Une armée au rabais
Le budget de la Défense est aujourd’hui insuffisant pour maintenir nos capacités à un niveau de fonctionnement minimal
Que restera-t-il de nos armées dans dix ans ? Les réformes successives engagées ces dernières années, lorsqu’elles produiront leur plein effet, auront conduit à une diminution de moitié de nos forces conventionnelles. Respectées, admirées pour leur professionnalisme, considérées comme une des rares au niveau mondial à être en capacité de porter le feu sur des terrains éloignés, l’armée française est aujourd’hui en voie de paupérisation.
La condition militaire n’est pas enviable : servitudes importantes, enchaînement d’opérations extérieures, rémunérations inférieures à leurs homologues allemands et britanniques… Sans parler des problèmes informatiques qui, depuis de trop nombreux mois, perturbent le versement des salaires du personnel dans l’indifférence quasi générale. Pour autant, la grande muette répond toujours présente lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts du pays et ceux de nos alliés. On l’a vu en Afghanistan, en Libye ou encore au Mali, où l’armée française a chaque fois fait la preuve de son efficacité.
Comment ne pas voir que le monde devient aujourd’hui de plus en plus dangereux : les budgets de la défense explosent en Asie et en Russie, le Moyen-Orient reste toujours source de grandes incertitudes, l’Afrique subit les conséquences des tensions ethniques et religieuses… Dès lors, la logique de réduction des effectifs et des équipements qui prévaut chez nous apparaît en décalage total avec la réalité des risques et fractures auxquels la France et, plus largement, l’Europe devront faire face. Et il ne faudra pas compter outre mesure demain sur les Etats-Unis qui, pour cause de moindre dépendance énergétique, opèrent dès aujourd’hui un désengagement du Proche et Moyen-Orient pour se recentrer sur l’Asie-Pacifique.
Le budget de la Défense est aujourd’hui notoirement insuffisant pour maintenir nos capacités à un niveau de suffisance minimale. On nous sert de beaux discours sur la sanctuarisation du budget, sur la préservation de nos capacités ou sur l’engagement de la France à respecter tel ou tel engagement international. Personne n’est dupe car la réalité est tout autre.
Le budget de la Défense sert de longue date de variable d’ajustement au budget général. La Défense est le secteur qui, à ce jour, a engagé les réformes les plus abouties. Sans heurt, en silence, mais pas sans rancœur. Aujourd’hui, avec la crise des finances publiques et l’explosion de la dette, avec la diminution continue des effectifs, encore confirmée par Jean-Yves Le Drian il y a quelques jours, l’impression qui prévaut est que nos armées paient l’incapacité de nos dirigeants successifs à engager une véritable politique de maîtrise des dépenses publiques. Difficile de réformer l’Education nationale, la Sécurité sociale ou encore d’ajuster les effectifs excessifs des collectivités territoriales, pas de problème, on sabre dans le budget de l’institution militaire.
A ce rythme-là, si l’on n’y prend garde, c’est la sécurité même du pays qui va être en jeu, c’est notre capacité à protéger nos intérêts au-delà de nos frontières qui va être au minimum affaiblie. A moins d’un sursaut, à horizon d’une ou deux décennies, l’organisation du traditionnel défilé sur les Champs-Elysées risque bien d’être la seule capacité opérationnelle de nos armées…
Par Pascal Lorot
http://www.lenouveleconomiste.fr/une-armee-au-rabais-20077/
Le ras-le-bol des militaires français
La « grande muette » a décidé de ne plus se taire : le général du Verdier répond à la rédaction moscovite de la Voix de la Russie
Le texte fait grand bruit. Pour la première fois depuis le putsch des généraux en 58, pour sauver l’Algérie française et la parole donnée, la « grande muette » parle. À visage découvert. Intitulé « Manifeste des Sentinelles de l’Agora pour la sauvegarde des armées », c’est un plaidoyer pour la sauvegarde des armées françaises, ciment de la Nation. Les sentinelles de l’Agora regroupent de manière informelle des officiers généraux et supérieurs des trois armées. Destiné en priorité aux parlementaires et aux élus de toutes tendances, leur manifeste, « a vocation à être largement diffusé et relayé par les associations de la communauté militaire, et, nous en formulons le vœu, les médias. »
Le texte n’est anodin ni par son contenu ni par ses signatures, qui regroupent des généraux 4 étoiles autour du général de corps d’armée Jean-Claude Thomann, ancien commandant de la Force d’Action Terrestre. Signataire lui-aussi, le général Jean du Verdier, de l’armée de l’air, a bien voulu répondre aux questions d’Alexandre Artamonov et Anna Karpova sur le plateau moscovite de la Voix de la Russie.
