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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 21:58

 

 

Dimanche 3 novembre 2013

Irak dix ans aprèsDix ans ont passé depuis l’invasion de l’Irak par les États-Unis. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les objectifs officiels de l’époque, à savoir la libération du peuple irakien de l’oppression de la dictature de Saddam Hussein pour en faire un pays moderne et démocratique, ont lamentablement échoué. Pis, c’est chaque jour un peu plus le chaos dans un pays en ruine.  

 

Les chiffres parlent malheureusement d’eux-mêmes. Ce sont ainsi plus de 4.700 personnes qui ont perdu la vie dans des attentats depuis le début le l’année. 638 victimes sont à inscrire sur le compte du seul mois d’octobre. Personne n’est en mesure de déterminer exactement combien de personnes ont été tuée en Irak depuis l’invasion étasunienne. Selon une enquête menée conjointement par le gouvernement iraquien et l’Organisation mondiale de la santé, 151.000 Irakiens seraient morts de mort violente entre mars 2003 et juin 2006. Les Nations-Unies ont confirmé qu’en 2006 (dernière année où les données sont réputées fiables), au moins 35.000 personnes avaient été tuées.

 

Dix ans ont passé. Les media occidentaux semblent avoir perdu tout intérêt pour l’Irak, se concentrant sur des sujets plus consensuels ou attrayants. Entre les rives du Tigre et de l’Euphrate, au cœur du Moyen-Orient, une longue et laborieuse transition démocratique est en train de prendre forme depuis la fin officielle de la guerre, le 1er mai 2003.

 

Un parcours non sans obstacles tant sont nombreuses les contradictions de l’Irak moderne. Le pays est divisé par une guerre civile féroce entre fractions sunnites et chiites. La violence s’est intensifiée après que les forces de sécurité ont violemment réprimé le 23 avril dernier une manifestation sunnite contre le gouvernement, provoquant la mort de dizaines de personnes. Cet épisode a provoqué la réaction des sunnites, qui se sentent marginalisés par le gouvernement chiite. Les milices d’al-Qaïda tentent de tirer profit de la situation, ce qui touche par ricochet le gouvernement.

 

Les forces d’intervention étasuniennes n’ont jamais vraiment réussi à stabiliser la situation, allant parfois jusqu’à s’engager dans des opérations contraires au droit des conflits armés. Elles ont ainsi utilisé en novembre 2004 des armes chimiques lors de l’assaut de la ville de Falloujah, considérée par les troupes américaines comme un bastion d’insurgés sunnites. Un an plus tard, une folle équipée de Marines tuaient à Haditha vingt-quatre civils irakiens sans défense. Difficile d’apparaître dans ces conditions comme des libérateurs animés des plus nobles sentiments…

 

Ni les États-Unis, ni même les Nations-Unies n’ont porté un intérêt suffisant à l’actuel gouvernement irakien du Premier ministre Nouri al-Maliki, rongé par la corruption, par la répression et par la longue série de violations des droits humains. Les forces de police, contrôlées par les ministères de l’intérieur et de la défense, sont intervenues massivement entre la fin 2011 et mars 2012 avant un sommet de la Ligue arabe à Bagdad, et ont arrêté des centaines de personnes manifestant contre le gouvernement comme une mesure pour prévenir d’éventuels attentats terroristes. L’ONG étasunienne Human Rights Watch a critiqué très sévèrement dans son rapport annuel le nouvel Irak, l’accusant de devenir un état policier. Plusieurs détenus ont même témoigné avoir été torturés.

 

Rien d’étonnant à ce que la peine capitale soit dans ce contexte un sujet brûlant. Au moins 125 personnes ont été exécutées depuis le début de l’année ; quarante-deux l’ont été la semaine où on a célébré la journée mondiale contre la peine de mort. Amnesty international fait notamment remarquer qu’en violation des normes internationales, la loi institue la peine de mort pour certaines infractions dont on ne peut considérer qu'elles entrent dans la catégorie des crimes les plus graves, notamment l'enlèvement n'entraînant pas la mort. La peine capitale est ainsi devenue pour le gouvernement un moyen d’asseoir sa mainmise sur le pays.

 

Le bilan qu’on peut tirer de ces dix années en Irak ne peut être que négatif. L’intervention étasunienne n’a pas apporté que la misère et et la corruption. Il n’y a pas un eu un jour depuis 2003 sans que le pays ne perde une vie des suites des violences terroristes. Si c’est ça le modèle de démocratie que l’Occident s’évertue à exporter depuis des décennies, il n’y a vraiment pas de quoi s’émerveiller tant l’échec de ce système politique, économique et social, est patent.

Capitaine Martin

 

 

 

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2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 01:42

Une banque villageoise, solidaire et qui prête à taux zéro : rien d’impossible (Basta!)

Posted: 01 Nov 2013 09:37 AM PDT

C’est une autre manière de reprendre le contrôle de son épargne. Les habitants de la vallée d’Aspe, près de la frontière espagnole, ont décidé de se mobiliser pour relocaliser l’économie et créer des emplois. Leur association Aspe solidaire collecte l’épargne des habitants afin de financer des activités dans la vallée. Et d’enrayer la désertification. L’économie par les citoyens et au service des citoyens.


Cela s’est produit sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, mais ce n’est pas un miracle. Une centaine d’habitants de la vallée d’Aspe ont décidé de re-dynamiser l’économie de leur territoire en voie de désertification. Ils ont monté l’association Aspe Solidaire. Objectif : collecter l’épargne des habitants et proposer des prêts à taux zéro à des porteurs de projets désireux de s’installer dans la vallée, où vivent 2 700 personnes. Cette initiative « permet aux gens qui veulent faire quelque chose pour le territoire, sans avoir envie d’être élus, de s’impliquer », explique Anne, l’actuelle présidente de l’association. Car la vallée est quelque peu sinistrée.


Avec un revenu net par foyer inférieur de 6 000 € à la moyenne nationale et une population vieillissante, la vallée d’Aspe peine à retenir les enfants du pays. La population des 13 villages béarnais qui constituent la communauté de communes a chuté de 65% depuis le début du siècle dernier ! Si l’exode rural s’est depuis ralenti, la tendance est toujours à la baisse. Quand Anne, historienne, a organisé une réunion d’information sur la mise en place d’un dispositif d’épargne citoyenne et solidaire, les riverains ont accouru. « C’était un soir de janvier 2011, il faisait froid, il neigeait, mais il y a avait quand même une centaine de personnes. Cela montre que l’idée correspondait à une attente », souligne cette conseillère municipale d’Accous, l’un des villages de la vallée, qui précise que l’association ne bénéficie d’aucune subvention.

[...]

Lire la suite sur www.bastamag.net

 

Relocaliser l’économie


Pendant la soirée, elle leur parle de l’exemple du Comité local d’épargne pour les jeunes (Clej) qui soutient des projets de jeunes basques grâce à l’épargne solidaire. L’assemblée est emballée et un rendez-vous est fixé la semaine suivante pour créer l’association. Les membres se donnent un an pour recueillir les prêts des volontaires. Emma, caissière dans une grande surface des environs, et trésorière de l’association, n’a pas été difficile à convaincre : « Niveau emploi, il n’y pas grand chose par ici. Alors j’ai été emballée par l’idée d’aider à créer de l’activité dans la vallée. »


Plus d’une centaine d’habitants, soit 4% des habitants de la vallée, prêtent chacun 180 € à l’association (15€ par mois). « Les gens avaient envie de faire quelque chose pour dynamiser l’économie locale. Pour ma part, je voulais agir à ma façon, avec mes compétences limitées, pour faire avancer les choses, permettre à des gens de développer une activité, de vivre et d’habiter dans la vallée », témoigne Francis, retraité de l’Éducation nationale.


Bien que la démarche soit avant tout économique, certains membres de l’association mettent en avant des considérations écologiques : « Il s’agit de relocaliser l’économie en raccourcissant les circuits de production et de consommation », argumente l’ancien enseignant. « Cela n’a pas de sens de faire une heure de voiture, de dépenser du gasoil et de polluer pour des activités dont la présence se justifie dans la vallée », ajoute Monica, une ancienne bergère.


20 000 € sont récoltés en 2011, qui vont bénéficier à cinq projets : une entreprise de céramique, une autre de ferronnerie-mécanique, deux structures d’aide au développement commercial et un centre de soins esthétiques voient le jour. Un peintre au RSA a également fait appel à l’association en urgence pour pouvoir acheter des cadres afin de proposer ses œuvres à la vente lors d’une exposition. Ici, on ne stigmatise pas, on aide.


Soutien financier et moral


Parmi ces porteurs de projets, certains n’auraient pas pu démarrer leur activité sans l’association. « Les banques ne prêtent qu’aux riches, pas à ceux qui n’ont pas un radis, c’est bien connu, sourit Francis. L’argent prêté sert d’apport personnel à ceux qui n’en ont pas. » Un argument non négligeable pour convaincre les institutions financières de la viabilité d’un projet. « Avoir l’aval des gens de la vallée donne de la crédibilité auprès des banques », confirme Aurélie qui, grâce au soutien de l’association, a réussi à convaincre son conseiller de lui prêter de l’argent. Un peu plus d’un an après le lancement, la fréquentation de son salon esthétique est supérieure à ses prévisions.


Pour autant, l’association ne répond pas favorablement à toutes les sollicitations. « Même si ce ne sont pas de grosses sommes, nous sommes attentifs aux projets soutenus par respect pour les gens qui ont placé leur espoir dans l’association », justifie Francis. Ainsi, chaque demande de prêt est étudiée par l’hétérodoxe conseil d’administration (voir la photo) et un comité technique composé de chefs d’entreprises ou de banquiers, pour la plupart à la retraite. Ceux-ci évaluent la solidité du projet et accompagnent les entrepreneurs dans leurs démarches, de l’étude de marché à la définition de leurs besoins de trésorerie. Plus qu’une somme d’argent, Aspe solidaire apporte un soutien technique et moral à ceux qui la sollicitent.


Quand l’économie développe le lien social


Les membres de l’association insistent sur l’aspect solidaire de leur démarche. Les membres ne peuvent espérer un quelconque retour sur investissement lorsqu’ils prêtent de l’argent. Car, quand les sommes engagées sont remboursées 3 à 4 ans plus tard, l’inflation est passée par là. « Nous ne sommes pas dans une logique capitaliste », résume Anne. En outre, les prêteurs n’ont aucune garantie de revoir leurs deniers. « Si quelqu’un ne rembourse pas son prêt, on ne se retourne pas contre lui. On se contente de répartir la perte sur tout le monde, c’est le côté militant des prêteurs. Des liens forts de responsabilité et de confiance se crée entre tous les membres », estime Francis. Et le prêt sonnant et trébuchant n’est pas l’unique levier. « Tout le monde aide à son niveau, soit en prêtant, soit en allant acheter chez une des personnes aidées par l’association. Cela crée un réseau de solidarités ». Un point de vue partagé par Myriam, membre du Conseil d’administration : « Par l’économie, on développe le lien social », juge-t-elle.


 

Le succès de la première levée de fonds en 2011 a été tel que les membres d’Aspe solidaire ont décidé d’organiser une deuxième collecte d’épargne en 2013 pour répondre aux sollicitations de nouveaux porteurs de projets. Alors même que les premiers prêts n’ont pas été remboursés, 73 personnes se sont déjà engagées et les inscriptions courent jusqu’à la fin de l’année. Le caractère concret de l’action et sa capacité à mobiliser au delà des clivages partisans fait reconnaître à Monica, élue d’un village de la vallée, qu’elle se sent « parfois plus utile ici qu’au conseil municipal ». Une expérience à multiplier (A relire : quand les pauvres inventent une banque véritablement populaire) ?


Emmanuel Daniel (Tour de France des alternatives)


Photo de une : CC Jean-Michel Baud

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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 21:02

 

 

 

Non aux pubs sur ce blog !

A over-blog: Scandale, invasion soudaine de pubs abjectes sur mes blogs

 

ALERTE ! Over-blog pollue les blogs qu'on lui confie !.

A over-blog : Si ce blog est dénaturé illégitimement par VOS pubs, je l'arrête

 

 

31 octobre 2013

Article en PDF : Enregistrer au format PDF

Cette semaine, exceptionnellement, notre analyse du monde est marquée du signe du rabat-joie, du party pooper, de l’empêcheur de s’amuser en rond, du Schtroumpf à lunettes bientôt corrigé par le Schtroumpf costaud, du barde réduit au silence lors du banquet de fin d’une aventure d’Astérix. À travers un édito parano qui coupe les poils de cul en huit, nous allons tenter de mettre en avant ce qu’est le soft power, arme parmi les plus efficaces de l’arsenal diplomatico-propagandiste des grandes puissances impérialistes. Exemple à l’appui avec la ferveur halloweenesque qui envahit les esprits des grands et des petits au seul profit des confiseurs, déguiseurs et autres dentistes… Et de la politique internationale américaine.

 

Tout d’abord, définissons ce qu’est le soft power. Il s’agit de la force de persuasion d’une institution (état, entreprise, religion, association d’états, d’entreprises, d’intérêts…) émanant non pas de son pouvoir coercitif mais de ce que l’on pourrait rassembler sous les termes d’image, de relations publiques. Contrairement à la menace ou au chantage (économique, militaire, politique…) qui visent à imposer sa volonté à un tiers, le soft power s’applique à changer, en douceur, la volonté de ce tiers. Ce qui est d’autant plus efficace que cette persuasion est durable et apparaît comme naturelle, émanant de l’individu ou de la collectivité elle-même.

 

La culture, les médias, l’exemplarité par une attitude « ouverte » et « progressiste », la renommée scientifique, économique, sportive ou encore les artefacts consuméristes (Coca Cola, iPhone, prêt-à-porter…) en font partie, sans nécessairement être conçus en tant qu’armes de persuasion massives. Tout cela participe à la définition d’un mode de vie et d’un système de valeurs séduisants qui, par contagion, persuadent du bien-fondé ou de la nécessité d’une politique.

Résumé :
 le soft power s’apparente à de la séduction en matière de relations internationales. Obama le sympa, qui fait un fist bump au concierge de la Maison Blanche ; les Simpsons qui font rire et attendrissent le monde entier ; les exploits sportifs de Michael Phelps ou de Michael Jordan ; l’aspect sympathique et bon enfant d’une fête comme Halloween ; le cheese burger au bacon… Tout cela contribue à l’image positive de l’Amérique et de ses valeurs. Les actes de politique étrangère des USA seront donc plus faciles à vendre en raison de la sympathie que suscitent tous ces facteurs et de l’attrait pour le mode de vie à l’américaine.

 

 

Ceci étant établi, attardons-nous sur Halloween. Tout d’abord, qu’est-ce que c’est ? Pour faire court (et sans remonter jusqu’à ses origines païennes), disons qu’il s’agit de la célébration de la veille de la Toussaint, lorsque les âmes des morts refont surface et qu’on leur laisse donc de quoi grignoter et une lanterne pour se chauffer. Diverses traditions similaires exist(ai)ent dans le monde, dont chez nous : vos (grands-)parents se souviennent peut-être avoir fait des lanternes à base de légumes au début de l’automne pour aller chercher, de nuit, l’âne égaré de Saint-Martin.


Mais qui s’en souvient ? Certainement pas moi (merci Internet). Au-delà de ça, faites un sondage autour de vous et comparez le nombre de gens qui se déguisent le 31 octobre avec ceux qui vont fleurir les tombes des morts le lendemain. Sans appeler au traditionalisme réactionnaire, force est de constater que l’adoption du mode de vie à l’américaine depuis la seconde guerre mondiale fait encore des progrès. S’il n’y a pas de mal à s’amuser comme on l’entend le 31 octobre, il est important d’avoir conscience de la normalisation de l’adoption de ce type de traditions mercantilisées.

Ajoutez à cela tout le tcham-tcham commercial autour de la Noël et de la Saint-Valentin, et demandez à vos aînés comment l’on célébrait celles-ci il y a quelques décennies. Vous comprendrez un peu mieux à quoi ressemble l’impérialisme culturel et sa diffusion via le soft power  : à travers des films, des pubs, de la musique et des événements commerciaux, la Toussaint, la Noël et la Saint-Valentin ont réussi à répandre à travers le monde un certain mode de vie, l’American way of life.

