Une fois de plus, la propagande sur les armes chimiques qu’aurait utilisées le régime de Bachar al-Assad contre les rebelles prouve, sans l’ombre d’un doute, le rôle de l’Empire britannique en tant qu’instigateur des guerres qui détruisent tous ceux qui tombent dans son jeu.
Le 8 mai dernier, face à la très réelle menace que la guerre contre la Syrie ne soit le détonateur d’une troisième guerre mondiale, Etats-Unis et Russie décidaient, au cours d’une réunion à Moscou, d’organiser une conférence de paix (Genève II).
Du côté américain, la volonté de mettre fin à la guerre reflète une forte bataille de factions en son sein, dont le chef d’état-major Martin Dempsey est le principal porte-voix. Dans un contexte de crise économique aiguë et face à un régime syrien qui non seulement ne faiblit pas mais s’impose de plus en plus, le parti du réalisme a réussi à faire pencher la balance en faveur de la paix.
Maledizione
C’était sans compter avec la maledizione britannique, secondée par son allié français. Deux semaines plus tard, Français et Britanniques brandissaient les « preuves » de l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad. Et John Kerry se révélait pour ce qu’il était, en jouant un rôle trouble servant les projets de l’Empire britannique.
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- John Kerry a demandé aux Britanniques : "Aidez-moi à vous aider" à convaincre Obama de lancer la guerre !
La suite serait presque comique, tellement le film de la guerre d’Irak semble se répéter, si elle n’était de nature à nous conduire à une conflagration générale.
C’est la visite rendue par William Hague, secrétaire à la Défense britannique, à John Kerry aux Etats-Unis, le 14 juin, qui aurait convaincu un Obama hésitant à partir en guerre, de la véracité des « preuves » franco-britanniques sur l’emploi par Assad d’armes chimiques.
Mais il est plus utile, à ce stade, de citer des extraits de l’article de Simon Walters, du Mail Online, pour que vous compreniez enfin comment opère l’Empire britannique :
David Cameron et le Secrétaire d’Etat américain John Kerry ont préparé en secret une embuscade contre Barack Obama pour le persuader d’apporter son soutien à la politique britannique visant à armer les rebelles syriens. (...) Le revirement à 180 degrés d’Obama a eu lieu 24 heures après que le Secrétaire du Foreign Office William Hague, s’est faufilé dans Washington, presque inaperçu, pour y rencontrer Kerry. Dans les semaines récentes, bien que soutenant publiquement M. Obama, M. Kerry a dit à M. Hague, en privé, qu’il soutient fortement la position britannique consistant à parler "fort" à Assad.
La même source cite un responsable à White Hall, ancien Palais royal et coeur du gouvernement à Londres :
Kerry ne pouvait pas prendre le risque de contredire ouvertement le Président ; aussi nous a-t-il incité discrètement à maintenir la pression sur Obama. (...) Il a dit à Hague : "Aidez-moi à vous aider" (...) Et çà a marché. (...) L’avion du Secrétaire du Foreign Office avait à peine atterri, de retour en Grande-Bretagne, que le Président Obama annonçait qu’il avait décidé qu’Assad, avec ses attaques terrifiantes au gaz sarin, avait franchi la "ligne rouge".
Le Canard Enchaîné du 29 mai révélait que Kerry se livrait au même jeu à Paris, avec Laurent Fabius, et nous savons par ailleurs que ce sont les Britanniques qui poussent la France à faire pression pour mettre le Hezbollah sur la liste européenne du terrorisme.
L’accusation de Roland Dumas
Autre voix à s’être élevée récemment en défense de cette thèse, celle de l’ancien ministre des Affaires étrangères de Mitterrand, Roland Dumas. Au cours d’une intervention dans l’émission Ça vous regarde, sur la chaîne LCP, le 10 juin, dans un débat qui portait sur la Syrie, M. Dumas a affirmé avoir été approché par des responsables britanniques, au sujet d’un projet d’invasion de la Syrie par des rebelles djihadistes, il y a environ deux ans, avant même que les hostilités ne commencent en Syrie. « C’était en Grande-Bretagne, pas en Amérique », insista Dumas, qui souligna par ailleurs à quel point cette opération venait de très loin. « Elle avait été préparée, conçue et organisée par eux »...
Le serpent Tony Blair
Venons-en enfin au rôle de Tony Blair. En 2002-2003, c’est lui qui avait décroché la déclaration de guerre contre l’Irak, en fournissant à Colin Powell, secrétaire à la Défense des Etats-Unis, les preuves frauduleuses que ce dernier présenta à l’ONU pour obtenir l’accord pour lancer la guerre.
