Retraites : la réforme rêvée
de Nicolas et Guillaume Sarkozy
Connaissez-vous Guillaume Sarkozy ? C'est un des frères de Nicolas. C'est aussi le DG d'un groupe d'assurance. Il y a quelques années, Guillaume dirigeait une entreprise de textile. Mais il s'est reconverti dans l'assurance santé et l'assurance retraite. C'est plus rentable. D'autant que Guillaume a des projets pour développer son affaire et il connaît quelqu'un, au sommet de l'Etat, qui veut l'aider à réaliser ses projets.
Le 4 juin 2008, Le Monde a publié un document qui dévoilait les intentions de Guillaume Sarkozy :
« La Caisse des dépôts et le groupe Médéric, qui est dirigé par Guillaume Sarkozy, veulent créer une filiale commune spécialisée dans le financement des retraites. Un document de travail daté du 16 mai et estampillé “confidentiel”, relève que, en 2020, les non-cadres subiront une baisse de 5% du taux de remplacement pour une carrière complète et les cadres subiront une baisse de 20%.
Les grandes lignes de ce projet de partenariat sont posées : la création d'une “nouvelle entreprise d'assurance”, qui proposera “un bilan retraite et des services adaptés, en phase d'épargne et au moment de la retraite” aux salariés. L'objectif est d'atteindre un chiffre d'affaires de 7 milliards d'euros en 2019. Les futurs partenaires se fixent “des taux de rentabilité raisonnables sur le long terme”. »
Chez les Sarkozy, on se partage le travail : Nicolas diminue le niveau des retraites et Guillaume propose des complémentaires aux salariés les mieux payés. Quelle équipe. Quel cynisme !
« Le recul de l'âge de la retraite ne sert à rien »
Pour comprendre comment la réforme Sarkozy va amener à une baisse quasi-générale des retraites, il faut cesser les débats pseudo-théologiques sur la « retraite à 60 ans » et regarder la réalité des chiffres : aujourd'hui, quand un salarié solde sa retraite, à 61 ans en moyenne, il est au chômage ou au RMI-RSA depuis trois ans (en moyenne). Il n'y a que 22% des salariés qui sont encore au travail quand ils partent en retraite.
Dans ce contexte de chômage de masse, quel impact aurait l'allongement de la durée de cotisation que veut imposer le clan Sarkozy ? Une année de cotisation en plus pour bénéficier d'une retraite à taux plein ? Pour tous ceux et celles qui sont au chômage (presque 80 % des salariés), il ne sera pas possible de cotiser un an de plus. Il va leur manquer quatre trimestres. Ils subiront donc une décôte de 10% !
Allonger la durée de cotisation sans avoir fait radicalement reculer le chômage des 58-62 ans ne peut en aucun cas « sauver les retraites ». Jean-Paul Fitoussi, président de l'OFCE, écrivait dans Le Monde du 6 mars 2001 :
« S'il n'est pas porté remède au chômage, le recul de l'âge de la retraite ne sert à rien. Cela revient à demander aux gens de travailler plus longtemps alors qu'ils manquent déjà de travail. Le vrai problème, c'est le chômage. »
Comment fait-on pour vivre avec 900 euros par mois ?
Voilà comment, avec des arguments pleins de bon-sens (« l'espérance de vie a augmenté, donc il faut cotiser plus longtemps »), on prépare une baisse généralisée du niveau de vie des retraites de la Sécurité sociale. Ceux qui veulent développer les systèmes d'assurance privés sont évidemment très favorables à cette réforme mais on comprend que tous les syndicats s'opposent à ce nivellement par le bas.
Baisser aussi fortement le niveau de vie de millions de retraités serait vraiment scandaleux : derrière les chiffres, il y a des hommes et des femmes qui veulent vivre -vivre pleinement et pas seulement survivre ou sousvivre- avec ce que la Sécu leur verse. Comment fait-on pour vivre avec 900 euros par mois ? Comment fait-on pour accueillir ses petits-enfants quand chaque sou est compté ? Un spécialiste du dossier explique :
« Soyons clairs : sans doute faudra-t-il un jour travailler plus longtemps. Mais tant que l'on ne s'est pas donné les moyens de lutter radicalement contre le chômage, travailler plus longtemps est contre-productif.