 

Résumé : grâce à la culture américaine dont nous sommes friands, et parfois à raison, un certain style de vie s’est exporté à travers le monde sans imposer les critères religieux et les traditions qui y sont liées. Ce qui fonctionne mieux que la persécution religieuse à l’encontre de ceux qui, par exemple, ne vont pas à la messe le soir de Noël. Cela construit une proximité culturelle artificielle qui nous fait nous sentir plus proches des Américains que d’autres cultures littéralement voisines mais pour lesquelles nous n’avons pas le même intérêt.


À Bruxelles, un quart de la population a des « origines » musulmanes. Mais qui parmi vous a déjà célébré l’Aïd el-Kebir (fête du mouton), le nouvel an juif (Roch Hachana) ou tout simplement la fête de la Communauté flamande par simple sympathie pour l’un de vos proches ? Et qui n’a jamais raillé la culture de son voisin sans se rendre compte importer soi-même une bonne partie de sa culture ?


Vous comprenez peut-être un peu mieux désormais en quoi le soft power vous influence. Nous sommes souvent plus prompts à condamner nos voisins dont les traditions leur donnent l’allure de sauvages, d’étrangers, de gens autres. Cela contribue à vous empêcher d’aller à la rencontre de l’autre, de le comprendre, d’échanger. Alors même que vous adoptez un style de vie US sans le savoir, et bien que vous soyez peut-être le premier à critiquer la politique internationale américaine, vous identifiez plus facilement l’arabe, le musulman, le juif ou le Flamand (ou flamand, c’est selon) comme un autre, un concurrent, un adversaire en termes de valeurs et de culture (et a fortiori de politique). Malgré le fait que vous ayez bien plus en commun avec lui qu’avec l’Américain moyen.

 

Si l’on pense en outre à la culture de la peur (films d’horreur, épouvante, déguisements…) sur laquelle nous reviendrons dans un prochain article, le chantage terroriste (« file-moi des bonbecs ou je balance des œufs sur ta maison ») institutionnalisé et le sexisme (les déguisements féminins pour Halloween sont plus slutty que scary) exportés par cette fête (d’origine britannico-celte mais américanisée depuis le début du XXe siècle), Halloween est plus qu’une simple tradition festive. Elle incarne des valeurs, un mode de vie, une vision consumériste des traditions religieuses et folkloriques.

 

Comme pour de nombreux sujets, de l’effroyable « évidence imposée » d’une société injuste régie par le capitalisme financier à la « nécessité » humanitaire de bombarder tel ou tel pays, le soft power contribue à façonner les esprits de manière à ce qu’ils soient dans les meilleures dispositions possibles pour accepter l’inacceptable. Et surtout, cet hégémonisme culturel s’accompagne d’un état d’esprit qui suscite un mépris réflexe pour les opinions divergentes, qui favorise l’établissement de principes aberrants comme autant de « vérités », qui met au premier plan des intérêts des citoyens devenus consommateurs le divertissement et le sexe.

 

Quelques épisodes de votre série préférée, une pipe et au lit ! La justice sociale, le Grand Soir, un monde meilleur, tout ça… On verra après les fêtes de fin d’année. Ou après la Coupe du Monde.


Source : Feever.be

 

http://www.michelcollon.info/Halloween-le-soft-power-dans-toute.html



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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 20:20

 

 

 

 

Ce blog va-t-il arrêter ? 

 

Il est intolérable de voir

qu'over-blog salit ce blog

avec ses pubs partout

pour faire du fric sur le dos

des Lecteurs et de l'Administratrice.

 

C'est un grave abus (1).

Ce blog est alimenté régulièrement,

il ne doit donc pas recevoir de pubs.

 

En plus, elles sont abjectes,

il y en a partout,

elles empêchent toute lecture normale.

 

Si ces pubs continuent à souiller ce site,

je ne pourrai plus le travailler.

Et donc je cesserai de publier.


Si ce que vous voulez, Over-blog,

c'est provoquer l'arrêt de ce site

car il ré-informe

(il informe honnêtement),

continuez à le détériorer...

J'aurai compris.

 

Mâmon, ou moi femme de conviction,

il faut choisir.

 

D'avance, je m'excuserai auprès de mes Lecteurs :

Ils méritent le respect.

Je ne leur imposerai pas

l'épreuve de la lecture régulière

d'un blog souillé par la cupidité.


Personne ne m'achètera.

Je suis incorruptible.

Il n'y a rien de commun entre moi

et ceux qui se prostituent pour de l'argent.

 

Donc, si ce blog continue à être pollué

de façon illégitime

(je n'ai pas signé de contrat

pour monnayer mon travail,

et il est stipulé que les pubs ne sont visibles

que si aucun article ou commentaire n'est posté

pendant + de 45 jours),

à mon regret, je serai obligée de l'arrêter.

 

Chers Lecteurs et Lectrices,

épris de qualité, je sais que vous comprendrez

ma décision de ne pas accepter l'intolérable.

Elle est un acte de résistance à l'abject,

je suis un défenseur des Consommateurs.

 

Dans quelques jours, nous saurons

si l'abus persiste (2),

et j'en tirerai les conséquences.

Over-blog sera seul responsable.

 

Quant à vous, si comme moi

vous ne supportez pas l'abjection,

il vous restera à fréquenter des sites

qui respectent le visiteur,

comme Blogger ou Wordpress,

pour ne citer que ces exemples.

  

 

Cordialement,

votre eva R-sistons

plus décidée que jamais à résister à l'intolérable


 

(1) Et que dire de l'abus concernant

la Communauté over-blog

que j'ai mise en place

("Journalistes et clubs de presse") ?

Elle est sabotée,

on ne peut cliquer sur mon nom,

il n'y a plus de demandes d'adhésion,

des blogs membres sont censurés

comme le remarquable

http://cequelesmediasnenousdisentpas.over-blog.com/

 


2) S'il s'agit d'une simple erreur réparée,

je continuerai à alimenter ce site. 

 

 

http://sensduclient.blogspot.fr/2012/04/ce-que-veulent-vraiment-les.html

 

 

    1. y'a pas moyen de retirer les pubs quand on accède au blogs !!! C'est pénible et ça ne donne plus envie de visiter les blogs

    2. .
    3. .
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30 octobre 2013 3 30 /10 /octobre /2013 03:18

 

 

Non aux pubs sur ce blog !

ALERTE ! Over-blog pollue les blogs qu'on lui confie !

http://cabinetdietetique-mazieres.fr/La_dietetique.htmconsultation diététique

Les 8 règles alimentaires les plus importantes

Observez autour de vous : chaque fois qu'on vous parle d'un régime, il y a toujours à la clé :

  • soit un livre à acheter (ou un CD ou un DVD) ;

  • soit des sessions (payantes) à suivre ;

  • soit des aliments d'une certaine marque (à acheter) ;

  • soit un appareil pour faire des exercices (à acheter) ;

  • et si vraiment on ne cherche pas à vous vendre directement quelque chose… c'est que vous écoutez la radio, la télévision, ou alors vous lisez un magazine ou un site Internet, et il y a partout, autour, avant et après, de la publicité… pour vous faire acheter !

Ainsi va le monde mais, pour une fois, vous allez pouvoir lire un avis totalement désintéressé sur les régimes.

La plupart des régimes sont basés sur le marketing, mais il y en a un qui est basé sur la science, et il s'agit du régime paléolithique. Il consiste à manger autant que possible ce que mangeaient nos ancêtres avant l'invention de l'agriculture. L'agriculture, et donc la consommation de céréales, n'ont commencé pour la plupart des hommes qu'il y a 5 000 ans, ce qui est extrêmement court à l'échelle de la vie de l'humanité. Ce n'est absolument pas assez pour avoir permis à nos organismes de s'adapter, par rapport aux millions d'années où nos ancêtres chasseurs-cueilleurs se nourrissaient de gibier, poissons, fruits, légumes, œufs, crustacés, noix de toutes sortes, graines, racines, et certaines feuilles, fleurs, bourgeons.

Ils n'avaient aucun moyen de récolter ni de produire de grandes quantités de farine et donc manger beaucoup de pain, pâtes, biscuits et viennoiseries n'était tout simplement pas possible. Le gibier quant à lui n'était pas élevé en batterie, et n'était pas nourri au maïs. Les poules elles-mêmes ne picoraient pas du grain ni du tourteau de soja, comme aujourd'hui, mais grattaient la terre à la recherche de vers, de graines et de végétaux.

Sur la base du mode alimentaire de nos ancêtres, donc, voici huit règles pour bien vous nourrir et être en bonne santé. A noter que, accessoirement, suivre ces règles vous fera rejoindre votre poids idéal, donc grossir si vous êtes trop maigre, et maigrir si vous êtes trop gros.

Règle n°1 : connaître la différence entre bons et mauvais glucides

Ce point est absolument capital, d'autant plus que nous avons été matraqués pendant les années 80 et 90 par la distinction sucres lents/sucres rapides, dont on sait aujourd'hui qu'elle ne correspondait à rien.

Nous avons par exemple appris que la baguette, la pomme de terre et les pâtes sont des « sucres lents ».

En réalité, ces trois aliments figurent parmi ceux qui se transforment le plus rapidement en glucose dans notre intestin. Ils font monter votre taux de sucre sanguin pratiquement aussi vite que le sirop de glucose pur, même s'ils sont faits à partir de céréales complètes. Leur consommation augmente le taux d'insuline et le stockage de mauvaises graisses, notamment les graisses abdominales et viscérales, catastrophiques pour la santé. Elles augmentent la résistance à l'insuline et peuvent conduire au diabète, au syndrome métabolique (obésité, diabète et problèmes cardiovasculaires).

La plupart des céréales contiennent de plus du gluten, qui peut provoquer une inflammation chronique et endommager le système intestinal, conduisant à une malabsorption des nutriments essentiels (vitamines, minéraux, acides gras essentiels), et donc potentiellement une dénutrition. La dénutrition entraîne à son tour un risque élevé de maladies chroniques.

Allons droit au but : votre corps et votre cerveau ont besoin de glucides, ils ont même besoin de beaucoup de glucides. Mais la meilleure source de glucides sont les légumes, légumes feuilles en particulier, toutes les sortes de chou, les légumes-racines et les tubercules comme l'igname et les patates douces. Mangez des légumes à chaque repas. Si vous ne savez pas comment les préparer, vous pouvez toujours les placer dans un cuiseur vapeur, saupoudrés d'herbes, d'épices, de sel et de poivre, et d'un filet d'huile d'olive.

Les autres très bonnes sources de glucides sont les fruits, en particulier les petits fruits rouges et noirs. Préférez toujours les fruits entiers aux jus de fruit.

En revanche, les céréales, les glucides transformés industriellement (biscuits, sirops, gâteaux, bonbons, barres de céréales, barres chocolatées, céréales du petit-déjeuner) et bien sûr le sucre (blanc ou brun) doivent être consommés aussi rarement que possible.

Règle n°2 : des protéines et des fibres à chaque repas

Les protéines de sources de bonne qualité, comme les viandes de bovins nourris à l'herbe, les œufs bio, le poisson et les crustacés sont à privilégier. Évitez le poisson d'élevage et la viande de bêtes engraissées aux céréales.

Pour les fibres, mangez des légumes frais, bios, tantôt crus et tantôt cuits car certains composés antioxydants sont mieux absorbés après la cuisson et certains composés anticancer sont détruits à la chaleur. Accompagnez toujours vos légumes de matières grasses, par exemple un filet d’huile d’olive ou de colza, qui permettent d’absorber encore plus de polyphénols et d’antioxydants.

Règle n°3 : méfiez-vous des sucres cachés

La plupart des condiments et sauces toutes faites contiennent du sucre ou du sirop de glucose. Par exemple le ketchup, les vinaigrettes « allégées », les sauces cocktails et marinades, et bien entendu les glaces et sodas.

Lisez les étiquettes de vos produits. Les industriels ont tendance à ajouter du sirop de glucose partout parce que c'est extrêmement bon marché, les produits se conservent bien, se transportent bien. Mais pour vous, par contre, c'est un produit à fuir absolument.

Les édulcorants artificiels sur le marché posent d'autres problèmes. Ce sont des produits chimiques qui n'ont en général rien de bon à faire dans nos organismes et mieux vaut donc les éviter aussi. La bonne nouvelle est que le sucre est addictif. Plus vous en mangez, plus vous en avez besoin, mais l'inverse est vrai également. A force de manger moins sucré, vous supporterez de moins en moins bien le sucre, et c'est naturellement, sans faire d'effort, que vous chercherez à l'éviter.

En revanche, aucun problème pour mettre une goutte de stévia dans votre café le matin, ou quand vous avez besoin d'une touche sucrée dans un plat.

Règle n°4 : évitez les conserves et les bouteilles en plastique

Elles contiennent du bisphénol A ou des composés proches, qui ont des effets cancérigènes, et qui perturbent le système hormonal.

Choisissez des produits frais ou surgelés.

Règle n°5 : mangez des œufs

Mangez des œufs, et oubliez tout le mal qu'on a raconté sur les jaunes d'œufs. Oui, ils sont riches en cholestérol mais votre cholestérol sanguin est fabriqué par votre foie, à partir du glucose, et n'est pratiquement pas influencé par votre consommation de nourriture riche en cholestérol.

En revanche, les jaunes d'œufs contiennent des antioxydants, des micronutriments, des vitamines liposolubles, et favorisent la production d'hormones qui brûleront vos graisses en excès.

Au petit-déjeuner, rien de meilleur que des petits légumes rapidement passés à la poêle avec un peu d'huile de coco, puis deux œufs que vous ferez brouiller, ou alors en omelette.

Règle n°6 : des herbes et des épices partout

Les herbes aromatiques et les épices sont bourrées d'antioxydants, bien plus encore que beaucoup de légumes et de fruits. De plus, elles donnent un bon goût à ce que vous mangez, ce qui réduit votre recherche de satisfaction gustative dans les biscuits apéritifs, desserts et bonbons.

Le gingembre, le curcuma, le paprika, la cannelle, la cardamome, le cumin s'accommodent avec un nombre incroyable de plats. Essayez-les partout, y compris dans vos soupes, salades, viandes en sauce, plats de légumes.

Règle n°7 : évitez les huiles de maïs, de tournesol, de soja, de carthame, de germe de blé et de pépin de raisin

Riches en oméga-6 inflammatoires, ces huiles sont de pauvre qualité nutritionnelle.

Préférez l'huile d'olive, l'huile de colza, l'huile de noix, et explorez toutes les sortes de vinaigre pour varier les goûts de vos vinaigrettes. Pour la cuisson, utilisez du saindoux ou, mieux, de l'huile de coco vierge ou de palmiste, qui supportent mieux la cuisson grâce à leur haute teneur en acides gras saturés. Vous pouvez aussi assaisonner avec les huiles de lin ou de cameline, riches en oméga-3, à condition de ne jamais les faire chauffer car la chaleur oxyde ces graisses et les rend toxiques.

Règle n°8 : augmentez vos apports en vitamine D

La vitamine D est le nutriment le plus important. Plus de 80 % des Français sont en-dessous du niveau minimum pour être en bonne santé, qui est de 30 ng/mL. Le taux optimum se situe, lui, entre 50 et 65 ng/mL.

Les jaunes d'œufs, les poissons gras, les abats sont les meilleures sources alimentaires de vitamine D, mais elles ne suffisent quasiment jamais. La seule vraie solution est de s'exposer au soleil tous les jours pendant au moins 20 mn sur au moins 3/4 de la peau, mais encore ceci n'est-il pas suffisant à la latitude de la France car, l'hiver, les rayons du soleil sont de toute façon trop obliques. Seul un complément alimentaire de vitamine D3 (au minimum 4 000 UI par jour pour un adulte) vous permettra de maintenir le bon taux.

C'est un vaste programme, je sais bien, mais commencez par intégrer tout doucement les changements que vous pouvez dans votre mode de vie.

Et de toute façon, comptez sur moi pour continuer à être à vos côtés pour vous rappeler à temps et à contre-temps de prendre soin de votre santé.