Les « preuves » de l’utilisation d’armes chimiques par le régime Assad, présentées par les Occidentaux aujourd’hui, sont tout aussi ridicules. Quelle crédibilité peuvent avoir des échantillons de sang, d’urine et de cheveux des victimes, non réfrigérés pendant les quatre semaines qu’a duré leur transfert vers la France ?
Et en tant que conseiller spécial d’Obama et chef du Quartet chargé des pourparlers entre Palestiniens et Israéliens, Blair continue à sévir dans la région. Selon le New Scotsman, lors de la récente Conférence présidentielle annuelle de Jérusalem, Blair s’en est pris à ceux qui en Occident tentent d’éviter la guerre :
Sans aucun doute, (...) l’émotion prédominante en Occident aujourd’hui est de rester hors de Syrie. (...) Mais comme le montre chaque jour qui passe, le prix que nous aurons à payer pour être restés hors de la région peut s’avérer bien plus élevé plus tard.
Ayant ainsi convaincu tous les acteurs de la situation, Américains, Français, Israéliens et Turcs, que cette politique permet à chacun de tirer son épingle du jeu, l’Empire entraîne inexorablement ses « amis » vers un conflit mondial qui signera leur propre perte.
Obama dans le parti de la paix ou celui de la guerre ?
Quel rôle tient Obama dans le poker menteur que jouent les Américains vis-à-vis de la Conférence de paix prévue pour la Syrie ? Certains veulent voir en lui le rempart contre les néo-conservateurs républicains. La nomination par Obama, le 5 juin dernier, de Susan Rice comme conseillère à la Sécurité nationale et celle de Samantha Power comme représentante à l’ONU, deux postes éminemment sensibles au moment même où se prépare cette conférence de Genève II pour mettre fin au conflit en Syrie, illustrent parfaitement qui est ce personnage.
La Russie ne s’y est pas trompée, faisant savoir aux Etats-Unis qu’elle prendrait mal ces nominations. Toutes deux sont connues comme anti-Russes, toutes deux ont soutenu la guerre contre la Libye et soutiennent l’agression en cours contre la Syrie, toutes deux enfin ont apporté leur soutien total à la doctrine d’« ingérence humanitaire » de Tony Blair, la R2P (Responsability To Protect), nouveau nom du colonialisme.
Interrogé sur ce sujet, le directeur adjoint de l’Institut USA-Canada de Moscou, Victor Kremenyouk, a souligné que cette nomination allait compliquer le dialogue entre la Russie et les Etats-Unis : « L’attitude de Susan Rice envers la Russie est plus dure que celle de tout autre membre de l’Administration. Elle n’aime pas Moscou et pense qu’on doit parler "fort" avec la Russie. »
Eric Draitser a pour sa part fait remarquer, dans une chronique de Russia Today, que Rice est connue comme « la personnification de "l’impérialisme libéral", comme force motrice derrière la doctrine R2P ayant permis de justifier la guerre en Libye, et comme favorable à "la déstabilisation et la subversion permanentes de la Syrie" ».
The Economist de Londres a reconnu, au contraire, apprécier ces « deux femmes d’action », « deux interventionnistes libérales ». Pour The Economist, l’arrivée de Rice au Conseil de sécurité nationale a permis de se défaire de la « voix de la prudence » que représentait son prédécesseur Thomas Donilon.
Quant à ceux qui croyaient que c’était en raison de leurs penchants progressistes que certains républicains sont hostiles à ces femmes, qu’ils se détrompent : des sénateurs va-t-en guerre comme John McCain et Joe Lieberman, et même le juriste ultra Alan Dershowitz, ont exprimé leur satisfaction, en particulier pour le rôle positif que Samantha Power pourra jouer sur la question syrienne à l’ONU.
Notons que Susan Rice a été travaillée au corps par l’Empire britannique. Elle est une Rhodes Scholar, ayant bénéficié d’une bourse d’un fonds établi en 1902 par le très impérial Cecile Rhodes, pour faire des études à Oxford. Elle est diplômée du New College d’Oxford et a reçu aussi le plus grand honneur accordé par la Chatham-House/British International Studies Association. Chatham House, le Royal Institute for International Affairs (RIIA), est une annexe du Foreign Office. C’est là que Henry Kissinger déclarait, le 10 mai 1982, avoir tenu le gouvernement britannique mieux informé sur ses politiques que celui des Etats-Unis lorsqu’il était Secrétaire d’Etat.
Quant à Samantha Powers, pendant la guerre des Balkans, elle était jeune journaliste à The Economist où elle devint amie d’un autre jeune journaliste, devenu entre temps Lord Malloch Brown. Ancien ministre de sa Majesté, il fut aussi vice-président du Quantum Fund et de l’Open Society Trust de George Soros. Ce dernier, Malloch Brown et Samantha Power ont joué un rôle important dans la « Révolution des roses » qui amena Mikehl Saakachvili au pouvoir en Géorgie.
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