Ci-dessous, le « Manifeste des Sentinelles de l’Agora pour la sauvegarde des armées » dans son intégralité.
L’armée des quenelliers recrute
MANIFESTE POUR LA SAUVEGARDE DE NOS ARMÉES
Le démantèlement de l’institution militaire arrive à son terme. Infiniment plus que l’actuelle disette budgétaire, la fin de la guerre froide, les impératifs de l’État-providence et la volonté des « postmodernes » d’en finir avec le « fracas des armes » ont été les abrasifs les plus puissants pour réduire, en moins d’un demi-siècle, l’armée française à l’état d’échantillon.
La force militaire est passée, dans le silence et la dénégation, du statut d’institution régalienne majeure à celui d’une société de services que l’on rétribue à la tâche. Le couronnement de cette efficace entreprise de démolition a été de placer la haute hiérarchie aux ordres d’une administration civile de défense qui prospère sans frein, au prétexte de recentrer les militaires sur leur cœur de métier.
Le soldat, « ravalé à la fonction d’homme de peine de la République », est prié de verser son sang dans le silence et l’indifférence, en se soumettant aux règles strictes d’un devoir d’État pourtant largement déserté par ceux censés le faire mettre en œuvre et le faire respecter. Ce désastre consommé ne peut plus être confiné sous l’éteignoir d’un « devoir de réserve de la grande muette », caution hypocrite et confortable à la disposition de tous les habiles pour esquiver, dans le confort de la chose publique, leurs responsabilités envers la Nation.
Quenellier, plus qu’un métier
Des fautes multiples :
C’est en effet une grande faute que de sacrifier le bras armé de la France au gré des idéologies de rencontre et de quelques embarras financiers.
C’est une faute en regard du monde tel qu’il s’organise et dont chacun sait qu’il réservera de fâcheuses surprises. L’absence actuelle de menace militaire majeure n’est qu’un simple moment de l’Histoire.
Son calme apparent ne doit pas masquer les reconfigurations géopolitiques qui marginaliseront, pire élimineront sans pitié les nations au moral défaillant.
C’est une faute vis-à-vis de la sécurité des Français de faire ainsi disparaître un pilier majeur de la capacité de résilience du pays face à une éventuelle situation de chaos, dont nul ne peut préjuger le lieu, l’heure et la nature. Pour y faire face, seule une force armée peut et doit offrir les moyens suffisants, servis par des hommes et des femmes structurés par les valeurs puissantes du devoir et de l’obligation morale.
C’est une faute d’éliminer l’une des institutions « fabriques de liens » dont la France a un urgent besoin face à l’action déterminée de forces centrifuges, dont elle est coutumière, et mises généralement au service d’intérêts particuliers et communautaristes.
Il est donc plus que temps de rétablir la puissance et l’efficacité d’une institution d’État « pour le dedans comme pour le dehors » et de permettre à la France de se remettre à penser en termes de risques et de puissance stratégique. Elle en a les moyens.
Elle doit le faire sans l’attendre d’une Europe, puissance inexistante, ou d’une soumission transatlantique délétère, voire de plus en plus illusoire.
Les voies et moyens pour rétablir une institution, désormais comateuse, sont nombreux et divers. Ils n’attendent qu’une impulsion réparatrice, après des décennies de mesures irresponsables. Ils ne pourront, cependant, faire l’économie d’un certain nombre de dispositions, dont l’abandon ou le travestissement ne sont plus acceptables.
D’abord, un budget décent qui permette à nos soldats de disposer de l’entraînement et des équipements nécessaires, et au politique de s’engager sans le soutien déterminant des États-Unis, tout en évitant le stupide tout ou rien nucléaire.
Ensuite, des hommes et des femmes en nombre suffisant. Rien d’efficace et de durable ne peut se faire sans des effectifs capables de marquer dans la durée, sur et hors du territoire national, la volonté et la détermination de la Nation.
Avec, bien entendu, une organisation des forces parfaitement univoque, tout en faisant la répartition qui convient entre des professionnels en nombre suffisant et les citoyens en armes qui doivent impérativement revenir au centre de notre dispositif sécuritaire et identitaire.
Enfin, une répartition équilibrée, entre l’exécutif et le Parlement, des responsabilités qu’autorise la Constitution, laissant au militaire le devoir d’exercer librement son conseil, tout en administrant et mettant en œuvre les forces autrement que par le canal malsain d’une administration de défense d’autant plus intrusive qu’elle se sait irresponsable.