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis



Pas vu à la TV : Retrouvez toute l'actualité de la santé naturelle, indépendante et sans concession grâce à Alternatif Bien-Être, journal de référence de la santé naturelle, à découvri ici (lien cliquable).

Mauvaise réputation : les hormones ont mauvaise presse. Elles sont pourtant des substances naturellement produites par l’organisme et indispensables au bon fonctionnement de votre corps, contrairement aux sucres, pesticides ou huiles trans. Apprenez-en plus grâce à l’un des tous meilleurs endocrinologues mondiaux dans cette vidéo (lien cliquable).

Avant-première : Alors que se multiplient les scandales autour des médicaments chimiques, une petite élite de personnes bien informées bénéficient, elles, de traitements naturels auxquels le grand public n'aura pas accès avant des années. Vous pourriez peut-être faire partie de ce club très fermé, vous aussi. Allumez le son de votre ordinateur et regardez sur la présentation qui se trouve ici.

 

 

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Ce que l'industrie du cancer ne veut pas que vous sachiez sur la chimiothérapie et les rayons

 

 

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29 octobre 2013 2 29 /10 /octobre /2013 00:53
Lundi 28 octobre 2013

Obama is watching youJ’ai écrit cet article pour Résistance depuis mon ordinateur, puis l’ai mis en ligne sur le site. Un certain nombre de webmestres l’ont également reçu et peut-être ont-ils fait la même chose que moi. Nos lecteurs respectifs ont pu lire cet article le lendemain. Quelqu’un cependant l’a lu avant eux, ou était tout du moins en mesure de le faire. Ce n’était pas ni un membre de Résistance, ni les webmestres qui en ont été destinataires. Je ne connais pas ce quelqu’un. Il ne vit certainement pas en Franc. Il opère loin d’ici, au-delà de l’océan… Je ne suis pas un terroriste, je ne suis pas recherché et je paie mes impôts. Bref, je suis un citoyen lambda. Mais ce quelqu’un sait tout de moi. Il sait à qui je téléphone parce qu’il a accès à mes données sur mon smartphone. Il sait à qui j’écris et surtout ce que j’écris, car il est capable de surveiller tous mes mouvements sur Internet. Il prend note de mes achats en ligne, consigne tout et scrute mes mouvements sur mon compte bancaire de telle sorte qu’il sait ce que je gagne. Mon patrimoine n’a aucun secret pour lui.

L’utilisation de Facebook lui facilite grandement la tâche. Parce que l’internaute met sa vie à nu sur le plus grand réseau social du monde. Il nous renseigne sur son cercle d’amis, publie des photos amusantes, insolites, et parfois intimes, sans se rendre compte qu’un jour, tout ceci pourrait un jour se retourner contre lui. Il ne se doute pas que ce qui est posté sur Facebook ne peut être supprimé, même lorsque ses contacts ou le quidam n’y ont pas accès. Toutes ses informations restent gravées dans une énorme mémoire, suspendues en quelque sorte sur un nuage virtuel qu’il ne peut atteindre. Il perd ainsi le contrôle de son passé et du présent.

Certains se remémoreront immanquablement la Vie des autres, film dans lequel la Stasi surveillait dans le Berlin des années quatre-vingt les intellectuels soupçonnés de critiquer le régime d’Erich Honecker. Le parallèle avec l’URSS, la Chine et tous les pays supposés autoritaires ou dictatoriaux sera rapidement fait. On leur oppose notre culture démocratique et la liberté. Les lois sont d’ailleurs censées nous préserver de toute intrusion. L’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme ne proclame-t-il pas le droit de toute personne au respect « de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance » ?  

Les révélations faites par l’ancien employé de la CIA et de la NSA Edward Snowden sont pourtant inquiétantes. Microsoft, Google, Apple, Yahoo, BlackBerry, Facebook, etc., collaborent, de leur plein gré ou sous la contrainte, avec la National Security Agency (NSA), la super agence des services secrets étasuniens, lui octroyant un accès privilégié à leurs données. Un peu comme si un étranger avait accès à une porte secrète de votre maison sans que vous n’en déteniez les clefs…

Aujourd’hui, un agent secret n’aurait plus besoin d’allumer mon ordinateur et de télécharger mon disque dur. Le processus est en grande partie automatique. De temps à autre et à mon insu, mes données peuvent être collectées et transmises je ne sais où. Ce qui est remarquable, c’est que tout cela se produit dans les pays qui ne sont apparemment pas totalitaires. Ces derniers se revendiquent au contraire tous de la démocratie. Pourtant, ces faits s’inscrivent dans un processus aux conséquences potentiellement désastreuses.

Le 11 Septembre en a été l’acte fondateur. Capitalisant sur le choc provoqué par les attentats dans les opinions internationales, la lutte contre le terrorisme a permis de justifier la plupart des actions menées par les États-Unis. Les menaces terroristes qu’on brandit à dessein permettent de renforcer les structures de contrôle de la population. Nous ne savons pas aujourd’hui ce que la NSA, le FBI ou  la CIA ont pu faire de nos informations personnelles, ce qui, dans un État de droit, relève de l’inconcevable. Les conséquences de ce paradoxe sont colossales. Notre intimité est désormais mise à nu et partagée par autrui sans qu’on puisse y faire quoi que ce soit. Plus personne ne pourra désormais se sentir totalement en sécurité. Sommes-nous tout simplement encore libres ?

 

Capitaine Martin


 

 

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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 01:54

 

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Les Européens ne veulent pas punir l'espionnage américain

(réprobations hypocrites, et en réalité, collaboration ! eva)


26.10.2013 13:38 
Tandis que Berlin travaille, avec le Brésil, à la préparation d'une résolution à l'ONU sur la protection des libertés individuelles, Londres ne veut pas froisser Washington et refuse de prendre part aux négociations sur l'instauration d'un "code de bonne conduite" en matière d'espionnage. [Yves Herman - AFP]
Tandis que Berlin travaille, avec le Brésil, à la préparation d'une résolution à l'ONU sur la protection des libertés individuelles, Londres ne veut pas froisser Washington et refuse de prendre part aux négociations sur l'instauration d'un "code de bonne conduite" en matière d'espionnage. [Yves Herman - AFP]

Le scandale de l'espionnage américain a poussé vendredi les dirigeants européens, réunis en sommet, à réclamer "un code de bonne conduite", mais des mesures de rétorsion ont été exclues.
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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 01:34

 

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24 octobre 2013

Moscou, il y a 20 ans, une tragédie meurtrière : des tanks de l’armée russe tirent sur le siège du Parlement, le « Soviet Suprême ». En divers lieux de la capitale russe, des manifestants pro-Parlement sont mitraillés par des unités d’élite et des snipers juchés sur les toits. Un massacre que les médias occidentaux résumèrent comme étant le gentil pouvoir démocrate aux prises avec une méchante opposition communiste. Une caricature qui déguise à sa façon les acteurs, les enjeux, le contexte. Avec un recul de 20 ans, Jean-Marie Chauvier procède à un réexamen approfondi des évènements. Que s’est-il vraiment passé, quels étaient les enjeux, quel sens donner, vingt ans plus tard, à ces évènements tragiques et fondateurs de la « Nouvelle Russie » ?


Avertissement de l’auteur

Mes premiers articles sur la crise de 1993 sont parus dans « Le Monde diplomatique » d’octobre 1993 et janvier 1994. Vingt ans plus tard, une évocation de cette tragédie diffusée à mes correspondants par mes soins, a été publiée en septembre 2013 par le site canadien mondialisation.ca. De son côté, Investig’action a manifesté son intérêt et j’ai procédé, non pas à une nouvelle évocation, mais à un réexamen approfondi des événements, une interrogation nouvelle sur leur sens et leur actualité, compte tenu d’un recul de vingt ans. Et sans les complaisances qui sont de rigueur parmi nous lorsqu’on évoque « la transition douloureuse mais nécessaire pour sortir de l’abominable communisme ». J’ai bien conscience de ne pas être dans le consensus « démocratique » sur cette histoire ! JMC

ENTREE EN MATIERE : au son du canon…

(..)


Qui étaient les principaux acteurs de cette crise ? (..)

 


Alliés de ces « centristes », il y avait des communistes radicaux et, dans la rue, des groupes de combat de gauche et d’extrême-droite. Le nouveau Parti Communiste de la Fédération de Russie, dirigé par GUENNADI ZIOUGANOV, soutint la rébellion parlementaire mais avec prudence, évitant d’engager ses militants dans des combats de rue. Le risque, pour les communistes, était aussi de se voir infliger une interdiction définitive. Des libéraux le souhaitaient, mais le communisme soviétique, même défait depuis 1991, disposait encore d’une grande influence et les démocrates issus du PCUS qui envisageaient d’instruire son « procès » auraient pris eux aussi de sérieux risques d’être entraînés dans l’engrenage des purges. La peur d’une guerre civile était très répandue.

L’acte final de la crise fut le vote par référendum, en décembre 1993, d’une nouvelle Constitution instaurant un régime présidentiel.

Que s’est-il vraiment passé, quels étaient les enjeux, quel sens donner, vingt ans plus tard, à ces événements tragiques et fondateurs de la « Nouvelle Russie » ?
 
1. LES DATES REPERES

1980-82

Débuts de la crise systémique en URSS, contemporaine des « révolutions conservatrices » de Margaret Thatcher et Ronald Reagan, de la crise polonaise, de la guerre en Afghanistan et de la révolution islamique en Iran. Le leader soviétique Léonid Brejnev meurt en novembre 1982 après une douzaine d’années de « stagnation ». La crise est officiellement avouée, reconnue à mots couverts dans la presse.

1983

Youri Andropov nouveau Secrétaire général du PCUS 5 amorce un plan de réformes n’affectant pas les fondements du système.6 Andropov et une frange du KGB sont parmi les principaux foyers de « réformisme » soviétique, aux côtés des centres de recherche socio-économiques (Novossibirsk, Moscou), des grandes écoles d’économie et de diplomatie (IMEMO, MGIMO) et de l’intelligentsia libérale . Ce réformisme est né dans les années 60, au sein des couches managériales.

mars 1985
 
Gorbatchev secrétaire général du PCUS. Débuts de la « Glasnost » et de la « Perestroïka », soit de la libération de la parole et des réformes, politiques et économiques « pour un socialisme démocratique » qui de facto démantèlent le système. Gorbatchev s’inspire des orientations préconisées par l’idéologue en chef du Parti, Alexandre Yakovlev, et s’appuie sur les groupes réformistes précités. L’appareil du PCUS, majoritairement, résiste.

1989-1991
 
Chute du Mur de Berlin, « réunification allemande », de fait annexion de la RDA par la RFA, libération des anciennes « démocraties populaires » d’Europe centrale de l’hégémonie soviétique, auto-dissolution du Pacte de Varsovie (bloc socialiste). Maintien de l’OTAN et lancement de la première « Guerre du Golfe », avec l’aval de l’URSS finissante. « Nouvel Ordre Mondial » annoncé par le président Bush (père).

12 juin 1990

L’ancien dirigeant communiste Boris Eltsine élu président du Soviet Suprême (parlement) de la RSFSR7 qui proclame sa souveraineté et la primauté de ses lois sur celles de l’URSS que préside Mikhaïl Gorbatchev. Début de la paralysie générale des pouvoirs. Séparatisme des républiques baltes et trans-caucasiennes.
 
(..)
4 octobre 1993

Bombardement du Parlement par l’armée et autres répressions, arrestations de députés et de milliers d’insurgés, « nettoyage ethnique » de Moscou.

Décembre 1993

Adoption par référendum d’une Constitution présidentielle, avec forte réduction des pouvoirs du nouveau Parlement bicaméral (Douma et Conseil fédéral) De l’héritage soviétique, la Constitution conserve le caractère multinational de l’Etat.
Elections législatives consacrant les succès des communistes, agrariens (proches du PC), et de l’extrême-droite pro-Eltsine (Jirinovski)

EPILOGUE 1994-1996

Première guerre de Tchétchénie, république sécessionniste (depuis 1991) de la Fédération de Russie. Compromis avec la République autonomiste du Tatarstan.

1994-1999 Poursuite des privatisations et de la libéralisation économique.

1998 Krach financier, tournant politique, gouvernement Primakov (centre gauche) puis Poutine (1999). Deuxième guerre de Tchétchénie. Démission de Eltsine et élection à la présidence, en mars 2000, de Vladimir Poutine.
 

1. LE CAPITALISME « DE CHOC » EN RUSSIE


La Russie a subi, vécu, dans les années 1990 l’un des bouleversements les plus formidables, et socialement violents de l’histoire humaine : le passage du système soviétique (« socialisme ») au capitalisme désormais globalisé. Ce passage plonge ses racines dans un lointain passé, avant et après la révolution de 1917, et plus spécialement dans les changements qui ont suivi la mort de Staline en 1953, la fin du régime de mobilisation et de contraintes qui avait caractérisé l’ère stalinienne de 1928 à 1953. Un quatrième régime soviétique voyait le jour.8 Une première étape déterminante a été la réforme des années 1960 9 et l’avènement d’une technocratie managériale.10 Une trentaine d’années de mutations sociales et de changements culturels ont débouché sur le grand tournant, « poussé » d’en bas mais décidé en haut, de la « Perestroïka », au départ promesse d’un socialisme nouveau, à l’arrivée naissance du capitalisme privé, financier et spéculatif.11 Vint enfin le tournant le plus accompli ponctué de moments décisifs : la liquidation de l’URSS en 1991 et , en Russie, l’éradication du Parlement et des soviets en 1993.

Une lecture trop idéologique des événements de 1993 a laissé croire à un affrontement entre "démocrates" et « rouges » ou « rouges-bruns » (dans le langage eltsinien), ou à une "lutte de classes" entre gagnants et perdants des réformes (dans le langage communiste de 1993). De fait, on retrouve dans les deux camps des démocrates eltsiniens, des nationalistes de gauche et d'extrême-droite, et presque tous les principaux acteurs étaient, deux ou trois années auparavant, membres du parti-état PCUS.12 Seule la frange antilibérale (hostile à Gorbatchev puis à Eltsine) du communisme russe est globalement dans l'opposition. C’est dire à quel point les clivages traversent la sphère du pouvoir en train de se décomposer-recomposer.

Mais surtout : on ne peut rien comprendre à cette tragédie si on ne la situe dans son double contexte : celui, politique, du type de pouvoir instauré en Russie après la "chute du communisme" en 1991 et celui, socio-économique, de la dite "thérapie de choc" qui bouleversa de fond en comble l'existence sociale et le cadre de vie symbolique et mental des ex-Soviétiques, autant que la situation géostratégique de la Russie, « héritière de l’URSS ».
 

2. GLOSSAIRE POLITIQUE RUSSE (pour éviter les malentendus)

(..)


Août-décembre 1991 : un « groupe extrémiste » prend le pouvoir

Pilote des « séparatismes » en URSS, l’équipe dirigeante russe formée en 1989-90 autour de Boris Eltsine et contre Mikhaïl Gorbatchev s’est emparée du pouvoir grâce au coup de force des « communistes conservateurs » qui tentèrent, l’été 1991, de ramener le pays en arrière, maladroitement et sans aucun soutien populaire, l’armée refusant d’obéir aux dirigeants factieux. Juché sur un char quand tout est fini, Eltsine fait figure de grand résistant et sauveur de la Démocratie : l’image tourne en boucle…

« Pilote des séparatismes », la Russie ? Quitte à paraître insistant, je rappelle fréquemment que ce ne sont pas les pays « musulmans » de « l’Empire éclaté »13 ni même l’Ukraine qui ont poussé à la dislocation de l’Union mais le nouveau pouvoir russe. Et ce, pour des raisons économiques évidentes : la Russie détenait l’essentiel des matières premières (gaz, pétrole, minerais) exportables en devises fortes et qui seront la source des fortunes fabuleuses montées par les oligarques. Il ne fallait plus les partager ou les vendre à bas prix aux républiques sœurs ou aux pays frères comme la RDA ou Cuba ! Après la chute de l’URSS, explique Jacques Sapir : « Gaïdar et ses proches voulaient se débarrasser de la CEI. Pour eux, les liens avec les autres états issus de l’ex-URSS n’étaient que fardeaux et gaspillage. La Russie devait profiter de ses ressources naturelles pour les vendre au meilleur prix » (Sapir 1, 95). Raisonnement myope, sans doute, qui faisait fi des dépendances de la Russie envers les républiques, des avantages politiques et symboliques que comportait pour elle la grande Union. On s’en rendra compte plus tard, lorsqu’un Vladimir Poutine qualifiera la fin de l’URSS comme « la plus grande catastrophe géopolitique du XXème siècle » et mettra en chantier l’Union euro-asiatique.

