, rien n’a été fait pour développer des transports alternatifs, mettre en place des solutions de ferroutage, de transport multi-modal. La faillite de la SNCF en ce domaine est pointée du doigt. « Nous sommes en matière de transport ferroviaire dans une situation pire qu’en 2007. Alors que le fret en Allemagne ne cesse de se développer, chez nous il régresse à vue d’œil », accuse Jean-Jacques Goasdoue. « En 2008, il y avait eu un accord entre Sarkorzy et Pepy (président de la SNCF). Le gouvernement aidait la Sncf à conforter son pôle marchandise, en regroupant le fret et les transports routiers sous l’enseigne Geodis. Geodis a été confié à Pierre Blayau. Ce président qui a déjà ruiné Moulinex dans le passé est en train de ruiner Geodis. Sous sa présidence, le fret n’a cessé de régresser. Il a supprimé le transport wagon par wagon, fermé certaines gares de triage. Il a été incapable de mettre en place une offre sur les grandes lignes, d’aider au développement du transport multi-modal », poursuit-il. 

Aucun changement ne se dessine. Les 750 millions d’euros de recettes que l’État est censé percevoir par le biais de l’écotaxe doivent normalement servir à l’amélioration des infrastructures de transport. C’est l’agence de financement des infrastructures de transports qui a la responsabilité de gérer cet argent. Une agence parfaitement inutile, a dénoncé la Cour des comptes, mais qui a tenu lieu de sinécure pour certains : Gérard Longuet puis Dominique Perben, ancien ministre des transports, en ont eu la présidence depuis sa création en 2005. C’est le maire de Caen, Philippe Duron, qui la dirige depuis novembre 2012.

Cette agence n’a aucun pouvoir de décision. Elle ne fait que verser l’argent à des projets qui ont été sélectionnés ailleurs. Dans son rapport sur le sujet, le député UMP Hervé Mariton ne cachait pas quelle serait la principale utilisation de cet argent : tout devait être fait pour conforter l’offre routière et autoroutière française. Pas étonnant que la fédération des travaux publics ait été la première à s’émouvoir de la suspension de l’écotaxe. Elle devrait être la première bénéficiaire de cette manne. Cette fédération est dominée par les grands du BTP, qui (hasard...) sont aussi, à l’exception notable de Bouygues, les grands bénéficiaires de la privatisation des autoroutes.

Pour l’avenir, Bercy a déjà un schéma tout arrêté sur le futur de l’écotaxe. « Dans l’esprit des finances, il est évident que les recettes de l’écotaxe sont appelées à augmenter. En fonction de son acceptabilité, il est possible de jouer sur différents leviers : son taux, son périmètre – on peut très bien imaginer inclure certaines départementales dans la taxe – et son assiette. Pour l’instant, la taxe est payée par les camions au-dessus de 3,5 tonnes, mais il est possible d’abaisser ce seuil, d’aller jusqu’aux fourgonnettes », dit cet ancien haut fonctionnaire des finances. Un vrai projet écologique !

 

 

 

http://democratie-reelle-nimes.over-blog.com/article-le-roman-noir-de-l-ecotaxe-120890495.html

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 02:54

 

Syrie : Lettre ouverte d’un collectif d’avocats à François Hollande

 

 

Monsieur le Président,

 

Les soussignés, trois avocats français et un suisse, se sont rendus, à l’invitation de Monsieur le Bâtonnier de Damas, en Syrie, du 6 au 13 octobre 2013. L’objectif de notre voyage était principalement de découvrir, sur place, la réalité quotidienne de la complexe situation syrienne. Grâce à l’attitude des autorités locales, qui nous ont laissé toute liberté d’investigation, notre mission a pu être pleinement remplie.

Monsieur le Président, nous sommes en mesure de vous informer que l’opinion selon laquelle le Président Bachar el-Assad tirerait sur son peuple, « gazerait » sa population et serait responsable de plus de 100 000 morts est entièrement fausse.

Il est affligeant de constater à quel point les Occidentaux, et les Français plus que d’autres, sont désinformés et manipulés par les médias ! Nous ne savons pas si c’est également le cas pour vous et si les services spéciaux français pratiquent la même désinformation et manipulation à votre égard.