Autant de mesures indispensables qui seront déclinées, point par point, dans des documents à venir et dont les signataires du présent document demanderont, avec détermination et constance, la réalisation pour le bien public.
Il est grand temps de rénover et de renouveler le contrat de confiance de la République avec ses soldats.
S’il n’est pas trop tard, il devient urgent de lui redonner la vigueur indispensable sans qu’il soit besoin de recourir à des formes de représentation qui, bien qu’étrangères à notre culture militaire, pourraient s’avérer, un jour peut-être proche, le seul moyen pour nos soldats de se faire entendre.
Flamby Hollande : « Gné-hééééé ! »
Déjà que Hollande n’est pas apprécié ni auprès des éleveurs, ni auprès des ouvriers, enseignants, entrepreneurs, familles, retraités… rajoutons les militaires et tous les corps constitués et vous arrivez très vite à une révolte populaire. Le président a surtout peur d’une fronde des militaires, c’est pour cela qu’il avait demandé d’enlever les percuteurs des Famas avant sa visite au 12ème régiment de cuirassiers d’Olivet (Loiret) en début d’année.
Voir la vidéo via le lien la Voix de la Russie :
http://www.prorussia.tv/La-Grande-Muette-a-decide-de-ne-plus-se-taire-Le-General-du-Verdier-repond-a-la-redaction-moscovite-de-la-Voix-de-la_v569.htm
http://joelecorbeau.com/2013/10/16/le-ras-le-bol-des-militaires-francais/
Le Drian tente un coup d'Etat civil contre l'armée française
Le franc-maçon* Le Drian modifie
son statut de chef de la Défense
pour faire main basse sur
le commandement des forces armées
Comment militaires et politiques luttent pour le pouvoir
Changement d’organisation à la tête de la Défense française : à l’initiative de Jean-Yves Le Drian, un décret a redéfini les rôles des dirigeants de nos armées. Le ministre de la Défense devient, avec ce texte, le « responsable de la préparation et de l’emploi des forces », quand le chef d’état-major des armées, l’officier le plus haut placé dans la hiérarchie, est chargé de « l’organisation générale des armées« .
Derrière ces mots, largement soumis à interprétation, les militaires craignent de voir le politique s’immiscer dans leur gestion des activités au quotidien. L’insertion de cet échelon supplémentaire entre eux et le chef de l’État leur fait penser que le ministre et son cabinet pourraient à l’avenir vouloir diriger jusqu’aux opérations à l’étranger. « Les choses changent », analyse un général qui fut longtemps au plus près de l’Élysée, « le ministre rentre dans la chaîne de commandement. On l’avait bien vu au Mali : Le Drian était très présent ».
Surtout, l’approche de Jean-Yves Le Drian n’a rien à voir avec ce qu’avaient pu faire certains de ses prédécesseurs. Les familiers du ministère de la Défense se souviennent ainsi de la relation entretenue entre Hervé Morin, lorsqu’il occupait ces fonctions, et son chef d’état-major des armées. « Peut-être le général Georgelin a-t-il été trop loin« , concèdent certains à propos de ce dernier, connu pour son autorité et sa capacité à s’imposer, voir à « écraser » son ministre. Ce décret vient en effet concrétiser l’effort de Jean-Yves Le Drian d’imposer sa marque à la Défense. Celui-ci s’est appliqué, depuis son arrivée à ce poste, à prendre en main le moindre dossier. Plusieurs voyages au Mali et en Afghanistan, une tournée des régiments pour vendre les réformes des armées, des réunions qu’il dirige pour réorganiser le moindre service du ministère : le ministre assène à l’envi qu’il est « responsable » – mot récurrent dans sa bouche – de chaque décision. Impossible désormais pour les militaires de décider de grand-chose sans l’aval du ministre ou de son cabinet.
Dans l’entourage de Jean-Yves Le Drian, on assure que ce décret doit confirmer la démarche entreprise par celui-ci : il répercute les ordres du président et se charge de les faire appliquer par les militaires. Le chef d’état-major des armées, lui, revient à un rôle de conseil, d’organisation et de commandement sur les théâtres d’opération.