C'est comme quand on fait du vélo en montagne : bien sûr qu'après avoir passé le col, il faudra freiner. Mais si on freine dans la montée, on n'arrivera jamais au col ! La priorité, la seule, c'est de lutter contre le chômage et les petits boulots. »
Dans son dernier livre, Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie, affirme que, depuis deux ans, sous prétexte de « sauver les banques », on a consacré des centaines de milliards à sauver les actionnaires des banques. Une autre stratégie, totalement différente, était possible pour sauver les banques, mais Stiglitz montre que Obama et la plupart des chefs d'Etat ont plié devant les pressions des banquiers et du « big business ».
De même, sous prétexte de vouloir « sauver les retraites » (qui peut s'opposer à cet objectif ? ), Nicolas Sarkozy veut imposer une réforme dont l'objectif n'est absolument pas de sauver les retraites, mais de favoriser ceux qui veulent développer des systèmes d'assurance privée : son frère et ses amis.
Augmenter le nombre de ceux qui cotisent
Pour sauver les retraites, l'essentiel aujourd'hui n'est pas d'augmenter le nombre de trimestres de cotisation mais d'augmenter le nombre de ceux et celles qui ont un emploi, augmenter le nombre de ceux qui touchent un vrai salaire et donc augmenter le nombre de ceux qui cotisent…
On ne pourra pas sauver les retraites si on ne parvient pas à lutter radicalement contre le chômage et la précarité. Hélas, presque trois ans après leur arrivée au pouvoir, Nicolas Sarkozy et François Fillon n'ont engagé aucune réforme pour lutter contre le chômage et la précarité. Le total des inscrits à Pôle emploi a augmenté de 800 000 en dix-huit mois, mais le gouvernement semble se moquer totalement de cette question. Ce silence en dit long sur les priorités de l'équipe au pouvoir.
Le chômage et la précarité sont au cœur de la crise dans laquelle s'enfonce notre pays : que l'on parle du dossier des retraites, de l« 'intégration des jeunes de banlieue » ou de la défiance de plus en plus grande des citoyens vis-à-vis des politiques, on en revient toujours au lancinant problème du chômage.
Pour vaincre le chômage, nous ne pensons pas qu'on puisse encore et toujours attendre le retour de la croissance (voir à ce sujet notre réponse vidéo à Luc Chatel : Sainte Rita fera-t-elle revenir la croissance ? ). Attendre le retour de la croissance n'est pas la solution, il faut agir !
Voilà pourquoi, dès le mois d'avril, Europe Ecologie veut organiser dans chaque région des Etats généraux de l'emploi. En investissant massivement dans le logement, en investissant massivement dans les transports en commun, en investissant massivement dans les économies d'énergie, en développant sur tous nos territoires des réseaux de PME et des entreprises de l'économie solidaire, en favorisant une agriculture moins polluante (et plus riche en emplois), en développant les circuits courts économes en énergie mais riches en emplois non-délocalisables, en engageant vraiment la transformation écologique de nos économies, nous pouvons créer des centaines de milliers d'emplois.
Certains voudraient nous faire croire qu'entre la crise écologique et la crise sociale, il faut choisir. C'est impossible car les deux crises sont aussi graves. Et il est tout à fait possible de répondre en même temps à la crise écologique et à la crise sociale. Dans ces deux domaines, des choses intéressantes ont été faites depuis six ans dans les régions socialistes mais il est vital, il est urgent, d'aller plus loin, plus vite. Il est vital, il est urgent d'agir avec des outils et des méthodes nouvelles. Tel est notre objectif.
Cécile Duflot, tête de liste Europe Ecologie en Ile-de-France et secrétaire nationale des Verts.
Pierre Larrouturou, tête de liste Europe Ecologie dans les Hauts-de-Seine.