Au lendemain du coup de force manqué d’août 1991 (dit "putsch conservateur") des dirigeants soviétiques hostiles à la réforme de l'Union voulue par le président Mikhaïl Gorbatchev, celui-ci fut écarté, les républiques soviétiques se sont détachées de Moscou et, en Russie, le pouvoir a été saisi de facto par le groupe démocrate extrémiste dirigé par Boris Eltsine et animé par un staff d'idéologie profondément néo (ou ultra) libérale14 : Egor Gaïdar, Premier ministre et concepteur de la "thérapie de choc", Anatoli Tchoubaïs, chargé des privatisations, Andrei Kozyrev "l'homme de Washington" aux commandes de la politique extérieure. Ce groupe s'appuyait sur un nouveau capital financier - les futurs "oligarques" tels Boris Berezovski et Vladimir Goussinski- et une armée de conseillers occidentaux, au premier chef desquels les experts du gouvernement états-unien, de USAID, du FMI et les économistes Jeffrey Sachs (Harvard) et Anders Äslund. (Carnegie), nous y reviendrons.

Ce bouleversement est plutôt connu chez nous sous les appellations "Russie triomphante", "grande révolution démocratique" ou encore, formule plus volontiers adoptée dans les milieux académiques, "transition vers l'économie de Marché" ou "la Démocratie de Marché", paradigme par excellence de la plupart des recherches, thèses de doctorat et colloques tenus dans nos universités après 1991. Notre fameux « TINA » était traduit en russe par « INOVO NE DANO », il n’y a pas d’autre issue.

La « Démocratie de Marché » fut-elle un choix démocratique ? En termes purement électoraux, la présidence de Boris Eltsine le fut, du moins en 1991 et lors du référendum d’avril 1993. Mais cette adhésion au leader démocrate était ambivalente. En même temps que « le Marché » (prometteur d’abondance pour tous !), Eltsine avait battu campagne pour la « Justice sociale » (contre les privilèges de la nomenklatura) et pour « les pleins pouvoirs aux soviets » ( les conseils élus sans la tutelle du Parti, déjà abolie en 1990). Il disposait en outre du « grand atout » du soutien (financier) de l’Occident. Les enquêtes d’opinion elles-mêmes étaient paradoxales : on y trouvait autant de « oui au Marché » que d’ « attachement au socialisme », d’approbation du petit commerce privé que de refus de la privatisation de l’ensemble de l’économie.

Une vaste enquête de l’Institut d’études de l’opinion publique (VTSIOM) menée en 1993-1994 établit comme suit les préférences « pour la Russie » selon les personnes interrogées :

économie mixte, avec état fort et régulation du secteur privé : 57%
Marché socialement orienté : 14%
Economie capitaliste : 22%
Economie de type soviétique : 7%15

A ce moment là, l’ancien système est donc rejeté (en tant qu’économie), la voie des changements est acceptée, mais le capitalisme de choc n’a que peu d’adeptes et les experts de l’Institut relèvent la persistance des valeurs du « socialisme » et de la « justice sociale » (Kolas, 26). Tout au long des années 1990-2000, les enquêtes d’opinion iront dans le même sens, avec une réprobation croissante des « privatisations criminelles » et une part non moins croissante de « nostalgie de l’URSS » et de préférence pour l’ancien système, comparé à l’actuel. A mesure que le temps soviétique s’éloigne et que ses générations disparaissent, la « nostalgie » devient forcément une notion abstraite – il est vrai qu’il y a des jeunes qui n’ont pas connu l’URSS et qui, de nos jours, l’idéalisent…ou la maudissent.

En aucun cas, les Russes n’ont « choisi » la politique néolibérale et de privatisation généralisée qui leur fut imposée. Ils l’ont subie. Cet exemple historique est révélateur de ce qu’une « Démocratie » électorale peut donner l’impression aux gens de « choisir » (et ils élisent effectivement des dirigeants) tout en les privant de choix sur des questions fondamentales. De 1985 à 1991, en URSS, le débat fut ouvert sur le « choix de société », comme rarement dans l’histoire. Fin 1991-début 1992, ce débat était refermé. Et les choix d’avenir déjà arrêtés par une sorte de dictature de groupes financiers et bureaucratiques qui, sous couvert de « démocratisation », s’étaient emparés des leviers de pouvoir et d’accès à la propriété des moyens de production et d’échange.

La « Démocratie » se limitait à un effectif et incontournable pluralisme des groupes d’intérêt qui n’étaient plus soudés ou contenus par le monopole du Parti, lieu du pouvoir suprême mais aussi de la concertation (soglasovanie) entre les divers groupes, régions, sensibilités au sein de ce Parti « unique » mais nullement uniforme ou totalitaire.
Et c’est bien un groupe « extrémiste » ultralibéral issu de ce PCUS qui prend les commandes après août 1991, fort de la popularité du chef, des appuis occidentaux et du désarroi populaire face à la désintégration de l’Etat (URSS), à la dégradation rapide du niveau de vie et à l’échec des réformes de l’ère Gorbatchev.
 

3. UNE SOCIETE ROMPUE 16

L’auteur de la thérapie de choc, Egor Gaïdar, a remarquablement bien défendu sa cause dans un ouvrage paru en 2006. Son analyse de la crise soviétique est discutable mais magistrale, très représentative de ce que pense depuis longtemps l’aile moderniste de la bureau-technocratie dirigeante.17 Libéralisation des prix, privatisations, stabilisation monétaire : sur ces trois fronts, la stratégie mise en œuvre par Gaïdar a atteint ses objectifs, du moins le « point de non retour » qui a rendu irréversible le processus de « sortie du communisme ». L’objectif avoué de cette stratégie était de créer une classe de propriétaires, de telle sorte que tout « retour au socialisme » serait interdit. Eltsine, Gaïdar et Tchoubaïs ont politiquement gagné, sinon parfaitement réussi. L’Occident peut leur en être infiniment reconnaissant. Pour le peuple russe, c’est forcément un peu différent…

Qu’en fut-il, concrètement, des résultats sociaux du « choc » ?

En 1992-1993, les prix ont été multipliés par 250, les salaires par 120, entraînant une chute sensible du salaire réel. Les prix de détail ont augmenté de 26,1 fois en 1992 et de 9,4 fois en 1993. Alors qu’en 1992, les salaires constituaient 70% des revenus des familles, en 1995 cette part était réduite à 38,5%. Selon les syndicats, 80% de la population plongeait sous le minimum vital (« physiologique de survie ») officiellement un quart ou un tiers « seulement » (années 1990).

Pour survivre, des millions de travailleurs se sont repliés sur leurs potagers, leur assurant une part croissante de leur alimentation. Ils s’adaptaient aussi à la situation en recourant au troc et aux diverses formes de solidarités locales. Curieusement le « Marché de choc » détricotait la vie économique organisée au profit d’une « économie de l’ombre » plus prospère que jamais, dans l’illégalité, les échanges informels, le bricolage et le banditisme.

Dans les régions, la politique d'inspiration marchande monétariste aboutissait paradoxalement au développement du troc entre les entreprises et à des comportements autarciques en matière d’échanges commerciaux. Des barrières douanières apparurent. On s’éloignait de facto du pouvoir central : les revendications d'autonomie des républiques et des régions menaçaient d'étendre à la Fédération de Russie le processus de désintégration qui, dans l'ensemble de l'ex-URSS, provoquait chaos et, ça et là, guerres civiles.

Lors d’un colloque tenu au Mans (France) en décembre 1994 sous l’égide du « Monde diplomatique », la sociologue Galina Rakitskaïa relève quelques aspects de la « dégradation sociale » : « déqualification des travailleurs, contraints d’accepter n’importe quelle tâche pour peu qu’elle leur fournisse un revenu ; conformisme social de plus en plus répandu ; augmentation considérable des actions illégales les plus variées ». L’intervenante croit plausible « le déclassement massif de la population, sa « lumpenisation » s’accompagnerait de l’élimination des foyers de résistance et de la destruction des formes embryonnaires du mouvement ouvrier » (Garros, 175).
Faut-il préciser que nous ne sommes qu’en 1994 ? Ce n’est encore que le début de la « dégradation ». On fera d’autres bilans quelques années plus tard.
G. Rakitskaïa fait d’ailleurs remarquer la difficulté à estimer le « seuil de pauvreté », à son avis assimilable à un seuil de survie physiologique et alors que la méthode de calcul a changé. Selon elle, les 55% de pauvres estimés en octobre 1991 selon la méthodologie soviétique deviennent 36,7% fin 1994 selon les nouveaux critères en vigueur. Lors de ce même colloque, j’observe : « Si l’on trouve « normal » que des réformes de marché soient imposées à un pays sans aucune concertation sociale, comme c’est le cas en ex-URSS, et de briser, si nécessaire, les anciennes structures soviétiques en place (…) il ne faut pas « s’étonner » ensuite du glissement probable vers des régimes autoritaires, ni suggérer que ceux-ci ne seraient que « récidives soviétiques » ou produits des seules tendances nationalistes ». Et d’ajouter, en cette fin 1994 : « Les atteintes (à venir) aux libertés de la presse soulèveront des tempêtes de protestations, comme hier la répression des dissidents de l’Est, alors que la dignité humaine la plus élémentaire de dizaines de millions d’ex-Soviétiques, leur droit à un minimum vital décent, à l’instruction et à la santé sont foulés au pied depuis des années, au nom des « réformes » et sans que cela suscite la moindre préoccupation de nos humanistes brevetés, de gauche comme de droite » (Garros, 61).
 
Au total, entre l’élection de Boris Eltsine à la présidence en juin 1991 et la crise financière de 1998, le PIB a chuté de près de 50%, les investissements dans le capital de 90%. La production industrielle est tombée à 47,3% de son niveau de 1990, celle de l’agriculture à 58,1%. L’espérance de vie masculine a été ramenée de 69 à 58 ans, le taux de scolarisation a baissé de 8%. Selon le démographe américain Nicolas Eberstadt, il y aurait, de 1992 à 1998, un « excédent de décès » de trois millions. La population aurait diminué de six millions de 1992 à 1999, chiffre ramené officiellement à 2,7 millions, la chute était compensée par une importante immigration de diverses régions d’URSS, notamment de Russes quittant le Caucase et l’Asie centrale.
 
Des hommes d’affaires s’entretuaient, les commerçants étaient rackettés par des mafias en armes, des vieillards et des malades étaient assassinés par les accapareurs de biens immobiliers. La privatisation des logements provoque une chasse aux nouveaux propriétaires dont bon nombre « disparaissent ». En février 1995 à Moscou, on estime le nombre de SDF entre 30 et 100.000. Entre 15 et 30.000 auraient perdu leur logement suite à des supercheries, avec ou sans violences (Pissiguine, in Garros, 230 et 236).
 
Des femmes et des hommes moralement brisés dans la force de l’âge se suicidaient en nombre. La pandémie alcoolique prenait des proportions inconnues jusque là. On ramassait les cadavres à la fonte des neiges, à la veille du printemps. Tel fut, grosso modo, le contexte social de la crise politique. Sans négliger toutefois qu’une couche influente de super-riches et de nouveaux bourgeois – un peu plus de 10% de la population – tirait avantages ou espoirs de l’évolution. Un 10% qui pouvait atteindre le quart de la population moscovite, principale bénéficiaire de l’éclosion du commerce, des banques, des firmes étrangères, des médias et des nouveaux métiers – informatique, photo, vidéo, restauration, night clubs, « sexe » - autant de milliers de nouveaux emplois ! Et de quoi émerveiller les Occidentaux, reporters, touristes, spécialistes qui n’avaient jamais vu « autant d’argent », de « prospérité » et de « dynamisme ». Et de fait, la vie était autrement remuante, anarchique, surprenante que dans les trop paisibles années de l’époque brejnevienne… que beaucoup vont regretter !

« L’hirondelle de la Perestroïka », Tatiana Zaslavskaïa la femme économiste qui, la première dans le fameux « Rapport de Novossibirsk » (son centre de recherches en Sibérie) avait, en avril 1983, rendu compte au Secrétaire général Youri Andropov, et à sa demande, de l’état de crise et de l’urgence de réformes profondes – qu’elle aida à promouvoir par la suite sous Gorbatchev puis Eltsine constatait en 1998 les effets sociaux catastrophiques de la politique mise en œuvre de 1992 à 1998 : une poignée de 6 à 10% de la population accaparait 50% des revenus et 70 à 80% « des richesses » du pays, alors que 20 à 30% des familles vivaient dans des maisons en ruines, ne mangeaient pas à leur faim et mouraient avant terme. Tatiana Zaslavskaïa est décédée le 23 août 2013 : les hommages qui lui ont été rendus sont restés discrets sur ses bilans peu élogieux des « réformes » dont elle avait initialement espéré un « autre socialisme ».18


4. DU CONSENTEMENT EN 1991 A L’AFFRONTEMENT DE 1993

Le Parlement (Congrès et nouveau Soviet Suprême) de la Fédération de Russie était l’un des produits de la Perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev. Elu en 1989 dans des conditions démocratiques sans précédent, il comportait un Congrès élu au suffrage universel qui désignait le Parlement proprement dit , le nouveau « Soviet suprême ».
 
Il comptait une majorité de députés issus du Parti Communiste d’Union Soviétique – un « argument » dont on se servit contre eux, alors que d’évidence, la plupart des responsables russes, y compris les plus radicalement libéraux, étaient issus de la même et unique « cuisse de Jupiter » et qu’en l’occurrence bon nombre d’entre eux avaient choisi la lutte contre le « communisme » établi et en faveur d’idées aux antipodes du socialisme. Le dit Parlement, et les nombreux soviets locaux renouvelés en 1989-90, s’étaient majoritairement détachés de Gorbatchev, lequel hésitait encore entre réformes libérales et « choix socialiste », au profit d’un Boris Eltsine batailleur, qui leur promettait des réformes radicales « de Marché » mais également « de Justice » et « de Progrès ». On promettait même aux ouvriers qu’ils allaient devenir « propriétaires collectifs » des usines privatisées. Eltsine avait le soutien de nouveaux syndicats « libres » impatients de se débarrasser des « bureaucrates » soviétiques et d’instaurer « l’autogestion » rendue possible, à leurs yeux, par la désétatisation de l’économie. Libéraux, « gauchistes » et libéraux-libertaires se rejoignaient dans la célébration des libertés individuelles, dans l’anticommunisme, les séductions du consumérisme, de la « société civile » affranchie de la tutelle de l’Etat.

Le Soviet Suprême, le Parlement russe avait initialement pris le « bon chemin » : n'avait-il pas élu Eltsine à sa présidence en 1990, avant de le promouvoir à la présidence du pays en 1991, en rivalité avec un Gorbatchev réputé "failli"...n'avait-il pas voté majoritairement la dissolution de l'URSS en décembre 1991 ? Ultérieurement, bien des « nostalgiques de l’URSS » ont oublié qu’ils avaient voté pour sa disparition !

Eltsine croyait pouvoir compter sur deux fidèles compagnons : le général Alexandre Routskoï, vice-président de la Fédération, et Rouslan Khasboulatov, un Tchétchène ( !) président du Soviet Suprême. Alliés « sur les barricades » d’août 1991 quand il s’agissait de chasser Gorbatchev et « les conservateurs » communistes.

La lune de miel ne dura pas longtemps. La "libéralisation des prix" en janvier 1992 ayant ruiné des dizaines de millions d'épargnants (en mai 1993, l’épargne se retrouvait à 5% de celle de décembre 1991), les compressions budgétaires ayant condamné à la misère des milliers d'entreprises subventionnées, d'hôpitaux et d'écoles, le doute s'est installé. Des protestations ont eu lieu, vite réprimées. Fin 1992, la contestation grondait au Parlement et gagnait la population. Eltsine fit écarter Gaïdar momentanément et rétablir un contrôle des prix. Un « capitalisme populaire » était promis, pour calmer les esprits : patience camarades, tous allaient pouvoir profiter des « privatisations » !