La réalité du terrain est que la Syrie est victime d’une agression interne et externe (plus de 40 000 combattants islamistes étrangers, dont peut-être plusieurs centaines de Français, se battent en Syrie).

La réalité est que les agresseurs (y compris occidentaux) sont d’une sauvagerie extrême ; nous avons vu des vidéos insupportables où ceux-ci découpent des êtres vivants ou morts en morceaux.

La réalité est que toute une population souffre de la hausse des prix, des difficultés d’approvisionnement et surtout d’être pris sous le feu et les bombardements ou attaques incessantes des « rebelles » et parfois de l’armée syrienne, dans le cadre des ripostes.

Vous savez que vos alliés, des monarchies théocratiques obscurantistes du Golfe (Qatar, Arabie Saoudite), aident ces criminels en les armant, en les finançant ; que la Turquie islamiste les soutient en permettant, à travers sa frontière, leur approvisionnement ; qu’enfin, les gouvernements occidentaux les favorisent en leur apportant une aide matérielle et logistique (armes « non-létales » ! qu’est-ce donc ?), ainsi que médiatique.

Vous devez savoir aussi que tous ceux qui sont responsables de cette sale guerre et ses cortèges de misères et de morts sont précisément tous ceux qui soutiennent les pseudo-rebelles, quels que soient les modalités de ce soutien et les véritables prétendus bénéficiaires de cette aide (la réalité sur le terrain est que les islamistes sont beaucoup plus nombreux que les autres, dont la pseudo-Armée syrienne libre).

Que vous l’acceptiez ou pas, le gouvernement légitime de l’État syrien combat la barbarie et la sauvagerie islamistes pour la défense de la civilisation, de l’intégrité de son territoire, la survie et la liberté de son peuple.

La guerre que sèment sur le terrain les opposants se résume, à ce jour, à des tirs meurtriers de « snipers » sur les soldats syriens ou sur des civils et sur l’envoi récurrents d’obus meurtriers sur des quartiers populaires (le vendredi 11 octobre, un obus dans la banlieue de Damas a fait 21 morts et de nombreux blessés, le samedi 22 un autre a fait 2 morts et plusieurs blessés, dans la rue même de notre hôtel).

Comprenez bien, Monsieur le Président, qu’autant que vous soutiendrez, avec les autres nations interventionnistes, les agresseurs sanguinaires, ceux-ci seront en mesure de poursuivre leur agression et de semer la misère et la mort ; sans même évoquer les risques de bombardements directs dont vous étiez le premier partisan.

Tous nos interlocuteurs, officiels ou gens de la rue, nous posaient systématiquement la même question : « Pourquoi le pays des droits de l’Homme soutient-il les agresseurs et les assassins et nous combat-il directement ou indirectement ? »

Que faut-il répondre à cette question légitime ? Nous vous appelons solennellement, Monsieur le Président, à reconsidérer votre position à l’égard de l’État syrien, et à cesser tout soutien aux agresseurs armés, quelles que soient leurs propres dénominations.

Des élections générales sont prévues en Syrie au printemps 2014 ; il n’est pas d’autre issue acceptable que le soutien à un processus démocratique de rétablissement de la paix dans ce pays, pour que cessent définitivement les atrocités et les horreurs quotidiennes dont vos protégés sont les coupables exclusifs.

Nous sommes à votre disposition pour vous rencontrer et vous exposer plus avant les résultats de notre mission. C’est de l’honneur de la France dont il est question et pas seulement du rétablissement de la paix et de la sérénité dans un État indépendant.

Nous osons espérer que ce courrier ne finira pas dans les poubelles de l’Élysée, ce qui serait une offense supplémentaire aux nombreux cadavres qui jalonnent le parcours de vos alliés sur le terrain.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos salutations démocratiques.

 

Fait à Grenoble, le 5 novembre 2013

Bernard RIPERT, avocat au Barreau de Grenoble
Damien VIGUIER, avocat au Barreau de l’Ain
Pascal JUNOD, avocat au Barreau de Genève
Fabrice DELINDE, avocat au Barreau des Hauts-de-Seine

 

http://www.egaliteetreconciliation.fr/Syrie-lettre-ouverte-d-un-collectif-d-avocats-a-Francois-Hollande-21182.html

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