Photo : Nicolas Sarkozy et Guillaume Sarkozy (Philippe Wojazer et Charles Platiau /Reuters
http://www.rue89.com/2010/03/03/retraites-la-reforme-revee-de-nicolas-et-guillaume-sarkozy-141278
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Le rêve de Guillaume Sarkozy
Connaissez-vous Guillaume Sarkozy ? C’est un des frères de Nicolas. C’est aussi le DG de Médéric, un groupe d’assurance-santé, assurance-retraite… Il y a quelques années, Guillaume dirigeait une entreprise de textile. Mais il a cessé cette activité et s’est reconverti dans l’assurance santé. C’est plus rentable. D’autant que Guillaume a des projets pour développer son affaire et il connaît quelqu’un de haut placé, qui peut l’aider à réaliser ses projets.
Il y a trois ans, dans La Tribune, Guillaume Sarkozy expliquait qu’il fallait s’attendre « à des bouleversements majeurs dans le domaine de la santé. La réforme Douste-Blazy n’a pas eu le succès escompté en ce qui concerne les équilibres financiers. D’autres réformes seront nécessaires. Elles donneront aux assureurs complémentaires un rôle de plus en plus important.»
Sans trahir de secrets de famille (qu’est-ce que Nicolas a promis à Guillaume en coupant le gigot dominical ?), on voudrait en savoir plus : quels sont les “bouleversements majeurs” auxquels il faut s’attendre en matière de financement de la santé ? La “petite” franchise que Nicolas Sarkozy a créée en début de mandat n’est-elle qu’un premier pas vers de gros déremboursements ?
Pour développer un business très profitable pour certains, le gouvernement va-t-il diminuer les remboursements et le niveau des retraites, et inciter ceux qui le peuvent à se tourner vers des assurances privées ?
Certains Sarkozystes fervents vont m’accuser de faire à Nicolas et Guillaume un procès d’intention. Mais dans son édition du 4 juin 2008, Le Monde faisait état d’un document confidentiel qui permettait de bien comprendre les intentions de Guillaume Sarkozy :
« La Caisse des Dépôts, la CNP et le groupe de protection sociale mutualiste Médéric, qui est dirigé par Guillaume Sarkozy, frère du chef de l’Etat, veulent créer une filiale commune spécialisée dans le financement des retraites.
Les discussions autour de la Loi Fillon, prévues cet été, les incitent à aller vite. Un document de travail daté du 16 mai et estampillé “confidentiel”, relève que, en 2020, les non-cadres subiront une baisse de 5 % du taux de remplacement pour une carrière complète et les cadres subiront une baisse de 20 %.
Les grandes lignes de ce projet de partenariat sont posées : la création d’une “nouvelle entreprise d’assurance“, qui proposera “un bilan retraite et des services adaptés, en phase d’épargne (…) et au moment de la retraite“ aux salariés. L’objectif est d’atteindre un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros en 2019. Les futurs partenaires se fixent “des taux de rentabilité raisonnables sur le long terme.“
Le Monde du 4 juin 2008
Un grand nombre de médecins, de professionnels de santé et d’associations de malades disent aujourd’hui leur inquiétude. Car les propos de Guillaume Sarkozy ne sont pas les seuls à inquiéter : en septembre 2006, quand Les Echos demandaient à François Fillon si les problèmes de dépendance des personnes âgées ne devraient pas être mieux pris en charge par la Sécurité Sociale, François Fillon expliquait que “la bonne piste est de compléter le système actuel avec des dispositifs d’assurance privée“.
Et tout récemment encore, Nicolas Sarkozy rappelait sa volonté de réformer les retraites et sa volonté de “développer d’autres formes de protection“ :
« C’est une révolution discrète mais profonde du système de santé qu’a esquissée Nicolas Sarkozy, jeudi 4 juin. (…) M. Sarkozy a affirmé qu’à l’avenir “les régimes de base ne pourront pas tout financer”.
“Je souhaite que soient confiées de nouvelles responsabilités aux organismes complémentaires”, a expliqué le chef de l’Etat, qui confirme ainsi son intention de parvenir à un désengagement progressif de l’assurance-maladie obligatoire (…).
“La solidarité nationale continuera de remplir sa mission, a prédit le chef de l’Etat. Mais à ses côtés, d’autres formes de protection sont appelées à se développer.”