Un nouveau Premier ministre, Viktor Tchernomyrdine, entrait en scène, plus proche de la nomenklatura industrielle moderniste que des nouveaux groupes financiers. Une sourde opposition aux « Chicago boys » de Gaïdar montait dans les rangs de l’Union des Entrepreneurs que dirigeait Arkadi Volski, plus ou moins conscients que « les réformes » menaient à la désindustrialisation du pays et au chômage de masse. La statistique officielle du chômage dissimulait d’ailleurs le grand nombre d’ouvriers qui sans avoir formellement perdu leur emploi, n’avaient plus ni travail ni salaire.

Le consensus eltsinien s’est donc progressivement effrité à mesure que la dislocation de l’URSS, précipitée fin 1991, et la « thérapie de choc » amorcée en janvier 1992 montrèrent leurs effets désastreux sur le niveau de vie, la santé, les relations inter-ethniques, alors que les guerres civiles ravageaient déjà la Géorgie et le Tadjikistan et que le conflit armé menaçait entre Arménie et Azerbaïdjan.

Malgré ou à cause des misères qui s’abattent sur le pays, le Président, dans sa figure de « chef de file » et de Père protecteur qui aide à traverser la bourrasque, qui promet du neuf et de la justice, qui dispose de l’argent du FMI et du soutien politique de l’Occident, conserve une majorité de votes favorables au référendum d’avril 1993 : 37% des inscrits certes, mais 64% des votants lui font confiance tout en souhaitant pour bon nombre (49%) sa réélection avant terme. Une majorité plus forte (67%) souhaite la réélection des députés. Autrement dit, incontestablement, Eltsine est plus populaire que le Soviet Suprême, même quand celui-ci exprime le mieux les sentiments de révolte au sein du peuple. Les amis occidentaux ne s’y trompent pas : ils invitent Eltsine à passer à l’action, à se débarrasser de ce Parlement qui poursuivait son travail d’ « obstruction », refusant décrets et lois proposés par le gouvernement. Plus d’un analyste pro-Eltsine considéra que le Président avait « raté une chance historique » de pouvoir, dès la fin août 1991, interdire le parti communiste et dissoudre le Parlement. C’était l’idée des « pinochetistes » qui, à juste titre sans doute, pensaient qu’à la faveur du chaos et du désarroi général, au moment de la dislocation de l’URSS, il eut été possible d’instaurer une dictature libérale de type chilien. Occasion manquée ! Egor Gaïdar avait tenu un raisonnement analogue du genre : « C’est l’occasion ou jamais d’asséner la thérapie de choc ». Cette occasion-là, au moins, ne fut pas ratée. Restait à régler son compte à cet « encombrant » Parlement ! C’est qu’il était à la fois un « archaïsme » soviétique et un obstacle en tant que parlement trop puissant par rapport à l’exécutif.
 

5. LES ENJEUX
 
Les grands enjeux de la crise de 1993 étaient au nombre de trois.
Par ordre d’importance dans le débat :

Poursuivre ou non la politique ultralibérale qui entraînait chute de la production et du niveau de vie, hyperinflation (2.600% en 1992), baisse de la population et de l’espérance de vie, paupérisation de masse, explosion de la criminalité, des meurtres et des suicides.
Au cœur de ce dilemme : la mise en œuvre de la « grande privatisation » selon Tchoubaïs, présentée comme la clé du succès de la transition.
Articulé à ce qui précède : la construction du nouvel état. République parlementaire ou régime présidentiel ? Décentralisation ou recentralisation ?

Ces trois enjeux n’étaient pas sans rapport avec la politique extérieure. Quasiment absente depuis 1991, et plutôt alignée sur les Etats-Unis par le chef démocrate de la diplomatie Andrei Kozyrev, cette politique était confrontée à de nouveaux défis : l’ingérence états-unienne systématique dans « la conduite des réformes russes » en même temps que dans les affaires de ce que les Russes appelaient « le proche étranger » - précédemment « républiques sœurs » de l’Union soviétique. Et ce, tandis que les guerres en Yougoslavie faisaient apparaître les visées des Etats-Unis dans les Balkans et les premières nouvelles divergences Moscou-Washington.

Vingt ans plus tard, la Russie capitaliste dont les « choix » ont été fixés en 1993 à coups de canon, se retrouve face aux mêmes grands enjeux quoique dans un contexte changé, la donne ayant été sensiblement modifiée par Vladimir Poutine et la relance économique des années 2000-2010 :

quel nouveau souffle donner à des réformes pour enfin « moderniser » un pays qui produit quantité de pétrodollars mais peu d’innovations techniques… alors qu’il vient d’adhérer à l’OMC ?

faut-il poursuivre les privatisations (qui s’étendent désormais aux « services publics ») comme le suggèrent les libéraux de pouvoir ou d’opposition, ou renationaliser les secteurs clés comme le proposent les communistes ?

quel état construire pour résoudre la « crise identitaire » : fédération multinationale ou état « russe », fédéralisme ou centralisation, quel sera le rapport au monde extérieur à l’heure où l’hégémonisme états-unien cède « quelques pas » au monde multipolaire ? A l’option « atlantiste » des uns s’oppose une option « euro-asiatique » influente au Kremlin, qui dispose d’une nouvelle stratégie.19

Le débat actuel, une fois toutes les illusions perdues, peut se résumer à ces questions : mais qui sommes-nous ? Qu’est-ce qu’être « russe » aujourd’hui ?
Ce pays a-t-il tout simplement un avenir autre que celui de réserve de matières premières pour les nations développées ?
 
6. L’EPREUVE DE FORCE
 
Dès le mois d’avril, Eltsine signe un ukaz instaurant un « régime spécial de gouvernement » (osobovo regima upravlenie). Il le signe mais ne le publie pas. Ce qui n’empêche pas le Soviet Suprême et la Cour Constitutionnelle de déclarer « inconstitutionnel » le texte inconnu du Président. C’est alors que Boris Eltsine se fait plébisciter par référendum, en même temps qu’il va chercher, à Vancouver, un nouveau crédit américain de 1,6 milliards de dollars et l’appui du président Bill Clinton dans le conflit qui l’oppose au Parlement. Le 6 mai, il annonce son intention de faire adopter une nouvelle Constitution qui mettrait fin au régime parlementaire en vigueur. Le refus d’adopter ce projet, de la part du Congrès des députés, amène cette réplique : Elstine va réunir une Assemblée constituante. Projet mort-né. Mais en même temps qu’il prépare l’affrontement, Eltsine s’assure de la fidélité de Tchernomyrdine et d’un autre « conservateur » ( ou « réformateur étatiste »), Oleg Lobov, devenu vice-premier et chef du Conseil de sécurité. Même si Gaïdar revient au gouvernement en septembre, on comprend que la direction idéologique n’appartient plus aux ultralibéraux et qu’un compromis se noue entre les « Chicago boys » et les adeptes d’un ralentissement de l’aventure. Eltsine lui-même n’a-t-il pas rassuré les électeurs en annonçant des correctifs aux réformes, davantage de « justice sociale » ?

Le Premier Mai 1993 voit se dérouler les premiers grands affrontements entre protestataires et forces antiémeute. La violence des combats de rue frise la guérilla urbaine. La population est effrayée, la presse annonce une « revanche des rouges » qui va réitérer la Grande Terreur stalinienne de 1937. Aucune institution n’existe pour organiser la concertation ou le dialogue entre pouvoir et opposition. Il n’y a pas de syndicats dignes de ce nom et ceux qui se disent « libres » se comportent en partisans politiques ou en…organisations commerciales.

Les débats passionnés et relativement optimistes des premières années « Glasnost » (1985-88) ont fait place à des déballages haineux où plus rien ne subsiste des anciennes valeurs ou illusions soviétiques, ni même des espoirs d’une Perestroïka pacifique, socialiste, écologiste etc… La grande masse de la population était plus abasourdie et plongée dans des stratégies de survie qu’intéressée au débat politique, et le régime soviétique ne l’avait certes pas éduquée à la protestation collective. Cette masse se tient donc à l’écart des joutes politiques qui mettent aux prises deux minorités agissantes : les démocrates et leur aile « pinochetiste » d’un côté, les communistes, leur aile stalinienne et leurs alliés nationalistes de l’autre. Les deux camps font redouter une guerre civile, d’autant que l’armée est divisée, traumatisée par les retours chaotiques des pays d’Europe centrale. Le peuple désorienté ne comprenait pas ce qui était en train de lui arriver et pour beaucoup, il était plus important de chercher des petits boulots ou de faire du commerce de rue pour survivre que d’aller manifester pour « je ne sais quoi ». Exit les grands rassemblements de 1989-91 !

« L’automne sera chaud », avait prévenu le Président. Survient donc le fameux Décret (ukaz) n°1400 : Parlement dissous. Les autres soviets vont suivre. Le décret n°1400 est illégal, et la Cour Constitutionnelle le fait savoir. La très grande majorité des soviets (conseils) locaux et républicains conteste. Des juristes américains ont cependant estimé que « le Président avait enfreint la légalité pour conserver la légitimité ». A ce moment là, tous les témoignages concordent, Eltsine n’avait plus aucune envie de négocier, et la préparation militaire de l’affrontement est déjà en route.

« Les préparatifs de l’opération étaient clairs », aux yeux d’un proche du Président, l’historien Mikhaïl Geller (Heller), retour de Paris au lendemain du Décret. Avant tout, le Président a téléphoné à Clinton. (Il précise ailleurs : pour l’avertir qu’un événement pas tout à fait démocratique allait se produire. Clinton lui a donné sa bénédiction 20) Ensuite, Boris Eltsine est allé voir la Division Dzerjinski, du ministère de l’Intérieur . En réintégrant Gaïdar au gouvernement, il devait aussi « rassurer les cercles financiers internationaux » (Geller 157). Quant à Oleg Lobov, il lui assurait la loyauté des services de sécurité et de l’armée – quoique le ministre de la Défense, Pavel Gratchev, n’était pas sûr à 100%.

Aux démocrates libéraux et pro-occidentaux et à leurs alliés « nomenklaturistes » au pouvoir s’opposait désormais un front du refus parlementaire éclectique, composé de démocrates eltsiniens déçus, de sociaux-démocrates en quête de « troisième voie », de communistes et de nationalistes pris de colère en voyant le pays s’effondrer. Des groupes de combat armés, communistes et néofascistes (dont la milice de l’Unité Nationale Russe arborant la swastika « russe ») vinrent au secours des députés soumis au blocus militaire dans le Parlement (la Maison Blanche) où ils s’étaient retranchés, privés d’eau, d’électricité et de téléphone. Refusant toute négociation, Eltsine décida d’en finir au moyen des armes, faisant appel au ministre de la Défense très hésitant Pavel Gratchev.

Le choix eltsinien était logique et rationnel. L’appui enthousiaste de l’Occident n’était pas moins bien motivé de son point de vue. Il faut se souvenir qu’à cette époque, pour les Etats-Unis, la Russie était la locomotive espérée de leur pénétration dans le continent eurasiatique. L’Ukraine et la Géorgie n’étaient pas encore les alliés privilégiés dans la région, ni le « refoulement » de la Russie à l’ordre du jour !

La thérapie de choc n’aurait pu se poursuivre sans briser cette résistance. L’oligarchie financière et médiatique n’aurait pu s’emparer des secteurs clés, notamment pétrolier, sans un changement radical du rapport des forces. Il n’y avait pas d’autre issue, pour les chefs « démocrates », que la canonnade. Du moins s’ils refusaient toute concession sur le fond. Une négociation aurait sans doute ouvert d’autres perspectives.

7. Y AVAIT-IL UNE AUTRE ISSUE A LA CRISE ?
 
Tant Eltsine que Routskoi se sont enferrés dans un conflit où une porte de sortie paraissait difficilement trouvable. Ni l'un, ni l'autre ne professaient cette culture de débats et de compromis inconnue en URSS et qu'avait initiée Gorbatchev en 1988-91, pour le meilleur et pour le pire. Il fallait absolument que "le bon" batte "le méchant".

Dans ce pugilat, il y avait une bonne part de narcissismes blessés : chacun revendiquait la présidence de l'Etat et traitait l'autre de bandit. Un combat de coqs !
L’aventurisme du général Routskoi, son flirt avec des groupes néofascistes, ses appels à « bombarder le Kremlin » n’en ont pas fait le leader d’une contestation crédible. Pour fonder celle-ci, il eut fallu un large front d’opposants, y compris démocrates, qui aurait barré la route au gaïdarisme. A noter que Gaïdar, lui, faisait appel à un « front antifasciste », les communistes étant assimilés aux fascistes, ce que semblait démontrer leur coopération, sur le terrain, avec des milices d’extrême-droite nationaliste. C’est de cette époque que date, en Russie, l’expression « rouges-bruns ». Chaque camp était, bien entendu, « le fasciste » de l’autre. L’ambiance de ce début de guerre civile n’avait rien de « romantique », elle était glauque, on sentait les convulsions d’une « fin d’histoire » plutôt qu’un combat d’avenir.

Des voix en faveur de négociations s'élevaient dans les deux camps : d'un côté, des "démocrates" non violents, soucieux d'éviter une guerre civile, la Cour constitutionnelle elle-même, déclarant « illégaux » tant le Décret présidentiel que les contre-décisions du Soviet suprême ; de l'autre côté, des sociaux-démocrates adeptes d'une réorientation que l'on pourrait dire "keynésienne", gradualiste, de la « marche au Marché », et l'Eglise Orthodoxe ravie de jouer les bons offices, de retrouver un rôle politique dans la vie russe en tant que "force de Paix".

Parmi les activistes du compromis, il y a Oleg Roumiantsev, que l’on dit « social-démocrate », inclassable dans les « blocs » en collision. Rédacteur de la nouvelle Constitution, il se veut partisan d’un « état social de marché » et d’une sorte de grand compromis permettant de surmonter la fracture sociale provoquée par les réformes de Gaïdar.

Il y avait d'ailleurs des contacts entre des prêtres orthodoxes et des communistes du parti de Guennadi Ziouganov, en quête de "réconciliation nationale", à la différence des plus radicaux du Parti Communiste Ouvrier de Russie, du mouvement « Russie Laborieuse » de Viktor Anpilov, du parti bolchévik de Nina Andreeva, de l'Union des Officiers soviétiques qui entendaient, eux, saisir l'occasion pour prendre la revanche sur 1991, restaurer le pouvoir soviétique. Perspective évidemment peu réaliste. Le patriarche Alexis II « de Moscou et de toutes les Russies » a patronné les discussions de la dernière chance entre représentants du Parlement et du Kremlin, alors que les combats armés commençaient, dès le 3 octobre.
 
Risques d’éclatement du pays et de guerre civile

D’autre part, plusieurs régions exaspérées par « les disputes moscovites » menaçaient de faire sécession au cas où un compromis ne serait pas vite trouvé. Plutôt que de saisir la perche, Eltsine en tira probablement comme conclusion qu’il fallait agir au plus vite, écraser la rébellion avant que les opposants régionaux à son coup de force n’aient le temps de se rassembler.

Une guerre civile eut pu éclater si un troisième élément, "hors camps", n'était intervenu : l'immense passivité de la population, qui attendait voir, et redoutait plus que tout de voir le sang couler. L'histoire de ce pays - la révolution, la guerre civile, la Terreur, la guerre contre l'Allemagne nazie - la mémoire de toutes ces violences pesaient lourd dans cette non-volonté de se mêler au conflit, de descendre dans les rues.

Et cependant, beaucoup de gens du peuple faisaient encore confiance en Boris Eltsine, qui jouait au « sauveur suprême » , au grand protecteur (le « bon Tsar entouré de mauvais conseillers » comme le veut la tradition russe). Il ne cessait de promettre des "correctifs" aux réformes et "la Justice sociale", faisant croire que les douleurs du choc n'étaient qu'une mauvaise passe de quelques années. De surcroît, nombre de travailleurs qui avaient adhéré au slogan de "l'autogestion", officiel sous Gorbatchev et très en vogue à gauche, s'attendaient encore à ce que les privatisations se fassent au profit des "collectifs de travail", d'une sorte de propriété de groupe ou, comme on le disait, de "capitalisme populaire".