Les craintes, stimulées par les corporatismes
Ce qui inquiète les militaires, c’est de ne plus maîtriser certains volets qui sont devenus indispensables dans les opérations modernes. Les officiers déployés sur le terrain se voient en effet amenés à remplir des rôles politiques et diplomatiques pour lesquels ils ont besoin de marge de manœuvre. Un chef d’état-major des armées dialogue plusieurs fois par semaine avec ses homologues d’autres pays. « Désormais », explique un général fin connaisseur des plus hautes fonctions du ministère, « ce qu’il devra dire lui sera dicté par un directeur civil ».
« Les énarques se taillent un empire« , s’emporte un autre général, à la retraite, tandis qu’un de ses collègues s’insurge de l’ambition des « petits marquis » du cabinet de Jean-Yves Le Drian. Les militaires n’apprécient guère certaines logiques imposées par les fonctionnaires civils du ministère : parler de compétitivité ou de rentabilité leur paraît inadapté à leur métier. Jean-Yves Le Drian et son cabinet entendent pourtant bien importer les savoir-faire des milieux dont ils sont issus : administrations régionales et cabinets de conseil de haut niveau. « C’est un choc des cultures« , pense un général coutumier du fonctionnement de l’état-major des armées.
« Ces gens n’ont aucune sympathie pour les affaires militaires. »
Des reproches que l’on rejette en bloc dans l’entourage du ministre. « Jean-Yves Le Drian ou son cabinet ont-ils donné des ordres au Mali ou en Syrie?« , questionne l’un des proches du ministre. « Le chef d’état-major des armées a toute latitude pour préparer les forces et appliquer les ordres qui sont donnés par le gouvernement. Pour qu’un ordre militaire soit clair, il faut que l’ordre politique soit clair. La vraie question, ce sont les bouleversements majeurs et la crise qui secoue l’institution depuis 2008.«
Face à l’accumulation des mauvaises nouvelles pour les armées, qui doivent encore se séparer de 30 000 postes
d’ici 2019, le ministre se veut aussi rassurant que possible.
« Je sais qu’il y a des interrogations au sujet de l’avenir », nous assure Jean-Yves Le Drian. « Je suis conscient de l’inquiétude, mais je ne perçois pas d’effondrement du moral. Il y a un besoin de lever les doutes et je vais m’y employer ».
La répartition du pouvoir, un problème très parisien
« Ces émotions sont souvent très parisiennes, il faut les replacer dans un contexte de balancier qui dure depuis 1961« , nous explique un officier affecté au cabinet du ministre.
« La répartition des rôles, entre militaires et politiques, est plus complexe que cela : plus on monte dans les niveaux de responsabilité, plus c’est une question d’hommes ».
Pour lui, il y a les textes et il y a la pratique. Avec près de 80 000 postes supprimés en une décennie, les militaires ne sont, en effet, pas tous préoccupés par les répartitions de pouvoir entre le ministre de la Défense et le chef d’état-major des armées. Bien au contraire, leur inquiétude relève, pour la plupart, du quotidien : comment former efficacement des hommes et des femmes qui ne savent même pas si leur régiment sera encore ouvert demain.
Un ancien capitaine, qui a quitté le service en 2001, se souvient ainsi d’avoir vécu les mêmes polémiques sur la répartition du pouvoir alors qu’il était jeune lieutenant à Saint-Cyr, dans les années 1990. Déjà, les généraux défendaient un corporatisme qui se heurtait au pouvoir civil.
« Il y a une rupture entre la base et le chef, déconnectés après trente ans de carrière ».
Pour lui, les généraux ne sont pourtant pas les seuls à faire l’objet de reproches :
« J’ai découvert un peu plus tard, en rencontrant une députée, que son seul intérêt pour l’institution était de préserver la base de Cazaux sur sa circonscription. Pour le reste de la société, tout cela relève du non-sujet ».
Un général, aujourd’hui à la retraite, fait le même constat. Il remarque que « les politiques n’ont aucune réflexion sur l’armée et sa place dans la nation« , tandis que se répand « le trouble au sein des militaires« . « Quand le chef d’état-major et le ministre se parlent, qu’en sait la base ?« , interroge-t-il amèrement, sur l’aveu d’un échec qu’il croit être irréversible : « Nous avons trahi nos subordonnés ».
Romain Mielcarek
Source: "Le Drian se chie dessus et modifie son statut de chef de la Défense" (Astu Oct 16, 2013 02:12 pm) Revue de presse, Chef, Défense, Jean, Le Drian, Militaires, Modifie, Politiques, Prépare ta valise, Statut, Yves
http://bestofactus.blogspot.fr/2013/10/le-drian-tente-un-coup-detat-civil.html?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter
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