Le Monde du 4 juin 2009
Aux Etats-Unis, le modèle de Nicolas Sarkozy, les dépenses de santé sont deux fois plus importantes qu’en France (en proportion du PIB) mais l’essentiel de ces dépenses ne sont pas remboursées par l’Etat. C’est aux individus de s’assurer. Du coup, malgré des dépenses de santé deux fois plus importantes que les nôtres, l’espérance de vie est plus faible aux Etats-Unis qu’en France car des millions d’Américains n’ont pas de quoi se faire soigner et meurent prématurément.
Le système est très profitable pour les dirigeants et les actionnaires des sociétés d’assurance mais «47 millions d’Américains n’ont aucune protection sociale et les problèmes de santé sont la première cause de faillite personnelle » expliquait le correspondant à New York du journal Les Echos le 6 novembre 2006. Quand ils ont un gros problème de santé, tous ceux qui n’ont pas de couverture sociale doivent vendre le peu qu’ils ont et s’endetter plus que de raison… Est-ce vers ce modèle que veut nous amener Nicolas Sarkozy ? Tant pis pour ceux qui n’auront pas les moyens de s’assurer !
Une question de dignité
Pour moi, ce point est fondamental. Il ne s’agit pas seulement d’économie dans le sens classique du terme. Avec les questions de santé, de retraite et de dépendance, on touche à la dignité humaine dans ce qu’elle a de plus concret : mon père est mort il y a quelques années après avoir vécu un mois dans une unité de soins palliatifs où tout a été fait pour éviter qu’il ne souffre. Il y a été admis sans qu’on lui pose aucune question sur son niveau de revenu.
Si Nicolas Sarkozy et ses alliés mettent en place un système de retraite et un système de santé à l’américaine, seuls les plus riches pourront avoir une fin de vie digne. Les autres, ceux et celles qui auront déjà galéré toute leur vie avec de faibles revenus, seront relégués dans des mouroirs ou des hôpitaux de seconde classe.
En matière de retraites et de santé, quels sont vraiment les projets de Guillaume et de Nicolas Sarkozy ? On a vu hier que, si l’on s’attaquait vraiment au chômage et si l’on rééquilibrait le partage salaires/bénéfices, on pourrait dégager de nouvelles marges de manœuvre pour financer la protection sociale. On aimerait que le Parlement organise un débat transparent sur cette question fondamentale.
Pierre LARROUTUROU est économiste.
http://crise-europe.blog.lemonde.fr/2009/07/02/le-reve-de-guillaume-sarkozy/
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Et pendant ce temps Guillaume SARKOZY va s'en mettre plein les poches avec la réforme des retraites?
Les + de 50 ans auront l'obligation de prendre une assurance privée dépendance...
http://www.news-assurances.com/assurance…
Comme par hasard le Directeur Général de la plus grosse boite Française de prévoyance "Médéric Prévoyance" c'est Guillaume SARKOZY...
Assurance dépendance : Nicolas Sarkozy promet une réforme en octobre
Publié le 6 juillet, 2010
par Damien Dozol
Nicolas Sarkozy a confirmé mardi qu’il engagerait la réforme de la prise en charge de la dépendance des personnes âgées en octobre, « à la minute où la réforme des retraites est finie ». Dans le même temps, le ministre du Budget François Baroin dévoilait mardi matin dans une interview au journal Les Echos les grandes lignes du Budget 2011, comprenant notamment la question des allocations aux handicapés.
Lors d’un déplacement mardi en Seine-et-Marne, M. Sarkozy a déclaré que la réforme de la dépendance sera lancée en octobre. «A la minute où la réforme des retraites est finie, c’est-à-dire votée par le Parlement, c’est-à-dire quelque part en octobre, j’engagerai immédiatement les consultations pour faire la réforme de la dépendance », a confirmé le chef de l’Etat.
« Nous créerons le cinquième risque et nous organiserons le financement de la dépendance (…) ce problème sera résolu dans l’année 2011 », a-t-il insisté. « Quand on a un jeune « Alzheimer » de 50 ans, qu’est-ce qu’on en fait ? (…) On ne peut pas laisser ces Français dans le drame, il me faut répondre à ces questions, le tout dans des budgets contraints », a poursuivi le chef de l’Etat.