L'illusion était renforcée par deux faits. D'abord, la possibilité donnée à un grand nombre de "privatiser" leurs appartements, gratuitement ou à peu de frais, sans imaginer bien sûr qu'il leur incomberait de payer (de plus en plus cher) l'entretien de leurs logements et des communs, les consommations jusque là quasi-gratuites d'eau, de gaz, d'électricité, de chauffage urbain.

L'autre événement chargé d'illusions, ce fut la distribution à "150 millions de Russes, bébés compris" de chèques (vouchers) ou "bons de privatisation" (de "chèques" et non d'"actions" comme on l'a parfois écrit dans nos journaux) au moyen desquels ils pourraient acheter les actions d'entreprises à privatiser. De fait, la plupart des gens appauvris s'empressèrent de revendre leurs chèques, et les autres - directeurs, groupes industriels et financiers, réseaux criminels - concentrèrent ces bons et aussitôt les actions dans les "bons placements". Au total une gigantesque escroquerie qui déposséda la collectivité des biens publics édifiés au prix des efforts et des sacrifices de plusieurs générations, et pas seulement des Russes !

« Au final, note l’économiste Alexandre Nekipelov, les individus participant à la privatisation n’étaient pas en mesure de prendre des décisions sensées, en revanche la partie purement spéculative de la « privatisation populaire » augmenta brutalement » au profit de « quelques élus ». Les sociétés les plus attractives furent mises aux enchères la veille de la clôture de la privatisation (le 30 juin 1994), leurs actifs sous-évalués, et les fleurons de l’industrie bientôt cédés à bas prix en vertu de l’opération « prêts contre actions » qui profita aux grands banquiers , dont le fameux Boris Berezovski mais aussi le « malheureux » Mikhaïl Khodorkovski, aujourd’hui emprisonné et présenté comme un « martyr de la démocratie » (Sapir 3, 77-81).

 
8. LE ROLE DE L’OCCIDENT

Les réformes russes ont été conçues selon la stratégie dite du « Consensus de Washington » déjà largement appliquée à l’Amérique latine.

Les inspirateurs occidentaux du « choc » ont été, notamment, les économistes Andres Äslund de Carnegie Endowment et Jeffray Sachs. Les réformateurs moscovites bénéficiaient également, depuis 1987, des bons conseils de Georges Soros et des experts de Goldman Sachs. Soros, participant direct à la vie économique russe (investisseur dans les télécommunications et spéculateur sur les bons du trésor) aurait sans doute préféré une stratégie moins aventurière que celle de Gaïdar et Tchoubaïs, auxquels il fit quelques reproches lorsque leur échec (social) s’avéra patent. Mais il a également la réputation d’avoir abondamment contribué à la « fuite des cerveaux » vers les Etats-Unis. Leçons d’histoire et de démocratie étaient dispensés, avec financements, par les fondations états-uniennes qui s’implantaient dans les lieux de recherche et dans la « société civile » : Carnegie, Ford, Rockefeller, Heritage, National Endowment for Democracy (NED) etc… Des milliers d’ex-Soviétiques, dans plusieurs républiques, sont ainsi devenus les appointés de fondations américaines privées ou liées aux partis démocrate et républicain. Il y eut aussi des fondations européennes à l’œuvre (Adenauer, Ebert), les programmes TACIS etc…

Mais l’interventionnisme états-unien officiel a été primordial : « Les conseillers américains – explique un témoin direct, l’économiste français Jacques Sapir – ne sont pas arrivés fin 1991 avec un mandat du FMI, comme on le dit souvent, mais dans le cadre d’une assistance technique américaine, financée par l’USAID et mise en œuvre par le Harvard Institute for International Development. Jeffrey Sachs participa à de nombreuses réunions de l’équipe Eltsine de 1991 à 1993, ne rendant compte de son activité qu’aux autorités américaines ». Selon Sapir, l’intégration de la Russie au jeu américain est un objectif stratégique, « le soutien sans faille que l’administration Clinton apporta à Boris Eltsine, de son coup de force contre parlement de Russie en 1993 à sa réélection douteuse en 1996 (…) le prouve. On oublie trop aujourd’hui que le déclenchement de la guerre de Tchétchénie en décembre 1994 fut, lui aussi, très largement appuyé par le gouvernement américain »21 (Sapir 3, 56).

Faut-il ajouter que l’ensemble des médias occidentaux, des experts académiques, des kremlinologues patentés apportèrent appui ou, du moins, « compréhension » au coup de force, certains n’ayant pas hésité à l’appeler de leurs vœux et à inciter Eltsine à passer à l’acte ? Rares étaient les spécialistes qui, tel Jacques Sapir, osèrent produire des analyses critiques de ce qui se passait en Russie. Quant aux auteurs russes, seuls étaient et sont publiés à l’Ouest, ou peu s’en faut, ceux qui « nous conviennent ». Il arrive même que des auteurs publiés et célèbres en Occident cessent de l’être dès que leurs opinions cessent de « convenir ». Les médias russes ont été simultanément investis par des groupes de presse et de publicité commerciale occidentaux. Les Russes auront ainsi la joie de découvrir la philosophie française grâce à l’édition russe de « Paris Match » avec, à la une, Bernard-Henri Lévy !

Or, il était devenu essentiel, en ex-URSS, d’être « bien vu » en Occident. Une propagande massive, la publicité commerciale, le fanatisme occidentaliste des nouveaux bourgeois faisaient valoir une sorte d’idéologie néo-coloniale : tout ce qui se faisait à l’Ouest était meilleur, tout ce qui se disait devait être écouté, les dollars et les D marks allaient sauver les peuples de la famine, Washington, Londres et Paris ne songeaient qu’à une chose : « sauver la Russie ». Ils étaient porteurs de la « Civilisation » à laquelle devaient se soumettre les Soviétiques, ces « Asiates dans les veines desquels coule le sang des esclaves ».

« La Russie a aussi constitué, pendant la transition, une source de profits importants pour la finance internationale ». Alors que des promesses d’ aides ne sont pas tenues, la plupart des fonds de l’UE (trois milliards d’euros, dont un tiers pour les programmes TACIS) seront utilisés pour des services rendus par des experts étrangers, pour la logistique des projets ou, dans les meilleurs cas, pour l’acquisition de matériaux d’importation (G.Barisi, in Boutillier, p59).


Le modèle Pinochet : ce n’est pas qu’un slogan

On pourrait penser que les parallèles avec le Chili relèvent du slogan. Pas du tout. Des groupes d'études d'économistes russes se sont succédés au Chili pour analyser l'expérience chilienne. Des collaborateurs de Pinochet sont venus à Moscou. D'éminents intellectuels libéraux ont fait l'éloge de l'expérience libérale au Chili : tels Andronik Migranian et Igor Kliamkin, le proche conseiller de Gaïdar et de Poutine et actuel opposant "libertarien" Andrei Illarionov, la journaliste vedette du journal d'opposition "Novaïa Gazeta" et romancière éditée en France Youlia Latynina qui, comparant les régimes autoritaires, relève que ce qui compte c'est leur efficacité - le régime chilien, celui de Singapour furent efficaces, pas celui de Poutine. Il y a une véritable fascination pour le Chili chez ceux qu'on pourrait appeler, en Russie comme chez nous, les adeptes du "fascisme libéral" : à la différence des fascistes classiques, ils ne vantent pas les mérites de la régulation d'état, ni ne s'en prennent aux Juifs, ils préconisent le dégagement total de l'Etat des activités économiques et leurs nouveaux boucs émissaires, en plus des pauvres et des "paresseux", sont les "culs noirs", les basanés des régions méridionales, les islamistes.
C'est bien une droite dure et radicale, libérale en économie, parfois ouverte au plan des mœurs sexuelles et de la protection des « minorités », mais toujours impitoyable envers les « perdants » de la compétition et les « majorités » d’exploités et d’opprimés.

 
Le "capitalisme de choc" a également pour effet de démonter le complexe militaro-industriel, de diminuer en conséquence l'influence sur la scène internationale d'une puissance qui, avec la dislocation de l'Union soviétique, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Que cela se fasse "en plein accord" avec les Etats-Unis, dans le climat euphorique de l'idylle Clinton-Eltsine ne doit pas nous laisser croire que les nouveaux rapports entre l'Occident et la Russie, délivrés du poids de la guerre froide, obéissent désormais aux conventions des contes de fées.

Le souci de ne pas verser dans une "théorie du complot" ne doit pas aveugler au point de ne pas s'apercevoir qu'une politique d'affaiblissement de la puissance russe est à l’œuvre avec le consentement du Kremlin et, plus spécialement, le concours des nouveaux grands banquiers qui organisent la fuite des capitaux tout en jouant la privatisation à leur profit, la vente et bientôt l’exploitation des ressources naturelles, tandis qu'une nouvelle diplomatie pro-occidentale est à l'œuvre au MID à la Place Smolensk22, sous la conduite d'Andrei Kozyrev.

La "naïveté" (?) russe peut surprendre alors qu'il est évident, depuis 1989 au moins, qu'aucun cadeau ne sera fait à la Russie "en reconnaissance des bons services rendus" par Mikhaïl Gorbatchev en Europe centrale et en Allemagne, que l'OTAN "privée d'ennemi" redéploie ses ailes, que les Etats-Unis avancent leurs pions dans les Balkans et dans le Sud-Caucase, en direction des pétroles de la Caspienne. Il ne fallait pas attendre la publication en 1995 du "Grand Echiquier" de Zbiegniew Brzezinski pour comprendre qu'une stratégie états-unienne est à l’œuvre pour l'hégémonie mondiale impliquant, sur le continent eurasien, un refoulement déc
isif de la puissance russe.

Un homme d'Etat l'a très bien saisi, c'est Evgueny Primakov qui tentera, comme ministre des Affaires étrangères dès 1996, de ré-équilibrer la diplomatie russe. Mais la mainmise des "sept banquiers", cette même année, sur les pétroles sibériens et l'entourage du Président continue de saper les bases même de la souveraineté russe.

Dans son récent ouvrage sur la pensée stratégique russe, Jean Geronimo observe néanmoins qu’en dépit des « conseillers libéraux guidés par la main de Washington », le maintien de l’atome comme « instrument politique de dissuasion », dans la doctrine militaire de 1993, a permis à la Russie eltsinienne d’encore exister sur le plan international et de conserver sa place de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU (Geronimo, 50,51).


9. LES RESULTATS

Le régime présidentiel instauré en décembre 1993 – entériné par un référendum aux résultats très controversés – consacra l’avènement d’un pouvoir autoritaire qui allait engager, l’année suivante, la première guerre en Tchétchénie. On évita cependant une dictature « à la Pinochet » comme le proposaient certains idéologues démocrates des plus radicaux. A la répression d’Octobre répondit une victoire inquiétante, aux élections législatives de décembre, des forces nationalistes pseudo-oppositionnelles 23 et communistes. Une opposition restait donc tolérée, mais le nouveau Parlement (la Douma) n’avait plus qu’un rôle réduit. Les médias restaient pluralistes, à la mesure de la pluralité de leurs propriétaires et gérants : l’oligarque Boris Berezovski allait détenir la direction de la chaîne publique ORT (« Ostankino »), son rival Vladimir Goussinski était propriétaire de la chaîne privée NTV, indépendante du Kremlin. Tous deux maîtrisaient de vastes empires de presse, en même temps que de puissants intérêts dans la finance, l’automobile, les paradis fiscaux et en attendant de se voir offrir pour des sommes dérisoires, en 1995 et en échange de leur soutien à Boris Eltsine, les fleurons de l’industrie pétrolière.
 
Avec leurs compères Mikhaïl Friedman, Piotr Aven, Mikhaîl Khodorkovski, Vladimir Potanine… « l’oligarchie » était née, au sens d’une dictature multicéphale avec étroite imbrication des groupes d’intérêt privés, publics, policiers et politiques. C’est en son sein que se forme le groupe « des sept banquiers » (dont ceux déjà cités) qui, en 1995-96, offriront, en échange d’actions bradées de grandes entreprises industrielles et pétrolières, des prêts bancaires et autres soutiens médiatiques au candidat président Eltsine que les premiers sondages annoncent perdant face au candidat communiste Guennadi Ziouganov. L’oligarchie l’emporte de justesse et moyennant trucages du scrutin présidentiel de 1966 : deux millions de voix de Ziouganov auraient « disparu » lors du deuxième tour (Sapir 69).

Quelle « Démocratie » ?

Les nombreuses initiatives sociales autonomes qui avaient jailli à la fin des années 1980 et donné lieu à des mouvements ouvriers, intellectuels, écologistes réellement indépendants du pouvoir ont été littéralement anéanties. Une « société civile » d’organisations non commerciales (NKO, plus connues chez nous comme ONG) prendra la relève avec le soutien des fondations américaines et des grandes ONG occidentales de « Droits de l’Homme ». Il s’agira cette fois d’ une « guidance » occidentale de la démocratisation, de façon à accompagner les réformes, amortir les chocs mais aussi éradiquer les « survivances socialistes » dans les esprits, de réviser l’histoire en stigmatisant tout ce qui était « soviétique », de former à la « nouvelle citoyenneté » mondialiste. Une stratégie de « soft power » qui va mécontenter Poutine.
Cette « démocratie » plaît incontestablement à une masse de jeunes « bien placés » pour qui il convient de faire « comme à l’Ouest », de consommer et de « jouir sans entraves ». Un « idéal » séducteur bien au delà des blousons dorés de Moscou, mais que ne peuvent atteindre ceux à qui s’applique « le talon de fer » (Jack London) du salariat capitaliste. Clivage « de classe » ? En effet.

Exploratrice française du monde ouvrier russe de cette période, Karine Clément constate cependant que le « règlement musclé » du conflit de 1993 marque un tournant : « Depuis lors, la courbe des conflits de travail ne cesse de s’élever (…) L’extrémisme et la violence « du haut » ont vaincu les scrupules « d’en bas » qui rejetaient l’action collective par crainte de donner prise à l’accusation d’extrémisme. Le doute et le soupçon s’emparent de la société, dont une partie de plus en plus importante se méfie de la classe politique dirigeante » (Clément 49). Mais si les mécontentements augmentent et se radicalisent (on voit se multiplier des grèves de la faim) les possibilités d’emploi vont aussi diminuer, de même que les salaires et la régularité de leur paiement. Les relations de travail, où les contrats individuels se substituent aux conventions collectives, se plient aux exigences d’un patronat lui aussi « de choc » et qui obtiendra la refonte du code du travail au détriment des travailleurs et des syndicats. Une opinion sur la démocratie russe se répand : « Au temps de l’URSS, on ne pouvait critiquer le Politburo mais bien les directeurs d’entreprises. Au temps de la démocratie, on peut tout dire sur les dirigeants politiques (« cause toujours ! ») mais si l’on s’en prend au patron, c’est la porte ! ». Or, la raréfaction des emplois, la menace des licenciements, la peur de tomber dans la plus noire misère ont changé le rapport de forces entre possédants et salariés  : c’est donc cela, la « Démocratie » ?

Les lendemains d’Octobre noir sont loin de satisfaire les libéraux. Outre leur échec aux élections (moins d’un tiers des voix) leurs chefs de file Egor Gaïdar et Boris Fedorov sont écartés du gouvernement en janvier. Une réaction antilibérale se fait jour dans la Biélorussie voisine, qui mènera au pouvoir Alexandre Loukachenko (élu président en juillet 1994) sur un programme qui porte un très net coup d’arrêt au capitalisme de choc. En politique extérieure également, les divergences avec les Etats-Unis s’esquissent sur la gestion de la crise bosniaque, et la Russie reprend pied très momentanément en Géorgie, avec le retour au pouvoir d’Edouard Chevarnadze24

L’expérience ultralibérale aboutira au krach financier de 1998, qui fut aussi, en Russie, la défaite des idées libérales et des formations politiques eltsiniennes. C’est de cette époque, et non de la « méchanceté » poutinienne des années 2000, que date le discrédit général du « libéralisme » et des « démocrates », devenus des injures. Après 1998, la même presse qui chez nous avait encensé Eltsine se mit à la peinture au noir (de la Russie) tout aussi grossière que la précédente peinture en rose.

Or, la crise de 1998 fut aussi l’occasion, pour le nouveau gouvernement (éphémère) d’Evgueny Primakov, une sorte de social-démocrate, de réorienter la politique dans un sens plus régulateur et, sur le plan international, dans un sens « multilatéral ». Il tenta en vain d’écarter des centres du pouvoir les oligarques dominants, ce qui lui valut d’être lui-même évincé. Lui succéda un directeur du FSB25 , Vladimir Poutine, Premier ministre puis Président, très lié aux dits oligarques, et même porté au pouvoir par Boris Berezovski qu’il écartera plus tard, « sauveur du régime » mais initiateur d’une restauration de l’Etat et de la souveraineté nationale qui lui vaudra les hostilités des plus radicalement libéraux et de l’Occident. On remarquera qu’en 1993, dans la mouvance démocrate écartelée, le parti-pris pro-Eltsine et anticommuniste ne fut pas seulement le choix des ultralibéraux. Poutine était dans le camp eltsinien, de même que les militaires et les services de sécurité. Des milliers d’anciens du KGB constituaient les polices privées des groupes financiers. (..)

Cette histoire « d’après le choc » est aussi celle des bilans. La réussite de Gaïdar évoquée plus haut est indéniable. La Russie, et les autres pays de l’espace ex-soviétique, se sont bien engagés, de façon irréversible, dans la voie du capitalisme. Reste à voir quel type de capitalisme.

Après une décennie d’ effondrement, l’économie et la puissance russes ont retrouvé le chemin du redressement, fût-il limité à la croissance d’une puissance exportatrice d’énergie et à quelques redéploiements industriels, militaires et scientifiques. La violence d’état a retrouvé ses marques. En 1993, les dirigeants russes ont réappris à résoudre les conflits internes par la force. Progressivement, ils ont perdu les illusions de l’ère Gorbatchev quant à un nouvel ordre mondial fondé sur la réconciliation Est-Ouest, le désarmement et la dévotion aux « grands défis » de la paix et de l’écologie : la Patrie est à nouveau en danger et seuls comptent, pour défendre sa souveraineté, les rapports de force, la puissance nucléaire qui lui reste, une diplomatie musclée. Dans les relations avec les « républiques sœurs », ces mêmes rapports et l’intérêt matériel vont primer, installant entre elles et la Russie crispations et tensions.

Ce qu’il en a coûté socialement, culturellement, humainement – de cette « transition » - est un paramètre que les réformateurs « économicistes » ont souvent balayé d’un revers de la main.
 
D’autres penseurs libéraux, peu suspects de nostalgies socialistes, n’en estiment pas moins que la « stratégie du choc » destructrice du potentiel hérité de l’URSS a été fatale pour la « modernisation de la Russie » telle qu’eux, libéraux éclairés, l’envisagent et voudraient la relancer. Ainsi, le leader du parti libéral « Iabloko », Grigori Yavlinski, qui en vient à considérer que la Russie fut entraînée par les réformateurs sur la voie d’une « dé-modernisation ».26 La critique libérale occidentale la plus implacable des « réformes russes » et de leurs inspirateurs étrangers a été le fait de l’ancien vice-président de la Banque Mondiale, Joseph Stiglitz. 27Georges Soros lui-même a cru bon de dénoncer un « capitalisme de brigands », comme s’il n’y était pour rien !

Jean-Marie Chauvier
clôturé le 3 octobre 2013
 
PS de l’auteur  : je me suis attaché à la crise de 1993 et à ses grands enjeux, sans développer l’histoire des privatisations, ni les bilans d’ensemble de la dite « transition » et des nouveaux rapports sociaux qui s’y sont formés. Cela exigerait d’ailleurs une remontée dans le temps, un « amont » sur les origines du capitalisme russe, en rapport avec le « grand basculement » néolibéral du monde occidental et en « aval » sur la suite (l’actualité) de ces transformations. Pour une vision plus globale de cette période, voir la bibliographie. JMC


 
NOTES : 
 
suite ici, et article complet =
 
Source : Investig'Action
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26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 02:10

http://lexpansion.lexpress.fr/economie/pea-pel-assurance-vie-ce-que-change-la-hausse-de-la-fiscalite_403526.html

 

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Les Elus ont refusé un amendement pour taxer les banquiers spéculant en trading haute fréquence avec notre argent, et ils ont voté une fiscalité rétroactive !

PEA, PEL, assurance-vie: ce que change la hausse de la fiscalité
Les produits d'épargne subissent depuis le jeudi 26 septembre, une hausse des prélèvements sociaux avec un taux à 15,5%.

En savoir plus sur http://lexpansion.lexpress.fr/economie/pea-pel-assurance-vie-ce-que-change-la-hausse-de-la-fiscalite_403526.html#ZXacazdptMI11rGl.99
PEA, PEL, assurance-vie: ce que change la hausse de la fiscalité
Les produits d'épargne subissent depuis le jeudi 26 septembre, une hausse des prélèvements sociaux avec un taux à 15,5%.

En savoir plus sur http://lexpansion.lexpress.fr/economie/pea-pel-assurance-vie-ce-que-change-la-hausse-de-la-fiscalite_403526.html#ZXacazdptMI11rGl.99

 

Dans la même semaine le gouvernement et les députés ont refusé l'amendement visant à taxer les banquiers qui spéculent en trading haute fréquence avec notre argent et votent une fiscalité rétroactive !!!

 

 

PEL, assurance-vie : quand l'État rompt le contrat de confiance avec les épargnants

Le Point.fr - Publié le 24/10/2013 à 14:12 - Modifié le 24/10/2013 à 15:52

Les gains de multiples placements anciens vont être soumis aux prélèvements sociaux à 15,5 %. Une harmonisation à la hausse qui fait grincer des dents.

 

Le gouvernement va chercher l'argent là où il est : dans la poche des épargnants. Mercredi, les députés ont approuvé l'augmentation rétroactive des prélèvements sociaux appliqués aux versements effectués sur vos contrats d'assurance-vie multisupports avant le 26 septembre 1997, aux primes d'État versées sur vos plans d'épargne logement (PEL) et comptes épargne logement (CEL). Mais la hausse s'appliquera également à vos intérêts acquis sur ces mêmes PEL de moins de 10 ans souscrits avant le 1er mars 2011 et sur les produits de vos plans d'épargne en actions (PEA) de plus de 5 ans. Où comment augmenter les prélèvements sans monter les taux.

15,5 % pour tous les gains

Explications. L'État a décidé en 1997 de prélever la CSG sur les produits de placement pour financer la Sécurité sociale. Depuis 1996, l'épargnant paye également la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Leur taux cumulé atteint aujourd'hui 15,5 %, un chiffre qui a été régulièrement augmenté au cours des années par les gouvernements. De droite comme de gauche. Résultat, le gain était taxé au taux applicable l'année où le gain avait été obtenu. Un "bazar invraisemblable", de l'avis général.

C'est le prétexte qu'a trouvé le gouvernement pour leur appliquer rétroactivement le taux actuel de 15,5 %. Par comparaison, pour un placement réalisé en 1990, les gains obtenus entre 1990 et 1995 étaient jusqu'à présent taxés à 0 %, puis à 0,5 % à partir de 1996 et à 3,9 % en 1997, avant de passer à 9,5 % entre 1998 et 2004, explique le gouvernement dans sa présentation du projet de loi de financement de la sécurité sociale.

600 millions pour la puissance publique

Au final, la mesure doit rapporter 600 millions d'euros à partir de 2014. La mesure frappe surtout ceux qui ont commencé tôt à préparer leur retraite, en particulier les retraités qui complètent leurs pensions en effectuant chaque trimestre des retraits sur l'épargne accumulée pendant leur vie active.

"Je suis très choqué par les mesures fiscales rétroactives de manière générale. Cela casse le contrat de confiance entre les épargnants et l'État (...). C'est à terme très destructeur de la politique économique menée, quels que soient les gouvernements." Cette réaction, de la part d'une autorité économique française reconnue, est largement partagée.

Le gouvernement invoque la "cohérence"

Comment, en effet, inciter les épargnants à investir dans les nouveaux PEA-PME que s'apprête à lancer le gouvernement, alors qu'il s'autorise à changer les règles fiscales ensuite ? L'opposition n'a pas manqué de s'emparer de cet argument. "Nous arrivons à des mesures incompréhensibles compte tenu des engagements pris par le Premier ministre lui-même en faveur des placements dirigés vers le financement des entreprises, la compétitivité, l'investissement et le développement durable", a attaqué l'UMP Bernard Accoyer, lors de la discussion en séance publique au Palais Bourbon.

Réponse du ministre délégué au Budget, Bernard Cazeneuve : "Lorsque vous procédez à une vente d'actions et que vous réalisez une plus-value, le taux de 15,5 % s'applique. Si la même action, dans le cadre d'un PEA, est vendue, les prélèvements sociaux s'appliquent à partir de la reconstitution des taux historiques. Est-ce logique et cohérent ? Est-ce lisible ? Cela procède-t-il de la volonté de simplification de la fiscalité de l'épargne que, par ailleurs sur ces bancs, vous appelez en permanence de vos voeux ?"

Pas d'échappatoire

Le plus grand flou règne sur l'origine des 600 millions que doivent rapporter la mesure. Certains socialistes soulignent que ce sont les gains des PEA qui seront les plus touchés, et donc les Français aisés, puisque le PEA est plutôt un produit d'épargne risqué souscrit par ceux qui en ont les moyens. Mais le socialiste Dominique Lefebvre, coauteur d'un rapport sur l'épargne de long terme avec sa collègue Karine Berger, a défendu la mesure, lundi 21 octobre, sur BFM Business, en expliquant que l'essentiel des recettes attendues proviendra des contrats d'assurance-vie !

Quoi qu'il en soit, selon un spécialiste, il aurait mieux valu proposer à l'épargnant de sortir de son produit d'épargne aux anciennes conditions. Seuls ceux qui ne l'auraient pas souhaité se seraient alors vu appliquer les prélèvement sociaux au taux actuel. Mais le rendement attendu n'aurait sans doute pas été au rendez-vous.

Le gouvernement a d'ailleurs pris ses précautions. La mesure prendra effet au 26 septembre 2013, et non pas à compter de l'adoption du budget de la Sécu. Pas moyen, donc, d'y échapper.




Paris, le 11 octobre 2013

Monsieur le président de la République,

En proposant une fiscalité rétroactive sur les plus-values et les dividendes, votre gouvernement menace le PEA, un placement clé pour le financement des entreprises françaises. Ce projet vise tout simplement à augmenter très fortement les prélèvements sociaux.

Une telle mesure reviendrait à punir les actionnaires les plus fidèles des entreprises françaises. Ceux pour qui la Bourse n’est pas un outil de spéculation mais un investissement à long terme pour préparer sa retraite ou s’assurer des revenus réguliers. En prenant une telle décision, le gouvernement s’apprête à taxer leurs gains et dividendes perçus depuis dix-sept ans au taux de 15,5 ?%.

Il est choquant d’envisager une telle rétroactivité, d’autant que, depuis treize ans, les actionnaires individuels ont eu à affronter trois krachs boursiers. Or, ils ont tenu bon en gardant leurs titres au milieu de la tempête afin de participer à la reconstruction de l’économie française. Et au moment où le Cac 40 se redresse, votre gouvernement envisage de taxer en 2013 les profits des années 1990. Alors que ceux qui ont fermé leur PEA pendant la crise, abandonnant à leur sort les entreprises, ont été épargnés ! Ce serait décourageant.

Non seulement ce projet de rétroactivité fiscale sur le PEA est profondément injuste, mais il va exactement à l’encontre de votre politique, et à plusieurs titres.

D’abord parce que le 29 avril, lors des Assises de l’entrepreneuriat, vous avez vous-même lancé les principes d’un PEA-PME et annoncé un relèvement du plafond du PEA classique, prouvant votre profond attachement au PEA et reconnaissant ainsi son utilité.

Ensuite, cette mesure, Monsieur le président de la République, entraverait le développement des entreprises françaises. Elles ont cruellement besoin de capitaux et d’une stabilité de leur actionnariat. Pour cela, il est impératif qu’elles puissent compter sur les actionnaires individuels, devenus les derniers investisseurs de long terme à la Bourse de Paris. Les assureurs et les banquiers français sont désormais soumis à des nouvelles contraintes réglementaires les empêchant de détenir une proportion importante d’actions.

Pénaliser le PEA reviendrait à faire le jeu des investisseurs étrangers. Fin 2012, les non-résidents possédaient déjà 46,3 % du Cac 40. C’est-à-dire deux points de plus qu’en 2011. À ce rythme-là, avant la fin de votre mandat, les hedge funds et autres spécialistes de la finance internationale, que vous n’appréciez guère, voire les fonds souverains étrangers, seront devenus majoritaires dans le capital des plus grandes sociétés françaises. Au détriment du « made in France » que vous défendez car, vous le savez bien, pour garder des emplois en France, rien ne vaut des entreprises françaises détenues par des actionnaires français.

Investir se devait d’être aux côtés des actionnaires mécontents, dont le nombre grandit. En tant que premier journal boursier, nous avons déjà reçu des centaines de lettres de nos lecteurs. Le verdict du sondage que nous avons organisé est également sans appel. Il constitue non seulement un record, avec plus de 22.000 votes recueillis en dix jours, mais, dans 88 % des cas, les internautes jugent ce projet de taxation du PEA « scandaleux ». Les patrons de petites et de grandes entreprises interrogés soutiennent également notre démarche.

Il y a urgence à agir. Vous pouvez encore éviter que ce projet porte un coup sévère aux 5 millions de détenteurs de PEA et les dissuade d’investir dans le PEA-PME, sur lequel vous fondez, à juste titre, de grands espoirs. Nous comptons sur votre vigilance pour ne pas sacrifier le PEA à une vision budgétaire de court terme.

En vous remerciant par avance, veuillez agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de notre haute considération.

 

 

 

Le Point.fr - Publié le 25/10/2013 à 13:55 - Modifié le 25/10/2013 à 16:27

130 établissements de la zone euro vont être contrôlés sous l'égide de la Banque centrale, qui joue sa crédibilité en tant que futur superviseur unique.

  Les banques françaises vont devoir prouver leur résilience. © David Vincent / NBC/AP/SIPA

L'opération prendra fin en octobre 2014. Pendant douze mois à partir de novembre, la BCE va mener une opération-vérité sans précédent sur l'état réel des 130 plus grandes banques de la zone euro. L'institution de Francfort, qui va devenir le superviseur unique des institutions financières privées des 17 États membres, n'entend en effet pas assumer son nouveau rôle sans savoir où elle met les pieds. Elle souhaite également rassurer définitivement les marchés quant à l'état de santé du système bancaire européen.

 

Mais la BCE ne va pas se contenter de mener de simples tests de résistance (stress-tests), comme ceux qui avaient été conduits en 2010 et en 2011 par l'Autorité bancaire européenne (ABE). À l'époque, celle-ci n'avait pas su détecter les établissements fragiles, ce qui avait miné sa propre crédibilité ainsi que celle de l'ensemble du système bancaire européen.

Évaluer les risques des banques, un casse-tête

Pour éviter de tomber dans le même piège, la BCE va donc au préalable évaluer les profils de risques de chaque banque, comme leur dépendance à la liquidité ou leur vulnérabilité à des chocs extérieurs. La BCE va également superviser un examen des actifs inscrits au bilan de chaque banque (prêts, dettes souveraines, etc.) pour savoir s'ils sont correctement valorisés (au 31 décembre 2013 pour éviter que les banques gèlent leurs crédits pendant tout le processus) et augmenter ainsi la transparence du système financier européen.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, aucun système commun d'évaluation des risques pris par les banques n'existe actuellement. Chacune d'entre elles a le droit, si elle le souhaite, d'utiliser son propre modèle de calcul du risque, construit grâce à des variables historiques destinées à prédire une probabilité de défaut d'un emprunteur et le montant de la perte associée. Bien sûr, ces modèles sont contrôlés par les autorités nationales, mais elles ont chacune leur propre grille d'analyse. "La BCE et les autorités nationales compétentes sont en train de mettre au point conjointement un nouveau système d'évaluation des risques qui constituera un outil de supervision clé du mécanisme de supervision unique", peut-on lire dans la note d'information diffusée par la BCE mercredi. Il s'agit, par exemple, d'harmoniser d'une banque à l'autre la valeur d'actifs qui n'ont pas de valorisation objective, car il n'existe pas assez de transactions sur le marché pour en connaître le prix.