Mardi matin dans Les Echos, c’est le ministre du Budget François Baroin qui présentait les points chauds du Budget en 2011. La question des prestations sociales est largement évoquée, notamment pour les adultes handicapés. L’allocation « sera bien augmentée de 25%, mais en six ans au lieu de cinq », a déclaré M. Baroin.
« Elle sera revalorisée de 3 % l’an prochain, au lieu des 4,5 % prévus. Le rattrapage aura lieu en 2012 et 2013 », selon le ministre du Budget. Par ailleurs, M. Baroin a confirmé les mesures d’économie de l’assurance maladie, en précisant que celles-ci « seront définies dans la loi de financement de la Sécurité sociale qui sera présentée fin septembre».
Avec AFP (6 juillet 2010)
Retraites : la réforme rêvée de Nicolas et Guillaume Sarkozy
03/03/2010 | 14H12
Connaissez-vous Guillaume Sarkozy ? C'est un des frères de Nicolas. C'est aussi le DG d'un groupe d'assurance. Il y a quelques années, Guillaume dirigeait une entreprise de textile. Mais il s'est reconverti dans l'assurance santé et l'assurance retraite. C'est plus rentable. D'autant que Guillaume a des projets pour développer son affaire et il connaît quelqu'un, au sommet de l'Etat, qui veut l'aider à réaliser ses projets.
Le 4 juin 2008, Le Monde a publié un document qui dévoilait les intentions de Guillaume Sarkozy :
« La Caisse des dépôts et le groupe Médéric, qui est dirigé par Guillaume Sarkozy, veulent créer une filiale commune spécialisée dans le financement des retraites. Un document de travail daté du 16 mai et estampillé “confidentiel”, relève que, en 2020, les non-cadres subiront une baisse de 5% du taux de remplacement pour une carrière complète et les cadres subiront une baisse de 20%.
Les grandes lignes de ce projet de partenariat sont posées : la création d'une “nouvelle entreprise d'assurance”, qui proposera “un bilan retraite et des services adaptés, en phase d'épargne et au moment de la retraite” aux salariés. L'objectif est d'atteindre un chiffre d'affaires de 7 milliards d'euros en 2019. Les futurs partenaires se fixent “des taux de rentabilité raisonnables sur le long terme”. »
Chez les Sarkozy, on se partage le travail : Nicolas diminue le niveau des retraites et Guillaume propose des complémentaires aux salariés les mieux payés. Quelle équipe. Quel cynisme !
01.04.2010
La retraite selon Guillaume Sarkozy
http://coulisses.blogs.challenges.fr/archive/2010/04/01/la-retraite-selon-guillaume-sarkozy.html
Guillaume Sarkozy, qui dirige Malakoff Médéric le principal groupe français de prévoyance mutuelle, travaille depuis juin 2008 sur un ambitieux projet connu en interne sous le nom de code de « M ». Il vise à proposer à grande échelle aux français des produits de retraire par capitalisation. Un tour de table a même été monté avec, outre Malakoff Médéric, la Caisse des dépôts et consignations et le numéro un de l'assurance-vie en France, CNP Assurances.
En plein débat sur le sauvetage du système de retraite par répartition, un dossier sur lequel Nicolas Sarkozy joue en grande partie sa réélection en 2012 ; l'initiative du grand frère du président fait un peu désordre. C'est peut être pourquoi le projet « M » est en passe d'être enterré du fait de la Caisse des dépôts. Cette dernière aurait fait savoir il y a quelques jours que sa contribution serait limitée à tout au plus 60 millions d'euros. Une façon habile de faire comprendre a ses partenaires qu'elle n'entendait pas donner suite.
Reste à savoir maintenant, si CNP Assurances, qui est elle-même détenu par la Caisse des dépôts, mais aussi par la Banque Postale et Banques Populaires Caisses d'Epargne (BPCE) souhaite donner suite au projet de Guillaume Sarkozy. Un projet très politiquement incorrect qui pourrait se révéler fort dangereux pour Nicolas Sarkozy.