Lire à ce sujet notre interview sur le système financier et l'évaluation des risques pris par les institutions financières.

Un processus rigoureux

"Pour les plus petits pays et les plus petites banques, ça va être plus compliqué" de s'aligner vers le standard européen que pour les grands établissements, reconnaît d'ailleurs une source proche du dossier. "L'analyse va apporter de la transparence en vérifiant la validité des modèles et règles arbitraires que les banques utilisent pour présenter leurs résultats", se félicite Éric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management.

Ce n'est qu'une fois ce travail réalisé que la BCE pourra organiser, en collaboration avec l'Autorité bancaire européenne (ABE), qui supervise toujours les banques hors zone euro, des "stress-tests" crédibles. Les scénarios de crise utilisés restent à définir, mais il s'agit, par exemple, de simuler une récession ou une tension sur une dette publique pour voir si telle ou telle institution financière a les reins assez solides pour y résister.

Pour passer l'évaluation, les grandes banques devront atteindre un ratio de fonds propres (les actions de la banque et les bénéfices mis en réserve) de 8 % par rapport à leurs engagements. C'est-à-dire un point de plus que ce que prévoit la législation (Bâle III, 7 %).

Que faire de la brebis galeuse ?

Reste à savoir ce qui se passera si un établissement ne passe pas la barre fixée par la BCE. L'institution financière concernée peut toujours faire appel au marché pour se renflouer. Mais, en cas d'impossibilité d'attirer des investisseurs, les choses se compliquent.

Mario Draghi, président de la BCE, plaide pour que les États expliquent clairement comment ils procéderont et quels fonds ils comptent utiliser, une fois les créanciers de la banque mis à contribution. Compte tenu des réticences de l'Allemagne, une recapitalisation directe par le mécanisme européen de stabilité (MES), le pare-feu de la zone euro, semble pour l'instant exclue.

Vers un bras de fer entre la BCE et les États membres

Si des banques respectent les normes de Bâle III mais s'avèrent incapables d'atteindre un ratio de fonds propres de 8 %, elles doivent pouvoir être renflouées parce qu'elles sont viables, plaide la BCE, qui ne veut entendre parler, dans ce cas, de mise à contribution d'aucun de leurs créanciers, contrairement à ce que souhaite la Commission européenne. L'Europe s'est en effet donné l'objectif de ne plus faire appel à l'argent du contribuable - ou le moins possible - en adoptant le principe du bail-in (infliger des pertes aux créanciers) plutôt que du bail-out (sauvetage extérieur).

Au final, la perspective d'une recapitalisation sur argent public est loin d'être exclue. La Commission européenne a d'ailleurs accepté que l'argent prêté par un État ne rentre pas en compte pour le déclenchement éventuel d'une procédure de déficit excessif du traité de Maastricht, souligne une source proche du dossier.

Nicolas Véron, spécialiste du sujet pour le think tank européen Bruegel, anticipe déjà un bras de fer entre la BCE et l'Eurogroupe. "Il est probable que des États membres, ou au moins certains d'entre eux, y compris les plus grands, pousseront à cacher les mauvaises nouvelles par peur des conséquences politiques et financières de restructurations publiques de banques", écrit l'économiste. Soit la BCE leur résiste et révèle les éventuelles faiblesses, soit elle leur cédera, ce qui minerait sa crédibilité et empêcherait le secteur bancaire européen de se remettre d'aplomb et d'assumer son rôle de financement de l'économie.


La BCE est engagée dans un grand processus de recrutement de ses équipes de supervision (1 000 personnes au total, dont 250 pour les fonctions support comme l'informatique et les ressources humaines, essentiellement issues, dans un premier temps, des superviseurs nationaux). Afin de mener sa grande revue des banques, elle va donc devoir travailler en étroite collaboration avec les superviseurs nationaux, qui seront surveillés par une équipe à Francfort. Chacun d'entre eux passera donc ses propres banques au peigne fin, mais sous le regard de collègues d'autres pays, pour éviter toute complaisance. La BCE a aussi prévu de faire appel à des spécialistes du privé lorsque le besoin s'en ferait sentir. Elle a notamment lancé un appel d'offres remporté par le cabinet de consulting américain Oliver Wyman. "Oliver Wyman apportera son soutien à la direction et la coordination de la BCE et offrira ses services de conseil financier pour ce projet, notamment pour affiner la méthode d'évaluation", a expliqué la BCE. Un choix critiqué par certains : Olivier Wyman avait désigné l'Anglo Irish Bank meilleur établissement du monde, en 2006, trois ans avant que l'établissement irlandais ne soit emporté par la crise financière.

 

Réforme bancaire: pourquoi les banques défendent les hedge funds

 Par Julie de la Brosse - publié le 30/01/2013 à 19:03

A deux semaines de l'examen du projet de loi sur la réforme bancaire, le lobby financier est dans les starting blocks. Un amendement concernant le financement des hedge funds suscite l'émoi. Explications.



Conscient des faiblesses de son propre texte, le gouvernement a même invité les députés à déposer des amendements pour l'améliorer.

Le lobby bancaire est dans les starting blocks. A deux semaines de l'examen du projet de loi bancaire, les dirigeants des grands établissements français ont tenté une nouvelle fois ce mercredi de convaincre les députés des menaces qu'il ferait planer sur leurs activités. "Nous pensons que compte tenu du nombre de réformes qui sont arrivées ces dernières années, cette évolution n'était ni une urgence, ni une priorité", a ainsi objecté Jean-Paul Chifflet, directeur général de Crédit agricole S.A. et président de la Fédération bancaire française. Un ton inquiet qui contraste curieusement avec les propos rassurants tenus encore très récemment par les banquiers à leurs actionnaires.

>>> Guerre à la finance: le bilan de Hollande, un an après Le Bourget

Des élus déçus du projet gouvernemental

Si les banquiers tirent aujourd'hui le signal d'alarme, c'est qu'ils craignent les amendements à venir. En l'état le projet n'est pas vraiment contraignant. Malgré son degré de technicité, il a même réussi à décevoir un certain nombre de parlementaires de la majorité, qui en espéraient plus de la part d'un Président parti en guerre contre la finance. Las. L'isolement des activités spéculatives dans une filiale devrait concerner moins de 5% de l'activité totale des banques. Une estimation qui n'a pas été confirmée officiellement puisque le gouvernement refuse toujours la mise en place d'une étude d'impact préalable.

Reste que la phase parlementaire s'annonce plus délicate. Conscient des faiblesses de son propre texte, le gouvernement a même invité les députés à déposer des amendements pour l'améliorer. Une discussion que Karine Berger, la rapporteure du projet de loi, veut sans tabou.

Des amendements, il y en aura donc à foison: meilleur encadrement du trading haute fréquence, filialisation des activités de tenues de marché, paradis fiscaux... Finance Watch, l'association qui s'est constituée contre le lobby bancaire, vient par exemple de publier sa propre liste largement diffusée au sein l'Assemblée.

Les hedge funds dans le collimateur

Dans cette grande foire à la rectification, une proposition attire l'attention. Elle concerne les hedge funds (fonds spéculatifs) et fait beaucoup de bruit en ce moment dans le petit milieu de la finance. Dans sa version actuelle, le texte prévoit de séparer les activités de crédits aux hedge fund seulement en cas d'opérations non sécurisées. Mais ces activités non sécurisées sont en fait pratiquement inexistantes, car en règle générale les fonds spéculatifs, dont l'activité est très risquée, doivent toujours fournir des garanties aux banques en contreparties d'un prêt.

C'est pourquoi, pour les défenseurs de la régulation, il faut aller beaucoup plus loin en filialisant purement et simplement ces activités, accusées de financer la spéculation. Rappelons en effet que l'objectif d'un hedge funds est de spéculer en utilisant l'effet de levier de l'emprunt: avec 1 de capital, le fond va pouvoir emprunter 3 et spéculer jusqu'à 4.

Pour les banquiers un tel cantonnement serait une catastrophe. Ils affirment d'abord qu'à force de diaboliser ces fonds, les seuls à prendre certains risques, la France risque de perdre un acteur important du financement de sa dette. Un argument qui reste à prouver étant donné le niveaux peu attractif des taux de la dette française. Ensuite, ils estiment que ces opérations de financement représentent aujourd'hui 15 à 20% de leur BFI (qui représente elle-même entre 13 et 18% environ du PNB des grandes banques françaises), et qu'en les filialisant, les banques françaises seront obligées de quitter le marché. Ce qui est pour le moins approximatif. En réalité, en séparant ces activités de la banque de détail, les banques n'auront plus le soutien de l'Etat pour se financer sur les marchés, ce qui risque de rendre le financement des hedge funds beaucoup moins lucratif.

Une activité utile à l'économie?

Selon les estimations, les activités contenues dans la filiale devraient perdre 3 crans chez les agences de notation, ce qui pourrait renchérir le coût leur refinancement d'environ 40 points de base. "Est-ce une raison pour que l'argent public continue de financer les hedge funds?", s'indigne Thierry Philipponat représentant de l'association Finance Watch.

Quelles sont les chances de cet amendement de passer? Elles semblent maigres. Le chef de file des députés socialistes sur cette réforme, Laurent Baumel, est le premier à penser que ces activités sont indispensables à l'économie et qu'à ce titre elles ne doivent pas être cantonnées. Ce n'est pas l'avis d'un grand nombre d'économistes, ni même du rapport Liikanen, qui préconise cette filialisation, et dont le gouvernement assure s'être inspiré. Mais c'est pourtant ce qu'aurait assuré Pierre Moscovici mardi lors d'une audition avec des députés socialistes. Preuve que le lobby bancaire a encore frappé ? "C'est à se demander si le gouvernement n'est pas totalement embrigadé par des banques qui lui racontent absolument n'importe quoi", s'emporte un analyste.


En savoir plus sur http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/reforme-bancaire-pourquoi-les-banques-defendent-les-hedges-funds_370696.html#8oPa4lPzoYo2v9gF.99
 
Un amendement concernant le financement des hedge funds suscite l'émoi. ... 24 octobre 2013, mis à jour à 11h58 ... Par Julie de la Brosse - publié le 30/01/2013 à 19:03 ... "Nous pensons que compte tenu du nombre de réformes qui sont ... il y en aura donc à foison: meilleur encadrement du trading haute fréquence...
 
www.liberation.fr/.../2013/.../l-adversaire-c-est-toujours-la-finance_8780...
30 janv. 2013 - Séparer la spéculation des activités courantes des banques : un ... La Une du 24 octobre 2013 ... C'est Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale, qui l'a avoué hier ! ... Cela tombe bien, une batterie d'amendements est dans les tiroirs, ... trading haute fréquence en se référant à un décret, lié à la taxe sur ...
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26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 01:38

 

http://www.journaldunet.com/ebusiness/publicite/dossier/080715-15-ans-pub/2001.shtml

 

 

 

 

Suite de

 

Colère de Chantal Dupille ("eva-R-sistons") contre la société de l'Argent

 

A over-blog: Scandale, invasion soudaine de pubs abjectes sur mes blogs (23/10/2013 publié dans : Agir,résister,résistances,alternatives)

 

 

Non à la pollution de mon blog

par une invasion intempestive de pubs.

 

Résistons à l'intolérable !

 

 

Je constate que les pubs sont toujours là,

en haut,

sur la présentation à droite,

entre les articles,

partout, jusque dans ma liste de posts publiés !


Et contrairement aux héberguers sérieux,

il ne s'agit pas de pubs en harmonie avec le contenu,

mais des pires pubs,

pour les gros ventres par exemple !

Et les pubs changent sans cesse !


C'est un abus... pourquoi ?

Pour que les animateurs d'over-blog s'engraissent

toujours plus sur le dos de ceux qui lui ont fait confiace ?

C'est l'idolâtrie du Veau d'Or qui les conduit

à se moquer des blogueurs sérieux ?

 

 

Ces pubs partout, c'est une infection ! Une abjection !

 

Le blog devient illisible !

 

 

S'agit-il d'une stratégie machiavélique

pour dégoûter les lecteurs

de venir lire ces informations non alignées

sur les mensonges des médias,

s'agit-il de faire fuir les lecteurs de ce site

qui, lui, dit la vérité ?

 

C'est une trahison des engagements d'over-blog !

Seul un blog non alimenté pendant au moins 45 jours

(article ou commentaire)

peut recevoir de la publicité !

Non seulement c'est incorrect,

mais cela nuit directement au travail du blogueur,

et à la lecture des articles !

 

Je prends les Lecteurs à témoin.

Moi Défenseur des Consommateurs,

si je vois encore ce sabotage de mon travail,

j'alerte l'Opinion

notamement afin qu'elle choisisse un autre hébergeur

qu'over-blog !

 

Je n'admets pas l'incorrection,

je n'admets pas que mon travail sérieux soit sali !

Et vous avez osé proposer de me payer pour que je laisse

mon travail pollué par ces sales pubs ?

Mais je ne veux pas de fric,

je suis une femme de conviction, incorruptible !

L'argent ne m'intéresse pas,

seule la vérité compte pour moi !

 

Alors ça suffit de vous moquer de vos utilisateurs,

de ceux qui vous ont fait confiance !

Ca suffit le sabotage des blogs pour du fric !

 

Je n'accepterai pas que ce blog alimenté régulièrement

soit complètement défiguré !

 

Chantal Dupille (eva R-sistons)


 

Résistons à l'envahisseur capitaliste !

 

 

résistons aux conservateurs.

 

http://carlboileau.com/une-campagne-en-image-ma-propagande-20

 

 

 

 

 

Sur mon compte twitter : 


https://twitter.com/rsistons


(NB je tweete depuis presque 7 mois) :

 

 


 

Chez ces gens-là on n´cause pas, madame on n´cause pas, on compte.

 

 

.

 

  1. Cette p.. de société corrompt tout ! Même une bande d'internautes enthousiastes.. (les jeunes Toulousains créateurs d')

 

.

   

C'est une attaque en règle contre les cul-de-jattes (Humour)

 

 

 

Madame, votre engagement n'a d'égal que votre courage.

 

.

.

.

 Eva ...tu as raison de t'élever violemment contre ces publicités imposés sur tes blogs. Il y en a marre de ces "intrusions" que pour ma part j'ignore systématiquement. Quand je regarde la télévision et que le programmes est interrompu par des pubs (comme par exemple "Salut les terriens" et Gaspard Proust ou des matchs de rugby voire de bons films ou de débats) je zappe immédiatement. Les français n'ont qu'à faire la même chose et quand les commanditaires de spots publicitaires constateront avec amertume que les internautes ou les téléspectateurs se détournent systématiquement de leurs "pubs" ils arrêteront de les harceler.

Commentaire n°1 posté par ahura il y a 4 jours à 16h46

 

Colère de Chantal Dupille ("eva-R-sistons") contre la société de l'Argent

 

resister-NOM-copie-1.jpg

 

Extrait du commentaire:

 

Je te donne mille fois raison, Eva. Ces sales publicités sont parfois ingérables, on ne sait pas comment les effacer et il faut se tordre le cou pour essayer de voir les bouts d'articles entre
les images. Ils devraient bien comprendre que cela ne donne pas envie d'acheter leurs produits, ou alors c'est que nos contemporains sont totalement sous hypnose.


Félicitation à toi pour ta combativité toujours présente. Continue à nous nourrir de vérités. Merci à toi. Bises. Danièle

 

commentaire envoyé sur le sujet par Danièle Dugelay. 

 


resister-doit-toujours-se-conjuguer-au-present-Luc-copie-1.jpg

 

 

 

.

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