Pierre-Henri de Menthon
Guillaume Sarkozy interviewé par Stéphane Soumier
sur BFM Radio le 23 juin 2010
Stéphane Soumier :Le patron de Malakoff Médéric est avec nous, Guillaume Sarkozy, bonjour
Guillaume Sarkozy :Bonjour
Stéphane Soumier :On a des acteurs qui sont au cœur finalement des dossiers clés du moment, on était avec l’immobilier tout à l’heure avec COGEDIM et là on est avec tout ce qui tourne autour des questions de santé, des questions de prévoyance, des questions de retraite, des questions d’avenir, toutes les questions que l’ensemble des auditeurs se posent aujourd’hui d’autant que vous êtes un groupe mutualiste.
Guillaume Sarkozy :Paritaire et mutualiste
Stéphane Soumier :C’est un acteur privé mais on est aux marges des acteurs privés ?
Guillaume Sarkozy :Nous sommes privés, nous sommes économie sociale, nous sommes non lucratifs : ma gouvernance, notre gouvernance, c’est des syndicats, le MEDEF, et des mutualistes.
Stéphane Soumier :Hausse du chiffre d’affaires pour Malakoff Médéric
Guillaume Sarkozy :Oui bien sur, on est bons !
Stéphane Soumier :On va définir ce qui est le cœur de votre stratégie aujourd’hui et c’est diablement intéressant : que vous avez la conviction qu’aujourd’hui la Sécu au sens large, la santé au sens large, la prévoyance au sens large, deviennent une affaire privée, individuelle.
Guillaume Sarkozy :C’est pas tout à fait ça. J’ai le sentiment qu’on va devoir réinventer un nouveau système. On avait un système qui était basé sur la solidarité totale : c’est le monopole de la Sécurité sociale et c’est formidable parce que ça donne une grande solidarité entre tous les Français. Aujourd’hui, en plus de ce système, à côté de ce système, on a besoin d’un système qui donne des services, qui est un système d’intermédiation entre les français et par exemple l’offre de soins : pour expliquer, pour le service, pour la transparence, pour orienter. Et ça la Sécu ne le fait pas. Donc on va le faire à côté ; c’est le projet qu’on construit aujourd’hui.
Stéphane Soumier :Je vais me permettre de le dire différemment Guillaume Sarkozy. La séquence politique de la semaine dernière - et je ne veux surtout vous mettre en difficulté là-dessus, soyez tranquille- nous a finalement appris qu’on n’y arriverait pas, que la prévoyance n’y arriverait pas, que la répartition n’y arriverait pas et que chaque individu devait se prendre en charge.
Guillaume Sarkozy :Moi, je ne suis pas d’accord.
Stéphane Soumier :Non, vous ne pouvez pas le dire ; je comprends bien dans le cadre d’un groupe mutualiste.
Guillaume Sarkozy :Je ne suis pas d’accord ; mes convictions ne sont pas d’accord avec ce que vous dites. Je pense qu’il faut plusieurs piliers, je pense qu’il faut plusieurs étages comme dans un millefeuille, ….
Stéphane Soumier :Mais la répartition ne suffit plus
Guillaume Sarkozy :La répartition, il faut la sacraliser, il faut la sanctifier pour la laisser parce qu’aucun système… ceux qui dirait ou ceux qui ont dit qu’il y avait d’autres systèmes que la répartition à la place, ce sont des menteurs, ce n’est pas vrai, il n’est pas possible de construire un autre système que le système par répartition aujourd’hui dans notre pays, ça n’a pas de sens. Il faudrait mobiliser des sommes telles qu’elles n’existent pas. Par contre, c’est vrai, que, quand on regarde l’avenir, il y une baisse du taux de remplacement, c’est-à-dire ma retraite par rapport à mon dernier salaire et pour ceux qui considèrent que ça serait insuffisant, ce fameux taux de remplacement, il faut prévoir autre chose sur le long terme. C’est vrai pour la retraite, c’est vrai pour la santé, c’est vrai pour la dépendance, c’est vrai pour la prévoyance.
Stéphane Soumier :Quand on a pris acte de ça, vous constatez que nous individus, on n’y comprend plus rien, on est perdu ! Entre les régimes de retraite, entre les régimes de prévoyance, on est totalement perdus. Et c’est là, et c’est sur cette clé là que vous voulez jouer aujourd’hui.
Guillaume Sarkozy :C’est une clé majeure. J’ai passé trente ans comme chef d’entreprise, je dois dire que pendant trente ans, j’ai pas bien compris ce qu’on venait me dire, j’ai pas bien compris pourquoi il fallait, en tant que patron d’entreprise, payer autant de cotisations. Et aujourd’hui que j’ai la chance d’être à la tête d’un groupe paritaire, ma première réaction a été la transparence. Nous avons depuis maintenant 2 mois sur notre site internet, nous avons les prestations qu’ont nos clients en euros : on ne vous parle pas du plafond de la Sécurité sociale ! …
Stéphane Soumier :Il faut juste préciser que vous gérez les retraites complémentaires Agirc-Arrco ; ça s’appelle délégation de service public…
Guillaume Sarkozy :Oui, on gère 1 retraite complémentaire sur 5 mais surtout on est aussi le leader, un des leaders français en assurance collective santé et prévoyance et donc tous nos clients maintenant ont sur nos sites leurs droits en euros, pour savoir combien ils seront remboursés en euros s’ils vont voir un spécialiste, s’ils achètent une paire de lunettes et notre action c’est la transparence mais aussi aider nos clients à mieux acheter. Par exemple, nous venons de lancer il y a un mois avec des associés un réseau de 6 millions de personnes assurées pour acheter des lunettes moins chères. Et bien ça, c’est vraiment notre travail d’améliorer la protection sociale des français.
Stéphane Soumier :Et à travers un site internet, on aura exactement les prix, enfin, les prix des lunettes, et la façon dont vous les remboursez…
Guillaume Sarkozy :Vous allez sur le site internet, on va vous dire en euros les droits que vous avez en fonction de votre pathologie. On va vous dire, si vous allez dans notre réseau, les opticiens avec lesquels nous avons contractualisé où vous pouvez aller par rapport à votre lieu de résidence -ça s’appelle de la géolocalisation- et on va suivre l’ensemble du circuit pour vous aider à faire votre achat dans un contrat qualité/prix responsable.
Stéphane Soumier :On est en train de changer de modèle économique quand on raconte ça quand même !
Guillaume Sarkozy :On est en train de compléter un modèle économique ; on est en train d’inventer un complément. Moi, je dis toujours : on n’est pas un complément par rapport à la Sécurité sociale, on est un supplément, on est à côté. C’est vrai, on a des prestations ; on rembourse en plus des médicaments qui sont quelquefois à 15%, on les rembourse à 35%. Sur l’histoire des lunettes, sur l’histoire de l’orientation, on va donner un service qui n’existe pas aujourd’hui.
Stéphane Soumier :Alors derrière, vous avez pris des participations dans un groupe qui s’appelle LVL Médical par exemple qui s’occupe de matériel médical à domicile, assistance médicale à domicile…
Guillaume Sarkozy :Plus que ça ! LVL, Lavorel Médical est le premier opérateur français de soins à domicile.
Stéphane Soumier :Voilà, soins à domicile. Korian, ça c’est un groupe de maisons de retraite… C’est quoi la stratégie, qu’est-ce que vous préparez ?
Guillaume Sarkozy :La stratégie, c’est d’entrer à environ 15-20% du capital de ces opérateurs de manière à comprendre précisément leur fonctionnement, comprendre leur modèle économique, comprendre la formation des prix et arriver à médicaliser nos garanties d’assurance par rapport à la compréhension que nous aurons de leur métier, et surtout à les coordonner.
Stéphane Soumier :Combien ça leur coûte exactement, comment est-ce qu’ils fonctionnent ? A partir de là je vais, de manière beaucoup plus cohérente, baser mes remboursements, c’est ça l’idée ?
Guillaume Sarkozy :Exactement, je vais médicaliser mes garanties, je vais pouvoir contractualiser. Nous n’avons pas la prétention d’acheter l’ensemble du marché. Il faut qu’on comprenne, pour pouvoir contractualiser avec les autres acteurs …
Stéphane Soumier :D’accord, mais vous ne voulez pas devenir acteur dans les maisons de retraite par exemple ?
Guillaume Sarkozy :Non, notre métier, c’est des métiers que nous ne connaissons pas. Nous ne connaissons pas les métiers de soins à domicile, nous ne connaissons pas les métiers des maisons de retraite. Nous devons encore réfléchir et c’est un vrai sujet, très sensible, à investir - et je proposerai à mes conseils d’administration d’investir dans l’offre de soins cliniques par exemple, de manière là aussi, à mieux comprendre l’ensemble de la chaîne. Il y a toute une chaine de valeurs en France sur l’offre de soins qui est coordonnée aujourd’hui simplement par le médecin traitant ; et le médecin traitant bientôt il n’aura plus le temps.
Stéphane Soumier :Ca veut dire que vous êtes en train de préparer le prochain grand dossier, celui de la dépendance, à mon avis l’une des questions qui préoccupe aujourd’hui l’intégralité des auditeurs qui peuvent écouter BFM Radio. Comment est-ce que je finance, je ne vais faire peser ça sur mes enfants, c’est pas possible. Comment est-ce que je vais financer ma propre dépendance ? Combien ça va me coûter ? A quelles conditions ? C’est là-dessus que vous voulez apporter des réponses claires Guillaume Sarkozy ?
Guillaume Sarkozy :Oui, nous sommes un groupe de protection sociale donc nous travaillons sur le long terme. On n’est pas intéressé sur les deux ans qui viennent ; on travaille sur les 20 ou 30 ans qui viennent. On travaille pour nos enfants, pour mes successeurs, pour construire notre avenir. Nous avons une vraie stratégie, oui bien sûr…
Stéphane Soumier :Cela n’a rien à voir mais dans l’immobilier, la marque Nexity est en train de tout ramener justement sous une marque unique. Cela va aller du syndic jusqu’à l’agence immobilière. Vous avez un problème immobilier, c’est ça leur stratégie : Nexity, vous aurez une réponse. J’ai un problème d’avenir, j’ai un problème de santé, j’ai un problème de prévoyance : Malakoff Médéric et j’aurai la réponse ?
Guillaume Sarkozy :J’ai un problème de protection sociale, vous aurez différentes marques d’intermédiation de compréhension en France de ce système dont la marque Malakoff Médéric qui vous expliquera sur l’ensemble des prestations, celles que nous versons et celles du régime de base, qui vous expliquera quel est votre reste à charge, qui vous conseillera. Vous voulez changer vos garanties ? Vous voulez améliorer votre reste à charge ? Voila le produit qu’on peut vous proposer. Tout ça dans la clarté et grâce à internet bien sûr…
Stéphane Soumier :Ca devient du commerce. Juste une question : est-ce qu’il faut quelque part des modifications législatives pour mettre tout ça en place ? Je pense par exemple à la retraite, je pense au système par capitalisation auquel doit penser l’ensemble de nos auditeurs. Est-ce qu’il faut aider un petit peu cette capitalisation en faisant bouger les lignes de la loi pour qu’on transforme par exemple l’assurance vie en une véritable assurance retraite aujourd’hui Guillaume Sarkozy ?
Guillaume Sarkozy :Aujourd’hui, il existe déjà beaucoup de choses. Notre sujet est d’optimiser ce qui existe, c’est ce que nous faisons pour donner la meilleure information possible aux français et à nos clients. C’est ça notre sujet.
Stéphane Soumier :Grande prudence : paritarisme oblige !
Guillaume Sarkozy :Vous savez, j’ai la chance d’avoir à mon conseil d’administration la moitié des administrateurs Medef et l’autre moitié c’est CGT, CFDT, Force Ouvrière, CGC et CFTC, donc ça m’a appris à peser les mots que j’emploie, même avec vous Stéphane.
Stéphane Soumier :Le patron de Malakoff Médéric avec nous ce matin sur BFM Radio.